Le romancier Pierre Crevoisier publie "Le pas de l'éléphant" chez Slatkine.
Tête-à-tête
Chaque semaine, L'illustré rencontre une personnalité au coeur de l'actualité culturelle romande. Aujourd'hui: l'écrivain Pierre Crevoisier, qui publie son second roman, un presque polar et une vraie aventure.
Par Jean-Blaise Besençon
On retrouve Pierre Crevoisier en début d’après-midi, au moment où démarre sa seconde journée. Afin d’être à l’heure à son rendez-vous quotidien avec les premiers auditeurs d’Espace 2, le journaliste l’avait commencée à 2 h 30 du matin, par une séance de méditation. «Beaucoup d’idées me viennent pendant ces moments-là. J’écris comme je médite.»
Mais au départ de son second roman, Le pas de l’éléphant, il y a d’abord un rêve, «celui d’une femme morte qui m’avait laissé un message...» C’est peut-être son cadavre que l’on retrouve calciné dans un phare du cap Fréhel au chapitre 2 de son livre qui en compte 22, plus un prologue, le récit bouleversant d’une jeune femme torturée pendant la guerre d’Algérie. Au chapitre 5, nous sommes en Afrique du Sud en février 1990, Nelson Mandela va être libéré et le lecteur tremble aux côtés d’un journaliste tentant d’échapper à ses poursuivants à travers le ghetto... A Paris, on rêve à Eugène Onéguine que récite dans la langue de Pouchkine, Sacha, un chauffeur de taxi à la folie «vertigineuse, poétique, colossale, généreuse» (chapitres 13 et 15 ); l’affaire semble embrouillée? L’inspecteur Andràs Werther mène l’enquête dans les Côtes-d’Armor et l’auteur a travaillé son scénario avec autant de suspens que de minutie.
«C’est une sorte de défi que je me lance: essayer de raconter quelque chose que je n’ai jamais vécu et que je n’espère jamais vivre. J’imagine un lieu, une situation et je me demande ce qu’il va s’y passer? Je branche ma caméra-stylo et j’essaie d’être au plus juste».
Après ses études d’enseignant spécialisé («Mais je n’étais pas fait pour l’institution»), Pierre Crevoisier découvre le journalisme en signant ses premiers articles dans le Rebrousse-poil, journal alternatif qui faisait de la résistance en abordant des thèmes comme la non-violence, l’écologie ou l’autogestion. A la suite, «Les années 90, c’est la bourlingue» et puis des reportages pour la TSR. Ensuite, en formation post-grade à l’Université de Genève, Pierre Crevoisier s’est spécialisé en «technologie et formation», il a travaillé plusieurs années pour l’EPFL, et même lancé une start-up de covoiturage dont l’échec l’a ruiné.
Ses deux romans (le premier est épuisé) et ses nouvelles, Mes trous de mémoire, parues en 2013, sont naturellement nourris du parcours riche et mouvementé de l’auteur qui fut aussi marin. «Chaque fois que j’ai navigué au large du cap Fréhel, je me suis dit qu’un jour il s’y passerait quelque chose…» Mais Le pas de l’éléphant est un vrai roman, porté par une plume riche et précise, et qui entraîne le lecteur, d’un même grand vent, beaucoup plus loin que ce qu’il avait imaginé...
Le «Guide des médicaments utiles, inutiles et dangereux», best-seller déjà vendu à près de 200000 exemplaires, accuse l’industrie pharmaceutique d’avoir transformé les médicaments en produits de consommation ordinaires.
Dossier
Coauteur du Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux, le professeur Philippe Even accuse les pharmas d’inventer plus de maladies que de molécules efficaces depuis vingt ans. Il dénonce un système qui banalise les médicaments.
Par Christian Rappaz
Citant les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les professeurs Bernard Debré et Philippe Even indiquent que le nombre de molécules réellement indispensables ne dépasse pas 350. Selon leur inventaire, ces molécules dites «mères» ont donné naissance à pas moins de 2800 substances actives différentes (des copies des molécules mères en réalité), et plus de 5000 médicaments (5300 en Suisse) correspondant à près de 12 000 formes galéniques (orales, injectables, nasales, cutanées, rectales, etc.). Un marché qui pèse 6 milliards de francs par année dans notre pays, lequel n’échappe pas à cette folle surenchère. Début décembre, l’émission de la RTS A bon entendeur (ABE) a diffusé une enquête réalisée à partir d’une étude belge ayant passé à la moulinette tous les médicaments vendus dans le Plat Pays, pour en cerner l’efficacité et la dangerosité. Résultat, 1194 médicaments, dont 597 sont également vendus chez nous, ont été déclarés inutiles ou dangereux. Précisément, 74% ont une utilité limitée, 22% une utilité contestable et 4% sont à déconseiller. Au terme d’un travail titanesque, ABE a répertorié les médicaments incriminés sur une liste interactive que voici (veuillez afficher le tableau en mode plein écran (bouton en bas de celui-ci, à dr.) pour pouvoir le lire convenablement):
«Il est temps de donner un grand coup de balai dans la pharmacopée»
Philippe Even, pneumologue, et son collègue Bernard Debré, urologue, ont classé le niveau d’efficacité des médicaments sur la base d’une évaluation exhaustive de 10 000 références de la littérature anglo-saxonne de 1995 à 2016. Extraits.
Rhumes
Infections encore de saison contre lesquelles il existe des centaines de médicaments dont la plupart sont en vente libre. Selon Philippe Even, ils n’ont aucune efficacité prouvée. Au contraire, ceux contenant de la pseudoéphédrine ou des antihistaminiques (un sur deux) exposent à un risque de troubles cardiovasculaires parfois graves. Même constat d’échec pour les antitussifs, les mucolytiques censés fluidifier les sécrétions bronchiques. Les médicaments contre les congestions nasales (sprays) peuvent être utiles. «Seule la cortisone a une très réelle efficacité, mais elle est à prendre sous strict contrôle médical et moins de cinq jours.»
Philippe Even, 85 ans, pose dans son bureau du XVIIIe arrondissement de Paris, devant une étagère contenant une infime partie des études et dossiers passés au crible durant plusieurs années. Photo: Manuel Braun
Vaccin contre la grippe
Selon les virus, qui changent tous les ans, ils sont actifs une fois sur deux pour réduire les symptômes et sont surtout indiqués avant 10 ans et après 70.
Diabète
Seuls l’insuline, la metformine et les sulfamides sont actifs. Les nouveaux antidiabétiques oraux sont peu actifs et dangereux.
Maladie d’Alzheimer
Pour MM. Even et Debré et l’Agence française des médicaments, les médicaments contre la maladie d’Alzheimer disponibles actuellement n’ont aucune efficacité pour ralentir ou stabiliser l’évolution du mal. Sur la base de ce constat, ils estiment que les effets secondaires qu’ils induisent justifient leur mise à l’écart.
Allergies
Antihistaminiques et cortisone sont actifs. La désensibilisation n’a aucun effet démontré.
Cholestérol
Le combat de Philippe Even contre le traitement systématique aux statines alimente la polémique depuis des années (voir notre annonce ci-dessous). A l’inverse d’une majorité de ses confrères, le médiatique pneumologue affirme que les statines ne servent à rien, excepté dans les cas d’hypercholestérolémie familiale. «Et encore, pour obtenir un résultat satisfaisant, il faudrait traiter les enfants, qui en héritent dès la naissance.»
Hypertension artérielle
«D’abord, ne traiter que les hypertensions égales ou supérieures à 160. En dessous, les traitements comportent plus de risques que d’avantages.» Traiter par deux médicaments au maximum (toujours un diurétique et éventuellement un inhibiteur calcique ou un Pril ou un Sartan – tous se valent).
Dépression
Trop de traitements incontrôlés ou mal contrôlés avec un risque rare, mais dramatique, de suicide ou de meurtre, accru par les médicaments. Les grandes dépressions justifient les antidépresseurs dits tricycliques (clomipramine, duloxétine) ou les antidépresseurs dits ISRS (Fluoxétine et analogues) et éventuellement des neuroleptiques dits «atypiques» (rispéridone, olanzapine, quiétapine) mais sous contrôle psychiatrique très strict et pour des durées limitées. Les autres dépressions ne justifient que les ISRS (stimulants) sous contrôle médical continu (risque de suicide), éventuellement associés à des benzodiazépines calmantes et surtout une prise en charge psychologique personnalisée et attentive.
Découvrez ci-dessous l'enquête diffusée début décembre dernier par A bon entendeur (ABE) sur la RTS:
A noter que L'illustré n°11, actuellement disponible en kiosque, publie cette semaine un dossier complet sur ce sujet
Domenica procède au lever de sa fille grâce à un élévateur. Infirme cérébrale, Laetitia, 18 ans, est au centre d’un combat juridique kafkaïen. Le cœur et la raison sont pour elle. La loi s’oppose à ce qu’elle vive à Genève.
Handicapés
Parce que cette jeune Suissesse handicapée n’est pas capable de discernement, on lui dénie le droit de vivre à Genève. La situation est conforme à la loi, mais elle heurte jusqu’au conseiller d’État chargé de l’AI. Ses parents ne savent plus à quel saint se vouer.
Par Patrick Baumann
Ce combat leur pourrit l’existence depuis six ans, mais la vie n’avait pas épargné Domenica et Fabrice avant cela. Laetitia, leur fille, est née le 13 août 1998 avec un handicap si lourd qu’on se demande souvent où ils ont puisé la force pour y faire face: infirme moteur cérébrale, quadriplégie spastique et impossibilité pour cette jeune fille de penser, de parler, de marcher, de manger sans une sonde gastrique, ce qui explique que lorsque Laetitia est à la maison, s’occuper d’elle, c’est du plein temps. «Il va falloir agrandir la salle de bain, on ne peut plus tourner correctement l’élévateur pour la douche», confie sa mère, qui caresse la joue de sa fille tout en parlant; Laetitia réagit à certains stimuli en souriant, en grognant ou en poussant de petits cris. Une touche de maquillage, du vernis aux ongles, la jeune fille est l’objet de beaucoup d’attention. Le comble: c’est l’amour, justement, qui est à l’origine de tous les problèmes. Si ses parents s’étaient en effet résolus à la placer en institution dès son plus jeune âge, ils ne seraient pas aspirés au milieu de ce vortex kafkaïen.
