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Retour à la civilisation pour Alan Roura

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Jean-Guy Python
Lundi matin, au large des Sables-d’Olonne (à dr.), Alan Roura vient de franchir la ligne d’arrivée. Sa compagne Aurélia Mouraud a alors le droit de monter à bord. La Française et le marin genevois se sont connus lors de la Mini Transat 2013.
Aventure

Après ses cent cinq jours de mer dans le Vendée Globe, le marin genevois 
est descendu de son bateau barbu. Très barbu. 
Mais L’illustré s’est occupé de ça.

Six heures après avoir débarqué de sa Fabrique, Alan Roura faisait de nouveau partie du monde civilisé, c’est-à-dire de la virilité glabre. Cela faisait cent cinq jours que sa barbe de trois jours avait pu s’épanouir anarchiquement entre son départ et son retour aux Sables-d’Olonne. Il avait donc bien besoin d’une lame. Mais pas d’une lame maritime. Celles-là, il venait d’en gravir et d’en redescendre jusqu’à en devenir fou dans les mers australes. C’est d’une lame de rasoir qu’il avait besoin en ce lundi d’arrivée, à l’issue d’un Vendée Globe bouclé héroïquement à la douzième place.


"L'illustré" a offert la séance chez le barbier au navigateur genevois Alan Roura. De baroudeur, il est redevenu un citoyen suisse...

Tout est superlatif chez Alan Roura: sa performance de course bien sûr, mais aussi sa notoriété éclair, la sympathie extraordinaire que ce Suisse râblé suscite en France, l’emphase décomplexée de son journal de bord. Mais il est surtout, rappelons-le, le plus jeune concurrent des huit éditions de cette course elle-même superlative. Quant à son bateau, il était le plus vieux (17 ans) de ce millésime.

Métamorphose spectaculaire

Enfin, à 23 ans, sa pilosité frise elle aussi l’inscription au livre des records. «Je m’en passerais bien: je n’aime pas les poils. J’en ai tellement que je suis obligé de me raser sous les bras régulièrement», nous avoue-t-il dès le premier coup de tondeuse de Sabrina, la coiffeuse vendéenne mandatée par L’illustré. Cette pause beauté, le marin semble l’apprécier après trois mois et demi de vie dans une inhumaine machine à laver. «Mais bon, vous me laissez quand même un petit centimètre, sinon j’ai l’air d’un bébé», prévient-il, tout inquiet peut-être de perdre tout son gain de crédibilité fraîchement gagné, et parfois décisif, pour ses prochaines démarches auprès de possibles futurs sponsors.

Il finit tout de même par se laisser convaincre de tout raser, comme dans les publicités. Mais c’est sa peau, laminée par le sel marin, qui demande grâce au moment des finitions. La métamorphose n’en demeure pas moins spectaculaire: c’était un ombrageux guerrier papou qui était dans notre studio photo de fortune et c’est une sorte de play-boy latino qui en ressort.

«Grosse dép» 
et beau bateau

Et de sa Suisse natale, qu’en a gardé Alan Roura depuis tout ce temps qu’il vit en Bretagne, à Lorient? En tout cas plus l’accent («Je suis le seul de ma famille à ne pas l’avoir»). Ni le débit de parole. Son élocution est elle aussi 100% hexagonale, tout comme les expressions. Par exemple, quand il dit «faire l’Indien», cela signifie traverser l’océan Indien, conformément à ce sens très gaulois de la contraction. Quand il dit «si je pète là», il faut traduire par «si mon bateau cassait ici». Quand il parle de «grosse dép», c’est qu’il s’agit d’une dépression météorologique. Et ce bricoleur patenté, capable de remplacer, en se jetant à l’eau dans les mers du Sud déchaînées, un de ses deux safrans (la partie immergée du gouvernail) brisé par un objet flottant non identifié, témoigne parfois du même art du bricolage dans le domaine linguistique: «Un bateau, faut qu’il soit beau, pas taillé à la truelle.»

Mais derrière cette gouailleuse et peu helvétique décontraction, on retrouve une modestie non feinte et une qualité d’écoute qui trahissent ses origines. Dans quatre ans, si des sponsors misent plus gros encore que les flûtes de Champagne (VD) de la famille Cornu sur le Genevois, ce barbu pas barbant sera de nouveau au départ de la dernière vraie grande aventure vélique. Mais cette fois, il jouera la gagne. Et sa barbe sera donc plus courte à l’arrivée.

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«Un permis B, c’était mon rêve»

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Julie de Tribolet
Marisol Chavez Herrera et sa fille Laura, confiantes dans leur nouvelle vie.
Société

Ils viennent d’Amérique du Sud, du Kosovo, de Haïti… Après de longues années comme travailleurs au noir, ils font partie des 600 clandestins régularisés l’année dernière, dans le plus grand secret, dans le canton de Genève. Aujourd’hui, notre deuxième portrait avec Marisol Chavez Herrera, originaire de Bolivie, en Suisse depuis 2004, et sa fille Laura, 21 ans.

Sa vie, c’est une suite de dates qu’elle égrène avec un sourire un peu triste, comme en remontant le cours d’une mémoire difficile. Le 31 octobre 2004, elle débarque de Bolivie et arrive à Genève. «C’était un dimanche, à 22 heures, se rappelle Marisol Chavez Herrera de sa voix douce. Je suis venue à l’aveugle, je ne connaissais pas la langue ni le pays. Je suis venue avec une copine pour travailler. J’avais laissé mes deux petits enfants chez une nièce, à Santa Cruz. Leur père était parti quatre ans plus tôt.»

«J’ai trouvé un travail au noir, je n’avais pas le choix, j’ai travaillé dans un restaurant, je faisais le ménage un peu partout. J’ai trouvé une chambre mais je n’avais pas mes enfants, je me sentais toute seule.» Elle se bat au jour le jour pour subsister, met des petites annonces à la Migros et à la Coop pour faire du baby-sitting ou des ménages, rencontre une copine qui lui sous-traite des ménages: «Elle me donnait 5 francs l’heure alors qu’elle recevait 20 francs. Mais c’était mieux que rien… J’ai fréquenté des associations d’entraide, j’aidais à faire le repas et à mettre la table, on me donnait à manger. Après, j’ai pu travailler chez des gens, à Cologny, à Coppet, je m’occupais de leurs enfants et de la maison.»

Le 31 mai 2008, elle peut enfin faire venir ses enfants, Laura, qui a alors 9 ans, et Anthony, 7 ans. La famille loge dans un studio minuscule, à la Jonction, où elle habite encore. Les enfants vont à l’école, ils parlent français, ont des amis, sont complètement intégrés à leur nouvelle vie à Genève. Leur mère fait partie des associations culturelles sud-américaines, fait de la danse, donne des cours de français à des compatriotes. Les conditions de vie restent difficiles, mais la famille a une espèce d’instinct de vie chevillé au corps! «On a beaucoup voyagé, se souvient Laura avec le sourire. On est allés en Espagne, en France, en Italie, en Allemagne. Partout dans la zone euro.» Comme ils n’ont pas de permis de séjour, ils voyagent en voiture pour éviter les contrôles de douane dans les aéroports. «Je me rappelle qu’une fois, reprend la mère, on s’est fait arrêter en France. J’ai dit qu’on habitait en Suisse, mais qu’on n’avait pas de permis. Le policier était gentil. Il m’a dit simplement: «Allez-y, je ne vous ai pas vus.»

Le 12 mars 2016, Marisol Chavez Herrera a enfin reçu ce permis de séjour dont elle rêvait depuis toujours. Il englobe aussi sa fille mais pas son fils, car il était reparti pendant deux ans en Bolivie. C’est une nouvelle vie qui commence! «Je cherche un travail dans le domaine administratif, explique-t-elle. Je vends aussi des bijoux et des parfums.» Pour Laura aussi, le permis B est un don du ciel. Après sa maturité, elle voulait commencer des études de physio, mais elle avait besoin pour cela, au préalable, de faire un stage aux Hôpitaux universitaires de Genève. Et pour être admise à ce stage, elle devait avoir un permis de séjour… Le serpent, enfin, ne se mord plus la queue.

A lire sur le même sujet le témoignage diffusé mercredi

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Un youtubeur genevois surprend Mario Balotelli

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Un youtubeur genevois surprend Mario Balotelli

Le youtubeur genevois Birdyy épate Mario Balotelli en le défiant à marquer des buts... dans les airs. Grâce à une cage suspendue à plusieurs mètres du sol par un hélicoptère, les deux adversaires se défient tour à tour. Bien que battu, le Romand a marqué des points auprès de son idole, dans tous les sens du terme. 

Football

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Tweek dynamite le hip-hop made in Romandie

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DR
Le groupe nyonnais Tweek avec, devant, ses deux rappeurs Epik (à g. chemise blanche et noire) et Oni (veste beige).
Musique

Mélangez deux rappeurs, un beatboxer de derrière les fagots et quatre musiciens, secouez bien l’ensemble et vous obtenez Tweek, un groupe originaire de Nyon qui, après plusieurs E.P., sort un premier album éponyme vraiment costaud. Avant le vernissage, qui aura lieu vendredi soir aux Hivernales, à Nyon.

