
A l’occasion du Montreux Comedy, Kevin Razy a répondu à nos questions, et nous a appris qu’avoir un rat dan son café, c’est pas si grave que ça...
A l’occasion du Montreux Comedy, Kevin Razy a répondu à nos questions, et nous a appris qu’avoir un rat dan son café, c’est pas si grave que ça...
Le dessinateur de presse Mix & Remix, de son vrai nom Philippe Becquelin, est décédé lundi soir des suites d’un cancer. Il avait 58 ans.
Depuis plusieurs mois, on le savait malade, atteint d’un de ces cancers sournois - le pancréas - dont le diagnostic ne laisse guère d’espoir au patient. Quelques mois tout au plus. Philippe Becquelin, qui avait choisi d’exercer son métier de dessinateur de presse sous le pseudo de Mix & Remix, a fini par céder lundi soir à cette maladie qui le rongeait mais n’avait pas réussi à lui enlever ni son humour ni son trait de génie. Il avait 58 ans.
On peut parler de génie, sans exagérer, tant le trait de Mix & Remix, d'une efficacité redoutable, était toujours formidablement expressif et aussi immédiatement reconnaissable. Cette signature est rare quand le dessin est à ce point minimaliste. Seuls Reiser ou Mordillo ont ainsi su imposer leur griffe. Mais à la différence de Reiser qui n’hésitait pas à choquer, Mix & Remix était pétri d’élégance et toujours au second degré. Un artiste brillant. Il suffit de revoir quelques-uns de ses dessins pour s’en convaincre. Tous les sujets l’intéressaient. Il savait les aborder avec cet humour qui n’appartenait qu’à lui, d’une rare fulgurance. Jubilatoire.
Longtemps, dès 1987, Mix & Remix aura fait le bonheur du magazine L’Hebdo, dont les lecteurs se précipitaient chaque semaine sur la page de Mix. A l’échelle de la presse romande, son transfert au Matin Dimanche en 2012 aura eu le retentissement de celui de Paul Pogba de la Juventus à Manchester United en football. Mix & Remix était un virtuose en son domaine. Il travaillait également pour l’émission Infrarouge sur la RTS, pour le Courrier international et l'Internazionale en Italie ainsi que pour Siné Hebdo.
Mix & Remix était une star du dessin de presse, mais l'homme, Philippe Becquelin, était tout le contraire: un garçon simple et discret, toujours drôle et profondément gentil. Son génie nous manquera.
Découvrez notre sélection des meilleurs dessins de Mix & Remix
Ils sont athlètes, artistes, réalisateur ou auteur, hommes et femmes, et grâce à eux, notre tout petit pays a pu montrer le bout de son nez sur la scène internationale. Qui sont-ils? Rafraichissons-nous la mémoire avant de basculer en 2017 où, à coup sûr, ils referont parler d’eux.
Pour lancer ce clin d’oeil aux personnalités suisses qui ont fait parler d’elles en 2016, cap sur le grand large avec le marin genevois Alan Roura qui, en jeune loup de mer de 23 ans, poursuit son tour du monde comme un vieux briscard.
Bien sûr, il n’est pas aux avant-postes de ce Vendée Globe 2016. Avec un bateau (celui de Bernard Stamm) presque aussi vieux que lui, Alan Roura fait pourtant mieux que de la figuration. D’abord, il est encore en course, alors que huit des vingt-neuf concurrents ont déjà jeté l’éponge un mois et demi après le départ. Et puis, prenant de l’assurance une fois dans les mers du Sud, après la longue descente de l’Atlantique, le Genevois pointait lundi 19 décembre au quatorzième rang. L’unique concurrent helvétique va passer Noël et Nouvel-An dans une houle infernale, avec comme seuls compagnons des goélands, qui suivent fidèlement la poupe de La Fabrique. Croisant actuellement au sud de l’Australie, le benjamin de la course devrait rallier Les Sables-d’Olonne en février.
Rebeka Masarova: la révélation en tennis
Victorieuse à Roland-Garros juniors et demi-finaliste au tournoi WTA de Gstaad, la Bâloise Rebeka Masarova, 17 ans, signe une saison pleine de promesses.
La séance photo se tient à Allschwil, près de Bâle, dans le club où tout a commencé. «C’est ici que j’ai pris mon premier cours de tennis, à l’âge de 4 ans», explique Rebeka Masarova. Cadette d’une fratrie de cinq enfants, née en Suisse d’un père médecin slovaque et d’une mère infirmière espagnole, elle attrape le virus du tennis à 3 ans et demi, lorsqu’elle assiste à la première victoire en Grand Chelem de Roger Federer, à Wimbledon. «J’ai dit à mes parents: «C’est ça que je veux faire!» En 2016, la sportive boucle une saison riche en succès. Demi-finaliste à l’Open d’Australie et vainqueur de Roland-Garros chez les juniors, elle a atteint les demi-finales à Gstaad lors de sa première participation à un tournoi pro. Des débuts prometteurs sur le circuit des dames pour l’adolescente, qui entamera l’année 2017 avec le matricule 314 au classement WTA.
Roman Josi: la perle suisse de la NHL
Défenseur inflexible qui ne se prive pas de marquer des buts, le hockeyeur bernois Roman Josi est devenu l’une des perles de la mythique NHL.
A 26 ans, formé au CP Berne, Roman Josi compte parmi les cinq défenseurs les plus prolifiques du monde, alors qu’il évolue depuis 2011 dans la meilleure ligue de la planète, la NHL nord-américaine. C’est à la fois un féroce tireur depuis la ligne bleue, une terreur pour les gardiens et un arrière intraitable. La saison dernière, sous les couleurs de son équipe des Nashville Predators, avec laquelle il est lié jusqu’en 2020, il a inscrit la bagatelle de 70 points, dont 15 buts. Il y a ajouté des qualités de cœur: dur au mal, il a ainsi disputé les play-off avec un nez et un doigt brisés, ce qui lui a attiré la sympathie du public, dans ce Tennessee où l’on apprécie les vertus liées au courage. S’il continue dans le même élan, le titre de meilleur défenseur du monde lui est destiné.
Les soeurs Berthollet, cordes sensibles
Camille et Julie Berthollet, les soeurs virtuoses, n’en finissent pas de nous épater. En solo, en duo, au violon, au violoncelle, la rousse Camille et la brune Julie accordent nos cœurs et leurs cordes dans un nouvel album, Camille & Julie, très réussi. L’élan juvénile n’est jamais loin de la nostalgie sur Brahms, Schubert, Gerschwin ou Dvorak. Et, quand retentit Les yeux noirs invitant la guitare manouche de Thomas Dutronc, on en redemande.
Doublé pour Sébastien Buemi
Papa et champion du monde de formule E: une année mémorable pour le pilote vaudois.
Sébastien Buemi, qui se souviendra de 2016. Le 9 février, le coureur aiglon de 27 ans a d’abord assisté à la naissance de son petit Jules, quelques heures après avoir terminé deuxième de l’e-prix d’Argentine. Un championnat mondial de formule électrique qu’il a fini par remporter en juillet, à Londres, pour deux petits points, au prix d’une lutte épique avec le Brésilien Lucas Di Grassi. Champagne!
L’explosion Thomas Wiesel
Radio, télévision, presse écrite, l’humoriste Thomas Wiesel est partout, maniant l’humour en prenant parti autour de sujets souvent sérieux. Un rire intelligent.
Lui, encore? Cette année plus que jamais. Thomas Wiesel, chef de file du renouveau de l’humour romand, est incisif, intelligent, drôle et parfois grossier. Il analyse, donne son avis et ose prendre parti, puis allume la mèche de quelque énormité comme Abdallah ses pétards dans Tintin. Sale gosse! S’il joue les nonchalants, c’est en faux paresseux. Ce bouffon bosse. Un pantouflard qui est à la fois sur One FM, la Radio romande, à Quotidien chez Yann Barthès, dans la presse écrite et sur scène est un hyperactif. Et puis, tapez donc «Wiesel» sur Google. Le premier qui apparaît, c’est désormais Thomas, notre champion du stand-up, et non plus Elie, le défunt philosophe. Ils ont un point commun: «La neutralité aide l’oppresseur, jamais la victime.» CQFD.
Daniela Ryf, la femme de fer
A nouveau gagnante de la mythique course Ironman, la sculpturale athlète soleuroise Daniela Ryf règne sans partage sur le triathlon mondial longue distance.
Vingt-trois minutes. En octobre dernier, c’est l’interminable laps de temps qu’il fallut attendre pour que la deuxième classée de l’Ironman de Hawaii se pointe à l’arrivée. Devant, la Soleuroise Daniela Ryf savourait sa victoire depuis belle lurette. La discipline (3,8 km de natation, 180 km à vélo, 42 km de course à pied) lui appartient. Pas étonnant avec un père guide de montagne, une mère marathonienne et un beau-père triathlète. L’an prochain, cette étudiante en technologie de l’alimentation – «pour aider les gens à adopter une alimentation saine», dit-elle – vise le record du monde. Seigneuriale, élue sportive suisse de l’année en 2015, elle est en bonne voie pour devenir la meilleure de tous les temps dans sa spécialité.
L’orphelin Courgette superstar!
Le film d’animation du Valaisan Claude Barras rafle toutes les récompenses internationales. Il décroche sa sélection aux Golden Globes et aux prestigieux oscars.
A chaque nomination dans une compétition, Ma vie de Courgette, le tout premier long métrage d’animation du Valaisan Claude Barras, rafle la mise. Dix-sept récompenses à ce jour. L’ascension phénoménale du petit bonhomme à la chevelure bleue et de ses copains d’infortune devrait se poursuivre en 2017. Ces orphelins attachants bousculés par la vie ont été confrontés au pire: alcoolisme, viol, crime passionnel. Des drames évoqués en toile de fond d’une histoire pleine de poésie, de drôlerie et de vie. Courgette et ses camarades bouleversent le public. La trame est tirée du roman de Gilles Paris et adaptée par la scénariste et réalisatrice Céline Sciamma (Tomboy). Le reste tient du miracle. Ce film, qui a débuté dans un petit studio lausannois, part défendre ses chances début 2017 aux Golden Globes puis aux oscars. Une œuvre de 8 millions de francs face aux 100 millions des superproductions Disney ou Pixar. On croit rêver, les yeux grands ouverts. Comme les marionnettes de Claude Barras au regard immense.
