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Portraits en manteau de fourrure

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Famille Briquet, Chez-le-Bart
Le plus beau chat du monde? C'est le vôtre, bien sûr. Mais regardez les photos envoyées par les lecteurs de L'illustré, comme celle de Marley, et vous découvrirez que leurs chats ne sont pas désagréables à l'oeil non plus. Vous pourriez même craquer pour l'un d'entre eux, qui sait?
Claude Cevey, Lausanne
Dylan et Bagheera - A caresser de l'oeil, deux top models norvégiens.
Jacqueline Salvadori, Savièse
C'est qui le plus beau? C'est Roméo, 14 ans et encore toutes ses dents!
Carine Hofstetter, Neuchâtel
Mystic - Selfie félin.
Catherine L'Eplattenier, Marin-Epagnier
Tito - Je sais tout, je vois tout, rien n'échappe à mon regard vif!
Rita Kohl-Nebel
Caty - Et c'est pour une photo que tu m'as réveillée?!
Jacques Diserens, Vessy
On sait qu'on est les plus beaux, pas besoin d'en rajouter!
Evelyne Rolle
Vasco - C'est moi le chef!
Sophie Drouin, Vaumarcus
Thelaur - Ben quoi, qu'est-ce qui vous étonne?
Bestialement vôtre
Portraits en manteau de fourrure

Florian Antille, le patineur au grand coeur  

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© Sedrik Nemeth
Sur ses rollers, Florian a battu trois records du monde! La plus longue distance en milieu urbain, 230 km, la plus longue durée d’activité, 27 heures, et le record du monde de temps-distance avec 2142 km parcourus en 22 jours.
Défi

La ville de Sion lui a décerné un prix spécial 
pour récompenser son engagement humanitaire.

C’est qui, ce Florian? Un Sédunois de 18 ans, fraîchement diplômé d’un CFC d’agent d’exploitation.

Pourquoi on parle de lui? Car cet embryon d’aventurier a parcouru 2142 km en rollers en vingt-deux jours. Il est parti de Sion pour rallier Bruxelles, puis revenir dans sa ville natale, qui l’a récompensé d’un prix spécial. «C’est un certificat, un prix surtout symbolique. Mais grâce à cette aventure, j’ai pu rencontrer de grands aventuriers que j’admire, comme Frank Bruno, c’est un grand honneur!» Et ce périple n’est que la première des trois parties du défi sportif qu’il s’est lancé. Au total, il compte réaliser un trajet de 9000 km.

En rollers, toujours? Non. En juin, Florian embarquera dans son kayak sur mesure pour pagayer de Marseille à Gibraltar. Il traversera ensuite l’Espagne à pied, puis reprendra son kayak pour longer l’Europe jusqu’au bas des Pays-Bas.

Dingue! mais pourquoi fait-il cela? Pour récolter des fonds en faveur de plusieurs associations. La partie en rollers, c’était pour soutenir Procap, qui vient en aide aux personnes handicapées. Son trajet en kayak servira à appuyer Les Anges d’Angeline, qui épaule les enfants atteints du cancer.

Et à lui, qu’est-ce que ça lui apporte? «L’aventure et l’exploration sont mes passions. J’avais envie de partir, de relever ce défi fou. Mais je voulais aussi que cela soit utile. Et je n’oublierai jamais les visages des gens de Procap lorsque je suis rentré. Ils étaient vraiment reconnaissants, ça m’a rendu heureux.» M. S. 

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Marie Alice Riley rock'n'roll jusqu'à la corde

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Darrin Vanselow
De gauche à droite, la famille au complet: Lemmy, 5 ans, Marie, 32 ans, Nathan, 48 ans, June, 7 ans, et leurs chiens Greta et Larsen, au milieu de leur salon vintage, près de Fribourg.
Radio

La chroniqueuse de Rhinoféroce, sur Couleur 3, est la nouvelle coqueluche des réseaux sociaux.

Elle est menue et joviale. Ses yeux sont rieurs et sa peau bariolée. Le truc de Marie Alice Riley, 32 ans, c’est la musique et principalement le metal. Son look en témoigne. Depuis quelques mois, elle écrit des chroniques punchy dans l’émission musicale Rhinoféroce, sur Couleur 3, aux côtés de l’animateur Patrick Dujany, alias Duja. L’émission est diffusée 
à 22 h le dimanche soir, mais sa chronique est disponible en vidéo sur Facebook depuis peu. C’est ce qui l’a popularisée.

En dehors de 
la radio, cette maman de deux enfants travaille à mi-temps dans la communication et tient un blog. «J’interviewe des musiciens, pour un concert ou une sortie d’album, et je leur demande ce qu’ils aiment manger. Ensuite, je cuisine les recettes chez moi et je les publie avec l’article.» Un concept original qui trouve des lecteurs dans le monde entier et qui marie ses deux passions, «la musique et la bouffe».

Bassiste dans un groupe, elle a également monté son label, Cold Smoke Records, avec cinq amis. La musique fait partie intégrante de son monde, jusqu’au prénom de ses enfants: June, comme la femme de Johnny Cash, et Lemmy, pour le chanteur de Motörhead. M. S.


www.foodandfuzz.com

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Rachel Frei Bandieri: un mental d'acier
 en terrain glacé

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DR
Rachel a concouru en traînant son matériel, solidement harnaché sur une pulka. A droite, elle est avec ses chiennes Sparta et Nyx.
Epopée

La Romande Rachel Frei Bandieri est la première femme à être venue à bout de la Rovaniemi 300, une course de 300 km en autonomie en Finlande.

A 10 ans déjà, elle s’en allait des heures sur le dos de son cheval. Aujourd’hui, Rachel Frei Bandieri est une aventurière expérimentée. Sa dernière expédition en date? La course Rovaniemi 300, une épopée finlandaise de 320 kilomètres en autonomie dans un froid atteignant les -28 degrés la nuit. La jeune femme de Berolle (VD) est arrivée 10e. Mais elle est la toute première femme à avoir terminé la course, depuis sa création en 2012.

«J’ai toujours été indépendante et débrouillarde. Je suis douée pour marcher seule pendant des heures, je trouve ça grisant.» Sur les 17 participants, certains, comme Rachel, concouraient à pied, d’autres à ski ou à vélo. Quatre ont abandonné. «Peu de femmes se pensent capables de réussir des épreuves comme celle-là. J’espère pouvoir inspirer des gens et les inciter à réaliser leurs rêves.» M. S.

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Exoplanètes, quelle vie menez-vous?

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NASA/JPL-Caltech
Les dessinateurs chargés d’imaginer, comme ici, une exoplanète vivante n’ont pas la tâche facile: ils n’ont en effet que la Terre comme source d’inspiration. Or, si du vivant existe ailleurs, il a sans doute pris des formes totalement différentes.
Espace

La découverte toute récente d'un système planétaire composé de sept planètes rocheuses comme la Terre relance une nouvelle fois les imaginations: notre planète ne détient peut-être pas l'exclusivité du vivant dans l'univers.

Elles sont officiellement 3600 à avoir été découvertes et confirmées scientifiquement depuis vingt-deux ans. Depuis la première exoplanète détectée, en 1995, par l’équipe suisse du professeur Michel Mayor, la démonstration a été faite que le système solaire est tout sauf un cas unique dans l’univers. La course à la première exoplanète vivante bat donc son plein. Mais les biologistes invitent quand même les astronomes à garder la tête froide: la vie, même sur Terre, est encore et surtout un mystère.


Sept Terres d'un coup! L’annonce il y a trois semaines de la décou- verte de sept exoplanètes rocheuses gravitant autour d’une même étoile a fait grand bruit. Mais les astronomes pèchent encore une fois par excès d’enthousiasme (et de marketing) en clamant qu’elles abritent peut-être de la vie. Illustration: NASA/JPL-Caltech

Professeure Maurel, comment réagissez-vous, en tant que biologiste spécialisée dans l’étude des origines de la vie, quand des astrophysiciens annoncent la découverte d’exoplanètes ressemblant par leur nature rocheuse, par leur taille et par la distance à leur étoile à la situation de la Terre?

Je suis enchantée à chaque fois! Mais il s’agit aussi de rester prudent, de garder à l’esprit qu’il n’existe encore aucune certitude scientifique possible sur le niveau de ressemblance exact entre ces planètes lointaines et la Terre sur les plans géologique, géophysique, environnemental, etc. Ces annonces manquent donc parfois de nuance en émettant l’hypothèse un peu rapidement que de la vie pourrait s’être développée sur certaines d’entre elles. Mais l’enthousiasme fait aussi partie de la vie scientifique, surtout en cas de découverte importante, comme c’est le cas avec cette toute récente moisson de sept exoplanètes rocheuses gravitant autour d’une même étoile.

Et du point de vue de la biologie, il faut encore se mettre d’accord sur ce qu’on entend par «vie».

Oui, en effet, et ce problème de définition est loin d’être simple. Quand nous parlons de vie, nous ne pouvons faire référence qu’à la vie telle qu’on peut l’étudier sur Terre. Or, même ici, plus les recherches progressent, plus on découvre des formes de vie différentes dont on ne soupçonnait pas l’existence. Notamment dans les profondeurs des océans. Est-ce que cette extraordinaire diversité de la vie sur Terre peut être représentative de la vie qui pourrait s’être développée ailleurs dans l’univers? Autant de questions encore ouvertes.

Y a-t-il une définition possible de la vie, par opposition au monde minéral?

Il existe des centaines de définitions différentes de la vie dans la littérature scientifique. Je préfère d’ailleurs parler du «vivant» plus tôt que de la «vie». Ce qui caractérise de manière extrêmement générale le vivant sur Terre, c’est sa constitution organique, c’est-à-dire sa structure à base principalement d’atomes de carbone, d’hydrogène, d’oxygène et d’azote. Ces atomes sont organisés de telle manière qu’ils ont une dynamique propre, différente du règne minéral. Mais une définition unique plus générale et satisfaisant tout le monde est impossible.

Le vivant demande en tout cas des conditions très exigeantes pour pouvoir se développer et se perpétuer.