Ne dites surtout pas à Epik et Oni, les deux rappeurs du groupe Tweek, basé à Nyon, que le hip-hop est mort. Ce genre de sentence définitive, ils détestent. En plus, c’est une phrase de vieux, alors qu’eux-mêmes sont dans la trentaine galopante. “Aujourd’hui, le hip-hop est plus que vivant, insiste Epik, le plus pâle des deux, c’est même, selon Spotify, le genre musical le plus populaire, devant le rock!” A écouter leur premier album, intitulé Tweek tout simplement et dont la seule pochette fascine par sa mosaïque de couleurs - il s’agit d’une seule photo, pas d’un assemblage -, on mesure à quel point le hip-hop a basculé dans une dimension nouvelle. Ou qu'il est simplement entré dans le XXIe siècle, c’est selon. Non qu’il faille enterrer les classiques. Doggystyle, Enter the Wu-Tang Clan (36 Chambers) resteront des chefs d’oeuvre à jamais, mais ils datent du début des années 90. A l’époque, nos deux rappeurs de Tweek avaient... 10 ans!

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Le groupe Tweek sur scène (ici en novembre 2016), c'est pour demain soir, vendredi 24 février 2017, aux Hivernales, à Nyon, pour le vernissage de son album. Photo: DR

Ce premier album véritable - 12 titres -, après plusieurs années de tâtonnements et quelques solides E.P., les Nyonnais l’ont voulu le plus solide possible. Associer du rap et de vrais instrus, des synthés bien sûr, mais aussi des guitares, à l’occasion saturées, c’est un super projet sur le papier, mais ça exige de la méticulosité. “Le défi pour les musiciens, souligne Oni qui, venu des Philippines, a rejoint la Suisse au tout début de l’adolescence, c’était d’épurer, de laisser de la place aux voix. Le hip-hop, ce n’est pas du funk.” Et abondance de biens nuit, chacun le sait. Il y a de la précision dans l’album de Tweek, de la maestria aussi, de la furie par moments. Bref ça sonne tout sauf creux et nous, on a adoré.

Transgression façon suisse

“Si tu cherches la transgression, ce qui était notre but, confie Epik, tu dois t’affranchir des codes.” Le New-Yorkais Nas, l’une de leurs idoles, n'a pas procédé autrement à ses débuts, pour sortir du bois. La méthode a fait ses preuves. Tweek a donc volé dans les brancards, n’hésitant pas à poser des silences là où d’autres auraient abusé de rimes, privilégiant les contrastes, alternant des sons hyper contemporains, façon l’électro de Jacques (le DJ français à la drôle de coupe de cheveux) ou renvoyant à Justice, avec du son sale, du punk-rock hurleur et bien agressif. Le tout sans jamais s’égarer. Sous contrôle. Maîtrisé.

Impossible de deviner que l’ensemble est made in Romandie. Nos deux copains d’enfance rappent en anglais. Un choix naturel. Fils d’un imprimeur et d’une responsable de la communication chez IATA, Epik est 100% british. Quant à Oni, arrivé d'Asie vers l’âge de 10 ans, il a toujours parlé anglais avec ses parents, un diplomate et une fonctionnaire à l’OMS. “La seule chose qui nous caractérise comme Suisses sur ce projet-là, précise d’ailleurs Epik en souriant, c’est le souci du détail et de la perfection.” Bien vu.

Quelle claque cet album, qui a été conçu dans l’idée de se prolonger sur scène! De ce point de vue, on ne peut se fier au premier titre extrait, Runaway (voir vidéo plus bas), efficace en diable, mais peu transgressif par rapport au reste de l’album. Oni et Epik qualifient d’ailleurs volontiers ce morceau d’”ovni”. Runaway a le poids d’un tube, ce qui explique son choix comme single. En deux écoutes, sa rythmique obsessionnelle vous accroche comme une maladie honteuse, à la manière d’une piste de Flat Eric. Il est tout à fait possible que Runaway se répande sur la toile de manière incontrôlable, parce qu’il en a les moyens, mais le reste de l’album est plus organique, plus viscéral, deux termes qu’Epik et Oni utilisent volontiers pour définir le son de Tweek.

On ajoutera hyper contemporain, tant les sonorités fleurent bon 2017, avec peut-être sur quelques titres un léger abus de l’auto-tune, ce logiciel qui permet d’ajuster les voix en corrigeant leur tonalité. Un péché mignon toutefois tellement répandu en ce moment qu’on aurait mauvaise grâce de blâmer les rappeurs nyonnais pour cela.

Survol de l’album

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L'album de Tweek et sa superbe pochette qui, en dépit des apparences, n'est pas un montage, mais bien une seule et unique photo!

Pour résumer cet album riche et accrocheur, on relèvera, dans le désordre, un flow ultra clair - rarement des textes en anglais n’ont semblé si compréhensibles - et volontairement provocateur par moments même si on n’a pas compté le nombre de “fuck” on vous l’avoue, une mise en bouche (Next Day) ultratendance, des plages courtes et climatiques (Another Day, Switzerlude) et surtout pas mal de noirceur, en l’occurrence jubilatoire.

Dans le détail, on relèvera le titre Yesterday already avec le rappeur alémanique Greis en guest pour pogoter à mort, des morceaux limite oppressants (NWK et son lyrisme vocal à la Muse, Slow Down, BCC et ses voix saturées), deux pastilles nostalgiques - I still love her et son histoire de mec amoureux d’une embrouilleuse dont l’intro renvoie au Wu-Tang Clan et aussi A While (pour it’s been a while ou, en français, ça fait un bail) où le Wu Tang est carrément cité dans le texte. Enfin, un titre sombre, mais illuminé par un rap en français signé Eriah (Inamaze), qui fait plaisir.

Par dessus le marché, l’album Tweek contient un vrai bijou, I don’t know, parsemé d’extraits du Petit Prince de St Exupéry, qu’il faut écouter à donf faute de l'apprécier pleinement.

Nos deux amis d’enfance et leurs petits camarades de jeu ont fait du beau travail. Le plus coté des rappeurs romands, Stress, prend un sacré coup de vieux, en dépit des efforts (louables) consentis sur son dernier disque.

Avec l’aide de Maxime Steiner, un ex-copain d’école lui aussi devenu ingénieur du son à la Savonnerie Studio, à Bruxelles, où il sévit avec Daniel Bleikolm, Tweek a accouché en 34 jours d’un album qui porte haut les couleurs du rap suisse. On se réjouit d’avance de retrouver nos gaillards sur scène, d’autant qu’ils n’attendent que ça!

Au fait, Tweek, ce n’est ni Twix ni Twerk. Oubliez les barres chocolatées et le derrière de Miley Cyrus. L’idée consistait à souligner la rencontre entre deux univers, celui des rappeurs et celui des musiciens. En anglais, to tweak signifie affiner, modifier, ajuster. Modestement, à la manière des Beetles (scarabées) devenus les Beatles, les Nyonnais ont préféréTweek à tweak. Ils ont forcément bien fait.

 

Tweek, distr. Phonag. A noter que le vernissage de l'album aura lieu vendredi soir 24 février aux Hivernales à Nyon.
 

Découvrez ci-dessous la vidéo de Runaway, le premier single extrait du premier album du groupe Tweek:

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«On est désormais une famille comme les autres»

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Julie de Tribolet
Florim et Luljeta Tushi, chez eux, avec leurs trois enfants, Delvina, Alketa et Florent. Heu-reux!
Ex-clandestins

Ils viennent d’Amérique du Sud, du Kosovo, de Haïti… Après de longues années comme travailleurs au noir, ils font partie des 600 clandestins régularisés l’année dernière, dans le plus grand secret, dans le canton de Genève. Aujourd’hui, le troisième et ultime portrait avec Florim et Luljeta Tushi, originaires du Kosovo, en Suisse depuis 25 ans, avec leurs enfants Delvina, 16 ans, Florent, 14 ans, et Alketa, 7 ans.

Elle a eu peur pendant toute son enfance, une peur enfouie, lancinante. La peur d’être repérée par un policier, la peur d’être contrôlée, arrêtée, expulsée. Delvina a 16 ans, un visage sympathique et ouvert, un physique de mannequin. Elle est née par hasard au Kosovo, le pays de ses parents, mais elle a quasiment toujours vécu à Genève, comme son frère Florent, 14 ans, et sa petite sœur Alketa, 7 ans, qui y sont nés. Depuis le 13 mars 2015, elle n’a plus peur de rien: son père a reçu le permis B qui l’autorise enfin à vivre légalement dans notre pays, avec toute sa famille, après plus de vingt-cinq ans de clandestinité plus ou moins tolérée. La famille vit aujourd’hui au Petit-Lancy, dans un bel appartement au rez-de-chaussée, avec un petit jardin.

«Je suis venu pour la première fois en Suisse en 1990, dans le canton de Fribourg, se rappelle Florim Tushi, un grand gaillard de 47 ans à la voix douce. J’avais 20 ans, la situation était terrible au Kosovo, c’était juste avant la guerre. Je suis parti le 13 mars 1990, je me souviendrai toujours de la date. A Bulle, j’ai trouvé un travail au noir dans une boulangerie, j’ai appris le métier sur le tas.»

En 1994, il trouve un autre travail à Genève, toujours dans la boulangerie, toujours au noir. «Le patron me payait un peu moins que les autres employés, se rappelle-t-il en souriant, mais c’était normal. Autrement, il n’aurait pas pris le risque de m’engager.»

Il retourne au Kosovo pour se marier, en 1998, revient à Genève seul, avant de décider de rentrer dans son pays, en 2001, pour vivre avec sa femme, Luljeta. «Je n’ai pas réussi à me réadapter à mon pays. Je suis reparti à Genève en 2003, ma femme m’a rejoint après dix-huit mois. On a recommencé à zéro, j’ai eu de la chance, parce que je ne suis jamais resté sans travail. Et j’ai toujours payé les cotisations sociales et l’AVS.»