Rente supprimée
Les faits: depuis 2011, Laetitia ne perçoit plus sa rente pour mineur impotent, au motif que ses parents ont déménagé en France voisine, dans une maison à quelques minutes de la frontière genevoise. Tous deux sont Suisses, travaillent à Genève, paient leurs impôts dans cette ville, mais ont fait le choix d’accueillir leur fille dans leur résidence secondaire. «Avec un tel handicap, la vie devenait trop difficile dans notre immeuble du Petit-Lancy», expliquent-ils. Et le marché immobilier étant ce qu’il est au bout du lac… «Laetitia a dû changer de fauteuil après une énième opération de la hanche, il ne rentrait plus dans l’ascenseur et nous ne pouvions pas toujours la porter. En France, nous pouvions l’accueillir tous les soirs et un week-end sur deux dans un cadre de vie beaucoup plus confortable.»
La journée, Laetitia fréquente l’institution Clair Bois au Petit-Lancy, où elle est externe depuis l’âge de 4 ans. Une dénonciation serait à l’origine de l’enquête menée par l’Office de l’assurance invalidité de Genève pour déterminer le lieu de résidence de la famille. Sommés de s’expliquer, les parents ont admis vivre provisoirement en France, évoquant la difficulté à trouver un logement susceptible d’accueillir une enfant aussi lourdement handicapée. La rente AI que Laetitia touchait jusqu’alors est supprimée. Quelque 6000 francs trimestriels. Son dossier est transmis à l’Office de l’assurance invalidité pour les assurés résidant à l’étranger. Du fait que la famille n’est pas légalement enregistrée en France et que l’AI ne reconnaît pas leur domicile genevois, Laetitia ne touche plus rien d’un côté de la frontière comme de l’autre depuis six ans. Pire, elle devrait être normalement prise en charge dans une institution à Grenoble, à deux heures de route de chez elle. Quatre heures aller-retour. Ce qui empêcherait Domenica et Fabrice d’aller lui rendre visite durant la journée comme ils le font aujourd’hui à Clair Bois. «Elle a noué depuis l’enfance des liens très forts avec les résidents et le personnel soignant de cette institution, ce serait inhumain de lui imposer ce changement!»
La chambre de Laetitia en France voisine. Au mur, une photo d’elle bébé. «On n’avait pas encore détecté la nature de son handicap», se souvient sa maman. Photo: Julie de Tribolet
Domenica fulmine devant ce qu’elle considère comme une injustice crasse. Certes, la maman a le caractère bien trempé, mais qui ne l’aurait pas quand on a passé une grande partie de sa vie dans les hôpitaux, tant pour sa fille que pour son fils aîné, atteint d’un diabète de type 1? Son franc-parler ne plaît pas toujours aux fonctionnaires qui l’ont au bout du fil. «Je n’accepte pas qu’on nous perçoive comme des tricheurs. Nous payons nos impôts à Genève, on veut juste que Laetitia vive le mieux possible.» Fabrice, plus discret, évoque cette rente qu’ils ne touchent plus, ces frais qu’ils assument désormais seuls, mais surtout la mesquinerie de tels actes alors que Laetitia vit la majeure partie de son temps à Genève. «Finalement, personne ne s’est jamais vraiment préoccupé du bonheur de notre fille!» Les parents feront recours contre la décision de l’AI. Longue procédure. Le Tribunal fédéral donnera pourtant raison à celle-ci dans un arrêt du 6 juillet 2016. Le domicile habituel, là où la jeune fille a tous ses repères sociaux, n’est pas en Suisse mais en France voisine, estiment les juges. La loi doit s’appliquer.
Interdite de séjour à Genève
Aujourd’hui, Laetitia est majeure, et devrait donc, en tout état de cause, pouvoir vivre là où bon lui semble. La Commission cantonale d’indication a déterminé que le mieux pour elle serait de rejoindre à plein temps un appartement protégé de la fondation Clair Bois. Mais la loi interdit d’élire son domicile légal dans une institution, excepté pour un EMS. Si la jeune fille était capable de manifester son désir, elle pourrait, comme n’importe quel jeune adulte qui en exprime le souhait, habiter légalement chez un oncle ou sa grand-mère. Malheureusement, la loi prévoit aussi qu’en cas d’incapacité de discernement, la personne handicapée doit vivre au domicile de ses parents.
Du coup, pour pouvoir offrir à Laetitia la chance de vivre dans l’institution qui a été depuis toujours son deuxième foyer, Domenica et Fabrice se sont résolus, la mort dans l’âme, à «l’abandonner juridiquement», à laisser l’Etat genevois s’occuper d’elle, comme s’ils n’existaient plus. Le Tribunal de protection de l’adulte et de l’enfant a entendu leur requête et nommé le 10 octobre dernier deux curateurs extérieurs à la famille. «On pensait nos ennuis terminés», soupire Fabrice. Seulement, l’AI ne l’a pas vu de cet œil-là.
Killian, 11 ans, est très proche de sa sœur. C’est parce qu’ils voulaient continuer à accueillir régulièrement leur fille chez eux que les parents de Laetitia rencontrent aujourd’hui tous ces problèmes avec l’AI. Photo: Julie de Tribolet
«Si une mesure de curatelle de portée générale est prononcée, le domicile civil et administratif est certes Genève, mais celui-ci n’est pas reconnu dans le domaine des assurances sociales», nous a indiqué par e-mail la directrice générale de l’Office cantonal des assurances sociales. Retour à la case départ, le domicile légal de Laetitia reste en France voisine. Impossible dès lors de toucher sa rente adulte, donc de rejoindre Clair Bois, et de payer son assurance maladie. «Les curateurs ne peuvent rien faire, expliquent les parents de Laetitia, et les factures s’empilent, la pharmacie refuse déjà de délivrer les médicaments, Laetitia est menacée de poursuites et de perdre sa place dans son institution!»
L’avis du conseiller d’Etat
Kafka, on l’a dit. Ou quand un juridisme extrême confine à l’absurde et surtout au mépris du droit à une vie digne pour une jeune Suissesse handicapée. Un avis que partage, étonnamment, le conseiller d’état Mauro Poggia, pourtant en charge de l’office cantonal d’assurance invalidité. Ironie du destin, l’élu MCG fut le premier avocat choisi par Domenica et Fabrice pour défendre la cause de leur fille. Il ne peut en l’état déjuger son office, qui n’a fait qu’appliquer la loi fédérale stricto sensu, mais il considère cette situation «inhumaine et choquante!» «Cela revient à dire qu’une personne non capable de discernement est condamnée à vivre toute sa vie au domicile de ses parents dès qu’elle est majeure. Considère-t-on Laetitia comme un livre que l’on dépose dans une bibliothèque? Elle n’a ni le droit de se domicilier dans son institution, ni chez son curateur, où va-t-elle aller alors, sur un nuage? J’imagine que si elle avait la capacité de choisir son lieu de vie, elle aimerait être à Clair Bois où elle a toujours vécu plutôt qu’à Lyon ou Grenoble!»
Seul à ses yeux un juge pourrait débloquer cette situation en prononçant une mesure d’exception de façon à ce que la supériorité du droit ne l’emporte pas sur la dignité et le respect des droits de cette jeune fille. Un avis qui mettra du baume au cœur de ses parents, même s’il implique encore une bataille juridique en perspective. «Doit-on aller jusqu’à mourir? se demandent-ils parfois, pour que Genève accepte enfin d’accueillir notre fille.»
Friedrun Sabine Burkhalter, 50 ans, face à l’objectif du photographe Philippe Pache. Une première pour l’épouse du conseiller fédéral, d’ordinaire plutôt discrète.
Portrait
Spontanée, sensible et chaleureuse, issue d’une fratrie de neuf enfants en Autriche, l’épouse de Didier Burkhalter a aussi un grand cœur. Elle est la nouvelle ambassadrice de la Croix-Rouge suisse. Rencontre en toute simplicité.
Par Aurélie Jaquet
Assis dans son fauteuil, Jean caresse l’orchidée qu’il tient entre ses mains. Prostré, silencieux. Il semble avoir déjà perdu de vue la petite femme en robe rouge qui se tient pourtant là, juste devant lui. L’homme de 92 ans ne dit pas un mot, mais les rides qui ont creusé son visage parlent pour lui. Les années et la maladie ont enfoui ses souvenirs et rendu difficile son contact avec l’extérieur. «Que cette journée soit belle, prenez soin de vous», lui adresse Friedrun Sabine Burkhalter dans un sourire. La femme en robe rouge, c’est elle. Ce mardi après-midi, l’épouse du conseiller fédéral, 50 ans, est en visite au Home de Clos-Brochet à l’occasion de la Journée des malades. Pour sa deuxième mission, la nouvelle ambassadrice de la Croix-Rouge suisse distribue des fleurs aux 76 résidents de cette institution neuchâteloise pour personnes âgées. Avec, pour chacun, quelques mots réconfortants, un peu de chaleur dans l’automne de ces vies. Cette action, nous dit-elle, lui tenait tout particulièrement à cœur. «Les personnes âgées m’émeuvent par leur spontanéité et leur regard. Je trouve touchant de les voir isolées dans leur propre monde et pourtant en recherche intense de contact.»
L’épouse de Didier Burkhalter a rendu visite et distribué des fleurs aux résidents du Home de Clos- Brochet, à Neuchâtel, lors de la Journée des malades. Photo: Philippe Pache
Elle évoque aussi ce grand-père qu’elle n’a pas connu, les récits familiaux de la Seconde Guerre mondiale, ces histoires qui chahutent l’enfance innocente. «Mon grand-père a vécu les deux conflits. Ma mère m’en a beaucoup parlé. J’ai été marquée.» Une sensibilité qui s’inscrit au-delà de son histoire personnelle et qui l’a convaincue de s’engager auprès de la Croix-Rouge suisse en ce début d’année. «Je rêve d’une baguette magique. Mais si je peux apporter une petite contribution, quelques sourires, une prise de conscience, c’est déjà ça.»