Moins qu’on ne le pense. On trouve par exemple du vivant dans des conditions de températures assez larges, pouvant aller de –10 °C à plus de 120 °C. On connaît aussi des organismes qui vivent en cryptobiose, c’est-à-dire qui se mettent en quelque sorte à l’arrêt et peuvent attendre des centaines d’années que les conditions s’améliorent pour recommencer à s’activer. La vie peut encore se développer dans des niveaux de pression extrêmes, dans des fosses sous-marines, ou à l’inverse dans des conditions proches du vide. Même constat pour les milieux acides ou au contraire dans des milieux très basiques. En fait, le vivant peut s’accommoder d’environnements qui nous semblent à nous, êtres humains, très hostiles. L’état actuel de la recherche permet même de penser que l’eau liquide elle-même n’est peut-être pas indispensable pour le développement du vivant. D’autres fluides, comme l’ammoniac par exemple, pourraient peut-être convenir. Tout cela permet donc d’imaginer que le vivant peut peut-être prendre son essor sur des planètes en apparence moins favorisées que la Terre. Et comme on peut estimer aujourd’hui que le nombre total d’exoplanètes est au moins égal au nombre d’étoiles, et qu’il existe des milliards de galaxies dans l’univers contenant chacune des milliards d’étoiles, les chances que la Terre ne soit pas une exclusivité universelle sont bien sûr réelles.

Mais l’exigence d’une certaine stabilité sur de très longues durées reste-t-elle une condition majeure pour qu’une planète puisse développer de la vie?

Oui, sans doute. Cela dit, l’étude de la vie terrestre se focalise surtout sur les derniers 600 millions d’années, c’est-à-dire dès l’apparition des organismes pluricellulaires, qui peuvent être étudiés grâce aux fossiles. Mais il ne faut pas oublier que la vie sur Terre s’étale sur 4 milliards d’années. Et cette vie primitive a traversé des événements géologiques, cosmiques, climatiques considérables, que nous ne pouvons que très difficilement reconstituer. C’est une quête fantastique, mais qui implique beaucoup d’humilité. Durant ces 3 milliards et demi d’années, il s’est forcément produit des catastrophes comparables voire pires que celles qui ont causé les différentes extinctions massives d’espèces ces 600 derniers millions d’années. Et pourtant le vivant a réussi à perdurer.

Confirmez-vous que la pan­spermie, l’hypothèse d’une vie venue de l’espace, est définitivement écartée?

En effet, ce scénario est considéré comme impossible par la communauté scientifique. On n’a pas réussi à reproduire des trajets de transports d’organismes arrivant vivants sur Terre depuis l’espace. La traversée de l’atmosphère implique des échanges de températures trop extrêmes, de plus le rayonnement cosmique est foncièrement hostile à la vie. De toute manière, même si elle s’était formée ailleurs et qu’elle avait été transportée sur Terre, la question de base resterait la même: comment la vie a-t-elle débuté? Cela dit, on trouve des molécules organiques dans l’espace, dans les météorites, dans les poussières cosmiques. Et ces molécules, briques élémentaires du vivant venues de l’espace, peuvent avoir favorisé l’apparition de la vie sur Terre. Mais je le répète: il est pratiquement exclu que des virus, des bactéries ou des cellules vivantes soient tombés intacts sur Terre.


Les stromatolites existaient déjà il y a 3,7 milliards d’années, comme le prouvent des exemplaires fossilisés. Ces concrétions calcaires sont produites par des bactéries. Photo: Keystone

La découverte, récente elle aussi, de micro-organismes qui pourraient être les plus vieilles formes du vivant sur Terre, qu’en pensez-vous?

Ces géologues ont trouvé quelque chose de très intéressant. Mais la question reste en suspens: ces compartiments microscopiques sont-ils bien du vivant? Ce n’est pas la première fois que des géologues proposent de repousser la date de l’apparition de la vie au-delà des 4 milliards d’années, sur cette Terre qui s’est formée il y a environ 4,6 milliards d’années.

Reste l’hypothèse d’une vie intelligente ailleurs. La biologiste que vous êtes n’y voit pas d’inconvénient?

Sur le plan conceptuel, je pense déjà que l’espèce humaine a une intelligence en fait plus limitée qu’elle ne veut bien le croire. Et il me semble absolument admissible qu’il existe ailleurs des formes d’intelligence non seulement comparables mais bien plus puissantes. Des scientifiques mènent actuellement dans le monde des recherches pour développer de l’intelligence artificielle douée de pouvoirs sensoriels et cognitifs comparables, voire supérieurs à l’être humain. Il est question dans ce cadre d’associer de l’ADN aux circuits électroniques. On peut par exemple imaginer que cette association entre le minéral et le vivant pourrait avoir eu lieu dans le sol d’une planète rocheuse et avoir engendré un réseau d’une puissance intellectuelle inouïe. Mais tout cela reste de l’ordre de l’hypothèse. Restons humbles aussi dans la mesure où la question des origines de la vie sur Terre reste encore, rappelons-le, sans réponse.

 

Les origines de la vie, de Marie-Christine Maurel, Editions Le Pommier, 268 p., 18 fr. 60. Ce livre, qui vient de sortir, fait le point sur la question fondamentale, loin d’être élucidée, des origines de la vie sur Terre.

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Elise Shubs tend le micro aux prostituées

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Jean-Blaise Besençon
Elise Shubs signe son tout premier film.
Tête-à-tête

Chaque semaine, L'illustré rencontre une personnalité au coeur de l'actualité culturelle romande. Aujourd'hui: la journaliste Elise Shubs qui, dans son premier film, donne la parole à des filles sur le trottoir.

Elise Shubs n’est pas très grande. Discrète, plutôt timide, la jeune femme dégage pourtant une présence forte, un rayonnement bien particulier; celui qui l’a un jour poussée dans un des quartiers les plus tristes de Lausanne, à la rencontre des prostituées de la rue de Genève. «Il m’a fallu deux ans et demi pour être sûre de mon sujet. Je ne voulais pas faire quelque chose sur les gens qui parlent des prostituées. Je ne voulais pas faire un reportage, mais un film de cinéma.» Impasse n’est donc pas un documentaire sur la prostitution de rue, il témoigne d’une écoute plutôt que d’une vérité.

«Ces femmes m’ont confié des paroles dont il fallait que je fasse quelque chose. Ce qui m’a terriblement frappée, c’est leur solitude, et puis ce monde de secrets, de mensonges qu’elles vont devoir porter toute leur vie.» Pour ce premier film produit par Fabrice Aragno, le collaborateur de Jean-Luc Godard, la réalisatrice a confié les images à un photographe, Matthieu Gafsou, qui signe de très belles «cartes postales urbaines», des plans fixes, «mais dans lesquels il se passe beaucoup de petites choses».

Jamais montrées, les femmes sont pourtant bien présentes et témoignent de la qualité de ces rencontres, de celle de l’écoute aussi. «J’ai réalisé que 99% de ces femmes étaient des migrantes. Ça a été ma porte d’entrée…» Parce que ce film n’arrive pas par hasard, il est l’un des résultats d’un parcours «atypique et décousu».

Née il y a trente-six ans, ayant grandi à Renens dans une communauté de maoïstes «qui rêvaient toujours de faire la révolution», Elise Shubs a éprouvé très jeune le besoin de s’engager. «A l’école enfantine déjà je voulais changer des choses, et puis j’ai souvent été déléguée de classe.» Pendant ses années d’université en sciences politiques («J’ai adoré mes études, j’en reprendrais volontiers si je ne devais pas dormir la nuit!»), pour aller au-delà de la théorie, elle œuvre aux côtés de réfugiés et de migrants. Volontaire, bénévole, elle assure des permanences, aide les demandeurs d’asile dans leurs démarches administratives, se spécialise dans la recherche de renseignements dans les pays d’origine des requérants. C’est ainsi qu’elle rencontre Fernand Melgar, alors en train de tourner La forteresseà Vallorbe. Elle collaborera ensuite avec le réalisateur sur le tournage de Vol spécial; et, sur d’autres productions de l’association Climage, elle travaille comme assistante et preneur de son.

Engagée, passionnée, maman de deux garçons, Elise Shubs trouve même encore le temps de chanter et de jouer du violon. Et puis elle vient de se remettre à l’alto. 

Impasse, au cinéma dès le1er avril. Jeudi 6 avril à 20 h, première du film en présence de la réalisatrice et de l’équipe au CityClub à Pully.

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Céline Amaudruz: les deux visages d’une riche ambitieuse

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Patrick Lüthy / imago.com
Qui est vraiment Céline Amaudruz, 37 ans? D’ordinaire bavarde, l’élue refuse toujours de s’exprimer sur son interpellation pour ivresse au volant en décembre dernier.
Polémique

En décembre dernier, la vice-présidente de l’UDC était arrêtée pour ivresse au volant. Pincée avec 1,92‰ dans le sang, la conseillère nationale avait appelé au secours le procureur genevois Olivier Jornot et le conseiller fédéral Guy Parmelin. Trois mois après les faits, alors que vient de s’ouvrir la première session parlementaire de l’année, de nombreuses questions demeurent.

Tout a commencé par un bête communiqué. Dans un mea culpa adressé en décembre dernier, la conseillère nationale genevoise Céline Amaudruz, 37 ans, explique avoir été contrôlée au volant de son véhicule avec un taux d’alcool «excédant la limite légale». L’élue de droite dit regretter son comportement et reconnaît au passage «le travail exemplaire de la police genevoise». Faute avouée est à moitié pardonnée, l’affaire aurait pu s’arrêter là. Sauf que la vice-présidente de l’UDC avait omis quelques précisions. Deux jours plus tard, Le Temps comblait ses trous de mémoire.

Son taux d’alcool, d’abord: 1,92‰. Soit près de quatre fois la limite légale autorisée. Pas rien, donc. Une haleine chargée qui lui vaut aujourd’hui le surnom de «Céline Atraubuz» par la classe politique genevoise. Si les experts se révèlent prudents dans leurs calculs, l’un d’entre eux confiait récemment dans la presse qu’«une femme de 65 kilos ayant consommé de l’alcool durant quatre heures atteint une alcoolémie de 1,92‰ en ayant bu une bouteille et demie de vin, ou 2,5 litres de bière, ou un peu moins d’une demi-bouteille d’alcool fort». Dans ses révélations, Le Temps revenait ensuite sur les détails de l’interpellation, obtenus de source policière.