En 2010, Florim Tushi joue à quitte ou double: il demande sa régularisation. Genève soutient sa demande, mais Berne refuse à plusieurs reprises! «Je suis presque tombé en dépression, dit-il. J’essayais d’encourager les enfants. Ma fille aînée Delvina pleurait souvent, elle était trop fragile. C’était des années d’angoisse. Quand j’ai reçu mon permis B, on a ouvert le champagne avec nos amis. Les enfants sont désormais en sécurité, on est une famille comme les autres, on a une vie normale. Ma femme a pu commencer à travailler à 30% comme caissière à la Migros, tout en continuant à faire des ménages.»

La famille va bien, elle n’a plus peur de l’avenir. Sa fille Delvia, 16 ans, veut être secrétaire ou assistante médicale; son fils Florent, 14 ans, adore le foot et, brillant à l’école, il veut étudier l’économie; sa fille Alketa, 7 ans, aime le ski et en fait souvent, dans le Jura tout proche.

Retrouvez le premier portrait de cette série consacré à une famille haïtienne et cet autre consacré à une famille bolivienne

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Un film écolo 100% genevois financé par les internautes

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DR
L'équipe de "Demain Genève", emmenée notamment par lers deux réalisateurs Elisabete Fernandes et Gregory Chollet (à dr.).
Environnement

Un documentaire genevois inspiré du remarquable Demain, sorti en 2015, sera monté grâce au crowdfunding. Les initiateurs de ce projet, baptisé Demain Genève, ont déjà obtenu 84 000 frs et ce n’est pas fini. Epatant.

Nous avons déjà souligné sur notre site l'intérêt de la plateforme de financement participatif – de crowdfunding si vous avez choisi de saborder notre langue – We Make It. Faisons-le: un slogan plein de promesses grâce auquel nombre de projets artistiques, sportifs ou autres ont vu le jour.

Par l'entremise de We Make It, l’artiste ajoulot Yves Hänggi a pu financer son expo de dessins, la chanteuse vaudoise Shana Pearson a réussi à boucler le budget de production de son minialbum. We Make It, c’est une solution originale pour lever des fonds et impliquer le public. Tout le monde ne parvient pas à ses fins, évidemment. Les internautes décident seuls s'ils mettent la main à la poche, mais s'ils sont séduits, tout peut aller très vite. Et rappelons-le: s’impliquer dans un chantier artistique, même modestement, ça fait du bien!

L’association Demain Genève a été créée en septembre 2016 en écho au film Demain. Vous vous souvenez? Réalisé par Mélanie Laurent et Cyril Dion, ce film important, sorti fin 2015, avait pris le parti de traiter d’un sujet sombre – la destruction de l’environnement – de façon optimiste, en proposant une vision positive de l’avenir. Evitant le piège du catastrophisme, il était question d’initiatives originales – en matière d’agriculture, d’énergie, d’éducation, etc. - menées dans une dizaine de pays face aux défis environnementaux et sociaux. Un film fort, récompensé du césar 2016 du meilleur documentaire.

Ce film a marqué le public, notamment à Genève, où une jeune équipe pleine d’enthousiasme, constituée de vidéastes, de preneurs de son et de journalistes convaincus par le pouvoir de l’action citoyenne, a souhaité reprendre et adapter l’idée de Demainà la cité de Calvin, d’où Demain Genève l'association et, bientôt, le film. Le principe du documentaire Demain Genève sera donc le même que celui de Demain: il mettra l’accent sur diverses solutions durables préconisées par des Genevois précurseurs en leur domaine.

L’idée, précise l’association sur la page de présentation du projet, consiste à proposer «une vision positive de l’avenir, un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler notre région demain». Si tout va bien, ce documentaire 100% genevois sera tourné ce printemps et présenté cet automne.

Seulement voilà, pour produire un film, fut-ce un documentaire sans stars ni effets spéciaux, il faut de l’argent. L’association Demain Genève a choisi de faire appel au public, en exposant le projet sur la plateforme de financement participatif We Make It. Les internautes allaient-ils jouer le jeu et s’engager, même de façon modeste? La réponse a dépassé toutes les attentes.

La somme minimale de 75 000 francs, fixée comme objectif, a été atteinte en 18 jours seulement! Jamais un projet romand n’avait suscité autant d’enthousiasme sur la plateforme We Make It. Avant même le premier clap, le documentaire Demain Genève a déjà battu un record!

Pas moins de 505 contributeurs ont choisi de s’impliquer financièrement dans l’aventure. 83785 francs ont déjà été collectés, soit de quoi produire un film de 80 minutes et sa musique et ce n'est pas fini: il reste encore 22 jours pour réunir davantage. Tant que la page reste active, chacun peut s'engager. Si l’aventure Demain Genève vous intéresse, rejoignez la plateforme We Make It.

 

Ci-dessous, une vidéo de présentation des initiateurs du projet Demain Genève:

 

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"Ma vie de Courgette" obtient le César du film d’animation

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Honneurs

Le film d’animation produit par le Valaisan Claude Barras a reçu samedi soir à Paris deux césars, dont celui du long métrage d’animation. Il poursuivra son aventure dimanche soir à Los Angeles lors de la cérémonie des césars.

«On a conçu le film comme un hommage aux marginaux, comme un éloge de la faiblesse», a déclaré le réalisateur Claude Barras en obtenant samedi soir, salle Pleyel à Paris, le césar du long métrage d’animation Ma vie de Courgette. Le film franco-suisse a ensuite décroché le césar de la Meilleure adaptation, attribué à Céline Sciamma.

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Le réalisateur valaisan Claude Barras et son césar du meilleur film d'animation. Photo: Didier Dana

Ma vie de Courgette a attiré plus de 100 000 spectateurs dans les salles romandes et obtenu dix-sept prix internationaux depuis sa sortie, poursuivra son aventure extraordinaire lors de la cérémonie des oscars à Hollywood ce dimanche. Cette formidable aventure n'a pas fini de nous émouvoir.

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10 minous qui font n'importe quoi

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Claudine Klaefiger, Orsières
Ceux qui vivent avec des chats le savent: avec eux il faut s'attendre à tout! Chez les lecteurs de L'illustré, on trouve des chats de lavabo, des chats d'altitude, des chats de bibiliothèque et même un chat chanteur, Timi, qui se sent prêt à faire un triomphe à The Voice Cats, même si sa soeur Cali n'a pas l'air enthousiasmée par sa performance.
Christine Bucher, Nuvilly
Miyabi - Pourquoi se contenter d'un seul livre de chevet?
Stéphanie Perroud, Bulle
Nougat - En voiture Simone!
Marie-Anne Pache
Lilou - A chacun son verre!
John Kolosowski, Genève
Léo - J'adore la patte de cet auteur.
Christine Bucher, Nuvilly
Lancelot de St-Paër, star montante de la maison.
Fatima Devènes, Sion
Kenzo - Hum... Je me réjouis déjà de la prochaine Saint-Valentin.
Brigitte Pahud, Pully
Calimero - J'attends ma photocopie avec impatience.
Anita Weber, Cressier
Misha - Voyons que je pourrais manger aujourd'hui...
Robert Kaeser, Boudry
Miou - LE CHAT lave plus blanc!
Bestialement vôtre
10 minous qui font n'importe quoi

Tout le charme de Léonie Keller sur le web

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Philippe Pache
Chaque objet, ou presque, dans son appartement a une histoire. Léonie adore les marchés aux puces, où elle peut dégoter des trésors anciens.
Télévision

L’actrice genevoise est l’héroïne de Rebecca, la nouvelle websérie de la RTS.

Qui c’est, Léonie? Une talentueuse comédienne de la Cité de Calvin.

Pourquoi on parle d’elle? En ce moment, la jolie brune de 30 printemps est partout sur les réseaux sociaux. Dans les sept épisodes de la nouvelle websérie de la RTS, elle campe Rebecca, une jeune femme sombre et tourmentée qui cherche Malik, son compagnon, mystérieusement disparu.

Une première sur le web? Oui, Léonie Keller est plutôt une habituée des planches. D’ailleurs, «c’était assez déstabilisant de jouer devant une caméra, c’est une autre forme de jeu. On n’interprète pas de la même façon devant l’objectif ou quand il faut atteindre le dernier rang d’une salle de spectacle. La temporalité du tournage change complètement aussi. Nous avons enregistré les sept épisodes en cinq jours. Au théâtre, la préparation, les répétitions et les représentations d’une seule pièce peuvent prendre parfois jusqu’à huit semaines!»

Ressemble-t-elle à Rebecca dans la vie? «Sous certains aspects, oui. Mon personnage a besoin de tout contrôler. Elle accumule puis finit par tout lâcher et elle se retrouve dans la rue en pyjama. Je suis loin d’en arriver là, mais j’admets que parfois, sentir que j’ai le contrôle des choses me rassure un peu.»

Le théâtre, c’était un rêve de gosse? «Plutôt un hasard. La première fois que je suis montée sur scène, c’était à 6 ans, pour remplacer une petite fille dans une pièce où ma sœur jouait. J’ai ensuite pris des cours. Mais c’est à 19 ans que j’ai eu le vrai déclic et ai décidé d’en faire mon métier.» M. S.

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Kacey Mottet Klein battu, mais pas abattu!

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Laurine Mottet
Juste avant de rejoindre la 42e Cérémonie des césars, dernière cigarette en smoking Lanvin (prêté) au pied de son immeuble. C’est sa sœur Laurine qui le photographie. A droite, la tenue de soirée qui commence à lui devenir familière.
Césars

L’acteur vaudois Kacey Mottet Klein, 18 ans, n’a pas été sacré meilleur espoir aux césars. Mais, avec ou sans statuette, il reste un grand espoir du cinéma.