Deux premiers livres, deux succès
Elisa Shua Dusapin, 24 ans, Franco-Coréenne de Porrentruy, est une timide que le succès a jetée sans ménagement dans la marmite promotionnelle. Son premier roman, Hiver à Sokcho (Zoé), prix Robert Walser 2016, sorti fin août, a été salué par toute la critique francophone, surprenant son auteure avec un tirage de 10 000 exemplaires. Profitant d’une traduction en coréen et d’une invitation à Sokcho puis d’un séjour au Japon, Elisa reviendra en Suisse au printemps, un deuxième ouvrage bien avancé sous le bras. Le solide Marc Voltenauer, 43 ans, réussit, lui, avec son premier thriller, Le dragon du Muveran (Plaisir de Lire) – 25 000 exemplaires – un sacré tour de force. Le deuxième volet est en phase de correction, les droits du premier sont vendus au cinéma et un troisième est en gestation. Dire que ce Germano-Suédois grandi à Nyon, amateur de foot, n’avait aucun goût pour le français à l’école. Une révélation!
Frédéric Mermoud: un Moka bien serré
Enfin, le réalisateur valaisan Frédéric Mermoud signe un thriller cousu main. Avec lui, le cinéma romand atteint son meilleur niveau.
Il a filmé le visage d’Emmanuelle Devos avec la ferveur de celui qui veut en sonder l’âme. La comédienne est de tous les plans, souvent serrés, dans une quête obsessionnelle de celle ou celui qui, à bord d’une Mercedes, a tué son fils. A ce titre, Moka, le film du Valaisan Frédéric Mermoud, est renversant. Il instille un savant malaise et brouille les pistes jusqu’au dernier plan sans jamais s’égarer. Ce thriller tiré d’un roman de Tatiana de Rosnay vire à la confrontation entre deux femmes. L’autre, c’est Nathalie Baye, géniale dans le rôle d’une esthéticienne intrigante et attachante installée à Evian. Ce long métrage, plébiscité par le public francophone, est brillant. Frédéric Mermoud, actuellement occupé par le tournage d’une série pour Canal+, va s’attaquer, avec le collectif Bande à Part, à une série d’affaires criminelles qui ont secoué la Suisse. Quatre fois nonante minutes, sous le titre Ondes de choc, pour la RTS. Il a jeté son dévolu sur les mécanismes de la tragédie du Temple solaire. Frissons garantis.
Textes rédigés par Philippe Clot, Aurélie Jaquet, Marc David et Didier Dana
En Suisse, 98% des 12-19 ans possèdent un smartphone en 2016. Cette génération ultraconnectée passe en moyenne trois heures par jour collée-serrée à l’écran de ce doudou d’un nouveau genre. A quoi ressemble leur vie numérique?
Leur smartphone est comme une extension d’eux-mêmes et ils sont incapables d’imaginer leur existence sans cet outil, qui n’a plus grand chose d’un téléphone il faut bien le dire. L’illustré a voulu savoir à quoi ressemble vraiment la vie de ces accros du mobile.
“A 10% de batterie, je panique!”
Coralie Raemy, 19 ans, assistante socio-éducative dans une crèche, Epinassey (VS).
«Mon tout premier téléphone, c’était un vieux machin à touches. J’avais 9 ans. On ne pouvait rien faire d’autre que téléphoner. Aujourd’hui, j’ai un iPhone 6 et le truc que j’utilise le moins, c’est le téléphone! Depuis l’école, j’ai gardé l’habitude de le laisser sur silencieux: c’est à peine si je connais ma sonnerie. Ça rend ma mère dingue. Elle essaie de m’appeler et je ne réponds jamais.
A 13 ans, j’ai été une des premières de ma classe à avoir un smartphone. Au début, je faisais des photos de tout: mon chien, ma chambre, mes copines! J’ai toujours été fan de photographie, je l’utilisais surtout pour cela. Maintenant, plus je vieillis, plus je suis accro. Je l’ai toujours sur moi. Parfois, je le glisse dans mon décolleté pour ne pas qu’on me le vole. Je préférerais qu’on me pique mon portemonnaie plutôt que mon smartphone. Toute la journée, c’est machinal, comme un réflexe, je le déverrouille pour voir si j’ai des notifications, des messages. Il dort avec moi dans mon lit. Le soir, j’ai besoin d’avoir un moment dessus. Je me couche tard parce qu’un Natel, ça fait traîner! En fait, mon smartphone, c’est un prolongement de moi. Ce que j’utilise le plus? Facebook, Instagram, Snapchat et WhatsApp. Et Pinterest pour les idées cuisine et bricolage. Je commande mes habits en ligne grâce à lui. J’aime bien aussi suivre les résultats des matchs de foot et, pour m’informer, c’est 20 minutes ou Le Nouvelliste. Je prends des cours d’italien sur des applications, et il me sert de traducteur. De mémoire aussi! Je ne sais même pas le numéro de mon père par cœur. Mes parents ont toujours été assez connectés. Ils ont mon code de sécurité et on est amis sur Facebook.
Je n’ai pas de secrets pour eux. Je ne publie rien qu’ils ne pourraient pas voir. Ça permet de ne pas faire n’importe quoi. Il faut être prudent.»
Chez elle, avec son chien Toni. Coralie passe près de trois heures par jour sur son smartphone. «Même plus le week-end.» Sur son appareil: 100 applications dont Facebook (224 amis), Snapchat et Instagram. Elle possède 7000 photos, qu’elle sauvegarde sur le «cloud» et sur son ordinateur.
“C’est limite mon ami le plus proche!”
Flora Loertscher, 14 ans, collégienne, Lausanne (VD).
«Si on considère que j’écoute toute ma musique sur mon smartphone, alors c’est simple, je l’utilise toute la journée. Le matin, je prends le bus avec. D’une oreille, j’écoute ma musique, sur Spotify, de l’autre, les conversations de mes copains. On a pris l’habitude de faire plusieurs choses en même temps. Mon smartphone, c’est limite mon plus proche ami. C’est avec lui que je passe le plus de temps. Je fais des stories sur Snapchat quand je m’ennuie, je prends des photos que je mets sur Instagram, je parle avec mes copines sur WhatsApp, je regarde des séries sur Safari. Là je viens de finir Vampire’s Diary et je vais commencer Grey’s Anatomy. Avec un smartphone, il y a toujours quelqu’un en ligne, avec qui parler. On n’est jamais seul.
Sur Instagram, j’aime bien suivre mes amis et aussi des gens plus connus. Comme la youtubeuse Natoo, Kendall Jenner ou Sananas. Ça fait passer le temps et on peut suivre un peu la mode. C’est bizarre: la voir tous les jours, ça me donne l’impression de la connaître. Elle fait partie de ma vie: quelque part, je m’attache. Mais elle a plus d’un million d’abonnés: elle, elle ne sait même pas que j’existe! Je dirais que les discussions sur les réseaux sociaux, ou à distance, ça permet de dire plus facilement ce qu’on pense. On est plus ouvert, plus libre de s’exprimer. On ose plus, il y a moins de limites. Il faut juste faire attention de ne pas blesser les gens.
Avant, je prenais des tonnes de selfies. Aujourd’hui moins: c’était la mode, on se découvrait. Je ne sais pas où je trouvais le temps de me regarder autant! Des fois, je me dis qu’il y a plein de choses que je pourrais faire, si je n’étais pas autant sur mon téléphone. Mais en même temps, c’est ce que je préfère, alors…»
Dans sa chambre d’ado, Flora passe beaucoup de temps sur son téléphone. Elle écoute de la musique non-stop, sur Spotify, où elle se crée des «playlists». Parfois, elle joue. A Candy Crush ou à Best Friends. Son téléphone est un Huawei, offert par son grand-père il y a trois semaines. «Il fait de meilleures photos que l’iPhone, mais je n’avais jamais eu d’Android avant et je tâtonne un peu pour savoir que faire.» La condition pour avoir accès aux réseaux sociaux? Que ses parents y aient accès, en amis.
“Le Natel, c’est la base: indispensable!”
Guillaume Jeanrenaud, 13 ans et demi, collégien, Colombier (NE).
«Au collège, on est 867. Je pense qu’il doit y avoir au maximum 20 à 30 élèves qui n’ont pas de smartphone. Ils ont sans doute une vie normale, mais je ne sais pas comment ils font! Pour moi, c’est la base: c’est indispensable. A l’école, on est censés les mettre sur mode avion, mais on se marre parfois à essayer de faire sonner ceux des autres. Moi, je l’utilise surtout pour regarder l’heure, ou pour demander aux autres où ils sont dans la cour. Ça peut aussi être un moyen de déterminer les moyens sociaux de la personne. C’est nul, mais certains préfèrent dire que leurs parents ne les laissent pas avoir de téléphone, plutôt que d’avoir honte d’un smartphone trop pourri. Pendant les vacances, j’ai beaucoup joué à Pokémon Go avec mon cousin. Sinon, j’aime bien tourner des vidéos et des vlogs que je diffuse sur YouTube sous le nom de Carix. Je suis hyperinspiré par Sulivan Gwed, qui a des millions de followers à 16 ans. En moyenne, je passe entre 20 et 30 appels par jour, à ma mère, pour tout et pour rien, à mon cousin, à des amis. J’utilise beaucoup WhatsApp, Facetime, Snapchat et Instagram, mais je n’ai pas Twitter ni Facebook: ma mère trouve que je suis trop jeune. J’écoute beaucoup de musique sur Tubidy, hors connexion et gratuitement. Sérieusement, qui achète encore des trucs sur iTunes? C’est de l’arnaque!
Je m’occupe d’un manège après l’école et les week-ends, mon iPhone me sert à dire où je suis aux autres forains. Le Natel, c’est une sécurité, aussi, un truc rassurant. Je ne dis pas que j’ai peur sans, mais presque. Quand je prends le bus seul et qu’il y a un gars louche dedans, j’appelle quelqu’un. Des fois, je fais même semblant d’avoir quelqu’un en ligne! Je ne sais pas ce que je ferais sans...»
Guillaume, sur son hoverboard devant chez lui, à Colombier, se déplace beaucoup pour ses loisirs. Son smartphone, 121 applications, fait office de puce GPS pour que sa mère sache où il est. Tous ses hobbys le ramènent à ce téléphone. Son regret? «J’aimerais bien avoir l’internet illimité mais mes parents ne sont pas d’accord.»
“Je pourrais m’en passer mais je ne veux pas”
Lukas Emblad, 14 ans, collégien, Chavannes-de-Bogis (VD).
«Avant, mes parents avaient instauré une règle: je pouvais jouer deux heures sur mon téléphone si je lisais une heure. Mais maintenant, je suis beaucoup moins dessus, on a laissé tomber la règle. Je fais plus de six heures d’unihockey par semaine, sans compter les matchs, alors j’ai moins de temps.
Mon père m’a installé une application qui calcule combien d’heures je passe sur mon smartphone. Ça m’a fait bizarre de voir le résultat. On se fait voler des minutes sans s’en apercevoir. Quand on réalise qu’on a passé onze heures de la semaine sur son téléphone, on se dit que c’est presque une demi-journée de gâchée. A la place, j’aurais pu gagner des sous en faisant du baby-sitting, faire du sport. En même temps, mon père fait pareil. On se chamaille devant la télévision pour que je pose mon téléphone, mais lui aussi est dessus!