Friedrun Sabine Burkhalter parle doucement, marque une pause avant de répondre avec ce petit accent discret qui trahit ses origines venues d’ailleurs. «On me demande parfois si je viens du Nord.» Mais c’est en Autriche qu’elle est née, dans un minuscule village montagnard du Vorarlberg, dans l’ouest du pays. La future épouse de Didier Burkhalter est la neuvième de la fratrie. La famille vit dans la ferme du grand-père. «Mon père travaillait beaucoup, ma mère était souvent seule pour s’occuper de nous. Elle a eu beaucoup de courage, c’est un modèle», dit-elle. La cadette partage la même chambre que ses aînés. A neuf, on apprend l’entraide souvent plus vite que les autres.
Le 12 décembre 2013, quelques jours avant d’entamer son année de présidence, Didier Burkhalter est fêté dans son canton de Neuchâ- tel. Le conseiller fédéral est accompagné de son épouse et de leurs trois fils, Adrien, Nathaniel et Loïc. Photo: Keystone
«Je suis une enfant de la terre, explique Friedrun Sabine. Aujourd’hui encore, j’aime jardiner, voir pousser les plantes, avoir les mains dans la terre. L’été, nous faisions les foins dans des champs en pente près de la ferme. Cette odeur m’a marquée, c’est le parfum le plus fort de mon enfance.» Une enfance modeste mais souvent heureuse, tient-elle à préciser. En pleine nature et entourée d’animaux. «J’adorais passer du temps avec nos chèvres. J’étais une sorte de Heidi autrichienne, s’amuse-t-elle aujourd’hui. Une année, j’ai d’ailleurs défilé à carnaval dans ce déguisement avec une de nos chèvres.»
Arrivée en Suisse
La vie la guidera bientôt sur les terres de la célèbre petite fille des Alpes. Après quelques années d’école de commerce, elle débarque en Suisse pour apprendre le français. «Je suis arrivée à Genève. J’ai tout de suite eu du plaisir à parler français. Je l’ai vite appris, d’ailleurs.» A 19 ans, elle épouse Didier Burkhalter. Le futur conseiller fédéral, de sept ans son aîné, a déjà commencé son engagement politique. Deux ans plus tard naît le premier de leurs trois fils. «J’ai eu un immense bonheur à être mère au foyer et à m’occuper de nos enfants. Ces moments avec eux ont été très précieux. C’est une chance d’avoir pu faire ce choix-là, je suis consciente que beaucoup de parents ne l’ont pas.»
Quelques années plus tard, elle reprend des études pour devenir enseignante de langues. Elle se dit autodidacte et curieuse, amoureuse du français et de ses expressions, de la littérature et des livres d’histoire.
Le 23 février à Neuchâtel, l’ambassadrice de la Croix-Rouge suisse participait à l’opération «2 x Noël». Avec des bénévoles, elle a préparé des cartons de nourriture et de biens de première nécessité destinés aux familles dans le besoin. Photo: Hervé le Cunff/Schweizer Illustrierte
«Ma femme est une chance pour moi, mais aussi pour la Suisse», confiait Didier Burkhalter au début de son année présidentielle en 2014. Une reconnaissance publique envers son épouse, soutien infaillible dans l’ombre de sa carrière politique. Quelques heures après son élection au Conseil fédéral, en septembre 2009, cette dernière avait pourtant le triomphe modeste. «C’est la fin d’une campagne longue et éprouvante», lâchait-elle simplement à la télévision. «Cela fait très longtemps que mon mari et moi vivons ces choses ensemble», explique Mme Burkhalter aujourd’hui. On la perçoit à la fois discrète et spontanée, chaleureuse et tout en retenue. «Je déteste le jeu, j’aime l’authenticité. Mais je ne fais pas les choses sur un coup de tête, je suis quelqu’un de réfléchi.»
Réception chez les Obama
C’est dans son enfance que Friedrun Sabine a forgé ses valeurs. La simplicité, le respect des différences et de la nature, le courage. «C’est très important, le courage. Et l’empathie. Il y a tant de souffrance dans notre monde.» Alors, quand on lui demande quelles rencontres l’ont marquée pendant son année de «première dame», elle cite d’abord ce voyage en Pologne. «Le musée du ghetto de Varsovie et Auschwitz. Nous avons été accompagnés par une jeune Suissesse qui est la petite-fille d’un des derniers survivants du camp de concentration.» Et puis, dans le désordre, la réception présidentielle chez le couple Obama, le brunch à la ferme du 1er Août, les voyages, les rencontres avec les gens, tout simplement, connus et anonymes.
Il paraît que Mme Burkhalter préfère qu’on l’appelle Sabine. C’est vrai? «Non, j’aime bien mes deux prénoms. Et puis, dans Friedrun, on retrouve le mot Friede, «la paix». Cela me plaît.»
La petite femme en robe rouge est une grande dame.
François Légeret photographié en septembre 2012 à l’hôpital de Châtel-St-Denis. La main sur son épaule est celle d’un proche. A droite, le lieu du crime: la maison de Vevey où les corps de Ruth Légeret et Marina Studer ont été trouvés le 4 janvier 2006.
Fait divers
Alors qu’il n’a cessé de clamer son innocence, François Légeret, en prison depuis plus de onze ans, vient d’envoyer une requête de révision à la Cour d’appel du Tribunal cantonal vaudois. Il y présente un fait nouveau. Interview à Bochuz.
L'illustré
Le soleil brille sur les bâtiments jaune sable des Etablissements de la plaine de l’Orbe ce vendredi après-midi. Vêtu d’un t-shirt vert olive, d’un pull zippé noir et d’un pantalon de training Adidas de la même couleur, calme et détendu, François Légeret s’avance dans la pièce aménagée en parloir au moyen de tables à deux ou à quatre places. Seules ou en groupe, dix personnes sont venues rendre visite à «leur» prisonnier. Deux automates à boissons permettent de rendre ce moment un peu plus convivial. Le Vaudois, condamné à la prison à vie, a une heure et demie, montre en main, pour se raconter et expliquer sa démarche.
Comment allez-vous?
Physiquement, ça va. Mais moralement, je sens les années et cette contrainte exercée par le système judiciaire. L’avocat vient au compte-goutte. Le jugement a ordonné le séquestre de mes revenus, je bénéficie donc de l’assistance judiciaire. Cela dit, je suis très content de celui qui s’occupe de mon cas actuellement. Par le passé, certains avaient tendance à faire le minimum ou ne servaient que de boîte aux lettres. Avec les années, on comprend la façon de fonctionner de certains avocats: c’est au moment où il s’agit de faire des recours, et que l’on est en plein désarroi, qu’ils présentent leur facture d’honoraires.
Vous vous apprêtez à envoyer votre requête de révision à la Cour d’appel du Tribunal cantonal du canton de Vaud. Combien de temps vous a pris la rédaction de ces 91 pages?
J’y ai travaillé trois à quatre mois. J’ai attendu que l’affaire Dubois (ndlr: l’assassin de la jeune Marie) soit passée pour que la mienne ne soit pas minimisée par certains médias. Ma cellule, que j’occupe seul, est remplie de papiers et de classeurs fédéraux. J’en ai une cinquantaine. J’ai aussi une petite imprimante et je dois louer l’ordinateur (30 francs par mois avec la télévision) sur lequel j’écris. J’ai d’autres procédures civiles en cours, ouvertes par des parties adverses, qui concernent des réclamations pécuniaires. C’est la conséquence de ma condamnation injuste.
Pourquoi avoir rédigé ce document seul?
Jusqu’en 2011, je faisais confiance aux avocats et je n’avais jamais décortiqué à fond le jugement qui me concernait, car ça m’écœurait. Mais à force d’être déçu par les avocats, j’ai préféré prendre ma propre défense. J’agis moi-même par déception.
Quel est l’élément nouveau qui vous permet de déposer cette requête?
Le témoignage du fils de la boulangère, Sébastien Albanesi, que le journaliste d’investigation Jacques Secretan a révélé dans son dernier livre*. Feu Mme Albanesi, – qui a un lien direct avec les faits – a témoigné qu’elle avait servi ma mère et ma sœur aux alentours de 17 heures, heure de la fermeture de la boulangerie, le 24 décembre 2005, alors que la justice m’accuse de les avoir tuées aux alentours de midi, ce jour-là. Son fils confirme que sa mère n’a jamais été confuse, comme cela lui a été reproché par la justice. Il soutient aussi qu’il a bien fêté Noël le 24 décembre en famille, avec sa mère, qui lui a raconté qu’elle venait de servir ma maman et ma sœur à la boulangerie un peu plus tôt, ce soir-là.
Avez-vous beaucoup d’espoir que cette requête soit acceptée? Ce n’est pas la première que vous déposez…
J’ai un espoir si j’ai la chance de tomber sur un juge correct et impartial. Et si je ne fais rien, c’est comme si j’admettais des faits que je n’ai pas commis.
Comment faites-vous pour tenir le coup?
Je m’accroche à mon innocence et à l’espoir que mon amie me donne. Je pense également beaucoup à ma mère. Elle m’a toujours aimé. Et j’ai également trouvé un moyen: dormir. Lorsque je dors, je suis ailleurs et je diminue le temps de la détention. Heureusement, je ne rêve jamais que je suis en prison. Le cauchemar, c’est quand je me réveille. Ici, ce qui est lourd, c’est la monotonie et le fait d’être privé de projets. Je suis comme un funambule qui a un seul but: tenir debout sur une corde étroite, avancer quoi qu’il advienne, sans regarder ni à gauche, ni à droite, ni en haut, ni en bas, pour ne pas tomber. Mon but est d’être enfin entendu et qu’on reconnaisse mon innocence.
Qui vous soutient?
Des personnes de l’association FL et des politiciens, à travers mon amie Marlène. Des inconnus m’écrivent également, parfois. Ils m’envoient quelques mots, me disent qu’ils croient en mon innocence et qu’ils sont choqués par le fonctionnement du système judiciaire. Ça me fait du bien, mais je ne réponds pas beaucoup. Question visites, actuellement, je n’ai pas beaucoup de temps à consacrer à d’autres amis (Pascal, Carine, Raymonde) que mon amie qui m’aide dans mes démarches judiciaires. J’ai le droit à quatre ou cinq visites d’une heure et demie par mois.