«Moi, je te l’aurais donné et, d’ailleurs, je te le donne, ce césar, du fond du cœur, et pleins d’autres à venir, tu verras, je t’embrasse.» Le SMS est signé Sandrine Kiberlain, sa maman à l’écran dans Quand on a 17 ans, le film pour lequel il concourait à cette 42e Cérémonie des césars dans la catégorie espoir masculin. Kacey Mottet Klein a reçu le texto sur son smartphone la seconde qui a suivi sa défaite et la victoire de Niels Schneider pour son rôle dans le film Diamant noir.

 


Sur le tapis rouge, il retrouve Isabelle Huppert qui fut sa mère dans «Home». Photo: Laurine Mottet

Dans son smoking Lanvin, le jeune acteur vaudois a fait plutôt bonne figure. «On n’a pas trop envie de montrer sa déception devant les caméras», confiait-il après la cérémonie. Même si, c’est vrai, il a été déçu, qui ne le serait pas, ce d’autant que bien des professionnels du septième art le voyaient monter sur la scène de la salle Pleyel. Et puis un césar est souvent un sésame, ceux qui ont eu celui du meilleur espoir ont fait pour la plupart de belles carrières, de Sophie Marceau, en 1983, à Sandrine Kiberlain, justement, sa marraine de cinéma, qui l’a reçu en 1996. «Bien sûr, ça aurait été génial de gagner, mais avec Corentin (ndlr: Corentin Fila, l’autre acteur sélectionné du même film de Téchiné que lui et qui est devenu un ami), on s’est dit que ce n’était pas grave et qu’on n’avait pas besoin de ça pour continuer à jouer!»


Sous les flashs crépitants avec Corentin Fila, son partenaire, sélectionné lui aussi pour «Quand on a 17 ans». Photo: Laurine Mottet

Pas grave, c’est vrai, il n’a que 18 ans. Kacey était d’ailleurs le plus jeune des cinq sélectionnés qui frisaient pour certains la trentaine. Il s’est réjoui du succès de son compatriote Claude Barras pour les deux césars de Courgette, qui ont permis à la Suisse de ne pas rentrer bredouille. «Je n’ai pas encore vu son film d’animation, mais c’est prévu de le regarder en famille!» assure-t-il. Sur le tapis rouge, il a retrouvé une autre de ses mamans de cinéma, Isabelle Huppert, qui a reçu le césar de la meilleure actrice pour Elle, de Paul Verhoeven. La star l’a salué poliment en lui demandant néanmoins: «Qui êtes-vous?» «Votre fils dans le film Home d’Ursula Meier», lui a-t-il répondu tout sourire. Huppert, émue et confuse, lui a souhaité bonne chance.


Un peu de déception mais pas d’amertume. Le lendemain, Kacey a déjà retrouvé son sourire. Photo: Laurine Mottet

 

Qu’on se le dise, avec ou sans césar, la carrière de Kacey Mottet Klein est sur les rails. Il va retrouver justement la réalisatrice suisse Ursula Meier tout prochainement pour un film inspiré d’un fait divers romand avec Fanny Ardant, autre grande actrice française, dans le rôle de sa professeure. Kacey vient aussi de terminer Comme des rois, où il joue le fils de Kad Merad, visible sur les écrans dans quelques mois. Une autre occasion de césar, qui sait?

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Le chef Almir vient chercher soutien et paix en Suisse

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Jean Revillard / Rezo
Almir Narayamoga Suruí, 42 ans, chef d’une communauté d’environ 1500 âmes dans l’Etat du Rondônia au Brésil, se bat depuis 2005 avec une ONG genevoise contre la déforestation illégale.
Rencontre

Des tueurs à gages viennent d’être engagés pour l’exécuter. Almir Narayamoga Suruí, le chef des Suruí qui lutte contre la déforestation
de la forêt amazonienne, a trouvé 
un refuge temporaire chez ses amis suisses. L’illustré l’a accueilli à l’aéroport de Genève-Cointrin.

Il est arrivé à Cointrin heureux de retrouver ses amis romands mais visiblement fatigué et les traits tirés. Almir Narayamoga Suruí, 42 ans, le plus emblématique des chefs amazoniens, vit depuis des mois avec des tueurs à gages à ses trousses et ça se voit sur son visage. Certes, ce n’est pas la première fois que cet homme, connu bien au-delà des frontières du Brésil, est menacé de mort. Il nous avait raconté sa vie trépidante en 2015 lors d’un portrait dans ce magazine. «Mais aujourd’hui, le danger est maximal», note Thomas Pizer, le président d’Aquaverde, l’ONG romande qui lutte à ses côtés depuis 2005 et qui a décidé aujourd’hui, pour sauver la vie d’Almir, de le cacher en Suisse.


Accueil à Cointrin par ses amis d’Aquaverde. Photo: Jean Revillard/Rezo

En 2005, Almir lui avait envoyé un e-mail. «Aidez-moi à protéger la forêt contre les trafiquants de bois, les chercheurs d’or et de diamants qui menacent le Rondônia, la terre de mes ancêtres.» Depuis, le chef de ce territoire grand comme les cantons de Vaud et Genève est venu plusieurs fois dans notre pays, il a participé au G21 de l’association NiceFuture, rencontré tous ceux qui se préoccupent d’environnement, s’en est souvent fait des amis. Le prince Charles soutient sa cause, il a reçu deux prix des droits de l’homme et les Nations unies l’ont désigné héros de la forêt en 2013. Almir est un chef des temps modernes. Avec une coiffe à plumes qui plaît beaucoup aux photographes, mais un ordinateur, Google et le wifi comme armes de combat contre la déforestation illégale. Son peuple est le premier au monde à avoir créé une taxe carbone, il rêve de mettre sur pied une armée de drones pour protéger ses arbres (sa forêt est encore intacte à 93%) et se bat sans relâche contre la corruption endémique qui sévit désormais même au sein de son peuple.


Il montre à Thomas cet outil technologique de pointe, offert par une start-up belge, ramené pour révision, doté d’un GPS et d’une caméra 3D permet- tant de localiser, mesurer le volume de l’arbre et par extension son CO2. Photo: Jean Revillard/Rezo

Mercure et cyanure

En 2017, il n’y aurait plus que cinq villages suruí sur 26 à continuer la lutte. Sans compter la santé des Indiens menacée par la présence de mercure et de cyanure dans les trois rivières de leur territoire, en lien avec les activités des orpailleurs. «Si la menace est si grande, raconte Almir en portugais devant un plat de poisson grillé, c’est parce que des Suruí corrompus veulent ma mort. Ils n’oseront pas me tuer, notre culture l’interdit, mais ils ont demandé aux garimperos (les chercheurs de diamants blancs) de le faire.» Quand on sait que les trafiquants sont prêts à payer 10 000 dollars pour faire entrer une machine d’excavation sur le territoire des Indiens, on imagine les enjeux financiers…


Le chef Almir remet un collier à Barbara Steudler de NiceFuture et à Adèle Thorens, conseillère nationale écologiste. Photo: Jean Revillard/Rezo

Almir se démène depuis des mois, justement, pour que la police fédérale fasse respecter la loi dans sa réserve. Des opérations largement médiatisées ont été lancées pour intercepter les trafiquants à l’aide d’hélicoptères (cinq engins d’excavation brûlés sous l’objectif d’un photographe et cinq Suruí arrêtés pour corruption). De quoi exacerber la détermination de ces derniers à se débarrasser du chef des Suruí. Mi-décembre, il a échappé à un guet-apens entre son village et la petite ville de Cacoal, où il n’ose plus se rendre désormais. La police lui a confirmé qu’un contrat sur sa tête avait été émis par les milieux mafieux. Ce n’est pas une coïncidence, le 15 décembre dernier la conseillère nationale Adèle Thorens déposait une interpellation au Conseil fédéral en relation avec son combat. «Comment s’assurer que le bois illégalement coupé, l’or et les diamants sales ne se retrouvent pas sur le marché suisse?» demandait l’élue verte. Le Conseil fédéral vient de lui répondre que l’importation de bois brésilien illégal est très faible en Suisse et qu’une étude est déjà en cours pour connaître l’origine précise de l’or produit en violation des droits humains sur notre marché. «Le consommateur qui veut soutenir Almir doit exiger de connaître l’origine légale du bois exotique qu’il achète», lance l’élue verte qui, comme tous les soutiens romands du chef, reste soucieuse que son peuple puisse continuer à développer des activités durables comme la commercialisation prochaine d’un chocolat éthique, une économie qui génère des revenus sans détruire la forêt.


Une petite sieste bien méritée après le long voyage depuis la forêt amazonienne. Photo: Jean Revillard/Rezo

Almir est un guerrier, habitué à affronter des bêtes sauvages. Mais les animaux attaquent de front, pas les tueurs à gages. En 2007, un contrat de 100 000 dollars sur sa tête l’avait déjà obligé à se cacher aux USA. Aujourd’hui, c’est à Avully, dans la campagne genevoise. «Je ne vais pas rester plus de quarante jours chez vous», lance-t-il après avoir envoyé un SMS à ses frères restés au village pour leur demander s’il peut manger les crevettes grillées servies par le restaurant proche de l’aéroport. «Ma troisième femme vient de me donner une petite fille. Chez nous, le père d’un nouveau-né ne peut pas manger certains animaux de peur que leurs esprits ne viennent hanter l’enfant.» La réponse positive viendra un peu tardivement, les crevettes sont mangées depuis longtemps par ses voisins de table. La mort? Il en a peur «comme tout le monde, mais qui ne la craint pas?» sourit-il. «Heureusement, mes frères et mes cousins m’accompagnent partout et se chargent de regarder dans mon dos.»

«Ne baissons pas les bras!»