Retour sur les faits: dans la nuit du 10 au 11 décembre, peu avant 4 heures du matin, un chauffeur de taxi avertit la police genevoise qu’une voiture zigzague sur la route de Ferney. Une patrouille fait signe à Céline Amaudruz de s’arrêter, mais cette dernière poursuit son chemin. Elle finit par être interpellée. La politicienne UDC informe les policiers de sa fonction de conseillère nationale et refuse de se soumettre à l’éthylotest, malgré l’insistance des forces de l’ordre. Elle s’énerve et appelle le procureur général, Olivier Jornot. Sans succès. Elle passe alors plusieurs appels et finit par souffler dans le ballon. Au poste de police, elle contacte son avocat, le conseiller national PLR Christian Lüscher, puis Guy Parmelin, ministre de la Défense et ami proche de la Genevoise, avec qui elle a passé la soirée au concours hippique.

Quand les détails de l’affaire sont sortis, on a d’abord cru à une mauvaise blague. Céline Amaudruz, la cavalière droite dans ses bottes, attrapée en plein zigzag routier? Allons donc. Que s’est-il passé cette nuit-là? Pourquoi la politicienne est-elle montée dans un taxi à sa sortie de Palexpo, accompagnée d’une amie, avant de demander au chauffeur de rebrousser chemin pour prendre sa voiture?

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En septembre 2010, juste après son élection à la présidence de l’UDC Genève, elle pose fièrement dans «L’illustré» au côté de sa jument Ulisca. Photo: Julie de Tribolet

Pour comprendre, nous avons commencé par appeler la principale intéressée. Agacée par cet «acharnement média- tique», Céline Amaudruz a refusé notre interview tout en reconnaissant, une fois encore, avoir commis une erreur. Un écart de conduite qui tombait d’autant plus mal, lâchait-elle au bout du fil, qu’elle visait en ce début d’année une promotion dans sa carrière de gestionnaire de fortune. Fin de la discussion. Hasard du calendrier, on apprendra quelques jours plus tard que la Genevoise, avec une fortune familiale estimée à 10 millions de francs, est la plus riche parlementaire romande à Berne. Pas de quoi s’inquiéter, donc, pour les fins de mois de l’employée de banque.

Même mutisme du côté du chauffeur de taxi, que nous avons retrouvé et tenté d’interroger. Lors de notre première discussion, il expliquait vouloir réfléchir avant de s’exprimer. Quatre jours plus tard, il rappelait, très ébranlé, pour nous dire qu’un membre de la police lui avait déconseillé de parler. «Mme Amaudruz connaît beaucoup de monde à Genève. J’ai une famille, je ne veux pas d’histoires.»

«Pas très maline»

Du côté des chauffeurs de taxi, on assure ne rien savoir de plus. Mais la récente provocation de la politicienne ne leur a, elle, pas échappé: «Comme j’ai été dénoncée par un taxi, qui m’a laissé prendre ma voiture, m’a suivie puis dénoncée, j’utiliserai désormais volontiers Uber», ironisait-elle.

Une déclaration qui étonne aussi Me Jacques Roulet, avocat genevois spécialiste de la route. «Ce chauffeur de taxi a rempli son devoir civique en dénonçant Mme Amaudruz. Elle devrait plutôt le remercier. Il lui a peut-être évité le pire, ainsi qu’aux autres usagers de la route. En droit pénal, la prise de conscience est très importante. Qu’entend Mme Amaudruz quand elle affirme qu’elle fera dorénavant appel à des chauffeurs Uber? Qu’elle continuera à boire avant de prendre le volant et qu’eux ne la dénonceront pas?»

«Son arrogance ne me surprend guère, nous confie une élue de gauche. Elle est issue d’une famille fortunée, elle a de l’argent et le pouvoir qui y est associé.» Un agacement partagé par cette parlementaire de droite: «On ne peut pas faire la loi et en même temps ne pas la respecter. Céline Amaudruz n’a aucune excuse. Elle n’a vraiment pas été maline. En même temps, venant d’elle, je ne suis pas surprise.» Comprenez que, des sorties «pas très malines», Céline Amaudruz en a aligné quelques-unes. Il y a eu ce moment de solitude en 2015 sur Léman Bleu, quand la Genevoise, questionnée sur le programme d’autosuffisance alimentaire mis en place en Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale, confondait le plan Wahlen avec le plan... Gnocchis. Ou son zéro pointé à ce quiz sur Forum en novembre dernier: candidate au Conseil exécutif de Swiss Olympic, elle fut incapable de citer le conseiller fédéral UDC qui avait marqué l’histoire de l’olympisme en Suisse, Adolf Ogi. Enfin, si les chauffeurs de taxi ont une mémoire, les policiers aussi. En septembre 2016, Céline Amaudruz louait le travail des forces de l’ordre zurichoises et critiquait dans la foulée l’insécurité grandissante à Genève. Ironie de l’histoire, elle constatera par elle-même l’efficacité de la police genevoise quelques mois plus tard.

Pincée au volant avec près de quatre fois le taux d’alcool autorisé, la Genevoise a fait l’objet d’une expertise d’aptitude à la conduite. Elle aurait également dû se soumettre, selon une de nos sources, à un prélèvement de cheveux. «Quand on boit de l’alcool, l’éthanol est métabolisé par l’organisme, qui le transforme notamment en une molécule appelée éthylglucuronide, détectable dans les cheveux, explique Marc Augsburger, président de la Société suisse de médecine légale. L’analyse capillaire permet ainsi d’investiguer dans le passé de l’individu. Le cheveu pousse en moyenne d’un centimètre par mois. En analysant une mèche de trois centimètres, il est donc possible d’obtenir une moyenne de consommation des trois derniers mois et de comprendre le comportement de l’individu vis-à-vis de l’alcool. L’unité de mesure utilisée est le picogramme par milligramme de cheveu (pg/ mg). Pour simplifier la lecture de ces analyses, les individus sont classés en trois catégories: un résultat en dessous de 7 pg/ mg ne fournit aucune preuve d’une consommation régulière d’alcool. Entre 7 et 30 pg/mg, il s’agit d’une consommation modérée, voire quotidienne, potentiellement problématique. Au-delà de 30 pg/mg, le résultat parle en faveur d’une consommation abusive et risquée pour la santé.»

Maladie contagieuse

Fin janvier, la conseillère nationale UDC a écopé d’une peine avec sursis de 100 jours-amendes à 450 francs le jour-amende, assortie d’une amende immédiate de 9000 francs. «Cette sanction semble juste, explique Me Jacques Roulet. Toutefois, l’usage prévaut que l’amende immédiate corresponde à un quart de la valeur totale des jours-amendes. Dans ce cas, elle aurait ainsi dû se monter à 11 250 francs. Or elle est de 9000 francs. Il ne s’agit toutefois pas d’une règle légale mais d’une pratique du Ministère public genevois. Je ne connais pas l’ordonnance de condamnation et je ne peux me baser que sur les informations parues dans la presse, mais j’avais cru comprendre que Mme Amaudruz était également coupable d’entrave à la justice en ayant refusé d’obtempérer. Je m’étonne donc que la peine ne soit pas majorée, compte tenu de cette seconde infraction.»

Reste l’inconnue quant à la durée de son retrait de permis. Nous avons cherché à savoir si la conseillère nationale en avait déjà connu par le passé, mais ni elle ni son avocat n’ont jugé utile de nous répondre. D’ordinaire si bavarde, l’élue UDC n’aura décidément jamais été aussi muette. «Ce qui me choque, dans cette histoire, ce n’est pas tant qu’elle ait appelé Guy Parmelin, mais Olivier Jornot, le procureur général, déplore encore une élue parlementaire. Une attitude assez contradictoire pour une politicienne qui tient autant de discours anti-élites!»

En 2011, pourtant, Céline Amaudruz, alors en pleine campagne pour son élection au Conseil national, n’hésitait pas à fustiger l’ex-conseiller d’Etat genevois PLR Mark Muller, soupçonné d’avoir utilisé sa fonction à des fins personnelles dans une affaire immobilière. «Nous regrettons la politique de petits copains qui a été mise en place par la gauche. On voit que c’est une maladie incurable et malheureusement contagieuse à droite.» Pour une fois, on est bien obligé d’être d’accord avec elle.   

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Louis Derungs, le gars qui croit à l’impossible

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Lors de notre première rencontre avec Louis Derungs, celui-ci s'efforçait de réapprivoiser l'indépendance dans les gestes du quotidien avec les prothèses qu’il s’était créées et qu’il utilise toujours.
Destinée

Brûlé à 45% et amputé des deux bras il y a quatre ans, le jeune Vaudois est devenu une personnalité très demandée. Ebahi par son courage et sa ténacité, L’illustré le suit depuis son terrible accident. Aujourd’hui, Louis est invité sur les plateaux TV, a écrit un livre qui s’arrache, reçoit des centaines de messages. Retrouvailles avec un sage de 23  ans.

C’est une drôle d’histoire, qui commence mal. Louis Derungs, type brillant, beau parleur et un peu bourreau des cœurs, est en première année de mathématiques à l’EPFL. Un samedi soir d’octobre 2013, il rentre sous la pluie d’une soirée festive, prend un raccourci en longeant la ligne CFF, à Morges. Soudain un éclair. Un arc électrique. 15 000 volts. Ensuite, le trou noir. Louis se réveille trois semaines plus tard, au service des grands brûlés du CHUV, le corps calciné à 45%, après un arrêt cardiaque. Ses deux bras, trop grièvement brûlés, ont été amputés sous les épaules pendant qu’il était dans le coma.

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Le 6 février dernier, Louis Derungs était sur le plateau du JT de France 2. Sur Instagram, il publie cette photo qu'il légende ainsi: "Peut-être présentateur un jour, ça irait non? Haha." Photo: pikore.co @louisderungs

Beaucoup ne s’en seraient jamais remis. Pas lui. Car ce type sans bras est une tête. Du genre à épingler au-dessus de son lit d’hôpital la maxime «When nothing is sure, everything is possible». Quand rien n’est sûr, tout est possible.