Comment se passe votre quotidien?
Je suis responsable des machines à la buanderie. Je travaille de 7 h à 11 h et de 13 h à 16 h. Durant ces heures, j’arrive à oublier que je suis en prison. La majorité des surveillants sont corrects, parce que moi aussi je suis correct avec eux. Quant aux autres détenus, ils sont gentils. J’ai été frappé deux fois, dont une fois à la nuque, ce qui ne laisse pas de traces. Un voisin de cellule mettait sa musique à fond, je lui ai demandé de baisser le volume et il m’a frappé. En prison, vous ne pouvez pas être mou. Il ne faut pas montrer que vous vous laissez faire, sinon, vous vous faites avoir. Il faut s’imposer.
Qu’est-ce qui vous manque le plus?
Ma liberté et le fait de pouvoir me défendre en faisant des recherches dans des bibliothèques ou sur Internet. J’aimerais aussi pouvoir consulter mon avocat lorsque j’en ai besoin. Je souhaiterais également pouvoir travailler plus. Ici, on ne peut pas gagner plus de 36 francs par jour. Je reçois 300 francs net par mois. En prison, tout est compliqué. Même pour obtenir une simple pommade, il faut remplir une fiche. La compagnie d’autres gens me manque également ainsi que mes animaux, qui me donnaient beaucoup d’énergie. J’avais notamment trois chiens que j’avais recueillis à la SPA, car ils avaient été maltraités: Lory, Océane et Rocco. Je ne sais pas ce qu’ils sont devenus.
Etes-vous croyant?
Je suis catholique par fidélité à mes parents, mais je ne crois plus depuis longtemps. J’ai mon côté spirituel, je suis plus axé sur l’homme. Je sais que certains sont corrects et d’autres pas. Parfois, je demande l’aide de mon père décédé et de ma mère. Je crois plus en mon père qu’au bon Dieu. J’ai toujours été respectueux de ma famille.
Que regrettez-vous depuis le commencement de cette affaire?
Ne pas avoir été auprès de ma mère au moment du drame.
Qui est coupable de la mort de votre mère et de son amie Marina Studer?
Intimement, je ne sais pas. Il reste toujours le mystère des deux empreintes (celle d’une main et d’une chaussure) sur le tricot de Mme Studer. On ne sait toujours pas à qui elles appartiennent.
Quel est votre point de vue sur la disparition de votre sœur, Marie-José Légeret?
Il faut poser cette question à mon frère. Le 11 janvier 2006, il était convaincu qu’elle était morte par homicide. C’est le seul qui a pu dire qu’elle était morte. Moi, je ne sais pas si elle est en vie ou si elle est décédée.
Dans la tête de qui aimeriez-vous être durant deux ou trois minutes?
Dans celle du juge d’instruction Jean-Pierre Chatton et dans celle du procureur général Eric Cottier. Pour arriver à comprendre pourquoi ils m’ont condamné injustement.
Texte: Sabine Pirolt
* L’affaire Légeret – Un assassin imaginaire, Jacques Secretan, Editions Mon Village, 143 pages.
Les chats des lecteurs de L'illustré ont de drôles de manies. Prenez Milou: il ne dort absolument nulle par ailleurs que dans son... plat à fruits; s'il ne le voit pas, il miaule jusqu'à ce qu'on le lui donne et file se coucher dedans. Zamia, elle, s'enivre de l'odeur du linge propre et Choupette boit l'eau du bain sur le genou de sa propriétaire.
Olivia Fringeli, Moutier
Bisou - J'ai l'art de me fondre dans le décor, non?
Michèle Niklaus, La Tour-de-Peilz
Zamia - L'odeur du linge propre qui sèche, quelle ivresse!
Richard Duc, Chermignon
Naegel - Brrr! C'est pas encore le printemps!
Laurence Picollet, Genève
Tika - Silence, je médite!
Jeanne Baer, Bienne
Choupette - L'eau du bain sur le genou de ma maîtresse, c'est la meilleure!
Dans la vie de tous les jours, Elodie mange volontiers «un bon steak! Mais j’avoue que j’aime aussi beaucoup le chocolat…»
Cuisine
La cheffe de partie formée à Crissier a remporté le prestigieux prix du Cuisinier d’Or.
Par Malika Scialom
C’est qui, Elodie? Une jeune cheffe de partie de 24 ans, responsable du poste légumes et féculents au Vieux-Bois, à Genève.
Pourquoi on parle d’elle? Car Elodie a remporté le prestigieux prix du Cuisinier d’Or 2017. Ses plats ont été jugés par un panel de chefs suisses renommés.
Une première? Non, il y a deux ans, la cheffe de partie avait déjà gagné, mais dans le rôle du commis du chef. L’épreuve était dirigée par Franck Giovannini, ou «Chef Franck», pour Elodie, qui a notamment été formée à ses côtés à l’Hôtel de Ville de Crissier. «Je leur dois vraiment tout, sans eux, je n’aurais pas pu m’inscrire au concours.»
C’était quoi, son truc en plus?«Le travail d’équipe avec mon commis. Nous formions un super tandem! J’ai essayé de lui transmettre la rigueur et la précision qu’on m’avait apprises à Crissier. Pendant les entraînements, nous ne nous parlions même plus, je lui ai vraiment accordé ma confiance. Il a remporté le prix du meilleur commis.»
Chez elle, la cuisine, c’est une histoire de famille… «Mon père a été maître d’hôtel et sommelier chez Frédy Girardet pendant sept ans. Il est aujourd’hui chef du restaurant du club nautique à Morges.»
Est-ce que ce prix lui ouvrira toutes les portes? «Dans la pratique, les concours sont très différents du métier de cuisinier de tous les jours. Donc ça fait bien sûr le CV, mais je pense que ça s’arrête là. A la fin de l’épreuve, Chef Franck m’a dit qu’il était content de moi, c’était ma plus belle récompense.» M. S.
Coline s’entraîne à la salle de Crossfi t-powerlift aux Eaux-Vives, à Genève, cinq à six fois par semaine.
Powerlifting
Elle est la première femme à représenter la Suisse aux Championnats d’Europe de «powerlifting».
Par Malika Scialom
Ne vous fiez pas aux apparences. Sous la blondeur angélique de Coline Sirman, se cache une «powerlifteuse» d’élite capable de flanquer une raclée à Hulk. Minimum. La Genevoise de 26 ans s’est qualifiée pour représenter la Suisse à sa première participation aux Championnats d’Europe de la discipline à Thisted, au Danemark, jeudi dernier. Cousin de la musculation, le powerlifting regroupe les trois mouvements de base de l’haltérophilie: le squat, le développé-couché et le soulevé de terre. Le but étant de soulever le plus lourd possible tout en exécutant le mouvement à la perfection. «Je savais que je n’avais aucune chance de gagner, je me mesurais à des pointures du milieu! Mais j’ai battu mes records personnels sur deux des épreuves. J’ai soulevé 82,5 kilos au squat, 60 au développé-couché et 115 au soulevé de terre. Je suis fière de moi.» Et tout cela sans ingérer la moindre protéine d’origine animale. Oui, cette sportive à la musculature d’acier est végane. En juin, elle participera aux Championnats du monde de Minsk. Respect et robustesse. M. S.
Batsian Baker a sorti son nouveau single et filé aux Etats-Unis où il est actuellement en tournée.
Musique
Bastian Baker revient avec un nouveau single, Five Fingers, un hymne à l’amitié.
L'illustré
«Vous l’avez écouté? Vous aimez?» interroge Bastian Baker sur son compte officiel Instagram. Tout juste sorti le 17 mars, le nouveau single Five Fingers, enregistré à Londres et mixé par le producteur Philippe Weiss, fait la fierté du Romand. Le marathon de promotion débute sur les chapeaux de roues. Première halte dans les studios de Radio Fribourg, où l’artiste de 25 ans a eu l’occasion d’évoquer ses deux dernières années de tournée à travers le monde, avec plus de 150 concerts répartis sur quatre continents. Un rythme qui laisse peu de place pour voir ses amis. L’amitié avec un grand A, ce sentiment si particulier d’intimité, lui a d’ailleurs inspiré ce nouveau single, telle une ode à ses plus chers alliés. M. H.
Pour illustre.ch, Bastian Baker s'est prêté au jeu des commentaires sur les photos de 15 femmes célèbres. A découvrir ici
Depuis son échec, dimanche 19 mars 2017, Oskar Freysinger tourne le dos aux médias.
Décryptage
Muré dans le silence depuis son éviction du Conseil d’Etat valaisan, dimanche, Oskar Freysinger nous avait parlé de sa situation et de son avenir entre les deux tours. Parmi tous les scénarios, il n’envisageait pas celui de l’échec. Confidences préretraite.
Par Christian Rappaz
Jusqu’au bout, il n’aura rien fait comme les autres. Entré dans l’histoire par la grande porte, il y a quatre ans, en hissant son parti, l’UDC, au gouvernement cantonal avec une élection record, Oskar Freysinger (57 ans) en est ressorti de manière tout aussi spectaculaire, par la trappe cette fois. Suprême humiliation, le célèbre politicien au catogan a été éjecté par un illustre inconnu, le PLR octodurien Frédéric Favre, de vingt ans son cadet, ex-Vert’libéral, affilié à son nouveau parti depuis un an et demi seulement. Si le Valais n’avait plus vécu de non-réélection d’un sortant depuis 1937, c’est en revanche la première fois qu’un élu est remplacé par un candidat d’un autre parti. Une double peine que le fondateur de la section cantonale de l’UDC ne semble pas digérer puisque, à l’heure où nous mettions sous presse, il n’était toujours pas sorti du silence dans lequel il se mure depuis l’annonce des résultats.