La mort qui rôde n’entame pas sa force de conviction. Il se prépare à donner une conférence à Nyon*, à rencontrer le vice-recteur de l’UNIL, le rapporteur spécial de la commission onusienne sur les droits de l’homme et l’environnement et sera encore la vedette, cet été, d’un documentaire du réalisateur Daniel Schweizer. «Ce n’est pas à cause des Suruí corrompus que je vais arrêter mon combat; il y a d’autres peuples de par le monde qui ont besoin de ma lutte et je vais me battre pour eux. C’est pour cela que je suis là, qu’on est là. Ne baissons pas les bras, je sais que c’est possible!»

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La police brésilienne a mené des opéra- tions de destruction des engins utilisés par les trafiquants de bois, d’or ou de diamant. Tous les jours, 300 camions de bois sortent illégalement de la réserve. L’équivalent de 600 hectares. Photo: DR

Ce père de six enfants est une figure exemplaire pour les 180 tribus amazoniennes qui suivent son action. Sa disparition serait une véritable catastrophe, humaine et écologique, soulignent en chœur ses amis. La menace d’assassinat qui pèse en permanence sur lui n’a pas émoussé son âme mais fatigué son corps. Il souffre d’ulcères gastriques et de problèmes cardiaques. D’où l’urgence de cet exil, même temporaire. Le lendemain de son arrivée, à l’heure de trinquer, il sortira d’une feuille de bananier l’apéro des Suruí dont raffole son hôte genevois: un ver blanc grillé qui a le goût de noisette. Santé, et longue vie Almir!

* Conférence d’Almir Narayamoga Suruí le 2 mars à la Ferme du Manoir, à Nyon, à 19 h 30, entrée libre.
Sauver la planète, d’Almir Narayamoga Suruí et Corine Sombrun, Editions Albin Michel. 
www.aquaverde.orgwww.appel-urgence-foret-surui.com

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Yvan Bourgnon: "Je pense à Laurent tous les jours"

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Manuel Braun/ Jean Marie Liot / AFP
Le navigateur suisse Yvan Bourgnon, 45 ans, a réalisé il y a deux ans le premier tour du monde en solitaire sur un catamaran sans habitacle. A g., en 1998 à Saint-Malo avec son frère Laurent.
Interview

Un jour avant la disparition de son frère Laurent, en juin 2015, le navigateur suisse Yvan Bourgnon bouclait un tour du monde en solitaire sur un bateau non habitable. Un film dévoile les images 
de cette expédition de l’extrême.

Le film En équilibre sur l’océan raconte votre tour du monde en solitaire réalisé entre 2013 et 2015: 55 000 kilomètres sur un catamaran de 6 mètres non habitable, sans GPS ni bulletin météo. Aimez-vous à ce point le risque?

J’avais surtout besoin, après vingt-cinq ans de compétition, de retrouver le plaisir du voyage, de l’aventure à l’état pur. Sur les régates, on n’a pas le temps de s’arrêter et de profiter. J’ai été élevé sur un bateau, j’avais envie de revenir sur les lieux que j’avais découverts enfant lors de notre tour du monde avec mes parents.


Pas de GPS, le marin a navigué à l’ancienne, au sextant.

Parlez-nous de ce bateau, votre «Louloutte», comme vous l’appelez. Y a-t-il un attachement sentimental quand on a vécu des moments aussi forts?

Oui, bien sûr. C’est celui qui compte le plus. Ce qu’on a vécu ensemble n’a rien à voir avec mes bateaux précédents. Eux, c’étaient des supports de compétition, des machines de guerre. Ce catamaran ne sort pas d’un plan d’architecte mais de mes idées, de mon expérience de navigateur. Je me suis impliqué dans sa construction depuis la première goutte de résine. On a vécu ensemble un an et demi, il m’a sauvé la vie à plusieurs reprises. J’ai failli y passer quelques fois pendant cette aventure.

C’est-à-dire?

J’ai chaviré au milieu de l’Atlantique. J’étais harnaché au bateau, il filait à toute vitesse et m’entraînait sous l’eau. J’ai failli me noyer… Juste avant Gibraltar, je me suis retrouvé en pleine nuit face à un énorme pétrolier qui fonçait sur moi. Il n’y avait pas de vent, j’étais à l’arrêt. J’ai pagayé pour me détourner de son chemin. L’ancre du pétrolier a arraché mon spi. A cet instant, j’ai cru vivre ma dernière heure. Et puis, à Djibouti, j’ai croisé la route de pirates. Ils étaient armés de mitraillettes et hurlaient des phrases en arabe. J’étais allongé, ils ne m’ont pas vu, ils ont certainement cru qu’il s’agissait d’un bateau abandonné. Et puis il y a eu cet échouement de nuit au Sri Lanka, qui m’a forcé à m’arrêter quelques mois.

Il vous est arrivé de ne pas pouvoir dormir pendant plusieurs jours. Comment apprend-on à gérer la fatigue?

L’expérience m’a appris à maîtriser le sommeil fractionné. Pendant cette aventure, j’ai parfois dû barrer septante-deux heures d’affilée en faisant des sommeils flash de trente secondes. Je profitais de mes escales à terre pour recharger mes batteries.

Ces courts instants de sommeil laissent-ils le temps de rêver un peu?

Oui. C’était même souvent plus que des rêves. A bord, je passais vingt heures sur vingt-quatre à penser. Je finissais par m’inventer des histoires qui revenaient dans mes rêves et se poursuivaient après mon réveil. Comme si mes moments d’éveil et de sommeil se confondaient. Je n’avais jamais ressenti ça auparavant. J’ai aussi été victime de quelques hallucinations. Je voyais des cailloux, je hurlais sur mon co­équipier à bord, alors que j’étais seul.

Etes-vous un solitaire?

A terre, je ne le suis pas du tout. Je n’aime pas être seul, j’ai besoin d’être entouré, de partager, de passer du temps avec mes proches. En revanche, la solitude en mer ne me pèse pas du tout. Au contraire, j’ai besoin de ce côté méditatif. Sur terre, la vie file à cent à l’heure. La mer a quelque chose de libérateur.

Vous êtes né à La Chaux-de-Fonds, vous avez grandi en Loire-Atlantique et passé la moitié de votre vie sur des bateaux. Où est votre port d’attache?

En Loire-Atlantique. C’est là-bas que j’ai passé le plus de temps et navigué. Mais j’ai de bons souvenirs en Suisse aussi. Mes parents avaient un chalet près de La Chaux-de-Fonds, où nous passions nos vacances lorsque j’étais enfant.

Pourquoi votre famille a-t-elle quitté la Suisse?

Mes parents étaient boulangers à La Chaux-de-Fonds. Ils travaillaient sept jours sur sept comme des fous. Après la naissance de mon frère Laurent, ils ont ressenti le besoin de changer de vie. Mon père est parti aux Glénans pour apprendre les rudiments de la voile. Ils ont remis leur boulangerie et acheté un petit bateau pour partir faire le tour du monde. Mon frère avait 4 ans. Ma mère est tombée enceinte au tout début du voyage. Ils sont finalement restés aux Antilles six mois et sont rentrés pour qu’elle puisse accoucher à La Chaux-de-Fonds. J’ai traversé l’Atlantique deux fois avant de naître. J’avais 1 an quand mes parents ont quitté la Suisse pour s’installer en Loire-Atlantique. Quelques années plus tard, nous sommes partis faire le tour du monde en bateau. Je suis allé à l’école aux Marquises et à Tahiti. Ce voyage de quatre ans a marqué ma vie et la suite de mon histoire.


Avec trois otaries montées à bord.

Quel enfant étiez-vous?

Très timide et réservé. De manière presque maladive. Mon retour en France après ce tour du monde a été chaotique. J’avais 12 ans et beaucoup de mal à supporter les autres enfants, l’école, les profs. Je les trouvais idiots, j’avais l’impression de perdre mon temps. Je ne comprenais pas le sens qu’ils donnaient à la vie. Je me sentais complètement extérieur à tout ça et je me suis renfermé sur moi. Ce n’est qu’à l’âge de 20 ans, lorsque j’ai terminé mes études et que j’ai pu naviguer pour de bon, que les choses se sont arrangées. L’adolescence a été la pire période de ma vie.

Avez-vous transmis votre passion de la navigation à vos deux fils?

J’en aurai bientôt un troisième. Ma compagne est enceinte de six mois. J’ai transmis à mes deux aînés la navigation pour le plaisir, je ne les pousse pas dans la compétition. J’essaie de les ouvrir aux voyages, au sport, à différents univers.

Comment vivent-ils le fait d’avoir un père aventurier?

Ils avaient 15 et 17 ans quand je suis parti faire ce tour du monde. J’ai eu leur adhésion. Nous communiquions par Skype lors de mes escales, mais je ne les ai pas vus physiquement pendant un an. Cela a été la chose la plus difficile à gérer pendant ce voyage. Etre séparé de ses enfants aussi longtemps, c’est dur. En même temps, les garçons se construisent beaucoup sur le modèle de leur père. J’espère leur offrir l’image d’un papa solide.

Vous avez vécu des moments très intenses comme navigateur. Arrivez-vous à retrouver la même intensité à terre?

C’était effectivement une grande crainte avant mon retour. Cette aventure était l’aboutissement d’un projet long de trois ans, et je savais avant même d’arriver que je ne repartirais pas de sitôt. J’étais conscient que ces moments très forts allaient prendre fin. Je n’ai finalement pas eu le temps d’y penser. Au lendemain de mon arrivée à Ouistreham, j’apprenais que mon frère Laurent avait disparu en mer. J’ai sauté dans le premier avion pour organiser les recherches.