Avec ma famille, on a vécu au Vietnam, en Pologne et à Stockholm. Sur mon iPhone, j’utilise beaucoup Skype ou WhatsApp pour rester en contact avec mes amis en Suède. La traduction en ligne, c’est bien pratique aussi! J’aime bien publier des photos ou des vidéos de mes matchs et de mes buts, sur Instagram. Je suis aussi Kim Nilsson, le plus grand joueur d’unihockey suédois et du monde, qui est aussi mon idole. Parfois je joue à des jeux, des quiz suédois, du billard en ligne, du bowling. Je cherche des recettes, des tutos, des infos sur internet pour mes devoirs: si je perdais mon téléphone, ce serait le summum du stress! Un smartphone, c’est une aide et un divertissement. En camp d’été, on ne les a pas, et ça va très bien. Je pourrais m’en passer, mais je ne veux pas. Le truc, c’est de ne pas être tout le temps dessus. Pour ne pas rater des moments magnifiques parce qu’on regardait son écran.»
Lukas fréquente l’école internationale juste à côté de chez lui. L’établissement régule l’usage des smartphones des plus jeunes mais laisse les plus âgés se responsabiliser. Lukas estime que c’est très bien et que cela le rend plus autonome. Plutôt sérieux, il estime que les innombrables selfies et les moues face à l’écran sont plutôt «un truc de filles»!
“Si je ne l’ai pas avec moi, je stresse tout de suite”
Hannah Landry, 16 ans, gymnasienne, Genève.
«Je ne sais pas comment faisaient les couples avant les smartphones, mais moi, ça me paraît difficile d’imaginer de ne pas avoir de contact avec mon copain pendant un mois. Dès qu’on est séparés, en été, pendant les vacances, on «skype» pendant des heures. Ça rend mon père dingue! Mais pour moi, c’est obligé, sinon je serais trop triste. Mon smartphone est toujours dans mon sac. Pas dans ma poche, à cause des ondes, je pense que ce n’est pas sain. En classe, on n’est pas censé l’utiliser mais bon, soyons honnêtes, tout le monde le fait un peu. On le sort pour regarder l’heure ou quand on s’ennuie. Je l’utilise pour chercher des trucs sur internet, je prends des screen shots, des captures d’écran de mes devoirs, des textes à étudier pour pouvoir les consulter hors connexion. On a un groupe Facebook de classe où on s’aide pour les leçons. Je l’utilise tout le temps et c’est hyperutile pour l’école!
Si je ne l’ai pas avec moi, je stresse tout de suite. Il me donne un sentiment de sécurité: j’ai tout le monde à portée de main! J’ai de la famille à Paris, en République dominicaine: sans WhatsApp ou Facebook, ce serait dur de garder le contact.
Dès fois, je regarde des vidéos le matin, en me brossant les dents ou en me maquillant. J’aime bien regarder des films ou des séries, même si l’écran n’est pas super grand, ou écouter la radio dessus. Parfois, on croit qu’on regarde un truc dix minutes et d’un coup, ça fait deux heures!
Ce que je trouve pénible? Quand mon copain le regarde pendant qu’on est ensemble et ne m’écoute plus. Quand on est avec quelqu’un, on l’est vraiment! On devrait inventer de nouvelles règles de politesse pour les générations d’après!
Amoureuse, Hannah a troqué les selfies en masse pour des centaines de clichés de l’élu de son cœur. Sur son iPhone 5SE, 16 gigas, la mémoire est bientôt remplie par quelque 4000 photos. «J’ai toute ma vie là-dessus», s’exclame-t-elle. Du coup, hors de question pour la jeune violoniste de donner son code à son père: «Un iPhone, c’est privé!»
Alors que Vaud veut interdire la mendicité, notre journaliste a passé trois jours assise par terre, sur un carton, à Lausanne, en immersion dans le quotidien d’une mendiante. Résultat: les réactions des passants sont loin d’être celles que l’on imagine.
On les voit sans les voir, on leur donne une pièce parfois, on les envoie bouler, souvent. Alors, quand le canton de Vaud a décidé, comme Genève depuis huit ans, d’interdire la mendicité, j’ai voulu essayer de comprendre. Quel effet ça fait de faire la manche toute la journée, par tous les temps? Mais surtout, comment réagissent les gens? Pourquoi détestent-ils tant les mendiants? Quel est leur regard sur ceux qui n’ont rien et qui tendent la main? J’ai donc passé trois jours assise sur un carton, dans la peau d’une mendiante. L’expérience avait toutefois ses limites en termes d’authenticité: le soir, je retrouvais mon appartement, bien au chaud. Il faut aussi savoir que je suis jeune (23 ans). Et Suisse.
Jeudi
Mon carton sous le bras, un gobelet vide dans une main, je sors de chez moi. Il fait 2 degrés, ciel gris de novembre. J’ai superposé un collant et deux paires de leggings en priant de ne pas tomber malade. Mes trois paires de chaussettes, ma grosse écharpe en laine, mon bonnet et ma veste la plus chaude devraient faire l’affaire. Tout d’abord, trouver le bon spot. D’après la législation en vigueur à Lausanne, j’ai le droit de me poser n’importe où, tant que je «n’obstrue pas l’entrée d’un commerce», et que je me trouve «à plus de 5 mètres d’un Bancomat ou d’un horodateur». Vu la météo, je dois impérativement trouver un emplacement muni d’un avant-toit. Je décide de m’installer rue de Bourg, l’artère chic et emblématique de la ville. Je repère un endroit où une grille remplace les pavés glacés. Il est situé entre deux vitrines. Parfait. Je pose mon carton, mon sac, mon gobelet, et m’assieds.
Les premiers passants m’ignorent. Au bout de cinq minutes, un homme à l’allure excentrique passe. Je lui adresse un large sourire. Il se dirige immédiatement vers moi, curieux de savoir ce que je fais là et me donne quelques centimes. Je lui récite l’histoire que j’ai élaborée la veille. «J’ai fini mes études et ma bourse ne m’est plus versée. Je ne trouve pas de travail et j’ai dépensé tout ce qui me restait pour payer mes dernières factures, alors j’ai besoin de l’aide des gens.» Il me souhaite bonne chance et s’en va. Je vais essayer la tactique du sourire.
Beaucoup me jettent un rapide coup d’œil, continuent leur route, puis font brusquement volte-face, les yeux écarquillés. «T’as vu comme elle est jeune?» murmurent certains. Ma jeunesse semble surprendre les gens plus qu’elle ne les émeut. Une heure et trois personnes plus tard, j’ai tout de même récolté 12 fr. 50. Je vais pouvoir me payer un sandwich. Une demi-heure après, mon pied est tout engourdi, je me lève et secoue mes jambes. C’est là qu’un homme d’une trentaine d’années m’aborde. Il a «aussi» été à la rue. Il se dit touché de me voir faire la manche. Il me donne le numéro d’un de ses contacts qui loue une chambre en colocation «pour pas cher». Sympa. Les premières heures défilent plutôt vite. Regarder passer les gens est drôle. J’entends parler toutes les langues, je sens des parfums qui flottent dans leur sillage.
En trois heures, j’ai vu passer plus de manteaux de fourrure que dans ma vie entière. On me sourit beaucoup, on me salue. Les regards sont désolés et compatissants, les gens semblent déconcertés de me voir assise là. Premier constat: à la rue de Bourg, ça rapporte. Les pièces de 5 francs s’accumulent dans mon gobelet. J’ai préféré camoufler dans ma poche les deux billets de 10 francs reçus. Quand je me décide à manger quelque chose, je prends mon carton avec moi, car j’ai peur que quelqu’un ne l’embarque. Sans lui, je perdrais le maigre confort qui m’isole du sol.
La suite de la journée est plus pénible. J’ai froid et la pluie commence à tomber crescendo. J’ai mal au bas du dos et si je déplie mes jambes, il me pleut dessus. Je me retrouve donc toute recroquevillée contre le mur. Entre deux sourires gênés de piétons perplexes, des Roms passent et me saluent. «Ça va?» me lancent-ils gentiment. L’un d’entre eux vient me parler. Il est Polonais et a quitté son pays seul en croyant trouver du travail en Suisse. Cela fait trois mois qu’il dort dehors. Il me donne quelques pièces. Avec son visage brûlé par le froid, on lui donne 50 ans alors qu’il n’en a que 32. En faisant la manche deux fois par semaine, il gagne dans les 20 francs par jour. Je lui donne rendez-vous trois heures après. Je lui céderai le contenu de mon gobelet.
Dans les yeux de la plupart des gens, de l’incompréhension. «Mais qu’est-ce que vous faites là, mademoiselle?» Un homme en manteau et mallette noirs me demande quelle est ma formation et me tend sa carte. «Envoyez-moi votre CV.» Il s’éloigne, revient deux minutes après et me tend un billet de 50 francs. «Il fait vraiment trop froid, allez vous mettre au chaud!» Là, je refuse et, devant tant de générosité, lui avoue que je suis journaliste. Il a de la peine à me croire. Je le rassure et il s’en va en souriant. La nuit tombe et un petit vent persistant emporte avec lui ce qui me restait de chaleur. Je me tortille dans tous les sens pour tenter de réchauffer mes jambes quand une femme s’approche, les larmes aux yeux. Nous discutons longuement. Elle hésite un instant avant de me tendre sa carte. «Je ne vis pas à Lausanne mais ça ne fait rien. Appelez-moi, je vais vous héberger.»
A la fin de la journée, mon butin s’élève à 100 francs. Je rentre chez moi frigorifiée et déshydratée. Les émotions se bousculent. Je ne pensais pas recevoir autant de gentillesse. Cette journée a été moins pénible que ce que je craignais.
Vendredi
Ce matin, autre lieu, autre ambiance. Direction la rue de l’Ale. L’ambiance est plus populaire, la précarité plus perceptible. Je sens tout de suite que le climat est différent. Ici, pas de sourires, des regards blasés, méprisants. Une femme distraite shoote dans mon gobelet. Ça la fait beaucoup rire. «Vous ne pouvez pas faire attention, non?» je lui dis, excédée. «Tenez, je vous le renvoie», s’esclaffe-t-elle en me le balançant au visage, d’un coup de pied énergique. Quelques minutes plus tard, une vieille dame apparemment très énervée me traite de fainéante. «Allez travailler! Ce n’est pas par terre que vous trouverez du travail! Il y en a plein, du travail! Ou alors retournez dans votre pays!» Je rétorque que je suis Suisse mais elle est déjà partie.