«Je serai élu par défaut»
Beaucoup plus ébranlé qu’il ne le disait par le verdict du premier tour, où il avait égaré la bagatelle de 22 321 voix par rapport à 2013 (30 857 contre 53 178), l’ex-vice-président national du parti nous avait confié ses états d’âme quelques jours plus tard. Entre doutes, amertume et molles convictions, il affirmait ne jamais avoir envisagé l’échec malgré ce premier avertissement. «Le Valais ne veut pas de deux socialistes et Frédéric Favre est trop tendre, trop inexpérimenté pour le poste. De mon côté, j’ai un socle d’électeurs incompressible dans toutes les parties du canton alors que Favre est inexistant dans le Haut-Valais», détaillait-il, plutôt sûr de lui. Erreur de vision et de calcul fatale. De 1000 voix au premier tour, Favre en a recueilli 7000 au second dans le haut du canton, alors que lui est sorti bon dernier dans le Valais romand. En vérité, Freysinger se voyait élu par défaut selon ses propres termes. «Pour le PDC et Darbellay, j’ai le profil idéal. Primo, avec moi au gouvernement, l’UDC n’est pas dans l’opposition, ce qui leur enlève une épine du pied. Secundo, j’ai prouvé que je savais tenir des budgets. Tertio, je suis très affaibli par le résultat du premier tour et enfin, ils auront sous la main un fusible, un bouc émissaire parfait si les choses tournent mal.»
Mais à ce scénario victorieux, y croyait-il lui-même? Pas si sûr. Pour preuve, lui, l’homme de tous les combats, le belliqueux, le jusqu’au-boutiste, ne voyait plus de sens à battre la campagne à dix jours du verdict final. Au contraire, dans un élan de sincérité, il confessait même avoir songé à retirer sa candidature entre les deux tours. «Mais j’ai trop de respect pour les gens qui me font confiance et trop d’estime pour le poste pour en arriver là», confiait-il, désabusé. De retraite, Oskar Freysinger en parlait néanmoins sans tabou. Comme d’une perte pour l’Etat plus que pour lui. «Maintenant que j’ai accumulé de l’expérience, que je maîtrise les dossiers, m’éjecter pour me remplacer par un novice ressemblerait à du gâchis. Sur le plan personnel par contre, une fois le mauvais moment passé, je me sentirai terriblement libéré. Eliminé, je n’aurais plus à subir tous les aigris du canton qui passent leur temps à me vomir dessus sur les réseaux sociaux. Pour le reste, je réactiverai mon potager et me remettrai à l’écriture. Comme je n’ai jamais eu de goût de luxe, mes 40% de retraite me suffiront amplement.» (Ndlr: en Valais, un conseiller d’Etat a droit à 40% de son dernier salaire après 4 ans, 50% après 8 ans et 60% après 12 ans ou plus.)
«Au fond du bac»
De son erreur de stratégie avérée avec la création de la liste Ensemble à droite, au côté du dissident démocrate-chrétien Nicolas Voide, de ses dérapages publics ou de son bilan de législature mitigé, pas un mot. Ou plutôt si, résumé en une phrase. «Je suis un type qui échappe à tous les carcans habituels. C’est bien cela qui pose problème. Il faudrait être gris et cendreux, et ça, je ne le pourrai jamais!»
Tour à tour combatif puis déprimé, – «Je suis au fond du bac, je n’en peux plus», nous écrivait-il samedi encore –, Oskar finira par redevenir Freysinger une minute, le temps de prendre l’hypothèse de son éviction au sérieux: «Si cela arrive, sûr que je ne jouerai pas les prolongations. Je disparais de la politique et l’on ne m’y verra jamais plus.» C’est dit. Et c’est arrivé…
Le comédien Marco Calamandrei, à voir sur scène dans "La gueule de l'emploi".
Tête-à-tête
Chaque semaine, L'illustré rencontre une personnalité au coeur de l'actualité culturelle romande. Aujourd'hui: le comédien Marco Calamandrei qui se pose en victime du travail dans un spectacle plein d’humanité.
Par Jean-Blaise Besençon
Jusqu’au 2 avril, le comédien Marco Calamandrei prête sa belle voix à des gens auxquels le monde du travail a enlevé le droit à la parole et le pain de la bouche. Fidèle à sa technique résolument engagée, qui observe la vie et les gens tels qu’ils vont, Evelyne Knecht, auteure des textes et metteuse en scène, restitue ensuite leurs témoignages, leurs empreintes, leurs paroles dans un spectacle théâtral. Jean-Pascal Cottier a composé les intermèdes musicaux et les trois comédiens Caroline Althaus, Zoé Blanc-Scuderi, Philippe Castellano, comme Marco Calamandrei dans la peau d’un postier et d’un enseignant, incarnent autant de victimes de burn-out. «Le point commun entre tous, c’est que, un matin, ils ne pouvaient plus se lever…» Arrivant à la soixantaine, le comédien a pu éprouver au-delà de ses espérances la dureté des rapports professionnels. Alors qu’il travaillait à temps partiel, il a vu son contrat (le premier de sa vie à durée indéterminée!) résilié du jour au lendemain par un jeune et nouveau chef. «Ce qui a été terrible, c’est le sentiment de n’avoir rien vu venir.» «A travers les différents témoignages, on découvre que beaucoup de gens ont été licenciés parce qu’ils faisaient leur travail avec minutie alors qu’on leur demandait uniquement d’améliorer le rendement…»
S’il a «toujours» rêvé de devenir comédien, Marco Calamandrei est monté sur scène un peu sur le tard. «Je venais d’un milieu ouvrier, je ne savais pas du tout comment m’y prendre.» Arrivé d’Italie à l’âge de 11 ans, il avait dû commencer par apprendre le français. «On faisait des concours, avec ma sœur, de celui qui apprenait le plus de mots. Quand j’ai dit à mon père que je voulais faire du théâtre, il m’a appelé Jean Gabin pendant une semaine!» Quand il sort de l’ERAD (l’actuelle Manufacture) à 28 ans, «je ne pouvais plus jouer le jeune premier, j’avais déjà l’âge d’interpréter des pères de famille. Ça m’a peut-être pénalisé.» Malgré tout, au Théâtre de Carouge, Georges Wod lui confie ses premiers rôles, il joue aussi dans le Lorenzaccio mis en scène par Séverine Bujard ou encore avec le TPR sous la direction de Charles Joris. A la question des meilleurs souvenirs, le comédien évoque La plage noire, le film tourné par Michel Piccoli. «Je me souviens de sa voix tellement particulière, la chance de côtoyer un tel personnage, j’avais passé une semaine en Pologne. C’était magnifique.» Il n’a pas oublié non plus le mois de janvier à Montréal à jouer Pièces de guerre, la trilogie d’Edward Bond…
Pour ce printemps, celui qui a joué le réformateur Pierre Viret répète déjà son rôle de Martin Luther, mis en scène par Edmond Vuilloud d’après des textes d’époque. Comme dans La gueule de l’emploi, il s’agira d’amener un peu d’humour et de légèreté à cette histoire. Dans ce registre aussi, le comédien sait y faire.
La gueule de l’emploi, mise en scène d’Evelyne Knecht, Lausanne, Pulloff Théâtres, jusqu’au 2 avril, www.pulloff.ch
Les Jeux olympiques d'hiver (ici la cérémonie d'ouverture à Sotchi) doivent-ils avoir lieu en Valais? Les Romands le croient dur comme fer.
Sondage exclusif
Le résultat de notre sondage réalisé dans tous les cantons romands et la partie francophone du canton de Berne est sans équivoque. Soixante-six pour cent des personnes interrogées adhèrent au projet olympique valdo-valaisan. Un plébiscite qui surprend par son ampleur.
Par Christian Rappaz
Après celles de 1972, de 2002 et de 2006, la quatrième tentative sera-t-elle la bonne? Jusqu’ici, on se disait que l’idée d’organiser des Jeux olympiques d’hiver à Sion en 2026 semblait être accueillie avec une certaine circonspection. Mais le café du Commerce n’est pas infaillible. La preuve par les résultats de notre sondage intercantonal réalisé par Internet entre le 9 et le 13 mars par l’institut M.I.S Trend auprès de 824 personnes.
ÊTES-VOUS POUR L’ORGANISATION DES JEUX OLYMPIQUES D’HIVER 2026 EN SUISSE ROMANDE?
La marge d’erreur du sondage est de + ou – 3,4%. Marge d’erreur par canton: Valais + ou – 8%; Vaud + ou – 7,9%; Fribourg + ou – 9%; Berne + ou – 9,3%; les autres cantons + ou – 5,8%. Malgré des marges d’erreur, calculées scientifiquement, parfois importantes, aucun canton ne basculerait dans le camp du non.
A la question «Etes-vous pour l’organisation des JO d’hiver de 2026 en Suisse romande?», 546 d’entre elles (293 hommes et 252 femmes), soit 66,2%, ont répondu favorablement. Une adhésion nette, presque massive. Chez les jeunes surtout. Les 18-29 ans soutiennent le projet à 72,6% alors que les 30-44 ans y adhèrent à 70,6%.
LE CANTON DE VAUD ENTHOUSIASTE, VALAIS ET NEUCHÂTEL PLUS TIÈDES
Ce n’est pas anodin. Alors que la candidature de 2006 faisait quasiment l’unanimité, près d’un tiers des Valaisans se déclarent opposés à celle de 2026. Alors que des milliers de personnes étaient en pleurs et en colère sur la place de la Planta après la décision d’attribuer les joutes à Turin, des voix s’élèvent déjà contre le projet actuel. Rien n’est encore gagné, donc. Ni perdu, d’ailleurs!
Petit bémol, c’est en Valais (après Neuchâtel), cœur de l’événement, que le soutien est le moins important (60,4%). Dans le même ordre d’idées, les femmes (60,6% de oui) se déclarent moins enthousiastes que les hommes (72,6%). Même constat pour les villages et campagnes de moins de 10 000 habitants (61%) par rapport aux villes moyennes (de 10 000 à 100 000 habitants, 66,8%) et aux grandes villes (plus de 100 000 habitants, Lausanne en l’occurrence, 69,6%).
LES FEMMES SONT POUR MAIS LE DISENT AVEC MOINS DE CONVICTION
L’écart entre hommes et femmes est finalement logique et peu significatif. Constat différent parmi les catégories de formation. Panel «école obligatoire» pour à 51,8% seulement, «formation secondaire» à 64,7% et «tertiaire» à 70,4%.