La dernière fois que vous avez vu votre frère, c’était justement en 2014, lors de votre escale en Polynésie française…

Oui, et c’est peut-être ce qui me permet d’être en paix aujourd’hui. Je me dis que ce voyage autour du monde valait la peine d’être vécu rien que pour ça. Je n’avais pas revu mon frère depuis six ans. Il était installé en Polynésie, moi, j’avais une vie de dingue. Cela a été important aussi d’être de retour de cette aventure pour pouvoir tout mettre en œuvre pour le retrouver. Je ne sais pas comment j’aurais vécu cette épreuve s’il avait disparu pendant que j’étais en mer, impuissant. Même si, au final, ces recherches n’ont rien changé…

Vous rappelez-vous le moment où vous vous êtes rendu à l’évidence?

Oui. J’avais organisé des recherches nuit et jour pendant une semaine. C’était terminé, je le savais. Nous avons stoppé les opérations et sommes rentrés à Tahiti. C’est un souvenir terrible, une douleur indescriptible. J’ai encore du mal à en parler. J’ai pleuré de longues heures, puis je me suis mis à écrire. Je lui ai envoyé une lettre à la mer.

Deux ans plus tard, il vous arrive encore de parler de lui au présent…

Oui. Je pense à Laurent tous les jours. Il était plus qu’un frère, même si notre complicité est née tardivement, parce qu’il avait cinq ans de plus que moi. A 20 ans, je l’ai rejoint à Trinité, en Bretagne. On a habité dans la même maison, on faisait du sport ensemble le matin, on préparait notre bateau, on naviguait, on gagnait ensemble. Nous avons vécu dix ans comme ça, en vase clos. Puis il a rencontré sa femme et a quitté la France pour s’installer à Tahiti. Je l’ai moins vu à partir de là, mais cette période nous a soudés à jamais. Les meilleurs moments de voile ou de compétition, c’est avec lui que je les ai vécus. A l’époque, on gagnait tout avec une facilité déconcertante. On était sur un nuage. L’amour de la mer nous a liés à vie.


Le gros coup dur du voyage: son échouement au Sri Lanka alors qu’il s’était endormi cinq minutes.

Six mois après sa disparition, vous repreniez le large pour la Transat Jacques Vabre. Etait-ce une forme d’hommage?

Oui. L’été 2015 a été très difficile. Je tournais en rond, j’étais à plat. Alors, quand Gilles Lamiré (ndlr: son coéquipier) m’a appelé pour me proposer la Transat Jacques Vabre, j’ai sauté sur l’occasion. J’avais besoin de me vider la tête et de retourner sur l’eau, plutôt que de gamberger à terre. Cette course, nous l’avions gagnée avec Laurent en 1997. Malheureusement, en 2015, nous avons dû abandonner assez vite après avoir heurté un container.

Cet épisode vous a d’ailleurs donné envie de vous engager pour la sauvegarde des océans. Quel est le projet de votre association The Sea Cleaners?

La construction du Manta, un quadrimaran muni de herses pour ratisser les déchets en mer. Ce bateau récoltera 600 m³ de détritus par campagne. Il nous permettra aussi d’être incisifs. Nous convoquerons les populations du litttoral, les médias, les dirigeants, pour leur montrer ce qu’on a rapporté de l’océan. Le crowdfunding a bien fonctionné en France. Il vient d’être lancé en Suisse. J’espère que le public suivra. Il y a urgence: si la pollution continue à ce rythme, les océans contiendront autant de déchets plastique que de poissons d’ici à 2050.

Quand reprendrez-vous la mer? 


Cet été. Je repars pour une nouvelle expédition en solitaire sur ma Louloute: relier le Pacifique à l’Atlantique via le passage du nord-ouest. Un périple de 8000 km compliqué, puisque les glaces s’ouvrent et se referment très vite. Je vais cohabiter avec le froid et les ours polaires. Je n’aurai pas le droit à l’erreur. 


En équilibre sur l’océan, de Sébastien Devrient, Vertiges Prod, tournée du 14 au 30 mars dans les cinémas de 15 villes romandes, en présence d’Yvan Bourgnon, infos et dates: www.vertigesprod.ch

The Sea Cleaners, infos: www.theseacleaners.org;«crowdfunding» pour la Suisse: https://wemakeit.com/projects/the-sea-cleaners-2017

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Lionel Frésard de la cuisine au théâtre

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Jean-Blaise Besençon
Le Jurassien Lionel Frésard s'est arraché à ses chères Franches-Montagnes pour aller vivre ailleurs sa passion du théâtre.
Tête-à-tête

Chaque semaine, L'illustré rencontre une personnalité au coeur de l'actualité culturelle romande. Aujourd'hui: Lionel Frésard qui, seul sur scène, raconte son parcours de vie pour le moins original.

Une poignée de main chaleureuse. Un sacré physique et puis une bonne énergie que l’on sent jusque dans le regard vif et amusé. Lionel Frésard tient visiblement la forme. Le comédien rentre d’une semaine de ski avec sa femme et ses trois enfants et il reprend dès cette semaine Molière-Montfaucon 1-1, un spectacle solo, applaudi partout depuis sa création dans la salle de gymnastique de Montfaucon, «où tout a commencé en 1991»...

Lionel Frésard a alors 19 ans, il a grandi au milieu de quatre sœurs et ses parents tiennent le Central, à Saignelégier. Peut-être parce qu’il a dû «assez tôt mettre la main à la pâte», ou parce qu’il se serait bien vu «cuistot sur un bateau», il a appris cuisinier. Et puis il joue au foot, avec une même passion. Sauf l’hiver, quand la neige recouvre le terrain. Alors, pour continuer les échanges, l’équipe se reforme sur scène pour jouer des vaudevilles. Et celui pour qui «apprendre une poésie à l’école, c’était déjà la galère» se retrouve plutôt très à l’aise dans la comédie et prend un véritable plaisir sur scène. Dans la vraie vie, les événements se sont enchaîné, de manière plus dramatique. Lionel s’était lancé dans un nouvel apprentissage, parce que «cuisinier et boucher, ça me ferait plus de débouchés», comme il raconte dans le spectacle, mais, après deux mois à peine, l’accident redouté de la profession a failli le tuer. «Je me suis tranché l’artère fémorale, j’ai perdu la moitié de mon sang. Finalement, ce n’était pas mon heure.» Aujourd’hui, sur scène, il raconte en jouant sur les mots comment «l’apprenti a perdu connaissance»!

A 22 ans, pour venir en aide «au Maurice», tombé malade, il reprend le café familial et son père décède peu après. Deux ans plus tard, en 1996, Lionel Frésard a quitté les Franches Montagnes et il est inscrit à Lausanne en classe professionnelle du conservatoire d’art dramatique… «Ça a été le choc des cultures, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait!»

Molière-Montfaucon raconte cette histoire. Des copains du foot aux profs de théâtre, des clients du bistrot à ceux de la boucherie, le comédien joue une trentaine de personnages en 80 minutes de ce spectacle coécrit avec Thierry Romanens. «J’avais beaucoup d’anecdotes, mais un peu en vrac; il m’a aidé à calmer le jeu. On s’est tout de suite trouvés dans le boulot.» Cela tient à cette façon délicate de se moquer «gentiment», «de ne pas casser gratuitement les gens». Bienveillant, drôle et en forme, aussi sûr qu’«un spectacle solo, c’est un excellent exercice de dépassement de soi».

Molière-Montfaucon 1-1, le 2 mars à Beausobre à Morges, le 9 mars au 
Reflet à Vevey, le 10 mars 
au Crochetan à Monthey. 
www.extrapol.ch

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Vous reprendrez bien un peu de poulet liquide?

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Didier Martenet
Gabriel Serero, 40 ans, dans la cuisine des Loges du Goût, à Lausanne, nous coule quelques olives dans un moule en silicone,. A dr. le chou-fleur et la cuisse de poulet "révolutionnaire".
Cuisine

Un chef romand a créé un procédé révolutionnaire, un gel concentré qui conserve goût et apparence des aliments originels. Un petit miracle pour les personnes ayant des difficultés à avaler et à se nourrir.

Dans le bocal, des billes vertes. A l’heure de l’apéro, si ça sent les olives, si ça ressemble à des olives, et qu’en bouche ça goûte l’olive, Sherlock, on devrait sans crainte en déduire qu’il s’agit d’olives. Oui, mais non. Enfin pas vraiment. Ces olives-là sont molles comme une purée fondante, une tapenade qui aurait été reconstituée en une forme oblongue. Inutile de les mâcher: d’un coup de langue, elles viennent s’écraser contre le palais avant d’être avalées comme un liquide soyeux. La recette? Mixer les fruits, ajouter un rien d’eau et quelques grammes d’un ingrédient secret, un gel concentré. Chauffer la mixture avec le produit, couler la masse dans un moule en silicone, réfrigérer brièvement. Quelques minutes plus tard, abracadabra, voici la masse solidifiée, prête à être démoulée en petites billes. Pourquoi se donner tant de mal? Si vous n’avez pas de dents ou des difficultés pour avaler, une tendance aux fausses routes (ce sournois trou du dimanche), cette manière de présenter les purées, appelées textures modifiées dans le jargon, pourrait bien être la formule magique qui vous rendra l’appétit.