Les passants me frôlent, regards désapprobateurs. Un policier veut savoir ce que je fais là et me demande une pièce d’identité. Je sors mon passeport suisse sous ses yeux médusés. «Je ne vous cache pas que je suis vraiment surpris, on a surtout l’habitude des Roms ici. Prenez soin de vous, mademoiselle.» Plus tard, un vieil homme, l’air perdu, démarche chancelante, renverse mon gobelet. Les pièces s’éparpillent et il continue sa route en les envoyant valdinguer encore plus loin, sans se retourner. Un monsieur en costume avec qui je discutais m’aide à les ramasser. Petite consolation à cette nouvelle humiliation. Tous les Roms qui passent me saluent gentiment. Au bout de quatre heures, j’ai trop froid et les regards haineux deviennent lourds à supporter. Je me réfugie à la librairie Payot. J’ai récolté 32 francs. Je ne sens plus mes orteils et pars en quête d’une soupe chaude. J’ai surtout besoin de m’isoler de toute cette hostilité. Au café, je me fonds dans la masse. Ce bref retour à la normale est réconfortant.
L’après-midi, je me dirige vers la gare de Lausanne. Je m’assieds sur l’îlot séparant deux passages piétons, en face du hall. Cette fois, je tiens fermement mon gobelet dans mes mains. Depuis le début de l’expérience, j’ai croisé plusieurs fois un jeune Rom qui propose aux passants de signer un papier. Il s’approche: «Pourquoi tu restes assise par terre? Fais comme moi, ça marche bien! Parfois, je fais 100 francs par jour.» Il a 16 ans et prétend être sourd et muet pour obtenir des dons en faveur des handicapés. Quand je lui demande où il a trouvé la feuille munie du logo bleu au fauteuil roulant qu’il fait signer, il hésite un instant puis m’assure qu’il l’a faite lui-même. Je vois bien qu’il n’ose pas tout dire. J’insiste, mais il reste vague et change vite de sujet. Il me dit qu’il a quitté la Roumanie il y a six mois avec son petit frère, trop jeune pour mendier, lui. «Là-bas, on nous dit que la Suisse est un pays riche et qu’ici, on trouvera du travail.» Ils espéraient sortir de la misère en venant ici, et se retrouvent à dormir dans la rue. Ça m’attriste. Il n’a rien mais me donne quelques centimes et me souhaite bonne chance. Là, ça me bouleverse. Peu après, c’est un SDF habitué de la place de la Riponne qui me donne quelques piécettes et me met en garde contre les ravages de l’héroïne, si facilement accessible dans la rue.Une heure, 34 francs, deux petits pains, une branche de choc et une pomme plus tard, je lève le camp. Comme à la rue de Bourg, les passants se sont révélés plutôt bienveillants, si ce n’est un vieux monsieur qui m’a tenu la jambe vingt minutes en m’expliquant que «les Tsiganes sont des chapardeurs et qu’en Roumanie, le travail est considéré comme un déshonneur». Mieux vaut entendre ça que d’être sourd. Un réconfort, tout de même: le sourire du SDF à qui j’ai donné mon magot. Je rentre chez moi désabusée, mais impressionnée par la solidarité de ceux qui n’ont rien.
Samedi
C’est jour de marché, je change de tactique. Cette fois, j’apostrophe directement les gens pour leur demander de l’argent. Lorsque je leur dis bonjour en souriant, ils ne se doutent de rien et me saluent en retour, intrigués. «Je suis à la rue, vous auriez un peu de monnaie pour m’aider à dormir au chaud ce soir?» Stupeur. Choc. Ils me dévisagent, puis fouillent dans leurs sacs, leurs poches. En vingt minutes, j’ai reçu 50 francs. Seules six personnes m’ont dit non.
A la fin du marché, je m’installe à nouveau sur la grille de la rue de Bourg du premier jour. Le ciel est à peu près dégagé, les gens flânent dans les rues. Ce ne sont pas les passants habituels de cette rue aux boutiques de luxe. Je mendie dans l’indifférence totale. Je m’ennuie ferme. En fin d’après-midi, mon gobelet est toujours vide. Je m’en vais. Mon expérience se clôt avec un billet de 20 francs qu’un gentil monsieur, très généreux, me donne. La récolte du jour fait le bonheur de deux jeunes musiciens de rue.Epuisée par le froid, secouée par les émotions, bouleversée par la gentillesse de certains et écœurée par la violence des autres, j’aurai passé, pendant ces trois jours, par tous les états. La vraie surprise aura été toutefois la bienveillance que les SDF ont eue à mon égard. Cette solidarité entre ceux qui n’ont rien m’a remonté le moral. Car, dans la balance émotionnelle, le mépris des uns pèse aussi lourd que la gentillesse des autres. Alors, si vous ne donnez pas de pièce aux mendiants, sachez qu’un sourire fera le même effet.
Ils ont tous un talent exceptionnel et plein de projets pour la nouvelle année. Nos coups de cœur pour sept personnalités suisses prometteuses.
Ils sont sept, quatre garçons et trois filles, et représentent l’avenir, des graines de champions, pas forcément dans le domaine du sport d’ailleurs, mais qu’il faudra suivre de près en 2017, parce qu’on en reparlera, c’est sûr!
Damien Wenger, la relève du tennis suisse
Le junior de La Neuveville (BE), brillant la saison dernière, aborde l’année plein d’ambition.
C’est lui le meilleur du pays dans sa catégorie. A 16 ans, le joueur de tennis de La Neuveville vient de boucler la plus belle saison de sa jeune carrière. A son palmarès? Trois trophées décrochés dans des tournois juniors internationaux et un sacre, très convoité, aux Championnats de Suisse des moins de 16 ans. «Cette compétition, c’est celle que je rêvais de gagner depuis tout petit», explique Damien Wenger. Né dans une famille d’amateurs de tennis, il reçoit une raquette à 4 ans, joue son premier tournoi deux ans plus tard et s’entraîne déjà tous les jours à l’âge de 11 ans. Depuis l’été dernier et la fin de sa scolarité obligatoire, le Jurassien bernois a choisi de se consacrer à 100% à sa carrière. En 2016, il a engrangé son premier point ATP. Nul doute que les autres suivront cette année. A. J.
Yann Marguet: le poil à gratter de la 3
Il a séduit la Toile avec ses chroniques piquantes. En 2017, l’humoriste animera sa propre matinale.
Toujours très inspiré lorsqu’il s’agit de clasher son prochain, Yann Marguet, 32 ans, a affûté sa plume cette année pour «tailler les orties», sa chronique hebdomadaire sur Couleur 3. Chaque jeudi, au micro de Frank Matter, ce Lausannois d’adoption, originaire de Sainte-Croix, nous livre sa perception d’un phénomène de société, avec justesse et un mordant toujours savoureux. Les petits vieux, le foot, le porno, la pilule, les enfants, tout y passe… «Le réseau d’humoristes est intéressant en Suisse. Avec Thomas Wiesel, on s’envoie souvent nos chroniques pour se relire mutuellement.» Son chemin, de Sainte-Croix à la 3, a été tortueux. Après avoir entamé sa thèse en criminologie, il a enseigné pendant quelques mois, avant de tâter du micro. En tant qu’auteur, sur Rouge FM d’abord, puis avec sa première chronique, La prise chère. Dès janvier, il animera sa propre émission le dimanche matin, et apparaîtra le lundi et le vendredi dans une nouvelle matinale, sur la 3. Un programme chargé, mais qui lui laissera tout de même un peu de temps pour nourrir sa «passion un peu bizarre»: collectionner les baskets. M. S.
Diana K: passion country
La talentueuse chanteuse sort son premier album, Tennessee, d’inspiration très «nashvillienne».
C’est la série Nashville qui a attisé la curiosité de Diana K, chanteuse et cheffe de projet marketing à Lausanne, pour les Etats-Unis, et particulièrement le Tennessee. «Le feuilleton m’a fait découvrir la musique country comme je ne l’avais jamais entendue. J’ai eu un déclic, je me suis rendue là-bas pour travailler ma voix. Je me suis tout de suite sentie à la maison, comme si j’y étais déjà allée.» En deux mois, la chanteuse de 28 ans, qui vit à Lutry, compose et enregistre les cinq chansons de son premier album, dans un petit studio de la ville. Aux couleurs folk, rock et blues, les titres sonnent très «US». Elle les interprétera le 25 février au Théâtre de la Voirie, à Pully. M. S.
Léo Darbellay: le garçon aux 50 voix
L’imitateur de 20 ans travaille à l’écriture de son deuxième spectacle, avec l’aide de Yann Lambiel.
«J’ai toujours fait rire les gens, surtout quand je faisais de grandes théories à mon grand-père alors que je ne savais pas encore parler.» Vingt ans plus tard, Léo Darbellay a toujours le babil facile, et il s’en sert pour imiter une cinquantaine de chanteurs. «Je sais aussi faire ma grand-mère, sinon...» Son premier show, d’un tout nouveau genre, a déjà rempli une trentaine de salles depuis ses débuts, fin 2015. Parmi les spectateurs, un certain Yann Lambiel, sensible au «grand potentiel comique» du jeune homme. Il le coachera pour l’écriture de son deuxième spectacle, en 2017. Le plus de Léo, c’est son originalité: il est le seul en Suisse à mêler imitation et humour. Son one man show se compose de sept sketchs, qu’il peut moduler à sa guise suivant l’événement. Cette flexibilité fait de lui la coqueluche des soirées privées. Petit, il a eu une révélation en entendant Chanson populaire de Claude François. Dans sa chambre d’enfant, il a imité l’artiste jusqu’à reproduire sa voix et ses mouvements à la perfection. La machine était lancée. Et rien ne semble pouvoir l’arrêter... M. S.
KT Gorique: impro et rap, à fond!
La Valaisanne est championne du monde incontestée de la discipline.
Championne suisse d’improvisation en rap, elle représentait notre pays aux Championnats du monde de New York, en 2012. La Valaisanne d’alors 21 ans les avait remportés haut la main. Elle est la seule femme et la plus jeune de l’histoire à avoir été couronnée de ce titre... qu’elle a conservé depuis. Vous l’aurez compris, KT Gorique est une pointure. Son punch a même inspiré deux réalisateurs, pour qui elle a joué (Brooklyn, Marie et les naufragés). L’artiste est en train de fignoler sa prochaine mixtape de 10 titres, qui apparaîtront sur son deuxième album. Il sortira courant 2017. Pour la voir, c’est le 18 janvier, au Châble, au Oh! Festival, que ça se passe. M. S.
Roxane Gilliand, tout près des étoiles
A tout juste 25 ans, cette trapéziste termine sa formation au Canada, avec les meilleurs.