Aujourd’hui, Louis Derungs a changé de catégorie sociale. Le voici propulsé héros du quotidien, ambassadeur de l’espoir. Ça le fait doucement rigoler, mais il joue le jeu. Avec honnêteté. Avec sincérité.

Sur sa page Facebook, ce garçon attachant, qui a maintenant 23 ans, a résumé sa trajectoire en une phrase forte: «C’est l’histoire d’un gars sans bras dont l’unique envie est de transmettre l’espoir et de faire croire à l’impossible.» Il a le sens de la formule, Louis, et de la volonté à revendre.

L’illustré a eu un coup de coeur dès le départ. Plusieurs fois, nous sommes revenus sur sa destinée forcément unique. Si l’on parle tant de lui, c’est parce qu’en Suisse, on compte sur les doigts d’une main, sans mauvais jeu de mots, le nombre de personnes amputées des deux membres supérieurs. Un handicap immense, quasi inimaginable, dont il s’efforce de faire un atout. Comme sa copine, on s’est attaché à lui, parce que ce n’est pas n’importe qui.

Découvrez l’intégralité de cet article, enrichi de nombreuses photos, dans L’illustré de cette semaine, disponible en kiosque.

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Un clip chaud bouillant pour l’artiste biennois Mourah

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DR
Le Biennois Mourah interprétant "No Sour Days" de la réalisatrice nyonnais Mei Fa Tan.
Musique

Le vainqueur du Video Music Contest 2016, le Biennois Mourah, vient de sortir le clip de No Sour Days, un titre de son dernier album, réalisé par la Nyonnais Mei Fa Tan. Du très joli travail.

 

Mourah, vous connaissez? Son trip-hop éclairé a illuminé la 4ème édition du Music Video Contest 2016, l’été dernier, lui rapportant le 1er prix. Le Biennois s’est imposé devant quelque 40 candidats. Aujourd’hui, il a le privilège de voir l’une de ses chansons, No Sour Days, mise en clip par Mei Fa Tan, réalisatrice nyonnaise aguerrie, après s’être produit le 24 février sur la scène des Hivernales, à Nyon.

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La réalisatrice du clip Mei Fa Tan sur le tournage. Photo: DR

Tournée en janvier, cette dernière vidéo de Mourah est sortie le 1er mars. Nous avons choisi d’en parler en nous appuyant sur un cliché et deux adages bien connus. Le cliché, c’est la lenteur suisse. L’album de Mourah, Kardio, est sorti en avril 2015. Il y a donc deux ans. C’est le temps qu’il aura fallu pour découvrir le clip de No Sour Days, l’un des titres.

Soyons honnêtes: le tournage lui-même est allé super vite. Une fois en charge du projet, et sans perdre de temps, la réalisatrice nyonnaise Mei Fa Tan a fait un travail d’orfèvre. N’empêche que la chanson a deux ans déjà, une éternité dans le monde d’aujourd’hui…

Ensuite une évidence: on n’est jamais si bien servi que par soi-même. Instigatrice du concours culturel Music Video Contest, à Nyon, pour «faire bouger les choses», Mei Fa Tan l’a imaginé comme un partenariat culturel entre musiciens, festival, réalisateur et techniciens du cinéma, une vraie plateforme suisse. Il faut saluer ce genre d’initiative, même si Mei Fa Tan ne l’a pas fait de manière totalement désintéressée: elle a pris en charge la réalisation du clip du vainqueur du concours, Mourah dans le cas précis.

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Les deux jeunes femmes qui s'échangent un baiser torride dans le clip de "No Sour Days". Photo: Mei Fa Tan

En écoutant le slow No Sour Days, habité par la voix de tête de Mourah, la cinéaste nyonnaise a visé juste. Droit au coeur.

Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point. Le mot, de Blaise Pascal, s’applique parfaitement au clip de Mourah. Quand on l’interroge sur son univers, volontiers onirique, l’artiste biennois confie: «La musique vient autour du texte comme un décor autour du comédien.» Du pain béni pour une réalisatrice!

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La petite fille du clip de "No Sour Days" ou l'appréhension du désir et de la valorisation de soi. Compliqué à cet âge-là... Photo: Mei Fa Tan

Mei Fa Tan s’est approprié le texte de No Sour Days pour le réinterpréter à sa façon, en imaginant trois histoires entremêlées, trois façons d’appréhender le désir et l’amour à trois âges de la vie.

«Certaines images du clip sont volontairement dérangeantes», admet la réalisatrice. Allusion au baiser fougueux échangé par deux jeunes femmes dans une scène fantasmée. De telles images étaient-elles nécessaires au clip de No Sour Days? Oui, si la réalisatrice l’a estimé et que Mourah les a validées. Au moins, on le aura pas oubliées.

 

Découvrez ci-dessous le clip de No Sour Days de Mourah:

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Louis Derungs, le gars qui croit à l'impossible

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Blaise Kormann
Lors de notre première rencontre avec Louis Derungs, celui-ci s'efforçait de réapprivoiser l'indépendance dans les gestes du quotidien avec les prothèses qu’il s’était créées et qu’il utilise toujours.
Portrait

Brûlé à 45% et amputé des deux bras il y a quatre ans, le jeune Vaudois 
est devenu une personnalité très demandée. Ebahi par son courage et sa ténacité, «L’illustré» le suit depuis son terrible accident. Aujourd’hui, Louis est invité 
sur les plateaux TV, a écrit un livre qui s’arrache, reçoit des centaines de messages. Retrouvailles avec un sage de 23 ans.

«C’est l’histoire d’un gars sans bras dont l’unique envie est de transmettre l’espoir et de faire croire à l’impossible.» Voilà comment se présente Louis Derungs, 23 ans, sur sa page Facebook. A L’illustré, voilà trois ans que nous vous racontons son destin. Trois articles déjà pour égrener son parcours, ses hauts époustouflants et ses quelques bas. On aurait pu appeler cela «Les aventures de Louis, le gars sans bras». Le passage du lit au fauteuil roulant. Comment le survivant devient fan de fitness. Sa virée à vélo aux Etats-Unis, ski et saut à l’élastique dans les Alpes. L’amour avec Marine. Les greffes de peau et les tentatives d’appareillage. L’emménagement dans un appartement tout équipé, ses premiers pas d’adulte indépendant, ou encore le retour sur les bancs d’uni. Si on parle tant de lui, c’est parce qu’en Suisse, on compte sur les doigts d’une main, sans mauvais jeu de mots, le nombre de personnes amputées des deux membres supérieurs. Un handicap immense, contraignant, quasi inimaginable. On s’attache à Louis, aussi et surtout, parce qu’il n’est pas n’importe qui.

Corps blessé, forte tête

Il y a bientôt quatre ans, Louis Derungs, type brillant, beau parleur et un peu bourreau des cœurs, était étudiant en mathématiques, première année, à l’EPFL. Un samedi soir d’octobre, il rentre sous la pluie d’une soirée festive. Il fait nuit. Il est pressé d’arriver, il prend un raccourci, coupe par le bord des voies, à Morges. Un éclair, un arc électrique, 15 000 volts, et puis le trou noir. Louis se réveille trois semaines plus tard, au service des grands brûlés du CHUV, le corps calciné à 45%, après un arrêt cardiaque, un pneumothorax, une fracture hépatique, des côtes cassées. Ses deux bras, trop grièvement brûlés, ont été amputés sous les épaules pendant qu’il était dans le coma.

Mais ce type sans bras est une tronche. Du genre à épingler au-dessus de son lit d’hôpital la maxime suivante: «When nothing is sure, everything is possible». Quand rien n’est sûr, tout est possible. Alors aujourd’hui, nouvel article, nouveau chapitre: Louis, héros du quotidien, ambassadeur de l’espoir. Ça le fait doucement rigoler. On le sent d’accord mais un peu inquiet de passer pour un crâneur. Il dit: «Ce n’est pas la force avec laquelle on tombe qui compte, c’est la vitesse avec laquelle on se relève.»

Méthode et résilience

Pour expliquer, raconter et motiver ceux qui aimeraient se retrouver aussi droits dans leurs bottes que lui, il a écrit un livre, 15 000 volts, paru en août dernier aux Editions Favre. Dans son récit, un chapitre sur deux est consacré à l’explication de sa méthode de planification d’objectifs, baptisée «Nine», comme autant de conseils pour découvrir ses propres capacités, les exploiter et décupler son potentiel. Un tel message est forcément universel. Alors, on retrouve Louis partout, ailleurs que dans les pages de L’illustré. L’étudiant, désormais section psycho-philo à l’Université de Lausanne, entrepreneur, blogueur, inventeur, sportif, auteur, passe de plateaux de télévision en radios, de Lausanne à Paris pour donner envie aux gens d’être un peu plus comme lui. «On m’a même dit qu’en Guadeloupe, un cinéma proposait des rediffusions de l’émission Mille et une vies, de Frédéric Lopez, sur France 2, à laquelle j’ai été invité en octobre dernier», s’exclame le jeune homme, désormais passe-frontières. La promotion du livre se fait partout. Il y a eu Salut les terriens!, animée par Thierry Ardisson, sur C8. «Je me suis rendu compte que tout le tempo de l’émission se faisait lors du montage. Ce n’est pas facile de parler de soi ainsi, dans un cadre un peu froid, sans trop de rebonds avec les questions.» «En France, les médias s’intéressent plus à la technique, aux méthodes pour se dépasser, analyse le jeune homme. En Suisse, c’est plus l’accident et la résilience qui intéressent.»

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Le 6 février dernier, Louis Derungs était sur le plateau du JT de France 2. Sur Instagram, il publie cette photo qu'il légende ainsi: "Peut-être présentateur un jour, ça irait non? Haha." Photo: pikore.co @louisderungs

Sur la RTS, invité de Darius Rochebin, Louis parle de l’image de soi, des risques que l’on prend, de la peur, parfois. Louis ne craint pas grand-chose. Parfois, devant la déferlante de commentaires et de témoignages que suscitent ses passages médiatiques, il prend conscience du pouvoir dont on l’investit. «Il y a beaucoup d’intime dans ces échanges. J’essaie de répondre à tout le monde, mais ce n’est pas facile. Un témoignage en particulier m’a bouleversé, confie-t-il. Une femme m’a envoyé un poème qui disait que je lui avais permis de remettre de l’ordre dans sa vie. C’était magnifique. Moi, je ne me vois pas comme un donneur de leçons. Je partage juste mes pistes. Il faut trouver sa solution en soi.»