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Les cornichons au vinaigre, saveur suisse classique de l’apéro, sont transformés en cubes verts. Leur goût acide est identique. Photo: Didier Martenet

Un chef à la pointe

Derrière cette bonne idée, il y a Gabriel Serero, 40 ans. Cet ancien de l’école hôtelière, autrefois chef à domicile avant d’ouvrir un service traiteur, Les Loges du Goût, à Lausanne, a imaginé ce processus aujourd’hui produit sous le label de la société Emotion Food Company. «A la suite d’une opération qu’a dû subir ma mère, j’ai essayé de trouver des solutions de rechange aux textures modifiées. Il fallait faire mieux que ces bouillies mixées, dopées aux protéines, enrichies de poudre de lait et qui ne ressemblent à rien. Plus tard, j’ai été approché par des EMS. Je donnais des cours de cuisine moléculaire et cela les intéressait. Je crois que c’est Daniel Fazan qui a dit un jour que la cuisine moléculaire, c’est une cuisine molle et oculaire. Et effectivement, c’est une cuisine très adaptée aux personnes âgées, dans le sens large du concept en tout cas! Les connaissances scientifiques nous ont aidés à développer des solutions adaptées aux troubles de la déglutition et du grand âge.» En association avec Nutri-culture, une société française qui appréhende les problèmes de dysphagie de manière globale, Gabriel Serero s’est, lui, focalisé sur l’aspect technique de la solution.

Formule magique

«Au tout début, on a essayé l’agar-agar, mais on s’est rendu compte que la gelée était trop ferme et cassante, ce qui aurait pu être dangereux pour une dysphagie, se souvient le chef. La gélatine, ça marche, mais on ne peut pas la chauffer. Elle va fondre à 30 degrés et on se retrouve avec une flaque. En bouche, elle devient trop liquide et peut provoquer une fausse route. Un de nos associés, ingénieur alimentaire, maîtrise les gélifiants et les méthodes d’industrialisation. La recherche s’est faite à l’interne. Les premiers mélanges sont de purs produits artisanaux.»

Il faut donc imaginer Gabriel Serero remplir de grosses poches sous vide, seul et à la main, dans son atelier. Secret de fabrication oblige, la recette est évidemment confidentielle. Tout juste saura-t-on que la formule comprend un mélange d’algues et de graines. Face aux résultats probants, l’équipe de Gabriel Serero rêve d’une production plus importante. De tâtonnements en essais, les mélanges sont aujourd’hui fabriqués à Lausanne puis envoyés dans une usine spécialisée en conditionnement d’aliments à longue durée de conservation. Là-bas, la poudre est transformée en gel, appelé Easy-Base®, suivant un protocole très précis. Les cuisiniers des établissements qui l’utilisent ensuite le reçoivent en barquette de gel concentré de 500 grammes. Viande, poisson, légumes, céréales, tout peut être mélangé au prémix. Il ne reste plus qu’à couler la masse dans un moule, la découper et la présenter dans l’assiette. «Avec cette préparation, on permet aux chefs motivés de cuisiner des plats à la texture adaptée, dignes et créatifs, en conservant couleur et goût, pour des personnes qui ne pouvaient et ne voulaient plus manger que des bouillies.»

David et Goliath

Il faut dire que le marché concernant l’alimentation des séniors est immense. A tel point que le terme de silver economy, clin d’œil aux cheveux argentés, est rentré dans le langage courant. En Suisse en 2015, plus de 402 000 personnes étaient âgées de plus de 80 ans, soit 5% de la population totale. Selon les projections de l’Office fédéral de la statistique, en 2060 le nombre des plus de 65 ans aura doublé par rapport à aujourd’hui, passant d’un peu plus de 1,5 million de séniors à 2,98 millions. Gabriel Serero compte ainsi plusieurs concurrents. «Avec les géants de l’agroalimentaire, la différence, c’est le budget. Chez eux, on parle d’une enveloppe de 50 millions, c’est un peu David contre Goliath», s’amuse-t-il.

Mais Gabriel Serero a une petite longueur d’avance, l’avantage de s’être lancé tôt dans l’aventure, il y a plus de sept ans. «L’idée n’est pas de se mettre en compétition avec les géants. Notre fierté, c’est juste de dire que nous avons une solution qui fonctionne, là tout de suite, pour faire manger des gens qui ne mangeaient plus.» Les problèmes de dénutrition et d’inappétence ne se cantonnent pas seulement aux personnes âgées. Séquelles d’un AVC, effets secondaires de traitements médicaux qui assèchent les muqueuses, de radiothérapies, de chirurgies viscérales, de la pose d’un anneau gastrique, d’un by-pass ou même de certaines maladies neurodégénératives, de polyhandicap ou de tétraplégies: les textures modifiées peuvent concerner de nombreuses personnes. Grâce à sa texture mixée mais ferme malgré tout, on peut tenir cette purée entre ses doigts, une solution bien utile pour les malades d’Alzheimer ou de Parkinson, par exemple.

Saucisse aux choux

A Begnins, cela fait bientôt cinq ans que l’EMS Bellevue, de la Fondation Belle Saison, a fait le pari d’Easy-Base®, fourni avec une formation, des recettes et des vidéos explicatives. Comme près de 60 établissements hospitaliers et médicosociaux en Suisse, en Europe et outre-Atlantique. Dans la cuisine de cet EMS du canton de Vaud, le chef Christophe Mimault est en train de concocter un papet aux poireaux et sa saucisse aux choux. Sur les quelque 125 pensionnaires et membres du staff, une petite quinzaine doit se nourrir de texture modifiée. Aujourd’hui, la saucisse aux choux est déconstruite en rondelles taillées à l’emporte-pièce et le papet se présente sous forme de rectangles vert pâle. «Pour nous, c’est vraiment important que ces personnes puissent retrouver le plaisir de manger des plats qui ont toujours fait partie de leur alimentation. C’est une forme de dignité et de réconfort», s’exclament en chœur le cuisinier et Martine Risuleo-Beaud, infirmière-cheffe.

Le prix du plaisir

«On mange avec les yeux aussi et, pour des personnes qui n’ont souvent plus de plaisir à se nourrir, avoir un joli visuel et des goûts francs, pouvoir être plus autonome dans la manière de se nourrir, c’est un véritable atout», se réjouit Martine Risuleo-Beaud. C’est la promesse de ce produit: retrouver le plaisir des tartines, des gâteaux, des pâtes et même d’un morceau de brie, jusqu’alors interdits aux personnes qui souffrent de dysphagie. «C’est difficile pour nous de quantifier réellement si les gens mangent plus, nous manquons encore d’une étude fiable sur le sujet, concède Gabriel Serero, mais les retours sont très positifs.»

Reste la question des coûts. «Dans un EMS de 100 lits, avec 25 patients qui mangeront des textures modifiées, il faudra compter 12 à 18 kilos d’Easy-Base® par mois, à une petite quarantaine de francs le kilo. Pour un établissement, cela représente entre 20 et 50 centimes de coûts supplémentaires, mais à ce coût il faut encore déduire l’épaississant et la crème ou l’œuf utilisés précédemment. A noter qu’une fois le produit mis en place, il s’autofinance par les économies réalisées.» A table, le jeu des couleurs ressemble à un tableau. Il n’y a plus de textures, mais des formes et des goûts distincts. Une aide-soignante nourrit patiemment une personne âgée. Elles parlent et s’amusent. Manger n’est plus une corvée. 

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Un aller sans retour pour José et Ana Lidia

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DR/Thierry Parel
José et Ana Lidia n’ont pas eu une vie simple. Ils avaient fêté leurs 40 ans de mariage près de Porto, juste avant leur dernier voyage. A dr., Paulo Montez aujourd’hui, le visage encore marqué, près de chez lui à Bernex (GE).
Témoignage

En rentrant de vacances, José et Ana Lidia, deux Genevois d’origine portugaise, ont trouvé brutalement la mort le 8 janvier dernier dans un accident de bus sur la fameuse nationale 79, près de Paray-le-Monial. Voyageant avec eux, grièvement blessé mais miraculeusement tiré d’affaire, leur fils Paulo, 40 ans, témoigne pour la première fois.

C’est un rescapé, comme revenu de l’enfer, miraculé de la tristement célèbre «route de la mort». Le 8 janvier dernier, sur cette portion de bitume particulièrement dangereuse et meurtrière, en Saône-et-Loire, entre Paray-le-Monial et Mâcon, le destin frappait une fois encore, faisant quatre morts et une vingtaine de blessés. Toutes les victimes voyageaient à bord d’un autobus qui faisait le trajet entre Porto et la Suisse, ramenant un petit groupe de Portugais qui avaient passé les fêtes de fin d’année dans leur pays natal. Une nouvelle catastrophe, avec son cortège de larmes et de souffrances, qui fit à nouveau la une des journaux, s’ajoutant notamment à une autre, survenue quelques mois à peine plus tôt: celle de ces douze Lusitaniens, voyageant eux aussi en bus, décédés après une violente collision avec un poids lourd, cette fois dans le sens inverse, de la Suisse vers le Portugal, sur cette même route nationale 79, mais dans l’Allier, le 29 mars 2016.

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Paolo Montez témoigne: «Un enfant m’a dit qu’il y avait un monsieur mort à côté de moi. C’était mon père.» Photo: Thierry Parel

Un sentiment de révolte

«Je ne sais pas pourquoi je suis là, c’est le destin ou Dieu, je ne sais pas, mais un sentiment profond de révolte m’habite aujourd’hui», murmure-t-il. Deux mois à peine après le drame, Paulo Montez, 40 ans, ne comprend toujours pas pourquoi il est encore en vie. Ses parents, José, 58 ans, et Ana Lidia, 56 ans, n’ont pas eu sa chance: ils sont morts tous les deux sur le coup dans l’accident.

Dans son petit studio de Bernex, en pleine campagne genevoise, où il vient de revenir après ses semaines d’hospitalisation, il se repasse sans cesse dans la tête le film de l’accident.