Elle dit qu’elle a toujours aimé l’air, le vent dans ses cheveux, le frisson de la hauteur. Le sol, c’est trop plat, trop bas pour Roxane Gilliand. A 3 ans, la gamine affirme, péremptoire, qu’elle veut faire du cirque. Ce rêve devient projet de vie. «A l’Ecole de cirque de Lausanne, ils m’ont donné à fond envie de continuer! J’adore l’adrénaline et le risque. C’est une discipline où il faut être dynamique, avoir un bon cardio.» Bye-bye la Suisse, à 22 ans, Roxane est partie au Canada, rejoindre le meilleur professeur de trapèze ballant du monde, à l’Ecole nationale de cirque de Montréal. La Vaudoise vit en colocation avec deux artistes, tente de joindre les deux bouts et rêve du printemps prochain. En avril, elle terminera sa formation de trois ans et son baccalauréat avec son numéro. Elle tentera de passer la plus délicate des figures: un départ suspendue par les pieds, salto, et finale debout, le tout en faisant virevolter son chapeau. Les recruteurs venus voir la répétition générale en septembre étaient bluffés. Le Cirque du Soleil l’a engagée pour un événement durant un mois l’été dernier. Ils seront dans la salle pour sa grande finale. C’est sûr, Roxane est faite pour tutoyer les étoiles. M. M.
Maxime Chabloz prêt à l’envol
Le Vaudois, champion du monde M19 de kitesurf, espère rejoindre le World Tour cette saison.
Maxime Chabloz a 15 ans et une passion: le kitesurf freestyle. En juillet dernier, sa scolarité tout juste terminée, le jeune Romand a été sacré champion du monde de la discipline chez les moins de 19 ans. Au départ pourtant, l’eau, ça n’était pas franchement sa tasse de thé. «J’ai commencé à jouer avec des cerfs-volants sur la plage pour échapper à la baignade», raconte l’ado. Né à Aigle mais établi dans le canton de Nidwald, où ses parents ont déménagé après sa naissance, le Vaudois rentre de trois mois d’entraînement à Fortaleza, au Brésil. Là-bas, il a établi un nouveau record personnel en exécutant un saut de 15,3 mètres de haut. Son prochain bond, il espère le réaliser en intégrant le circuit professionnel cette saison. Bon vent à lui! A. J.
Textes rédigés par Aurélie Jaquet, Malika Scialom et Marie Mathyer
Bernard Jonzier était, depuis quarante ans, un des meilleurs amis de Raymond Burki, décédé dans la nuit du 28 au 29 décembre. L’ex-journaliste sportif de la RTS évoque avec émotion le côté bon vivant du dessinateur.
Raymond Burki et Bernard Jonzier n’étaient encore que des pigistes quand ils se sont croisés la première fois dans la tour d’Edipresse, il y a une quarantaine d’années. Le premier amenait de temps en temps un dessin pour 24 heures, le second un article moto pour La Tribune Le Matin. «Dans l’ascenseur, il regardait ses pieds. Sa timidité était communicative.»
Toute personne ayant travaillé dans l’entreprise de presse lausannoise pourra confirmer ce sentiment de gêne quand on croisait cet homme qui semblait rêver d’une casquette plus grande encore pour disparaître sous elle. En guise de communication avec cette anti-vedette, il fallait se contenter de savourer son dessin du lendemain.
Angus Young…
Entre le jeune futur journaliste moto de la RTS extraverti et l’incurable taiseux, tout rapprochement semblait donc illusoire. Ce fut pourtant quatre décennies d’intense et fidèle amitié. Raymond fut même le témoin de mariage de Bernard et Bernard le parrain d’un de ses deux enfants. Et Burki mit une cravate pour le mariage de Bernard: «On avait charrié Raymond, car avec sa casquette et cette inédite cravate, il ressemblait étrangement à Angus Young, le guitariste d’AC/DC.»
Très ému par cette issue qu’il savait inéluctable et imminente, Bernard Jonzier se rappelle quelques bons moments passés avec son grand ami, des épisodes qui permettent de vérifier que le pouvoir humoristique des dessins de Burki avait, en dépit des apparences, prospéré sur un terreau pas si mélancolique que ça: «Burki était très réservé, c’est vrai. Il n’aimait par exemple pas les soirées à plus de six. Mais à mes 60 ans, il a quand même fini à poil sur scène, avec d’autres amis, dans une parodie de Full Monty. Il avait répété la chorégraphie durant trois mois, avec un acharnement insensé. Raymond pouvait se lâcher complètement et être d’une merveilleuse drôlerie.»
Burki, en bon Vaudois, n’aimait pas voyager trop loin de sa Menthue, la rivière où il pratiquait la pêche, son passe-temps favori. Mais là encore, il y avait des exceptions, grâce à son ami Jonzier: «Avec mon épouse, nous l’avions convaincu de venir en famille pour des vacances en Floride. Je crois bien que c’était la première fois qu’il sortait du continent européen. Et il avait adoré. Une anecdote de ce voyage qui me fait encore rire: nous nous étions retrouvés sur une plage qui s’est révélée être une plage gay. Et comme nous avions chacun acheté un bracelet anti-rhumatisme que nous avions trouvé là-bas, on s’était dit qu’on faisait la paire et on s’est baladé les deux la main dans la main sur le sable. Nos épouses étaient consternées. Et je ne parle pas de nos apéros que nous égayions avec un éthylomètre électronique, en vogue à l’époque aux USA, qui affichait un clown quand nous dépassions les 0,5�!» Autre souvenir qui permet de mieux comprendre le personnage: Bernard Jonzier avait proposé à Burki de l’accompagner à Hockenheim, pour assister au Grand Prix moto. Assis dans les tribunes, le dessinateur n’avait pratiquement pas articulé un mot durant toute la course, ni durant le voyage de retour. «Je me suis dit qu’il avait dû s’ennuyer et j’étais un peu gêné. Mais quelques semaines plus tard, tout le monde me demandait ce que j’avais fait à Raymond. Ses copains ne l’avaient jamais entendu parler de manière aussi enthousiaste d’une expérience, en l’occurrence de ce Grand Prix. Comme un enfant, il avait intériorisé son plaisir sur le moment, et l’avait extériorisé d’une manière inédite après coup.»
Un dernier souhait non exaucé
Pour Bernard Jonzier, Burki était aussi «un écorché vif, un ultrasensible, un émotif. Quelqu’un d’une bonté totale, un écolo, un idéaliste qui souffrait sincèrement face aux malheurs dans le monde. Jamais un mot de méchant sur quelqu’un. La seule chose qu’il n’aimait pas, c’était les uniformes. Il avait d’ailleurs refusé de faire son école de sous-officier et s’était exilé plus d’une année à Paris pour échapper aux foudres de la justice militaire», témoigne l’ancien journaliste de télévision au bord des larmes.
Ces derniers temps, Raymond Burki s’était résigné au pire après avoir longtemps pensé vaincre la maladie. Epuisé, il avait renoncé à poursuivre les traitements et restait alité. Il ne répondait plus aux SMS de ses amis, mais avait trouvé l’énergie de se lever et de s’habiller pour passer la soirée de Noël en famille. Il aurait aimé être encore de ce monde pour aller déguster des pieds de porc au madère, à la pinte morgienne Au XXe Siècle. Mais le destin a mesquinement refusé cet humble dernier souhait à ce génial modeste.
"Corrosif et respectueux à la fois"
En exclusivité pour «L’illustré», Pascal Broulis, chef du Département des finances et des relations extérieures vaudois, rend hommage à Raymond Burki.
"Je pouvais râler après une caricature de Burki, trouver qu’il y était quand même allé un peu fort, mais pas être vraiment fâché. D’ailleurs, j’en affiche près d’une vingtaine sur mon site. Sous son crayon, je me suis retrouvé Oncle Picsou, cancre en allemand, empereur africain ayant eu la peau de la Commission de gestion du Grand Conseil, protecteur des nids-de-poule des routes cantonales… Il réussissait des télescopages étonnants, hauts en couleur, d’une très grande inventivité, économes de mots mais éclatants d’idées. Surtout, pour ceux qu’il épinglait, il était drôle et percutant mais sans hargne, sans méchanceté. Il avait l’art d’être virulent et tendre en même temps, corrosif et respectueux à la fois. Ce sont des mots parfois galvaudés, mais lorsqu’il a pris sa retraite de 24 heures, une page s’est tournée. Il avait accompagné tous les hauts et bas de la politique cantonale, notamment le redressement de nos finances, en spectateur critique mais aussi participatif. Durant dix ans il a illustré le «supplément impôt» que la Direction de la fiscalité réalise avec ce journal, sans se départir une seconde de son ironie caustique. On était régulièrement en contact, en particulier chaque année à la parution de son recueil qu’il avait la gentillesse d’adresser, dédicacé, à ses cibles les plus fréquentes. Je crois que c’est un artiste qui avait parfaitement saisi son canton, qui le connaissait intimement et auquel ces racines, cette assise, donnaient une acuité de regard globale. Regardez ses dessins de politique internationale, sur la crise des migrations, il y a la même justesse et la même humanité. Je pense à ses proches auxquels il doit beaucoup manquer aujourd’hui."
Son trait, ses gros nez, ses gags sophistiqués avaient conquis la Romandie et bien au-delà. Philippe «Mix & Remix» Becquelin est mort peu avant Noël, à 58 ans, vaincu par un cancer dénué d’humour. Sa sœur, Hélène Becquelin, dessinatrice elle aussi, raconte son "gentil grand frère" avec émotion.
Le dessin est un talent partagé chez les Becquelin. Une des deux sœurs du disparu en a aussi fait son métier. Hélène Becquelin est l’auteure notamment des albums de bande dessinée Angry Mum. Elle évoque quelques souvenirs de son grand enfant de frangin.
Sa gentillesse
«Philippe était quelqu’un de sincèrement gentil, notamment un très gentil grand frère. Il avait cinq ans de plus que moi, six de plus que notre sœur. Mais il avait été très content de notre arrivée.»
Son enfance
«Philippe est toujours resté un enfant. En fait, nous sommes tous un peu immatures dans la famille. La différence d’âge ne faisait donc pas problème. Il avait des idées de jeux assez mariolles. Le dimanche, on installait le train Märklin à travers tout l’appartement, dans la pénombre. On dessinait côte à côte, en suçant notre pouce. On était des enfants calmes, et c’était bien, car notre mère était cardiaque.»
Sa passion du dessin
«Notre père dessinait très bien, mais avait fait des études de mécanicien. Il a vendu des terrains pour financer nos études aux Beaux-Arts. Quand nous étions encore enfants, il avait fait venir un jour à la maison un représentant qui proposait une méthode de dessin. Ce monsieur ne connaissait rien à la bande dessinée et cette méthode était nulle. On était horrifiés avec Philippe. Mais cette anecdote permet de vérifier que nos parents soutenaient notre fibre artistique.»
Son esprit punk
«En fait, c’est moi qui l’ai influencé en lui faisant découvrir le punk-rock. Lui, il était plutôt Zappa, jazz-rock… Un vrai ado baba cool valaisan. C’est dans les années 80 qu’il s’est mis au punk-rock, une culture qui convenait mieux à son style de dessin.»