S’affranchir de son image

Louis le vieux sage n’a que 23 ans. Son expérience l’a fait mûrir plus vite que ses pairs. Il a l’emploi du temps d’un ministre et des préoccupations de jeune étudiant. Il a révisé sa première session d’examens dans le TGV pour Paris, où il participait comme orateur à un cycle de conférences. Notes moyennes, selon son analyse, mais succès malgré tout. Sa philosophie est celle du positivisme. «Je pense qu’il faut composer avec l’époque dans laquelle on vit, avec les épreuves de la vie. On arrive à la fin d’un modèle: tout est à construire, à imaginer. On se doit d’explorer chacun son propre potentiel pour rediriger son monde, le monde.» Louis voit son accident comme un catalyseur. «J’avais déjà tout ce que je mets en place en moi. L’accident m’a libéré, en quelque sorte. Sans bras, je ne pouvais plus me soucier de ce que les gens pensent de moi. Quand on s’abstrait de l’opinion d’autrui, on a moins peur. Quand on a moins peur, on est plus fort, plus efficace.» Reconnu partout, désormais personnalité à part entière, Louis Derungs est devenu une sorte de coach de la confiance en soi. Il prouve à toutes les victimes de coups du sort que l’on peut tout surmonter. Demain, Louis explorera d’autres voies. Dans ses projets, des défis sportifs, un nouveau livre, peut-être un film sur son histoire. Et des capsules de conseils sur son profil Facebook. Affaire à suivre. En quelque sorte «La suite des aventures de Louis, le gars sans bras».

Retrouvez régulièrement Louis dans 
des capsules conseils sur 
notre page Facebook.

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Le cannabis light et légal embarrasse la police

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DR/Getty Images
A priori, rien ne permet à la police de distinguer le cannabis légal, vendu en kiosque, de l'herbe "classique", illégale, à forte teneur en THC.
Drogue

La Suisse fait actuellement face à une recrudescence de la consommation de cannabis légal. Cette variété douce présente moins de 1% de substance active, autrement dit le THC, mais problème pour la police: comment la distinguer de l'herbe "classique", aux effets autrement plus dangereux? Un test pratique devrait débarquer très vite.

Si vous êtes parents d’adolescents, vous avez forcément entendu parler du cannabis légal, l’herbe douce en vogue actuellement dans notre pays, disponible en kiosque, dans des boutiques spécialisées et par Internet.

Pour reprendre le slogan publicitaire d’une boisson (Canada Dry) très en vogue dans les années 80, on pourrait dire ceci: "Doré comme l'alcool, son nom sonne comme un nom d'alcool… mais ce n'est pas de l'alcool." C'est vrai, il s'agit ici de fumette, mais tachons de ne pas surréagir. Certes, cette herbe douce est une drogue, mais elle est au cannabis ce que la bière sans alcool est à la bière.

L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) le dit très clairement sur son site web: la vente de produits à faible teneur en THC – la substance active du cannabis – a explosé dans notre pays. Cette herbe-là ne pète pas, car elle n’est pas psychoactive, selon Swissmedic, mais elle s’avère relaxante. Très exactement comme un ado aura l’impression de s’enivrer très légèrement avec une bière sans alcool – qui en contient tout de même entre 1 et 2% - s’il l'ingurgite en ignorant ce qu'il boit. L’effet placebo du cannabis légal est réel, sinon comment expliquer que les jeunes consommateurs se tournent clairement vers les produits présentant un fort taux de cannabidiol (CBD), pourtant non psychoactif?

On a peine à croire qu’un tel produit puisse être durablement adopté par nos ados. Dès qu’ils auront compris la «supercherie» et qu’ils réaliseront que ce qu’ils pensaient être vraiment de l’herbe n’en est pas, en dépit des apparences et de son goût, il est probable qu’ils la délaisseront, fut-ce pour ne pas passer pour des blaireaux trop crédules. L’image de marque, c’est essentiel aujourd’hui.

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L'herbe prisée des plus gros fumeurs reste évidemment illégale. Il faut dire que le taux de THC qu'elle présente a pris l'ascenseur depuis 25 ans, au point qu'il semble difficile de parler encore de drogue douce. Elle n'a rien à voir avec l'herbe légale vendue en kiosque en Suisse depuis peu. Photo: Getty Images

Nous venons toutefois de le rappeler, les apparences sont trompeuses. Et ce qui posera vraisemblablement problème demain aux consommateurs débutants constitue d’ores et déjà un souci pour la police. Impossible en effet de distinguer, à l’oeil, au toucher ou à l’odeur, le cannabis light, légal donc, de la marijuana au fort taux de THC.

Et sur ce plan-là, soyons très clairs: l’herbe à papa que fumaient les hippies à la fin des années 60, la cigarette qui faisait rire les joyeux campeurs de Paléo jusqu’à la fin des années 1990 est un lointain souvenir. Le produit a considérablement évolué. La culture indoor parfaitement maîtrisée, les croisements de variétés, ont augmenté de manière extrêmement conséquente la teneur en THC. A tel point qu’il semble difficile de parler encore de drogue douce aujourd'hui…

A titre d’exemple, en 1993 aux Etats-Unis, l’herbe couramment saisie par la police présentait un taux moyen de 3,4% de THC. En 2004, soit une décennie plus tard, la concentration de THC avait passé à quelque 15%! Et on ne voit vraiment pas pourquoi la tendance se serait inversée depuis lors…

Pour un fumeur novice, un joint d’herbe maison (issue de la culture indoor), fruit de multiples croisements, équivaut pratiquement à un trip de LSD dans ses effets. Même physiquement, on observe des symptômes similaires: pupilles éclatées, insomnie, sentiment de paranoïa, sueurs froides. Il faut oublier l’herbe rigolote dont les Mexicains (le titre est espagnol au départ) recommandaient l’usage dans la chanson La Cucaracha en ces termes: «La cucaracha, la cucaracha, ya no puede caminar; porque no tiene, porque le falta marihuana que fumar». Ce qui donne en français: «Le cafard, le cafard, ne peut plus marcher; parce qu'il n'a pas, parce qu'il lui manque, de la marijuana à fumer.» Cela peut commencer par des éclats de rire, mais ça se gâte souvent rapidement.

Non seulement l'herbe à papa n’existe plus, mais celle qui s’échange aujourd’hui illégalement sur le marché, en Suisse romande en particulier, ne fait plus rire personne, surtout pas la police.

La police justement qui, comme l’explique Olivier Guéniat, chef de la police judiciaire neuchâteloise, n’a aucun moyen de reconnaître l’herbe légale à la teneur en THC nulle, de celle susceptible de réduire à néant la mémoire de nos jeunes – l’un de ses méfaits les plus indiscutables! Seule option à disposition des flics pour démêler l’écheveau: ordonner des tests en laboratoire, mais à 500 francs l’unité, ça fait réfléchir même si, en cas de résultat positif, c’est au suspect de régler la note…

La Fédération suisse des fonctionnaires de police souhaite pouvoir disposer d’un instrument de détection ultra rapide, d’un test de poche en somme, fiable et immédiat. «Ce serait la meilleure solution», confirme Olivier Guéniat à l’ATS. Plusieurs sociétés privées sont sur les rangs. La police devrait donc jouir très bientôt d’un tel outil, devenu indispensable.

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Article 1

Ces villes suisses où il fait si bon vivre

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Getty Images
La ville de Zurich est, selon les résultats de l'étude Mercer, la seconde ville au monde où il fait le mieux vivre.
Etude mondiale

Renouvelée chaque année, l'étude du cabinet Mercer classe 231 villes dans le monde en fonction de leur qualité de vie. La Suisse se distingue en plaçant Zurich, Genève, Bâle et Berne dans le top-15.

 

Le cabinet Mercer a livré mardi les résultats de sa vaste étude annuelle sur la qualité de vie dans 231 villes du monde. Comme prévu, les villes européennes sont les mieux classées, avec une mention spéciale à quatre cités suisses, à savoir Zurich (2e), Genève (8e), Bâle (10e) et enfin Berne (14e). Un sacré carton. Pas de doute, y’en a point comme nous et pour une fois, clamons-le haut et fort, l’herbe du voisin n’est pas plus verte que la nôtre!

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Pour la huitième fois, la capitale autrichienne, Vienne, se classe en tête du classement établi par l'étude Mercer. Photo: Getty Images

"Les villes européennes, malgré l'accentuation de la volatilité politique et financière actuelle, continuent d'offrir une qualité de vie parmi les plus enviables de la planète. Elles conservent ainsi leur rang de destinations attractives, tant pour l'expansion des activités commerciales que pour l'envoi d'expatriés en mission", indique l’étude.

Pour établir son classement, surveillé de près par les multinationales et les organisations internationales, le cabinet Mercer s’appuie sur une quarantaine de critères: la gestion des déchets, le climat, la criminalité, les transports en commun, etc.

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La Cité de Calvin se classe 8ème et fait donc mieux que sauver l'honneur de la Suisse romande. Photo: Getty Images

Disons-le tout net, si vous pouvez éviter d’aller vous y installer, voici les villes où, a priori, la qualité de vie est la pire. On peut d’ailleurs se demander si "qualité de vie" est l'expression la plus appropriée dans leur cas. Survie serait sans doute plus juste. Bagdad se classe dernière, mais d’autres villes peuvent prétendre à représenter l’enfer sur Terre. On pense à Damas (Syrie), Port-au-Prince (Haïti), Sanaa (Yemen), Bangui (République Centrafricaine), Khartoum (Soudan) et N’Djamena (Tchad).