Quant aux 21,9% de personnes opposées, elles justifient leur refus en invoquant le coût financier et écologique de l’opération, l’absence de retombées post-olympiques et le manque de crédibilité du sport professionnel. A noter enfin que les résultats et les marges d’erreur qui y sont liées ont été pondérés selon le poids démographique et économique de chaque canton.
LES JEUNES À FOND, LES AUTRES UN PEU PLUS CIRCONSPECTS
A noter que le sondage complet et son analyse sont à découvrir dans L'illustré n°12, actuellement disponible
Le prince William s'est ridiculisé en se laissant simplement aller dans une discothèque, à Verbier. L'opinion publique britannique ne pardonne rien au futur héritier de la couronne.
Scandale
Le futur roi d’Angleterre au ski en Suisse, sans femme et enfants, avec trois potes et deux jolies blondes, a manqué les célébrations à l’abbaye de Westminster. Chronique d’un scandale avorté.
Par Didier Dana
Le prince William, sans sa femme et ses deux enfants mais en joyeuse compagnie, a passé en Suisse un week-end fun, le 11 mars dernier, avec trois de ses potes et surveillé par deux discrets gardes du corps. Il a choisi la station de Verbier, so British, et croisé sur nos monts Sophie Taylor, un mannequin australien aux yeux verts en amande, et Rosie Peate, sa blonde amie. L’histoire, promptement montée en neige de l’autre côté de la Manche, nous enseigne que le futur roi est un prince tellement flegmatique et normal – certains disent peu assidu – qu’il en oublierait ses devoirs les plus élémentaires. Cela lui fut déjà reproché l’an dernier. Oui, l’héritier du trône a fait l’école buissonnière en Suisse. Il a préféré neige et soleil, pistes de ski et de danse aux célébrations à l’abbaye de Westminster sous un ciel plombé. Lundi 13, Wills aurait dû se rendre à la messe de la Journée du Commonwealth aux côtés de la reine Elisabeth et du duc d’Edimbourg, du prince Charles et de Camilla, d’Andrew d’York et du prince Harry.
Découvrez ci-dessous la fameuse vidéo du prince William dansant dans une boîte, à Verbier:
William, duc de Cambridge sans aspérités, donne l’image d’un garçon si sage que le moindre écart de conduite provoque une affaire d’Etat. L’antimonarchiste Graham Smith y a été de son couplet: «Il dépense l’argent public. Je me demande s’il compte devenir roi. Cela ne semble pas l’intéresser.» Tout juste si ce jeune homme dégarni, un peu vieux avant l’âge à 34 ans, avait droit à quelque récréation. Respirer un bol d’air ici vaut tous les cérémonials d’un ennui souverain là-bas. Oui, mais n’a-t-il pas grandi dans un palais pour remplir ses devoirs plutôt que de venir se trémousser au Farinet avec ses potes à la nuit tombée? Il a besoin de repli, de moments d’évasion salutaires et ne s’en cache pas. Il danse de façon très nineties, moins coordonnée que les horse-guards de Sa Majesté. Il s’agite au son d’I Got 5 On It. Ce rap du groupe Luniz aux paroles explicites célèbre la picole et les joints. Avouons que le tableau immortalisé dans une vidéo par le site people TMZ nous rend ce futur souverain plutôt sympa. Il a serré la main du DJ et aurait effleuré la hanche d’une brune demoiselle. Oh God!
Parfois, les princes, comme les stars et les politiques, rêvent de s’oublier à la façon de M. Tout-le-Monde. Mission impossible? William n’est ni le fêtard décrit par la presse tabloïd ni un coureur de jupons. A ses côtés, il y a Guy Pelly, parrain du petit George et ami proche des deux fils du prince Charles. Ce patron de boîtes est le pape des nuits londoniennes. Il vient de se faire retirer son permis pour conduite en état d’ébriété. Sa seconde épouse, Elizabeth Wilson, restée à Londres, héritière de l’empire hôtelier Holiday Inn, tient désormais le volant. Thomas van Straubenzee, ami d’enfance, et James Meade, fils d’un champion d’équitation capé, complétaient la fine équipe.
Cette escapade helvétique a eu un léger parfum de scandale, c’est donc qu’il faut chercher la femme: Sophie Taylor. Sur la terrasse du restaurant d’altitude La Vache, avec pour panorama le Mont-Gelé, elle a fait un high five avec William à l’heure du déjeuner. L’image de ce geste, paume contre paume, visages souriants, a fait le tour du globe. La joyeuse tablée a partagé un gros éclat de rire, du vin blanc et des jus de pomme au soleil. Certains paparazzis ont aussitôt alerté la presse, persuadés qu’ils tenaient le début du commencement d’un flirt. La belle affaire! Un futur roi, marié, qui sourit à une fille, mannequin – elle a déjà posé seins nus, pensez donc – et voilà revenu le spectre des amours contrariées de Charles et Diana. Après le chabadabada, coup de canif dans le contrat? En son temps, le tennisman américain John McEnroe gueulait à l’arbitre: «You cannot be serious!» Reprenons ses mots: «Vous êtes sérieux?» Habituée de Verbier, la communauté britannique huppée pourrait faire sienne la devise: «Work hard, play hard.» Elle aime le ski et cultive l’après-ski.
Pour les Britanniques, Verbier est synonyme de fête, de détente loin du boulot. Les agendas de William et Kate vont s’étoffer. La reine et son mari, 91 et 96 ans, ne sont pas éternels. Cet été, le fils aîné de Diana quittera son métier de pilote d’hélicoptère ambulancier. Il s’installera avec sa famille au palais de Kensington pour faire face à ses obligations et à de nombreux engagements caritatifs. Bye-bye Anmer Hall dans le Norfolk, loin de la capitale. Trois visites officielles vont se succéder. La France, vendredi et samedi derniers. Une première. On a vu le couple star à l’Elysée reçu par François Hollande, puis au Trocadéro devant la tour Eiffel et au match de rugby Pays de Galles – France. William a fait un discours à l’ambassade de Grande-Bretagne, à Paris, sur fond de Brexit: «Notre partenariat continuera, malgré la récente décision de quitter l’Union européenne.» Ils partiront ensuite pour la Pologne et l’Allemagne et envisagent, dit-on, cette année, l’arrivée d’un troisième enfant. Charlotte, 22 mois, ira au jardin d’enfants dès la rentrée. George, 3 ans et demi, intégrera une école privée pour garçons. Située non loin des nouveaux appartements, elle était autrefois habitée par Lady Di disparue il y a vingt ans. La mémoire de la princesse icône sera célébrée à l’occasion d’un anniversaire lourd de sens en août prochain.
Finalement, on serait tenté de brandir le carton rouge de l’égalité, non de l’infidélité, en se demandant pourquoi William, prince qui sort, boit des bières et des shots de Jägermeister, fait la nouba alors que sa femme reste à la maison à faire la nounou. Au reste, méfions-nous des apparences. Honni soit qui mal y pense.
On connaît le vif intérêt de Bastian Baker pour les femmes et elles le lui rendent bien. En marge de la sortie de son nouveau single, intitulé Five Fingers, et à la veille de son départ en tournée aux Etats-Unis – avec une première étape à Miami, où réside sa sœur -, illustre.ch lui a soumis les photos de 15 célébrités en lui demandant de réagir. Forcément instructif.
DR
«Je ne suis pas connu pour être le mec le plus en couple de l’histoire, prévient Bastian Baker. Heureusement que j’ai des potes!» C’est vrai. Il a du reste songé à eux en composant Five Fingers, son nouveau single. Avant de lui soumettre nos 15 portraits, nous convenons d’une règle simple: il ne pourra dire «mignonne» qu’une fois, ceci pour le contraindre à développer et éviter qu’il n’esquive.
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Cara Delevingne. «Je lis très peu les magazines people. Je crois savoir qu’elle change de sexualité comme de pantalon, pantalon qu’elle ne met pas souvent... Non, très belle femme. Mignonne. (Il se marre). J’imagine qu’elle est de celles qui ont à coeur de prouver que les mannequins ne sont pas que des jolies filles et qu’elles ont des choses à dire, mais pour être franc, je ne la connais pas.»
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Angela Merkel. «Femme de puissance. M’impressionne-t-elle? Oui et non. Dans mon éducation, on m’a appris très vite que l’homme est l’égal de la femme et je fais exprès de le dire ainsi. Angela, c’est une main de fer. On dit souvent que la politique manque de femmes et que du coup, il n’y a guère de compréhension et d’amour, mais je ne suis pas sûr qu’Angela Merkel porte ces valeurs-là.»
DC Comics
Wonder Woman. «Je ne l’ai jamais rencontrée. (Il rit) En bd, j’étais plutôt Spirou. C’est cool une superhéroïne. Wonder Woman fait du bien. Grâce à elle, à chaque carnaval, une fille au moins porte son costume et c’est un régal pour les yeux. Comme Superman, elle met ses atouts en valeur, avec cette nuance patriotique supplémentaire. On aimerait la draguer pendant qu’elle nous sauve!»
DR
Xenia Tchoumitcheva. «L’archétype de la Suissesse qui a mis les voiles pour tenter sa chance à l’étranger. Respect. Caractère business, mais c’est sûrement nécessaire quand on est jolie à ce point face à la lourdeur des mecs. Sa froideur apparente ressemble à une forme de protection. La lingerie? J’adore, même si je préfère les tons plus sombres. Je ne l’ai croisée qu’une fois, il y a longtemps.»
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Adele. «Pour moi, elle est comme Sam Smith et Ed Sheeran. J’accroche sur une chanson à la radio, mais c’est tout. Je n’accroche pas sur les albums. Je trouve ça super répétitif. Sam Smith, je l’ai vu sur scène à Montreux et je suis parti après quatre chansons. Cela dit, il y a du talent et le personnage d’Adele est incroyable avec son humour à la british, son autodérision et sa décontraction.»
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Jessica Alba. «Que dire? Une femme rayonnante. Peu importe ce qu’elle joue, ce qu’elle porte, elle irradie. Physiquement, c’est l’une des femmes qui m’impressionnent le plus. Je ne l’ai jamais rencontrée, mais si ça arrivait, je ne serais sans doute pas super à l’aise. J’aurais de la peine à aller lui parler, par peur d’être lourd. J’ai vraiment cette retenue. C’est un truc qui me déchire.»