Son attachement à Noël
du 10 au 21 janvier, la facette picturale de Mix & Remix. Photo: DR
«Cela me désole que mon frère soit parti juste avant Noël, une fête qui comptait beaucoup pour lui. Quand, en 1984, avec son épouse Dominique, ils avaient annoncé attendre leur premier enfant, les réactions avaient été mitigées, parce qu’ils venaient de terminer les Beaux-Arts et n’avaient pas de situation professionnelle. «Mais avec un gosse, ça va être bonnard à Noël», avait dit Philippe. Et tout le monde s’était finalement réjoui.»
Ses petits boulots
«Dans ses petits boulots, avant son succès, il faisait surtout le c… Il avait vendu des glaces à Stein am Rhein en 1975. Durant les trois semaines, il s’était amusé à mettre n’importe quoi dans cette machine à glaces. Il avait aussi bossé dans un atelier pour handicapés et se plaignait d’eux: «Ils sont insupportables ces handicapés: ils sont toujours contents de bosser. Avec eux, y a pas moyen de se planquer.»
Sa nature contradictoire
«Mon frère était une feignasse, mais il s’épuisait au boulot comme dessinateur. Trop gentil, il ne disait jamais non aux sollicitations. Il était très solitaire, très sensible, mais capable aussi de faire le punk en public et parfois, avec certains de ses amis, d’être insupportable. C’est assez familial là aussi cette double nature. Dans les repas de famille, le dimanche à Saint-Maurice, on parlait tous en même temps, avec des mots de patois valaisan, et on ne s’écoutait pas. Notre père était encore pire que nous. Il faut dire qu’on a tous des problèmes d’ouïe, Philippe aussi, donc on parle fort.»
Sa nuit au poste
«Un soir, avec son cousin avec qui il faisait les 400 coups, ils avaient bu et embouti des arbres et des voitures avec leur véhicule. Ils avaient passé la nuit au poste de police. C’était la veille de la Fête des mères. Quelques semaines après, au Salon du livre, un monsieur arrive à la séance de dédicace et lui demande s’il se souvient de lui. «Je suis le policier qui vous a gardé la nuit au poste. On vous a lâché tôt parce qu’on en avait marre de votre cirque. Vous nous répétiez en pleurant que vous alliez faire de la peine à votre maman.» Rouge de honte, mon frère a bâclé son dessin de dédicace pour que le policier s’en aille le plus vite possible.»
Sa carrière
«Je suis bien sûr fière de sa réussite, mais je me réjouissais qu’il prenne sa retraite et se remette à la peinture. Parce que je considère que Philippe était un grand artiste et qu’il n’a pas pu développer ce talent-là à côté du dessin de presse.»
Frédérik Pajak: "Philippe aimait ses lecteurs"
L'écrivain et dessinateur Frédéric Pajak a partagé avec son pote Mix & Remix plus de trente années d’éclats de rire et d’aventures artistiques. Hommage.
Parmi les bonheurs que m’a apportés ma longue amitié avec Philippe, il en est un particulièrement de taille: celui d’être devenu son éditeur. Certes, j’avais publié ses dessins dans des journaux éphémères, mais, dès 2011, à sa demande, je devenais l’éditeur des recueils de ses dessins. Rarement auteur a été aussi bienveillant et complice. Un nouveau livre, c’était chaque fois un moment d’allégresse. Philippe se prêtait sans réserve au jeu des dédicaces, car il aimait et respectait profondément ses lecteurs. Il leur offrait du rire bien sûr, mais aussi du bonheur et beaucoup d’intelligence, une intelligence qui se réclame moins de la culture que de l’intuition. Philippe était un être intuitif. Il faut dire un mot de sa sensibilité, une sensibilité à fleur de peau, une sensibilité d’écorché vif. Le monde lui faisait mal. Il souffrait de sa violence, de ses débordements. Combien de fois l’ai-je entendu s’émouvoir devant tel ou tel drame? Il se consolait d’une pirouette. Il se faisait un devoir de ne pas désespérer. C’était toute sa délicatesse.
Chaque fois que nous nous retrouvions, en Suisse ou à Paris, nous échafaudions des projets nouveaux, parfaitement irréalistes et absolument urgents. Nous aimions rêver ensemble, jusque tard dans la nuit. Il riait sans cesse, mais il savait aussi confier ses doutes et ses blessures.
Philippe n’aimait pas parler en public. Il était timide. Il était pudique. En revanche, avec ses proches, il se montrait volubile. Il était capable d’une grande exaltation. Il y avait quelque chose de vertigineux dans ses propos. Et puis, d’un coup, il revenait à lui, puis revenait à nous et nous éclations de rire. J’aimais sa folie douce. J’aimais sa complexité. J’aimais l’ami intime, attentionné, mais aussi le confident et, comme j’aimais le lui dire: le frère, frère d’armes et frère d’âme.
Philippe avait le sens des mots, surtout s’il s’agissait d’un bref dialogue. Il devait beaucoup à l’art de la maxime ou de l’aphorisme. Il y a du Chamfort dans ses phylactères. Du La Fontaine aussi. Chaque mot était le mot juste. Philippe ne boudait pas son plaisir d’écrire, un plaisir aussi vif que celui du dessin. Et, à propos de dessin: il dessinait à la plume, à l’ancienne, comme un artisan consciencieux, respectueux de son lecteur. Jamais il ne bâclait. Il usait d’un minimum de traits, et chaque trait était parfaitement à sa place. Rien de superflu. C’est que son langage procédait d’un long cheminement. Aucun dessinateur avant lui n’avait osé une telle économie de moyens. Il pouvait tout dessiner: un François Hollande, un sommet des Alpes, une caverne préhistorique, un conseil d’administration.
«L’importance de l’amitié»
Sa maladie nous a révélé d’autres traits de sa personnalité, non seulement ceux du courage et de l’élégance devant la fatalité, mais aussi celui d’un homme qui avait acquis une certaine sagesse, une douceur, un apaisement. Nous pouvions lire à livre ouvert dans son regard affaibli par la souffrance; il nous disait la grandeur de la vie, il nous disait l’amour pour sa famille, il nous disait l’importance de l’amitié.
Le 24 novembre dernier, à l’Espace Richterbuxdorf, à Lausanne, il avait tenu à exposer avec sa fille Louiza, dans un dialogue émouvant. Philippe, épuisé par la maladie, était présent le soir du vernissage. C’est la dernière fois que je l’ai vu. J’ai contemplé ses dessins, les derniers. Ce ne sont pas des dessins d’humour: ce sont les dessins d’un artiste. Philippe a libéré son geste, débridé son imagination, jusque dans les bordures de l’inconscient. Un des dessins s’intitule «Portrait». Deux points pour les yeux et deux traits, un pour le nez, l’autre pour la bouche. Le trait qui fait la bouche est légèrement courbe. C’est un sourire, à peine un sourire. Philippe nous a offert ses ultimes dessins en cadeau d’adieu. Merci, mon ami.
Frédéric Pajak, écrivain, dessinateur, éditeur
Un peu partout en Suisse romande, des jeunes pratiquent le parkour. Zoom à Genève sur un sport hypnotisant et risqué à travers le travail photo de l’un d’eux.
Ils virevoltent dans les rues, sur le toit des immeubles, dans les parcs ou les cages d’escalier de la Cité de Calvin. Eux, ce sont les «traceurs». Des acrobates d’un nouveau genre qui s’adonnent au parkour. Un sport où l’on utilise le mobilier urbain pour faire des figures, des mouvements, des sauts. Tout un tas d’acrobaties. Sébastien Sevino est l’un d’entre eux et il est aussi féru de photographie. Ce Genevois de 18 ans divise son temps entre gymnase et gymnastique de rue. Il a consacré son travail de maturité à sa passion. Muni de son appareil photo, il a capturé ses potes en plein vol, entre Genève, Brighton et New York. Son travail a d’ailleurs été mis en valeur à Carouge (GE) lors d’une exposition.
Deux ou trois fois par semaine, le groupe d’amis se réunit pour aller taquiner le béton. L’entraînement commence en salle, le sol garni d’épais tapis pour amortir leurs éventuelles chutes. «Il faut apprendre les mouvements dans un cadre sécurisé avant de les réaliser «pour de vrai», apprendre à tomber en faisant des roulades par exemple, savoir comment amortir les sauts. Chaque mouvement est assez dangereux.» Voilà qui résume la mentalité du parkour: s’entraîner pour soi, pas pour se montrer.
La ville, c’est un peu leur place de jeu à eux. Une simple barrière, quelques murs ou des barres, et chacun visualise un enchaînement de figures pour les dompter. «Nous avons tous une vision différente de notre environnement. Là où je verrai un certain pas, un autre traceur en verra un différent, expose Sébastien Sevino. Cela dépend de nos compétences physiques et de notre imagination. Il y a quelque chose de très artistique dans la façon dont les mouvements du corps se mélangent aux lignes droites qu’on peut trouver dans la rue.»
Le traceur connaît une vingtaine de pratiquants à Genève. Difficile toutefois d’estimer leur nombre exact, car, d’après lui, ce sport se popularise. «Nous n’avons pas l’esprit de compétition. On s’observe, on se donne des idées pour progresser ensemble.» Bien à l’aise dans leurs baggys, ils disparaissent derrière une haute façade, et s’en vont continuer leur ballet urbain.
Chaque semaine, L'illustré rencontre une personnalité au coeur de l'actualité culturelle romande. Pour débuter l'année 2017: le romancier Joseph Incardona, dont l'écriture noire et chaude s'exprime comme jamais dans "Chaleur", son nouveau livre.
L’histoire de Niko Tanner, star du porno finlandais, et d’Igor Azarov, ancien militaire sous-marinier russe. Devant un public installé sur des gradins, les deux hommes, champion et toujours vice-champion du monde, vont s’affronter au concours du sauna. Température à l’intérieur: 110 °C. Le dernier qui reste est vainqueur.
«C’est la première fois que je m’inspire d’un fait divers dramatique, qui s’est passé en Finlande en 2010, mais j’ai complètement imaginé la vie des personnages», explique Joseph Incardona à propos de Chaleur, son onzième roman.
«Dans mon processus d’écriture, beaucoup d’idées vont et viennent jusqu’à ce qu’une s’impose… Comment deux hommes apparemment normaux s’affrontent jusqu’à la fin, sans qu’aucun des deux veuille céder. Peut-être que ce concours était la seule chose qui leur restait… L’homme peut faire preuve de bravoure et être pathétique à la fois.»
En 2015, Derrière les panneaux il y a des hommes lui avait valu un Grand Prix de littérature policière. «En fait, j’écris des romans noirs que j’associe à la tragédie. Quelque chose d’assez baroque. C’est peut-être ma façon de prendre le contre-pied des polars nordiques!»