En tête de liste, on l’a dit, des villes européennes essentiellement, mais pas seulement. Si la première place échoit à la capitale de l’Autriche, Vienne – pour la huitième fois! -, elle est talonnée de près par Auckland, capitale de la Nouvelle-Zélande. La capitale française Paris doit se contenter de la 38ème place.

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La ville de Bâle, avec ici le Rhin, se classe dixième. Pas de doute, il fait bon vivre en Suisse! Photo: Getty Images

Selon l'indice Mercer 2016, le classement des dix premières villes s’établit donc comme suit: Vienne (1), Zurich (2), Auckland et Munich ex-aequo (3), Vancouver (5), Düsseldorf (6), Francfort (7), Genève (8), Copenhague (9), Bâle et Sydney (10). Notre capitale, Berne, décroche un remarquable quatorzième rang. Là, on peut bomber le torse.

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Les chats, les chiens et le p'tit lapin

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Patricia Girardoz, Noville
La Fontaine aurait dû l'écrire, on a souvent besoin d'un plus velu que soi. Comme mascotte, par exemple, Kenzo est tellement au poil qu'il est devenu un gros bonnet du FC Roche. Mais aussi, pourquoi pas, comme pianiste, serait-ce seulement parce que lapin rime avec Chopin. Et sinon, tout bêtement, pour le plaisir.
Léa et Noémie Martin, Daillens
Réglisse interprète son oeuvre favorite: Pirates des Caraïbes!
Olivia Thévoz, Orbe
Lilou - Depuis mon arbre, je peux tout surveiller!
Brigitte Pahud, Pully
Calimero - Circulez, y a rien à voir!
Chantal de Montmollin, Muraz
Aston - Qui le demande?
Claude Pache
Lilou - Chat de salon toi-même!
Hélène Perroud, Aigle
Odessa - Non, je ne mords pas, je veux juste trop la flemme pour tenir mon os moi-même.
Ivano Ianchello, Lausanne
Pluto - Je te dis que l'eau de la fontaine est plus fraîche que celle du robinet!
Antoinette Lebet, Prêles
Alf et Gringo - Renifle comme elles sentent bon, ces fleurs!
Bestialement vôtre
Les chats, les chiens et le p'tit lapin

Avec Cee-Roo, ça coule de source!

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Stefan Meyer
Cee-Roo, c'est aussi un style bien particulier qu'il cultive minutieusement: il ne quitte pas son bonnet ni ses lunettes.
Musique

Le DJ biennois qui s’est fait remarquer avec ses vidéos World Music sort son second album, intitulé River.

 

C’est qui, Cee-roo? De son vrai nom Cyril Käppeli, ce DJ biennois de 28 ans compose notamment les vidéos World Music de l’émission 26 minutes

Pourquoi on parle de lui? Pour son talent, déjà. Ses remix de l’actualité mondiale du dernier mois sont à couper le souffle. Et aussi car il vient de sortir River, son deuxième album. 

Comment a-t-il appris à maîtriser les platines? «J’ai fait huit ans de flûte à bec, au niveau professionnel, dans une petite école bulgare. Mais une fois mon doctorat obtenu, je me suis dit que j’avais atteint le sommet et j’ai commencé à bidouiller sur mon ordinateur pour créer quelque chose qui me parlait un peu plus.» 

C’est vrai? «Non.» 

Bien. du coup, en vrai, que fais-tu?«Je bosse à 60% pour 26 minutes, comme réalisateur. J’ai fait des études d’art visuel et de graphisme. J’ai appris la musique tout seul dans ma cave. J’ai juste assez de maîtrise pour pouvoir matérialiser mes idées.» 

Décris-nous ce que tu composes. «C’est un mélange entre musique moderne style hip-hop et mon inspiration principale qui va piocher des sons dans la soul, le funk, le jazz, des années 40 à 80.»

Tu sors River en vinyle. Pourquoi? «Pour l’objet. Les platines reviennent en force. Et le format m’a permis de faire un vrai travail sur la pochette.» 

A quoi ressemblera ton concert? «Je jouerai de la musique en live avec un batteur et un saxophoniste-bassiste. Il y aura aussi de la vidéo, je voulais quelque chose d’interactif. Un vrai show, pico bello.» Concert aux Docks de Lausanne, ve 19 mai.  

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Roland Collombin parrain au grand cœur

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Sedrik Nemeth
Roland Collombin (au centre) avec la coach Charlotte Dischinger (tout à g.) et les skieurs valaisans handicapés mentaux sélectionnés Océane Gendre, Romain Baechler et Adrien Schorderet (de g. à dr.).
Special Olympics

L’ex-grand champion de ski Roland Collombin accompagne l’équipe de Suisse lors des jeux Special Olympics, destinés aux handicapés mentaux.

Aider les personnes en situation de handicap mental à se développer par le sport. Mettre en lumière de magnifiques valeurs comme l’estime, l’intégration, la considération. Fondée par une sœur du président Kennedy et présente dans 169 pays du monde, l’organisation Special Olympics poursuit cette noble mission avec éclat et bonne humeur. Et quel plus bel ambassadeur choisir que le souriant Valaisan Roland Collombin, bon vivant devant l’Eternel, pour accompagner l’équipe de Suisse, forte d’une cinquantaine de sportifs, lors des Special Olympics World Winter Games qui ont lieu en Autriche jusqu’au 25 mars? L’ancien descendeur n’a pas hésité une seconde à accepter. «J’ai dit oui tout de suite, je me réjouis beaucoup, ces journées avec ces jeunes promettent d’être tellement enrichissantes.» La première prise de contact, à Verbier, s’est en tout cas passée dans un esprit ultrajoyeux. «Avec eux, cela rigole tout le temps!» Les compétitions de ski ont lieu à Schladming: «J’en garde plein de bons souvenirs. J’y ai fini deuxième. C’est aussi la seule fois que le grand Franz Klammer m’a battu.» Un excellent présage pour des épreuves où l’humanité sort gagnante, à tous les coups

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Le salon des carrosseries et des people

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Hervé Le Cunff et Adrian Bretscher/Schweizer Illustrierte, Jean-Guy Python, Thomas Luethi/HEG et Martial Trezzini/Keystone
Le Salon international de l’automobile de Genève reste le rendez-vous majeur de la mobilité individuelle. Cette 87e édition est partie sur les chapeaux de roues avec, parmi les milliers de visiteurs, des centaines de personnalités dont le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann ici dans une Renault Zoé électrique. Le salon fermera ses portes le dimanche 19 mars.
Hervé Le Cunff et Adrian Bretscher/Schweizer Illustrierte, Jean-Guy Python, Thomas Luethi/HEG et Martial Trezzini/Keystone
Bertrand Piccard en pleine inspection d’un moteur électrique...
Hervé Le Cunff et Adrian Bretscher/Schweizer Illustrierte, Jean-Guy Python, Thomas Luethi/HEG et Martial Trezzini/Keystone
L’ex-hockeyeur Slava Bykov avec une voiture adaptée à la glace...
Hervé Le Cunff et Adrian Bretscher/Schweizer Illustrierte, Jean-Guy Python, Thomas Luethi/HEG et Martial Trezzini/Keystone
Trio d’ambassadeurs Subaru: Bernhard Russi, la chanteuse Eliane Müller et le lutteur Jörg Abderhalden.
Hervé Le Cunff et Adrian Bretscher/Schweizer Illustrierte, Jean-Guy Python, Thomas Luethi/HEG et Martial Trezzini/Keystone
Devenue maman de jumelles en janvier, Christa Rigozzi est déjà de retour au volant!
Hervé Le Cunff et Adrian Bretscher/Schweizer Illustrierte, Jean-Guy Python, Thomas Luethi/HEG et Martial Trezzini/Keystone
La reine du «Schlager» Francine Jordi avec la voiture de l’année 2017, la Peugeot 3008.
Hervé Le Cunff et Adrian Bretscher/Schweizer Illustrierte, Jean-Guy Python, Thomas Luethi/HEG et Martial Trezzini/Keystone
Christian Wellauer, directeur de division Lexus chez Toyota, et le chanteur argovien Seven.
Hervé Le Cunff et Adrian Bretscher/Schweizer Illustrierte, Jean-Guy Python, Thomas Luethi/HEG et Martial Trezzini/Keystone
L’ex-pilote de formule 1 français René Arnoux au stand Mazda.
Hervé Le Cunff et Adrian Bretscher/Schweizer Illustrierte, Jean-Guy Python, Thomas Luethi/HEG et Martial Trezzini/Keystone
Le rappeur Stress teste le nouveau sound system de VW.
Hervé Le Cunff et Adrian Bretscher/Schweizer Illustrierte, Jean-Guy Python, Thomas Luethi/HEG et Martial Trezzini/Keystone
Alain et Nicolas Prost: un quadruple champion du monde de formule 1 et son fils. 
Hervé Le Cunff et Adrian Bretscher/Schweizer Illustrierte, Jean-Guy Python, Thomas Luethi/HEG et Martial Trezzini/Keystone
Köbi Kuhn et son amie Jadwiga Cervoni, au stand Kia.
Hervé Le Cunff et Adrian Bretscher/Schweizer Illustrierte, Jean-Guy Python, Thomas Luethi/HEG et Martial Trezzini/Keystone
Le modèle Bianca Gubser arbitre une compétition fictive entre la sprinteuse Mujinga Kambundji et une Nissan.
Hervé Le Cunff et Adrian Bretscher/Schweizer Illustrierte, Jean-Guy Python, Thomas Luethi/HEG et Martial Trezzini/Keystone
Le chanteur alémanique Emmanuel Gut et le champion olympique de snowboard Gian Simmen en pleines acrobaties.
Hervé Le Cunff et Adrian Bretscher/Schweizer Illustrierte, Jean-Guy Python, Thomas Luethi/HEG et Martial Trezzini/Keystone
’ex-coach de l’équipe suisse de foot Gilbert Gress.
Hervé Le Cunff et Adrian Bretscher/Schweizer Illustrierte, Jean-Guy Python, Thomas Luethi/HEG et Martial Trezzini/Keystone
Les fans de Jaguar: Philipp Fankhauser, Max Heinzer et Carlo Crisci (derrière, de g. à dr.), Stephan Vögeli et Marcel Hug (devant, de g. à dr.).
Cocktail
Le salon des carrosseries et des people

Johnny Hallyday: une vie passée à défier la mort

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Renaud Corlouër
Le chanteur ne se sépare plus de son pendentif christ guitariste en argent (invisible ici). Un accessoire rock chic avec bracelets et bagues tête de mort.
Le combat

Souffrant d'un cancer, le rocker français, âgé de 73 ans, se soigne à Los Angeles. Retour sur une vie de trompe-la-mort,
 avec ses mots à lui.