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Emma Stone. «Je n’ai pas vu La La Land, que ma sœur a adoré, mais je ne suis pas du tout comédie musicale. On m’a proposé des trucs en France qui m’ont valu des barres de rire, comme D’Artagnan par exemple. J’ai beaucoup de respect pour les gens qui font ça, mais moi, je ne me vois pas dire: «Prends garde Eusebius!» Je me marrerais trop. Avec un peu de bol, je verrai La La Land dans l’avion.»
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Angelina Jolie. «Celle qui a piqué Brad Pitt à Jennifer Aniston! Je suis fan de Friends. Je n’étais pas content. Que dire? Est-ce une grande femme parce qu’elle a adopté plein d’enfants et qu’elle fait de l’huile d’olive? Moi, je retiens le couple qu’elle formait avec Brad Pitt. La force du couple. A mon petit niveau, il a suffi de dire que j’étais avec Lara Gut pour faire la une des journaux!»
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Doris Leuthard. «Doris! J’ai dansé avec elle un jour dans un bal à Berne… Je l’entends encore me crier (il l’imite): «Encore merci de m’avoir rejointe sur la piste!» Je n’en pouvais plus. (Rire) Je crois que c’est une femme brillante. Super sympa. Je me moque un peu de son accent, mais elle est pleine de charisme. Dynamique. Et ça fait du bien à la Suisse d’avoir de telles conseillères fédérales.»
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Coeur de Pirate. «C’est dommage parce qu’à l’époque, j’avais essayé de faire un duo avec elle, mais elle venait d’en faire un avec Julien Doré. Du coup, c’était pas le bon moment. J’aime bien ce qu’elle fait. C’est l’une des rares artistes francophones qui me touche. En plus, c’est une Québécoise et moi, j’adore cette région. Pour moi, c’est le public idéal, parce que bilingue français-anglais.»
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Kate Middleton. «Elle est passée du rang de nobody à celui de princesse. La monarchie, dans 2000 ans, j’imagine que ça fera rire tout le monde. C’est symbolique, mais les gens ont besoin de structures, de sécurité, et les Anglais ont un système qui les rassure. Ils adorent leur reine et maintenant, ils ont une jolie princesse qui, en plus, aime bien la Suisse, alors tant mieux.»
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Héloïse Letissier, alias Christine and the Queens. «J’adore ses moves, j’adore comme elle danse Il y a un truc unique chez elle. Ses clips sont vraiment bien pensés!»
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Nabilla. «La téléréalité est très loin de moi, mais je ne suis pas là pour blâmer qui que ce soit. Une star, une étoile, c’est quelqu’un qui, mais pour guider, il faut avoir amené soi-même quelque chose, par l’écriture, un film, la pensée, que sais-je? Je ne retrouve pas forcément chez elle, mais les époques changent. Les étoiles aussi. Si des gens sont heureux grâce à Nabilla, bravo à elle.»
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Marine Le Pen. «Quand j’ai envie de me marrer, je regarde soit Gad Elmaleh, soit les émissions politiques françaises. Est-ce que ça me fait peur? Pfff. J’ai ce côté un peu suisse, égoïste, qui me fait dire que nous, ça va. Si les Français écopent de Marine Le Pen comme présidente, le mot peine aura changé de déterminant. Peut-elle être élue? Trump l’a bien été, lui, alors oui, c’est possible.»
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Lara Gut. «Lara, je l’adore. C’est une personnalité assez incroyable, que je découvre mieux maintenant avec sa blessure. Je pensais qu’elle aurait peut-être ce côté un peu ronchon, un peu amère et déprimée, genre ça fait ch…, mais dès que ça lui est arrivé, elle s’est jurée de revenir plus forte et a positivé. Elle fait preuve d’une détermination hallucinante. J’admire aussi son intelligence.»
Instagram
Lara Gut. «J’aime bien lui écrire. On s’échange des What’sApp vraiment marrants. Au début de cette année, je me suis aussi déchiré un ligament. Je lui ai écrit: «Putain Loulou, je me suis déchiré un ligament.» Elle me répond: «Quoi? Du cerveau?» On est super potes. Sur l’humour, on connecte vraiment bien. Et puis on a fait notre petit bordel avec les médias… et tout le monde a plongé!»
Cette année encore, le Caribana Festival nous surprend en dénichant les petites perles les plus tendances du moment. Découvrez une sélection de 15 artistes qui devraient vous faire danser. On commence avec l'artiste britannique Rag'n'Bone Man qui mettra le feu sur la grande scène le 7 juin, avec son timbre rocailleux, reconnaissable entre mille !
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MØME - Samedi 10 juin. Avec l'artiste Møme, l’électro révèle de nouvelles facettes. Grâce à ses influences venues tout droit d'Australie, ses sons aux rythmes entraînants vous feront automatiquement danser, voire planer...
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ROGER HOGSON - Jeudi 8 juin. Auteur-compositeur, voix mythique du groupe Supertramp, Roger Hodgson est un chanteur à succès, notamment grâce aux inoubliables tubes "The Logical Song", "Goodbye Stranger","It's Raining Again". Un juke-box ambulant!
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ALVARO SOLER - Dimanche 11 juin. Du haut de ses 26 ans, ce beau brun latino originaire d'Espagne nous a fait danser tout l'été dernier avec son premier titre, "Sofia".
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EVANESCENCE - Mercredi 7 juin. La chanteuse à la voix lyrique et rock fait son grand retour sur le devant de la scène. Et c'est sur celle du Caribana Festival qu'elle dévoilera son tout nouvel album. Ça promet...
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MADEON - Vendredi 9 juin. Le jeune DJ d'origine bretonne surprend avec ses samples d'une grande ingéniosité. À tout juste 22 ans, il collabore déjà avec les plus grands comme Muse ou Lady Gaga.
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L.E.J - Samedi 10 juin. Tout a démarré grâce à un buzz d'enfer sur YouTube pour ce trio féminin alternant chant, percussion et violoncelle. Les amies d'enfance se retrouvent sur scène pour nous faire groover comme jamais.
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FOREIGNER - Jeudi 8 juin. Avec plus de 120 millions d'albums vendus à travers le monde, ce groupe mythique a marqué les esprits avec des tubes tels que "Waiting for a Girl Like You", "Hot Blooded" et l'incontournable "Juke Box Hero". Une vraie cure de nostalgie!
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FAKEAR - Vendredi 9 juin. Théo Le Vigoureux, plus connu sous son nom de scène Fakear, est le jeune beatmaker français qui s'est fait connaître avec son morceau "La Lune Rousse" sorti en 2014 et son petit dernier EP, baptisé "Vegetal", qui date de la fin de l'année dernière.
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BIG FLO & OLI - Dimanche 11 juin. Ces deux frangins signent un rap plein de tact et d'humour. Leur premier album, baptisé "La Cour des grands", a été certifié disque de platine en France. Une sacrée performance dans un marché du disque en plein marasme. Le duo a même assuré une partie du spectacle de Gad Elmaleh et Kev Adams. Ambiance de folie assurée!
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SUM 41 - Mercredi 7 juin. Véritables icônes punk-rock, les SUM 41 ont marqué leur génération au fer rouge grâce à des titres comme"In Too Deep" et "Fat Lip". Leur nouvel album, "13 Voices", annonce leur renaissance. De quoi mettre le feu au lac!
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KUNGS - Vendredi 9 juin. A 20 ans seulement, Valentin Bunel, alias Kungs, est déjà DJ et producteur. Le jeune artiste est déjà comparé à David Guetta - une sacrée référence. L'auteur du tube "The Girl", composé dans sa chambre, a déjà fait danser la moitié de la planète!
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VANT - Jeudi 8 juin. Ces jeunes Londoniens bourrés d'énergie disent se nourrir de la fureur de la jeunesse. "Dumb Blood", leur première composition, est un équilibre subtil entre punk, rock et pop.
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KLINGANDE - Vendredi 9 juin. Bidouilleur d'électro pétri de talent, le Français Cédric Steinmyller est salué par ses pairs, Kygo et Robin Schulz notamment. L'un de ses titres, "Jubel", a déjà fait le tour de la planète!
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BERYWAM - Dimanche 11 juin. Ce groupe réunit quatre beatboxers issus d’univers musicaux très différents. Vous reconnaîtrez probablement l'un d'entre eux, MB14, qui a fait des miracles lors de la dernière saison de "The Voice", sur TF1.
Le joueur emblématique des Aigles, revenu cette saison après six mois au Medvescak Zagreb, se livre sur sa carrière et son parcours professionnel.
Interview intime
Son équipe sortie prématurément des play-off, le hockeyeur de Servette, qui vient de fêter ses 37 ans, raconte son parcours entre sa Croatie natale, le Valais de son enfance et Genève, la ville de son club.
Par Aurélie Jaquet
Les play-off se sont terminés brutalement pour Servette. Comment vit-on ce genre de déception au sein d’une équipe?
Difficilement. Nous avons passé quelques jours ensemble à Barcelone. Tout le monde est très, très déçu, évidemment. C’est assez difficile de trouver les mots quand on perd 4-0. En revenant à Genève cette saison, j’avais à cœur d’emmener cette équipe le plus loin possible. Personne ne s’attendait à une défaite aussi brutale. Le premier match perdu nous a complètement déstabilisés. Nous n’avons tout simplement pas réussi à nous relancer.
Vous êtes hockeyeur professionnel depuis bientôt vingt ans. Qu’est-ce que le sportif a appris à l’homme avec les années?
C’est difficile à dire, parce que j’ai du mal à dissocier l’un de l’autre. Je fais du hockey depuis que je suis gamin. Avec le temps, l’homme et l’athlète se sont fondus dans une seule et même entité. Je réagis de la même manière sur la glace qu’en dehors. J’ai besoin d’avancer sur les deux plans, je suis un type calme sur une patinoire et en dehors. Je n’aime pas les conflits avec mes coéquipiers comme avec mon entourage.
Vous n’aimez pas les conflits?