Dès son premier livre, Le cul entre deux chaises, en 2002, Joseph Incardona a raconté André Pastrella, «petit Suisse à moitié Rital», son alter ego et son personnage fétiche en route sur les chemins de l’écriture.
Né en 1969 à Lausanne, «dans une famille plutôt modeste», Jo, comme l’appellent ses amis, raconte avoir grandi «dans une solitude certaine du fait de nombreux déménagements. Je pense que j’ai commencé par me raconter des histoires pour m’occuper.» Depuis des années installé à Genève «comme dans un hôtel», l’écrivain raconte avoir fait «cinquante boulots», voyagé à travers l’Amérique du Sud et l’Australie. «Une vie assez rock’n’roll. A la fin des années 90, Genève était une ville très différente, le quartier des Grottes, les squats…» Aujourd’hui, l’ancien du Servette FC se défoule plutôt à la salle de boxe où il va régulièrement taper dans un sac: «J’aime l’atmosphère, un lieu qui ne ment pas, contrairement aux salles de fitness.»
Il aime aussi passionnément les livres, «parce que être écrivain, c’est être un lecteur avant tout» et si, depuis quatre ou cinq ans, il vit «modestement» de sa plume («l’écriture est devenue mon territoire, je me sens coupable si je n’écris pas»), il ne comprend pas qu’un écrivain puisse prendre la grosse tête. «Même si on a toujours l’ambition de faire de bons livres, il faut garder une certaine humilité. Il y a des aspects super fragiles. On est toujours dépendant de son imagination.»
Chaleur, de Joseph Incardona, Ed. Finitude.
En 2014, une grave chute de cheval a plongé Valentine Frossard dans un coma profond. Après deux ans d’hospitalisation, la jeune femme de 25 ans est de retour chez ses parents, à Bottens (VD), pour se reconstruire. Elle doit tout réapprendre, jusqu’à écrire son nom. Son combat force l’admiration.
Le geste de la main est hésitant et les lettres sont peu lisibles, mais elle a réussi à écrire son nom: Valentine Frossard. Derrière ses lunettes, ses grands yeux verts se sont alors illuminés et la jeune femme a souri. Sur l’écran, les deux mots qu’elle vient d’inscrire racontent un miracle. Une seconde vie. Car Valentine est une survivante. Revenue de quatre mois de coma profond, suivis de six mois de coma végétatif, après une grave chute de cheval en 2014, la jeune femme de 25 ans lutte aujourd’hui pour réapprendre le quotidien. Boire, manger, parler, écrire. Avec, au bout du chemin, l’espoir, un jour, de remarcher. La route est longue, Valentine le sait. Récemment, après des mois d’efforts et de persévérance, elle a fait quelques pas, soutenue par un appareil médical. Une victoire immense dans la longue bataille qu’elle affronte.
A ses côtés, Corinne et Frédéric, ses parents. Pour aider leur fille à se reconstruire, ils ont choisi de la retirer du circuit des institutions spécialisées et de l’accueillir chez eux, à Bottens, dans le Gros-de-Vaud, où la famille possède un manège. Il est 9 heures, ce matin-là et, comme tous les mardis, Valentine est en compagnie de la physiothérapeute, qui lui rend visite chaque semaine. Dans sa chambre, installée au rez-de-chaussée de la maison familiale, la jeune femme enchaîne les exercices, appliquée, sous les encouragements de Roxanne, son aide-soignante à domicile. L’accompagnante, 29 ans et de l’énergie à revendre, suit Valentine depuis son retour à la maison. «Il y a encore six mois, elle n’arrivait pas à tenir assise sur son lit. Aujourd’hui, en s’accrochant à notre cou, elle peut rester quelques instants sur ses jambes. C’est génial», s’enthousiasme l’aide-soignante. La bonne humeur de Roxanne fait rire sa patiente entre deux exercices.
Sur les murs de la pièce, les petits mots des amis de Valentine ont été épinglés au milieu des images de chevaux. «Ce manège, nous l’avions construit pour notre fille, dans l’idée qu’elle y travaille avec nous un jour», explique son père. Sur la commode de l’entrée, une photo du sourire de Valentine adolescente. De grands yeux en amande qui pétillent, les cheveux blonds attachés en queue-de-cheval sous sa bombe de cavalière, elle pose à côté de son poney, le jour de leur victoire au Championnat vaudois de saut d’obstacles, en 2008. «Notre fille réussissait tout ce qu’elle entreprenait, raconte Corinne, sa mère. Aujourd’hui encore, j’ai beaucoup de peine à accepter son état, sachant qu’il y a trois ans elle avait la vie devant elle.» Un CFC de ramoneuse en poche et le titre de meilleure apprentie du canton, un second apprentissage d’assistante socio-éducative terminé haut la main, un emploi à la Fondation Clémence, un premier appartement dans lequel elle venait d’emménager. Et ce projet, à terme, de reprendre le manège familial pour vivre sa passion des chevaux à plein temps.
«On nous avait conseillé de la laisser partir»
Le rêve a basculé le 17 janvier 2014. «C’était un vendredi, se souvient Corinne. Valentine montait sa jument dans le manège. Je m’apprêtais à partir de la maison quand quelqu’un est accouru pour me dire qu’elle venait de faire une chute.»
La jeune femme est à terre, inconsciente. Elle est immédiatement héliportée au CHUV et plongée dans un coma artificiel. Le diagnostic du corps médical tombe dans les semaines qui suivent. «On nous a conseillé de la laisser partir, que ce serait mieux pour elle», lâche Corinne. Convaincue que sa fille est condamnée, elle contacte déjà les pompes funèbres. Mais les médecins reviennent sur leur diagnostic, alors que l’état de la jeune femme laisse finalement entrevoir une lueur d’espoir. Valentine restera au CHUV neuf semaines. «C’était l’angoisse, confie son père. Pendant ces deux mois et demi, je regardais davantage l’écran de monitoring au-dessus du lit que le visage de ma fille. Puis, un jour, elle a ouvert les yeux.»
Elle est alors transférée à Bâle. Durant dix mois, Corinne et Frédéric Frossard effectuent quatre fois par semaine les 400 kilomètres aller-retour qui les séparent de leur fille. Ils obtiennent finalement, après quelques progrès de Valentine, son rapatriement à l’institution de Lavigny, dans le canton de Vaud. Le couple propose de la prendre à la maison quelques heures le week-end, avant de l’installer définitivement chez eux, en février 2016. «Son retour a été un soulagement, expliquent les parents. Nous nous battions depuis le début pour convaincre le corps médical de la laisser rentrer à la maison.»
Le couple engage Roxanne à plein temps. L’aide-soignante, une amie du frère de Valentine, accepte de quitter son poste dans un EMS psychogériatrique pour s’occuper de sa nouvelle patiente à domicile. «Nous deux, c’est un peu le film Intouchables en version filles», s’enthousiasme la jeune femme en installant Valentine dans sa chaise roulante. La séance physio est terminée, direction les écuries. «L’important, dans la démarche thérapeutique, c’est la stimulation sensorielle», explique Roxanne. Valentine sourit en arrivant devant le box du cheval de sa mère. Son nom? Del Piero, murmure la jeune femme du bout des lèvres. «Elle a fait beaucoup de progrès au niveau du langage mais peine encore à s’exprimer spontanément», complète Roxanne. Pour l’encourager, l’aide-soignante la stimule en permanence. «Je lui demande de quelle couleur est son pull, le nom de la copine qui lui a rendu visite la veille, ce qu’elle a mangé le matin. Tout est prétexte à la faire parler et à l’encourager dans l’expression.» Réapprendre, tout recommencer, répéter les mêmes gestes, encore et encore. Ce qui frappe, en observant Valentine, c’est sa patience et sa détermination au travail. «Je l’ai toujours connue vive, sportive, pleine de caractère, assure Roxanne. Avant son accident, je la croisais dans les bals de jeunesse. Elle était tout le temps une bière à la main, entourée de plein de copines.» Aujourd’hui, ses amies sont toujours là. Pour une visite à la maison, un verre en ville et même quelques sorties au MAD, à Lausanne. Comme au bon vieux temps.
Regarder vers l’avenir
«Entre nous, c’est une histoire magnifique, confie Roxanne. Je trouve tellement gratifiant de la voir rigoler et être heureuse. Quand je constate les progrès qu’elle a faits depuis son retour à la maison, je ne peux qu’encourager les patients dans sa situation à rentrer à domicile», milite la jeune femme. Un choix de vie qui reste toutefois coûteux et pour lequel les parents de Valentine ne reçoivent aucune aide supplémentaire. «Dès que la prise en charge sort des standards, les frais ne sont pas remboursés. Mais nous nous estimons déjà heureux de vivre ici, en Suisse. On ne manque de rien, on mange à notre faim, on est une famille soudée. Je pense à tous ceux qui traversent ce genre d’épreuve seuls ou dans la misère», explique Corinne.
Il y a quelque temps, le couple a rejoint une association. Pour se confier et échanger avec d’autres proches de victimes d’un accident cérébral. «Un jour, un homme m’a dit: «Toi, tu peux serrer ta fille dans tes bras. Moi, je ne peux plus», se souvient Frédéric. Quelques mois avant son accident, Valentine, alors assistante socio-éducative, s’occupait d’un jeune paraplégique en chaise roulante. «Elle nous a dit qu’elle préférerait mourir plutôt qu’être dans cet état, se souviennent ses parents. Mais elle a fait le choix de rester, de se battre et de nous montrer que la vie continue. On est si peu de chose sur cette terre. Avec Valentine, il faut se rappeler des bons moments du passé tout en regardant vers l’avenir. Vivre le moment présent, comme elle le fait. Notre fille est notre plus bel exemple.»
La comédie musicale "La La Land" part favorite des prestigieux Golden Globes qui lanceront dimanche à Los Angeles la saison des prix hollywoodiens. Le film d'animation franco-suisse "Ma vie de Courgette" est en lice.
Présentée par Jimmy Fallon, animateur-star de la chaîne NBC, la 74e cérémonie des Golden Globes se tiendra dimanche 8 janvier à Beverly Hills en Californie. "La La Land" part grand favori de cette édition qui couronnera l'actrice Meryl Streep et ses 30 nominations.
En catégorie films d’animation, on suivra évidemment de très près le parcours du petit bijou du Suisse Claude Barras, "Ma vie de courgette". Un conte formidable qui a de bonnes chances d’être salué, même si face à Vaiana et Zootopie, deux mastodontes des studios Disney, ce sera vraiment David contre Goliath.
"La La Land" et "The People v O.J Simpson parmi les favoris
La romance musicale rythmée par Ryan Gosling et Emma Stone donnera la cadence de la 74e cérémonie grâce à ses sept nominations. Son grand rival dans les catégories dédiées aux films de comédie sera "Florence Foster by the Sea", menée par Meryl Streep et Hugh Grant. Côté dramatique, "Moonlight" l'emporte avec six citations, soit une de plus que "Manchester by the Sea" avec Casey Affleck. "Lion" sera en embuscade avec quatre possibilités de statuettes, devant "Tu ne tueras point", "Comancheria" et "Nocturnal Animals" qui affichent tous trois nominations.