Johnny Hallyday est devenu à travers ses chansons et sa carrière une figure romanesque. Pour ses fans, il est le héros d’une existence rêvée. Un géant, un modèle, une idole, un immortel. Au civil, Jean-Philippe Smet, 73 ans, lutte depuis quatre mois contre des cellules cancéreuses lors de séances de chimiothérapie au Centre médical Cedars-Sinai de Los Angeles. Ce que vit l’individu, sa légende l’amplifie. La semaine passée, le rocker a été contraint de sortir de son silence par le biais d’un communiqué officiel à la suite du piratage du téléphone de sa fille Laura et de la publication imminente de deux hebdomadaires people annonçant un état de santé supposé critique. «Mes jours ne sont aujourd’hui pas en danger (…) J’irai au bout pour tous ceux qui m’aiment», rétorque celui qui affirme même être en bonne forme physique. Depuis dix ans à Paris, à Gstaad et à Los Angeles, Johnny s’est raconté, rectifiant la légende, rappelant des moments dramatiques ou drôles de sa vie. L’homme est cash. Voici son «verbatim de la mort». C’est aussi un hommage à celui qui lutte dignement. Il y a quelques années, Johnny a fait une promesse à Jade, sa fille aînée adoptive: «Vivre jusqu’à 80 ans.» Puisse-t-il la tenir dans le combat le plus difficile de sa vie, entouré de l’amour des siens, avant de remonter sur scène et de continuer à Rester vivant.


Moto et resto à Malibu avec Laeticia. Photo: Instagram

Fumeur de Gitanes

Johnny fume. Beaucoup. En février 2007, dans le salon de sa belle maison de Marnes-la-Coquette, non loin de Paris, il apparaît en pantalon de training, t-shirt et baskets sans lacets. Bel endroit pour notre première rencontre. On partage un café. «Vous êtes incorrigible», lui dis-je. Interloqué, il répond, sourire en coin: «Qu’est-ce que j’ai fait encore?» «Vous fumez!» Démonstration: il porte la cigarette à ses lèvres et me montre, comme un enfant, qu’il n’avale pas la fumée. D’ailleurs, il est en train d’arrêter, son cardiologue lui a prescrit un médicament pour l’empêcher de grossir. Les Gitanes, il n’a jamais su s’en passer. Dans sa loge après un concert, le visage rougi, il tire dessus. En 2011, même refrain: «Je fume depuis l’armée. J’ai arrêté pour plusieurs raisons, d’abord pour mes filles. Et, à un moment, il faut dire stop. Je commençais à manquer un peu de souffle lorsque je montais les escaliers. Je me suis dit: «Bon, je crois que c’est le moment…» 2017: dans le film Rock’n’Roll, de Guillaume Canet, Johnny incarne Johnny. Il fume, bien évidemment. Aussitôt qu’apparaît Laeticia, il file sa clope à Canet et feint l’angélisme. «Chéri, c’est marrant, pour quelqu’un qui a arrêté de fumer depuis trois mois, tu sens la cigarette.» Il fait l’étonné, se lève, se dirige vers la cheminée et dit: «Je vais allumer le feu… (Il chantonne.) Allumer le feu…»

Bien vivant

L’ancien patron de Paris Match, Roger Thérond, appela un jour Johnny en visite chez le chanteur Richard Anthony. Thérond: «Il paraît que tu es mort.» Johnny: «Non, puisque je réponds au téléphone!» Thérond: «Oui, mais on aimerait réaliser une photo de toi en train de faire du jogging afin de prouver que tu es vivant.» Johnny raccrocha. L’an dernier, en juin, la rumeur annonça sa mort sur les réseaux sociaux. Il publia un selfie en compagnie de son ami Jean-Claude Darmon avec pour seule légende: «Mort aux cons.» Vendredi sur RTL, Darmon a donné des nouvelles se voulant rassurantes à propos d’Hallyday. Claude Lelouch, lui, affirme que Johnny a «déjà réussi à faire reculer la maladie».

Au ciel!

Claude Bouillon a tenu à Paris Le Balzac, le restaurant de Johnny, jusqu’en février 2009. Il rappelait la même année que tant qu’il était avec Hallyday, il ne risquait rien. Un jour, il a même volé dans un avion en sa compagnie, les deux réacteurs en feu. «Bouillon exagère un peu. Il n’y en avait qu’un seul en feu», sourit le chanteur, à Gstaad, et enchaîne: «J’ai failli mourir plusieurs fois en avion. Lors de mon tout premier voyage aux USA, je devais partir à Nashville depuis New York où j’avais travaillé avec Quincy Jones. Je suis arrivé trop tard, l’avion était déjà sur le point de décoller en bout de piste. On a entendu une explosion. Boum! Il n’y a eu aucun survivant.»


(De g. à dr.) Johnny, le chanteur et compositeur Yodelice, Yarol Poupaud, guitariste et arrangeur de Hallyday, et Guillaume Canet, réalisateur de «Rock’n’Roll» dans lequel jouent Johnny et Laeticia. Photo: Instagram

Laeticia, ange gardien

Si sa femme ne l’avait pas conduit elle-même en toute urgence en 2009, Johnny serait mort après avoir pris l’avion de Paris à L.A., sa hernie discale commençait à s’infecter après une opération. Laeticia fonça vers l’hôpital, Johnny se tordait de douleur à l’arrière. C’est elle qui choisit le médecin et prit seule la grave décision de le faire opérer. Il fut placé dans le coma. Johnny est formel: «Elle m’a sauvé la vie!»

L’île aux morts

Dans son coma, Hallyday a «revu» ses chers amis disparus: Carlos, Ticky Holgado et bien d’autres. Ils lui demandaient de le rejoindre. Il évoque cette étrange expérience: «Quand je suis parti, petit à petit, j’ai perdu connaissance. Ils étaient sur une petite île. Je voyais leurs visages, des gens qui s’éloignaient de plus en plus.» Johnny est ensuite revenu à la vie.

La vie après la vie?

«Je n’y crois pas. On n’est que de passage sur terre. Quand c’est fini, c’est fini.» Il ajoute: «J’ai pas envie d’aller faire le voyage pour vous dire s’il y a une vie ou pas. On verra! J’y crois pas trop… (Il rumine.) Allez savoir. (Il hésite.) Je me trompe peut-être. (Silence.) J’espère…»

Mort… d’angoisse

C’est en 2009, à Los Angeles, que Johnny a exorcisé sa peur viscérale de la mort en la frôlant. «Quand on a peur de la mort, on y pense avec obsession en se disant: «Un jour, ça va m’arriver.» Bien sûr, cela nous arrivera à tous. Quand on l’a vue d’aussi près, on est tellement heureux de revoir le soleil, la pluie, la journée s’annoncer, qu’on ne pense plus à la mort. Ou plus comme avant.» L’idée de mourir le rongeait. «J’ai tellement d’amis qui sont partis… Quand on est obsédé par la mort, on ne profite pas de la vie. Je l’ai compris. C’est ridicule!»

Obsèques nationales

Sachant Johnny dans le coma, la France entière s’était attendue au pire, jusqu’au sommet de l’Etat. On est même allé jusqu’à évoquer des obsèques nationales. Johnny: «Je trouve ça aberrant (rire). Je me suis dit: «Ça ne doit pas être vrai, c’est pas possible.» Les obsèques, vous savez, j’ai pas envie d’être dedans!»

Chanter La Mort

En 2007, dans son album de blues Le cœur d’un homme, un projet très personnel, le titre Vous Madameévoque les avances de la mort. «Vous, Madame, ne m’attendez pas / J’ai encore tellement de choses à voir / Vous, Madame, il est trop tôt pour notre rendez-vous, revenez plus tard…»

Brel, épuisant

Après leurs virées nocturnes, Jacques Brel et lui rentraient au petit matin. Brel était le premier réveillé. Johnny, sur la terrasse de sa villa, à Los Angeles: «Moi, j’ai besoin d’un minimum de 5 ou 6 heures de sommeil. Brel ne dormait jamais, ou 2 heures. J’étais en tournée, le soir, et il fallait que je chante. Il se couchait à 7 ou 8 heures du matin et à 10 heures m’appelait au téléphone: «Bon, t’es pas encore prêt?» Et hop, il m’emmenait avec son avion bouffer à 200 bornes et me ramenait avant le spectacle. Je devais assurer deux heures sur scène. Au bout d’une semaine, j’étais épuisé. C’est vrai, Brel m’a épuisé!» (Rires.)

Drogué à la scène

«La drogue? J’ai tout essayé, je sais de quoi je parle. Dans les années 70, ça circulait librement. Mais je n’ai jamais été accro, je ne comprends pas cette notion. Je suis plus fort que ça. Je ne suis accro à rien, ou alors à mon métier. La scène apporte du rêve, la drogue du désespoir. C’est de la merde!» Keith Richards? «J’ai fait beaucoup de trucs dans ma vie, mais je n’ai jamais été aussi loin que lui.» (Rires.)

A tombeau ouvert

Johnny a rêvé d’être pilote automobile. Le photographe des sixties Jean-Marie Périer: «En 68, on avait roulé en Lamborghini Miura, un cercueil allongé qui monte à 280 km/h.» Sur une flaque d’huile, leur voiture part s’enrouler autour d’un arbre. Johnny: «Sors de là, on va sauter.» Périer avait percuté le pare-brise. Johnny sort, se lève, marche, puis s’effondre. Périer: «C’était James Dean, il vivait sa mort. Il était en train de mourir.» Autour, c’est l’attroupement. Johnny ouvre un œil et dit: «J’ai rien.» Périer: «Ce jour-là, j’ai compris que ce mec était complètement indestructible!» Johnny s’avance, fend la foule et dit: «Laissez-nous passer, mon pote est en train de mourir.» Périer, lui, avait le visage en sang.