Je déteste ça depuis toujours. Les situations qui s’enveniment et explosent après coup, c’est le pire truc qui puisse m’arriver. J’aime la franchise, j’ai besoin que les choses soient dites et réglées tout de suite. Cela dit, j’ai un peu changé avec le temps. J’étais davantage dans la confrontation avant. Aujourd’hui, je suis certainement plus intelligent et réfléchi qu’il y a vingt ans. J’écoute un peu plus mon entourage. Je reste toujours un peu têtu mais je suis plus ouvert qu’avant.
Qu’est-ce qui vous met en colère?
La méchanceté. Les gens qui se mêlent de la vie des autres, qui font du mal intentionnellement. Ça me bouffe.
Vous avez dit un jour de votre coach, Chris McSorley, que vous aviez fini de grandir ensemble. C’est vrai?
Bien sûr! Quand on passe douze ans avec quelqu’un, on évolue forcément ensemble. Parfois dans la même direction, parfois à l’opposé. C’est un peu comme dans un couple. Avec Chris, ces derniers temps, nous avons pris des directions différentes, mais on a continué à évoluer tous les deux.
Que vous a-t-il apporté?
Chris m’a fait confiance pendant douze ans, il m’a mis sur la glace et offert une stabilité que je n’aurais certainement pas connue ailleurs. J’ai pu jouer dans un club francophone, proche de ma famille, de la maison. Dans une carrière de sportif, c’est exceptionnel.
Un coach, c’est quoi? Un mentor, un modèle, une figure paternelle?
Cela dépend du coach. Chris n’a jamais été une figure paternelle, parce qu’il a toujours maintenu une distance professionnelle entre nous. Ce n’est pas quelqu’un auprès de qui j’irais me confier. Il m’a aidé sur la glace, mais sur le plan personnel, c’était très différent. Mais je n’ai jamais recherché ça non plus, en même temps. Je n’aime pas tout mélanger, et j’ai surtout un père dont je suis très proche.
Vous êtes arrivé de votre Croatie natale à l’âge de 9 ans. Quelle première image gardez-vous de la Suisse?
Les montagnes. Je n’avais jamais vu la neige. Avec ma mère et mon petit frère, qui avait 3 mois à l’époque, on est arrivés en voiture par le Grand-Saint-Bernard. Mon père était déjà en Suisse. Il avait été recruté comme joueur de waterpolo par l’équipe de Monthey. Il souhaitait vivre ici quelques mois avant de nous faire venir. Nous avons vécu les premiers jours dans un chalet à Morgins, avant de nous installer dans le Chablais. J’ai grandi à Split, au bord de la mer, ça a été un peu le choc. Tout était neuf et intéressant parce que je découvrais l’opposé de ce que j’avais vécu jusque-là. Je suis arrivé au mois d’août, quelques semaines après je commençais l’école. J’ai dû tout de suite m’intégrer, je n’ai pas eu le temps de réfléchir. En rentrant de mon premier jour de classe, j’ai dit à mes parents: «Je ne savais pas que j’avais autant de copains ici!» Les enfants ont été sympas et accueillants avec moi. La chance, à Monthey, c’est qu’il y avait beaucoup d’étrangers. Mon intégration s’est faite très facilement. Et puis j’étais un petit garçon ouvert, proche des gens, j’ai toujours eu le contact facile. J’ai appris le français en deux mois. Mes parents prévoyaient de rentrer quelques années plus tard, mais la guerre a éclaté. Nous sommes finalement restés. Mon père a travaillé à Ciba, ma mère chez Manor. Mes parents ont toujours voulu s’intégrer.
Matricule 57. Goran Bezina devant son casier, dans les vestiaires de Genève-Servette, son club depuis douze ans. Photo: Didier Martenet
Vos parents vous racontaient-ils ce qu’il se passait dans les Balkans?
Non. J’avais 11 ans, ils en parlaient peu à la maison. Certainement pour me préserver. Notre famille sur place, à Split, n’était heureusement pas touchée par le conflit. C’est plus tard que j’ai vraiment pris conscience des horreurs de cette guerre. En lisant des livres, en m’intéressant à l’histoire. L’année dernière, quand je jouais à Zagreb, j’ai eu l’occasion de visiter Vukovar. C’était très fort de ressentir à quel point cette ville est encore marquée par l’atrocité des conflits après toutes ces années. Aujourd’hui, j’en parle aussi parfois avec ma compagne. Elle est Bosniaque et a vécu la guerre dans son propre pays.
Vous avez grandi entre Split et Monthey, vous êtes parti trois ans aux Etats-Unis, aujourd’hui vous êtes installé à Genève. Où vous sentez-vous le plus à la maison?
Je ne sais pas très bien. Longtemps, c’était le Valais. Monthey était mon port d’attache, là où je rentrais me ressourcer. Ensuite, en fondant ma famille, je m’en suis un peu distancé. Avec la mère de mes enfants, nous étions installés dans notre maison de Saint-Prex. Il y a deux ans, je suis parti. Nous étions ensemble depuis l’âge de 15 ans et avons vécu vingt belles années tous les deux, avant de prendre des chemins différents. Aujourd’hui, je suis en train de m’installer à Genève avec mon amie. Elle a huit ans de moins que moi et fait des études à l’étranger.
Quels sont vos liens avec la Croatie?
J’ai passé une enfance heureuse là-bas, même si je sais qu’avec les années et la distance on embellit parfois les choses. Je suis toujours resté très attaché à mon pays d’origine. J’ai besoin d’y aller chaque année. Mes liens se sont encore renforcés avec le temps, je ne sais pas très bien pourquoi. C’est bien tombé que je puisse partir à Zagreb la saison dernière. Les choses n’allaient plus très bien avec Chris McSorley, il a souhaité que je parte. Et j’ai eu cette chance à un moment de ma vie où j’en avais le plus besoin. C’était une expérience que j’avais envie de vivre.
Comment avez-vous géré ces retrouvailles avec Servette? Vous n’en avez jamais voulu à Chris McSorley de se séparer de vous après toutes ces années?
Non, je ne lui en ai pas voulu. Je savais qu’un jour ça s’arrêterait et que ça ne se ferait pas forcément dans les meilleures conditions. Je connais le sport, je m’y étais préparé. Je n’ai jamais été rancunier et je reste convaincu que tout ce qui nous arrive dans notre vie ne se produit pas par hasard. Il y a forcément un sens à aller chercher. Et puis, six mois plus tard, j’étais de retour.
Quel rapport avez-vous avec l’argent?
Quand on en a, il est facile de dire qu’on n’en a pas besoin. Cela peut paraître un peu prétentieux d’affirmer que l’argent ne fait pas le bonheur quand on gagne bien sa vie, mais je sais que j’ai besoin de peu de choses pour être heureux. J’ai la chance d’avoir de l’argent aujourd’hui, j’en aurai probablement moins à l’avenir, mais je me sens privilégié de ne pas avoir de souci pour finir le mois, de pouvoir dépenser sans trop me poser de questions.
Vous êtes père de deux enfants. Comment aimeriez-vous qu’ils parlent de vous plus tard?
Comme ils le souhaitent. Ma fille a 11 ans, mon fils 7 ans. On verra bien ce qu’ils diront de leur père dans quelques années, mais j’espère que j’aurai réussi à leur transmettre les outils pour qu’ils s’en sortent bien dans leur vie. J’essaie de leur inculquer des valeurs comme la gentillesse, le respect des autres, la volonté de donner tout ce qu’ils ont en eux pour avancer. Je leur rappelle aussi souvent la chance qu’ils ont d’être nés et de grandir dans ce pays. Beaucoup d’enfants n’ont pas ce privilège.
Et vous, quelle éducation avez-vous reçue?
Mes parents m’ont donné à la fois un cadre strict et beaucoup de libertés. J’ai été un enfant indépendant et autonome très rapidement.
Etiez-vous bon élève?
Oui, j’ai toujours eu beaucoup de facilité. Trop, peut-être. A l’école obligatoire, j’avais l’habitude de passer mes années sans étudier. Quand je suis arrivé au collège de Saint-Maurice (ndlr: les années préparatoires à la maturité fédérale), j’ai réussi mes deux premières années en continuant comme je l’avais toujours fait, mais ça s’est gâté par la suite. D’autant qu’à cette époque j’étais engagé à Villars en première ligue. J’ai un peu lâché l’école. J’ai finalement entrepris un CFC de commerce par la suite. C’est un peu le seul regret que j’ai.
Pourquoi?
Parce que j’aurais voulu aller plus loin dans mes études. Les sportifs ont une image de gens pas toujours très malins. C’est peut-être vrai pour certains, mais de loin pas pour tous. Pour réussir une longue carrière, il faut forcément une intelligence du jeu. C’est dommage que certains sportifs n’arrivent pas à l’exprimer en dehors de leur discipline.
La vie de hockeyeur est une vie de groupe. Entre les trajets, les entraînements et les matchs, vous êtes tout le temps avec votre équipe. La solitude ne vous manque-t-elle jamais?
Pas vraiment. Je ne suis pas un solitaire, je m’ennuie très vite. Les seuls moments où j’aime me retrouver seul, c’est en voiture. Je mets de la musique et je m’évade.
Etes-vous croyant?
Oui, mais à ma manière. Je n’ai pas besoin d’aller à l’église pour prier, mais je pense que la religion fait partie de l’éducation, d’une forme de culture générale qu’on devrait tous connaître. La plupart des messages religieux sont plutôt bienveillants à la base. Je suis plus dubitatif quant à l’interprétation qu’en font certains croyants, en revanche. Je trouve rassurant que le pape actuel essaie de donner à l’Eglise une image un peu plus moderne et modeste. Cela n’a pas toujours été le cas.
Vous avez fêté vos 37 ans ce 21 mars. Pensez-vous à la retraite?
Oui, tout peut aller assez vite à cet âge. Nous sommes en train de discuter de la suite avec Servette, pour que je puisse continuer à œuvrer dans le club. J’ai la chance d’avoir une longue carrière et de bien gagner ma vie. J’ai pu investir dans l’immobilier, je vais essayer d’exploiter un peu ça aussi. Mais je pense que je vais rester dans le hockey d’une façon ou d’une autre, parce que ce sport, c’est ma vie.