La compétition télévisée placera "American Crime Story : The People v O.J Simpson" comme grand favori. Avec cinq chances de remporter un prix, la nouveauté de FX se place devant "The Night Manager" et ses quatre citations, la comédie "Black-ish", "The Crown", "The Night of", "This is us" et "Westworld", qui ont tous décroché trois nominations.
Jimmy Fallon, l'hôte de la cérémonie
Après sept éditions présentées par Ricky Gervais et le duo féminin Tina Fey-Amy Poehler, les Golden Globes ont confié les clés de la 74e cérémonie à la star des late-show américain Jimmy Fallon. A 42 ans, l'animateur et humoriste présente sa deuxième grande messe télévisée, plus de six ans après les Emmy Awards.
NBC, qui retransmet la cérémonie à la télévision américaine, a naturellement jeté son dévolu sur son présentateur star, aux manettes de la légendaire émission "The Tonight Show" depuis 2014. Cet ancien du "Saturday Night Live" remporte un franc succès grâce à son programme à mi-chemin entre le talk-show et l'humour façon "Comedy Club". En 2016, il a cumulé 2,4 milliards de vidéos vues sur YouTube.
Une 30e nomination et un prix d'honneur pour Meryl Streep
L'actrice américaine, considérée comme la plus douée de sa génération, débute l'année 2017 en fanfare. Sur la scène du Beverly Hilton, elle recevra dimanche soir le Cecil B. DeMille Lifetime Achievement Award, un prix honorifique qui rendra hommage à ses quarante ans de carrière au grand écran.
La soirée s'annonce grandiose pour la star hollywoodienne qui obtient par la même occasion sa trentième nomination aux Golden Globes, grâce à sa prestation de piètre cantatrice dans "Florence Foster Jenkins". Depuis sa première citation en 1979, Meryl Streep a soulevé le trophée à huit reprises, pour ses rôles dramatiques dans "La Maîtresse du lieutenant français" (1982), "Le Choix de Sophie" (1983) et "La Dame de fer" (2012), pour ses rôles comiques dans "Le Diable s'habille en Prada" (2007) et "Julie & Julia" (2010), pour ses seconds rôles dans "Kramer contre Kramer" (1980) et "Adaptation" et pour sa performance dans la mini-série de HBO "Angels in America" en 2005.
Les chances tricolores
La France pourrait quant à elle repartir de la cérémonie avec deux prix. Comme on pouvait s'y attendre, Isabelle Huppert a été nommée pour sa performance dans "Elle", face à Natalie Portman ("Jackie"), Amy Adams ("Premier contact"), Jessica Chastain ("Miss Sloane") et Ruth Negga ("Loving").
Le thriller psychologique de Paul Verhoeven pourrait par ailleurs décrocher le prix du Meilleur film en langue étrangère. Dans cette catégorie, chose rarissime, un deuxième long-métrage français a également une chance : "Divines". Le film de Houda Benyamina s'est fait remarquer en mai dernier au Festival de Cannes en remportant la Caméra d'or, prix qui récompense chaque année un premier film.
Un froid polaire sévit actuellement dans le nord-ouest de la Suisse, en particulier à La Brévine (NE), qui a enregistré ce matin à l’aube le record de froid de cet hiver.
Un ciel dégagé, une fine pellicule de neige: tout était réuni pour battre des records de froid ce matin à La Brévine (NE) et ça n’a pas manqué, puisque à l’aube, Meteonews a enregistré dans le village neuchâtelois situé à 1000 mètres d’altitude une température sibérienne de - 30° ou, pour être tout à fait précis, de – 29,9°. Un temps idéal pour rester bien calfeutré chez soi auprès d’un bon feu de bois, ce dont les écoliers, en vacances pour quelques jours encore, ont pu profiter.
Il s’agit du record de froid pour cet hiver, précise Meteonews. On reste toutefois loin du record absolu de froid de - 41,8° enregistré à La Brévine le 12 janvier 1987.
Mais il n’y a pas que La Brévine qui a grelotté ce matin à l’aube. Ainsi à La Chaux-de-Fonds, pas très loin donc, on a enregistré ce matin un solide – 17°. A Courtelary, dans le Jura bernois, le thermomètre affichait – 16,8° et aux Diablerets, à environ 3000 mètres d’altitude, le mercure s’est figé à – 18,1°.
Ailleurs en Suisse, il n’y a qu’un seul endroit, en plaine, où il a fait encore plus froid ce matin: à Welschenrohr, dans le canton de Soleure, où les habitants ont enregistré un - 18,4° polaire.
Les météorologues avaient annoncé un pic de froid pour la nuit de vendredi à samedi. Ils ne se sont pas trompés, même si à La Brévine (NE) en particulier, il a fait moins froid que la veille avec seulement -26,4° contre -29,9° la veille.
Bon, soyons clairs: c’est l’hiver, il fait froid, quoi de plus normal? Pensez aux malheureux qui ont payé une blinde pour aller se dorer la pilule à Koh Samui, dans le sud de la Thaïlande, où il pleut sans discontinuer depuis la mi-décembre. Du jamais vu à cette période de l’année! Comme disait l’autre, il n’y a plus de saisons.
De ce point de vue, l’épisode polaire que traverse actuellement la Suisse romande est tout à fait normal. Il a même fait plus froid à cette époque de l’année, notamment durant l’hiver 2012-2013. En attendant, ce sont bien des températures sibériennes qui ont été enregistrées par MétéoNews dans la nuit de vendredi à samedi.
On commence par La Brévine (NE) où le thermomètre a chuté à -26,4°. Pas de quoi effrayer ses habitants qui, rappelons-le, ont dû affronter -41,8° le 12 janvier 1987, ce qui constitue le record de froid dans notre pays. Mais les Montagnes neuchâteloises n’ont pas le monopole du froid. Dans le Jura, la capitale Delémont s’est réveillée samedi avec un solide -18°, soit 2 degrés de plus qu’à Courtelary, dans le Jura bernois, où on a enregistré -20°. En comparaison, les -10° relevés à Fribourg font presque figure de température printanière. Ailleurs en Suisse romande, notamment sur les bords du Léman, le mercure a oscillé entre -6° et -8° à l'aube.
Si l’on en croit MétéoNews, les températures devraient remonter tout doucement puisque le ciel va se couvrir ce samedi après-midi. Quelques flocons sont attendus la nuit prochaine, jusqu’en plaine, mais pas de quoi sortir les lattes. Les mordus de ski devront patienter jusqu’à mardi pour espérer voir un manteau de neige appréciable recouvrir les pentes, en montagne.
Inspirés par les premières annonces des grands concerts de l’été 2017, les fans de rock romands se mettent à rêver en songeant au prochain Paléo, qui réussirait un sacré coup en invitant le groupe irlandais sur la Grande Scène.
Disons-le sans détour: on aime Paléo. On l’aime tellement qu’on attend chaque année monts et merveilles de sa programmation et qu'on est toujours un tantinet déçu. Pourquoi? Parce que la Rolls Royce des festivals rock pêche souvent par manque d’audace. Contrairement à ses homologues alémaniques, qui n’hésitent pas à casser leur tirelire pour réussir un coup de maître, quitte à s'endetter - on pense aux Rolling Stones, têtes d’affiche du festival Out in the Green de Frauenfeld en 1998 -, la bande à Daniel Rosselat préfère satisfaire le plus grand nombre, quitte à renoncer à quelque super groupe qui suffirait pourtant à établir sa renommée largement au-delà de nos frontières.
Bon, c'est vrai, Paléo n’a pas besoin de pub. Il le prouve chaque année en épuisant le nombre de billets disponibles en quasiment moins de temps qu'il ne fait pour le dire. Mais si en Suède ou au Danemark, terres éminemment rock, en Grande-Bretagne aussi, rares sont les fans de rock lambda qui connaissent le Paléo Festival, essentiellement parce qu’on y cultive l’éclectisme plutôt que l'exceptionnel. A la décharge du festival nyonnais, on dira qu'il a connu quelques désillusions avec les plus gros vendeurs de disques - on se souvient de la prestation calamiteuse des Anglais du groupe Oasis: un traumatisme.
N’empêche, année après année, les plus anciens fidèles continuent de croire qu’un miracle reste possible à Paléo et que le jour viendra où, au mois d’avril, lors de la présentation du programme, le nom des Red Hot Chili Peppers, d’AC/DC , des Foo Fighters, de Guns N' Roses ou même de Beyoncé (cherchez l'erreur) sortira du chapeau pour mettre leur coeur en émoi. On a le droit de rêver, non?
Il y a deux ans, pour le 40ème Paléo, la venue de David Bowie semblait possible. Quel pied cela aurait été! Il est maintenant sûr et certain que le roi David ne chantera jamais à Nyon. Dommage.
Bono en France fin juillet
Le mois de janvier marque généralement les premières annonces des grands concerts de l’été, en particulier chez nos voisins français. Et c’est ce qui nous laisse croire qu’un concert de U2, le plus grand groupe rock du monde après les Stones - disons les choses comme elles sont - est parfaitement envisageable à Paléo. Pourquoi? Tout simplement parce que la bande à Bono, qui célèbre cette année les 30 ans de l’album The Joshua Tree - son meilleur pour beaucoup, incluant les tubes With or Without You et I Still Haven't Found What I'm Looking for -, sera de passage en France fin juillet. U2 donnera en effet un concert au Stade de France, à Saint-Denis, le mardi 25 juillet.
Pour célébrer l’anniversaire de Joshua Tree, le groupe irlandais effectuera une tournée des stades entre mai et août 2017. Huit représentations ont été agendées à Paris donc, Londres, Berlin, Rome, Barcelone, Dublin, Amsterdam et Bruxelles.
A priori, pas de festivals donc, ce qui n’étonnera personne, mais en vérité, il y aura forcément la place pour une date en Suisse. Celui qui emportera la mise sera celui qui signera le chèque le plus généreux, c’est à peu près sûr. Intulie d'appeler les bureaux de Paléo maintenant: la politique du festival consiste à garder la programmation secrète jusqu'à la traditionnelle conférence de presse du mois d'avril. On ne nous dira rien. Ce qu'on sait en revanche, c'est que Jacques Monnier, le responsable de la programmation de Paléo, est un vrai fan de rock qui rêve par exemple d'une soirée revival avec Cat Stevens. Il sait rêver les choses en grand, alors pourquoi pas U2? Si Bono, The Edge et les autres débarquent le samedi 22 juillet sur la Grande Scène à Paléo, on en parlera dans le monde entier.