Johnny est apparu en public (ici avec Yodelice). «Mon homme est un guerrier, un lion», écrit Laeticia. Elle a remercié ceux qui les soutiennent dans ce nouveau combat. Photo: Instagram

Humeur(s)

Coup de fil un soir, à Genève, avec formule de politesse sans arrière-pensée: «Comment ça va?» Johnny embraie: «Ah non! J’en ai marre qu’on me parle de ma santé. Je n’ai pas de cancer.» Sa femme démentira dans une interview. Il avait des polypes cancéreux et a été opéré à temps du côlon. L’autre jour, à l’occasion de sa première réapparition publique, Johnny s’est adressé aux paparazzis en anglais: «Vous n’avez pas fini de me casser les c… Je suis venu vivre à Los Angeles pour avoir la paix!»

Travailler, c’est vivre

Johnny est un inquiet. Jeune, il se demandait: «Mais qu’est-ce que je vais devenir?» Il apporte la réponse: «On ne peut pas faire ce métier si on est normal. Pour la survie, je n’ai qu’une issue: travailler.» Il ajoutait à Gstaad, en 2012: «Quand on ne pense pas au lendemain, on part à la retraite. Pour moi, la retraite, c’est le début de la fin. J’aime trop la vie.»

Suicide et Suisse

La mort, il l’a provoquée une première fois, en 1966. Peu de temps après la naissance de David, son fils aîné, Sylvie Vartan demanda le divorce. Johnny, déphasé, abandonné par son père, trop jeune pour devenir père à son tour, se tailla les veines, but de l’éther et avala des barbituriques. Il fut sauvé par son secrétaire d’alors, Ticky Holgado, et Gilles Paquet, son attaché de presse. Son médecin personnel le fit évacuer par le coffre d’une voiture. Hallyday partit en cure de repos, trois semaines, en Suisse.

 

A noter que de nombreuses autres photos personneles de Johnny Hallyday sont présentes dans l'article à découvrir cette semaine dans L'illustré n°11, disponible en kiosque

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Lea Sprunger: "Je reviendrai plus forte"

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Julie de Tribolet
Pour les besoins de la photo, Lea Sprunger s’est amusée à sauter dans le salon de son appartement à Lausanne. Dans quelques jours, elle fera ses valises pour l’Afrique du Sud.
Rencontre

Aux Championnats européens en salle, l’athlète vaudoise devait ramener l’or sur 400 mètres. En finale, elle a craqué. Avec sincérité, elle se confie sur sa désillusion, mais aussi sur ses ambitions intactes et sa rage de vaincre.

Elle revoit les images, encore et encore. Ce virage et cette dernière ligne droite où, en tête de la course, elle a alors complètement perdu ses moyens. Ce samedi 4 mars, sur la piste de l’imposante Kombank Arena de Belgrade, Lea Sprunger était pourtant la plus forte, la favorite de cette finale du 400 mètres des Championnats d’Europe en salle. Mais alors que l’or lui semblait promis, la Vaudoise termine à la cinquième place avec une déception immense en guise d’unique trophée et des larmes plein ses grands yeux bleus. «Le soir, quand je repense à la course, j’essaie d’en changer le scénario… Mais cela n’est pas possible», confie, de retour en Suisse, la jeune femme de 27 ans, attablée dans son appartement cosy, au cœur de Lausanne, où elle a emménagé l’automne dernier.


Les yeux dans les yeux: Lea Sprunger est une athlète de caractère. Elle n’est pas du genre à se défiler après un échec. Photo: Julie de Tribolet

Lea Sprunger a immédiatement accepté l’idée d’une rencontre. Elle n’est pas du genre à se cacher après un échec. Une incroyable défaillance que la sportive ne s’explique toujours pas. «C’est comme si, après les 300 premiers mètres, quelqu’un avait tiré la prise, je n’avais plus de jus. Mon corps ne répondait pas.» La Suissesse était pourtant arrivée sereine en Serbie. Rapide comme jamais, elle avait couru cet hiver trois dixièmes de seconde plus vite que sa plus sérieuse rivale, une éternité sur un 400 mètres… La demi-finale n’avait été qu’une formalité.

Aujourd’hui, l’athlète essaie encore de comprendre pourquoi elle a craqué mentalement, dans le but d’améliorer sa préparation, pour ne plus refaire les mêmes erreurs. Elle s’est promis de revenir plus forte. La phrase d’un entraîneur, spécialiste du 400 mètres, l’a particulièrement interpellée. «Il m’a dit que j’avais couru avec les yeux dans le dos au lieu de les avoir sur la ligne d’arrivée. Il a raison… Plutôt que de me concentrer sur ma course, je me suis focalisée sur les autres filles, craignant qu’elles ne reviennent sur moi…» Une peur qui aurait fini par la paralyser.

Le coup est dur. Lea Sprunger ne s’en cache pas. «On dit toujours que le sport est une leçon de vie, a-t-elle écrit avec franchise sur son site internet (leasprunger.ch). Eh bien ce samedi 4 mars 2017, je peux le confirmer. J’ai pris une leçon à laquelle je ne m’étais pas préparée et qui m’a baffée en plein visage.» Au moment de sortir de l’anneau ovale, dépitée, elle lâchera même un cinglant «Peut-être que ce sport n’est pas pour moi» qui ébranlera jusqu’à ses plus fidèles soutiens. «J’étais profondément touchée. Dans le feu de l’action, je me suis dit que je n’y arriverais pas, que je serais toujours celle qui arrive avec le statut de favorite et qui craque le jour J.»

Piste détrempée

Difficile en effet d’oublier qu’il y a six mois à peine, Lea Sprunger vivait un véritable cauchemar lors des Jeux de Rio, éliminée d’entrée de jeu sur le 400 mètres haies, après une course totalement ratée, alors que ses performances lui permettaient de viser la finale olympique. Sur une piste détrempée par la pluie, placée au couloir No 1 qui n’avantage pas une fille longiligne comme elle, la Vaudoise a surtout payé une saison trop chargée. «J’avais été très tôt en forme, alignant les bons résultats», se souvient-elle. Le 9 juillet 2016, elle décroche ainsi une médaille de bronze sur 400 mètres haies aux Championnats d’Europe d’Amsterdam. Elle rayonne comme jamais, le drapeau suisse tendu au-dessus de ses épaules. Une semaine plus tard, sur la même distance, elle brille, terminant à une prometteuse cinquième place lors du prestigieux meeting Herculis de Monaco, juste avant de pulvériser, à Genève, le record de Suisse du 200 mètres détenu par la sprinteuse bernoise Mujinga Kambundji. L’ovation du public est à la hauteur de l’exploit. Etourdissante.

Lea Sprunger s’envole pour Rio gonflée à bloc. «J’étais dans l’adrénaline, prise par mon enthousiasme.» Mais en arrivant au Brésil dix jours avant son entrée en lice, avec, pour une fois, du temps pour elle, la jeune femme va décompresser et arrive lessivée au départ de ce qui doit être la course de sa vie. «Et ce fut la pire…» Elle encaisse, assume. Elle travaille sur elle, se fait aider par un coach mental. Les médias attendent que l’athlète rebondisse à Belgrade… Qui se révélera donc une nouvelle désillusion, nourrissant un profond sentiment d’inachevé.

Mais Lea Sprunger est une battante. Elle connaît son potentiel. Les observateurs du petit monde de l’athlétisme prédisent que la Suissesse peut atteindre les sommets sur ce 400 mètres haies si tactique, si intense, si technique, peut-être la course la plus difficile. Elle est rapide, possède un style naturel qui lui permet d’économiser son énergie et, surtout, sa grande taille, 1 m 83, est un atout pour les foulées entre les obstacles. Dans quelques jours, la protégée de l’entraîneur Laurent Meuwly partira pour son désormais habituel camp d’entraînement en Afrique du Sud, avec déjà le regard tourné vers l’avenir et, surtout, les Championnats du monde qui se dérouleront au mois d’août à Londres. Perfectionniste, elle s’est déjà fixé de nouveaux défis, afin de préparer ce corps qu’elle aime imaginer comme une «machine de guerre».

Déterminée, la jeune femme est prête à souffrir encore et encore sur le tartan avant tout parce que c’est un plaisir. Cette vie d’athlète quasi professionnelle (elle travaille à 30% dans une société de marketing et événementiel sportifs) lui plaît plus que tout. «Mon bureau, c’est un stade. C’est pas mal, non? Je suis dehors, au soleil, alors que tant d’autres sont derrière leur écran», sourit celle qui aime voyager de meeting en championnat. Une carrière à laquelle rien ne la prédestinait. «Jeune, j’étais grande et désarticulée», raconte celle que l’on a parfois surnommée «la longue». Elle découvre l’athlétisme à la société de gym de son village de Gingins, sur La Côte, où elle grandit au milieu d’une fratrie de quatre enfants. A 10 ans, la jeune fille intègre le club du COVA Nyon, surtout pour être avec ses copines et sa sœur aînée Ellen, qui deviendra l’une des meilleures heptathloniennes du pays. Petit à petit, avec les résultats, Lea Sprunger accepte l’évidence. Sa vie tournera autour du sport. Sa carrière décolle en 2009 avec une médaille de bronze en heptathlon aux Championnats d’Europe juniors.

Jeux de Tokyo

Le jour où elle obtient sa qualification pour ses premiers Jeux olympiques, en 2012 à Londres, reste comme l’un de ses meilleurs souvenirs. «Participer à une cérémonie d’ouverture, c’est quand même quelque chose.» En 2020, à Tokyo, Lea Sprunger pourrait participer à ses troisièmes JO. C’est la limite qu’elle s’est fixée. Elle aura 30 ans, le moment peut-être de ranger ses pointes et de fonder une famille. D’ici là, elle entend bien briller, claquer cette victoire tant attendue dans une grande compétition. «A chaque fois, je corrige ce qui n’a pas fonctionné. Une fois, toutes les pièces du puzzle seront assemblées… La victoire n’en sera que plus belle.»

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