Avec ses parents, ils avaient pris place tout à l’arrière du bus, lui du côté droit, près de la fenêtre. Il était 4 h 30 du matin, tout le monde avait les yeux fermés, sauf lui, de la musique dans les écouteurs, somnolant quelque peu. «J’étais perdu dans mes pensées, je venais de me dire que nous n’étions plus très loin de la Suisse, raconte-t-il. Et je ressentais beaucoup de tristesse d’avoir quitté le Portugal et faisais le projet d’y retourner très vite. A côté de moi, mon père et ma mère dormaient, c’est la dernière vision que j’ai d’eux vivants. Devant moi, une maman et son fils. Et puis, tout à coup, le bus a commencé à se secouer, comme s’il perdait l’équilibre, et j’ai ouvert les yeux. J’entendais des cris devant, j’ai vu dans la lumière des phares que le bus était au milieu de la chaussée. Derrière, en me retournant, j’ai constaté que la remorque accrochée au bus avec les bagages zigzaguait dangereusement et me suis dit que tout était fini, qu’on allait tous mourir. Dans un réflexe de survie, je me suis comme pelotonné dans le coin le plus renforcé du bus, dans l’angle, me tenant avec les mains face au siège de devant. Tout cela a duré quelques secondes à peine. Puis, j’ai fermé les yeux, et j’ai murmuré en moi: «Seigneur, je laisse ma vie dans tes mains». J’ai senti alors des coups, violents, partout sur le corps, comme si on me frappait avec une batte de baseball. J’étais basculé de tous les côtés. C’était interminable. J’avais mal.»

Ejecté du bus

Quand Paulo ouvre enfin les yeux, hébété, il constate qu’il a été éjecté du bus et qu’il est couché dans l’herbe. Peu après le passage du viaduc de Charolles, le bus est en fait tombé violemment en contrebas. «J’ai d’abord eu le réflexe de bouger mes jambes et mes mains, mais je peinais à les mouvoir. Il faisait froid. Je me disais: «Je ne suis pas mort dans cet accident, je vais pas crever maintenant d’hypothermie! Je faisais tout pour rester éveillé, j’avais soif, mais je me sentais de plus en plus faible.» Des minutes interminables. Les secours, dans ses souvenirs, mettent un temps considérable à parvenir sur les lieux, «même s’ils ont dû arriver vite, mais cela m’a paru une éternité. Un enfant indemne m’a dit qu’il y avait un monsieur mort à côté de moi, j’ai compris que c’était mon père, sans parvenir à me retourner. Je lui ai demandé une veste, tellement je grelottais. Et puis, tout à coup, j’ai entendu les sirènes des secours.» Transporté aussitôt à l’hôpital de Paray-le-Monial, les examens permettent d’établir qu’aucun organe vital n’est heureusement touché, mais Paulo est en mille morceaux: clavicule, omoplates et plusieurs côtes cassées, le sternum fissuré, des dents détruites… «Ce n’était que de la casse», plaisante-t–il, comme pour exorciser son douloureux récit.

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Ils s’étaient mariés à 16 et 18 ans, au Portugal, avant de venir chercher une vie meilleure en Suisse romande. José et Ana Lidia étaient depuis peu les grands- parents comblés d’une petite Lya, née en août dernier, que leur avait donnée leur fille Helena. Photo: DR

Cette nuit-là, la Saône-et-Loire était l’un des sept départements placés en vigilance orange par Météo France en raison de la neige et du verglas. Mais sur les causes possibles de l’accident, le rescapé préfère ne pas s’exprimer davantage, tant que l’enquête est toujours en cours.

Petits boulots et chômage

Paulo n’a pas toujours eu une vie facile: après avoir travaillé comme bagagiste à l’aéroport de Cointrin, il a trouvé de petits emplois, comme magasinier ou vendeur, avant de tomber au chômage et de finir à l’Hospice général, sans jamais retrouver du travail. «Qu’est-ce qu’il peut encore m’arriver aujourd’hui? soupire-t-il, le regard un peu las. Il me faut un moral béton pour survivre», ajoute-t-il. Il s’occupe comme il peut, venant de monter il y a quelques mois une petite radio web, destinée à la communauté portugaise, www.radioceano.net, où il joue tour à tour le rôle d’animateur ou de journaliste. Il rêve d’en faire désormais son métier.

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Le terrible accident de car survenu le 8 janvier dernier sur la tragiquement célèbre nationale 79, près de Paray-le-Monial, en France, au retour du Portugal, a fait de Paulo Montez un orphelin… à 40 ans. Photo: AFP/Philippe Desmazes

Mais aujourd’hui, c’est bien sûr d’abord à ses parents qu’il pense sans cesse. Des gens simples, travailleurs, amoureux de leurs trois enfants. Une vie de labeur, pas toujours facile. «Mon père avait 18 ans quand il s’est marié, ma mère en avait 16, se souvient encore Paulo. Ma mère avait été élevée par une tante, ils étaient pauvres et rêvaient d’une vie meilleure en Suisse.» Au Portugal, ils avaient fêté le 23 décembre leurs 40 ans de mariage dans la joie et la bonne humeur, retrouvant même des amis perdus de vue depuis plus de trente ans.

Destin brisé

Le matin du drame, ils quittent insouciants leur petit village de Freixo de Numão, à 180 kilomètres de Porto, et embarquent à Foz Côa pour rentrer à Genève, où ils habitaient depuis 1987 et avaient des plaisirs simples, magnifiquement intégrés à la vie locale: la maman, toujours le cœur sur la main, aimait les roses, regarder des feuilletons brésiliens à la télévision, s’occuper de son foyer et bien sûr de sa petite-fille, Lya, qui venait de naître en août 2016; le papa, lui, machiniste dans le bâtiment de profession, aimait cultiver son jardin familial durant son temps libre, s’occuper en bricolant et retrouver ses copains. Ils n’avaient plus qu’un seul rêve: retourner très vite ensemble au Portugal pour y couler une retraite bien méritée. Ils n’en auront pas eu le temps. Le dernier voyage n’aura pas les couleurs d’une vieillesse heureuse et sans histoire: ils reposent désormais dans le petit cimetière de leur terre natale, unis à jamais par le même destin brisé.

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Article 3

"Logan"à la conquête du globe, toutes griffes dehors

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Facebook/courtesy of 20th Century Fox
Dans "Logan", Hugh Jackman retrouve Wolverine, son personnage fétiche.
Cinéma

Le dernier opus de la franchise des X-Men, sorte de western post-apocalyptique, a fait un très gros carton lors de son premier week-end d’exploitation en salles aux Etats-Unis.

 

Disons les choses comme elles sont, si vous n’aimez pas le fantastique et la science-fiction, passez votre chemin. La franchise X-Men, adaptée des comics Marvel du même nom, a déboulé sur grand écran en l’an 2000 avec, derrière la caméra, ce petit génie de Bryan Singer qui a réalisé 4 films de la saga à ce jour. Dix-sept ans plus tard, les studios hollywoodiens présentent le 10ème film inspiré des X-Men! Autant dire que Wolverine, Malicia, Tornade, Magneto et les autres mutants représentent une source confortable de revenus pour la 20th Century Fox.

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Les deux interprètes principaux du film "Logan": Hugh Jackman et la jeune Dafne Keen, lors de leur passage à la Berlinale de Berlin, au mois de février. Photo: Getty Images

Le personnage de Wolverine, alias James «Logan» Howlett, interprété avec un maximum de conviction par le solide Hugh Jackman, constitue à lui seul une vraie manne. On n’est donc pas surpris de le retrouver au coeur de l’intrigue du nouveau chapitre de la franchise, intitulé sobrement Logan, qui a pris la tête du box-office américain dès sa sortie en salles en encaissant 88,4 millions de dollars, selon les chiffres fournis lundi par Exhibitor Relations.

Pour les fans des X-Men, Logan serait un peu ce que The Dark Knight est pour la trilogie Batman de Christopher Nolan: un film sombre, crépusculaire, une sorte de western post-apocalyptique truffé d’action avec un brin d’humour. Noir évidemment. Il ne porte certes pas la marque de Bryan Singer, mais le réalisateur James Mangold n’a pas à rougir de sa copie. Aux yeux des inconditionnels, il s’agirait même de l’un des plus réussis de la saga. On ne demande qu’à les croire...

Dans les rôles principaux, on retrouve évidemment l’acteur australien Hugh Jackman, toutes griffes dehors. Les années passent pour le type aux rouflaquettes le plus célèbre des antipodes et l’on se dit, en voyant défiler le générique de fin de Logan, qu’il n’interprétera sans doute plus très souvent le mutant le plus négligé de la bande des X-Men. Pourquoi «négligé» êtes-vous sans doute en train de penser? Si l’on considère qu’il ne se coupe pas les ongles et qu’il laisse négligemment ses poils pousser, difficile d’en faire un modèle d’hygiène.

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Patrick Stewart incarne le Pr Charles Xavier, marqué par les années, dans "Logan", en salles actuellement. Photo: courtesy of 20th Century Fox

A ses côtés, Patrick Stewart incarne une fois de plus le Pr Xavier vieillissant, comme tous les autres mutants, et la jeune Dafne Keen apparaît comme la révélation du film.

Au box-office américain, Logan a donc pris la tête ce week-end, devant Get Out, de Jordan Peele, qui raconte la rencontre entre un jeune Noir (Daniel Kaluuya) et la famille de sa petite-amie blanche (Allison Williams) et The Shack, un drame de Stuart Hazeldine, avec Sam Worthington et Octavia Spencer, où un homme en deuil se retrouve invité dans une cabane perdue en forêt. Lego Batman, le film se classe au 4ème rang, suivi par John Wick 2, avec Keanu Reaves en tueur à gages.

 

Découvrez ci-dessous la bande-annonce, en français, de Logan avec Hugh Jackman et Dafne Keen:

 

 

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