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Marc Ristori: «J’ai envie de faire plein de trucs!»

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Julie de Tribolet
Marc Ristori, qui êtes-vous en 4 mots? "Imprévisible, fidèle, attentionné, fou."
Interview intime

Paraplégique après une terrible chute au Supercross 
de Genève, il y a neuf ans, l’ex-champion de motocross, qui aura 35 ans le 21 décembre, se livre à cœur ouvert: son handicap, ses amours, ses voyages.

Vous semblez hyperpositif et dynamique; c’est un masque?

Il n’y a pas de masque dans la paraplégie. Quand ta vie bascule en une seconde, tu deviens entier, sincère. Tu te demandes simplement si les autres vont t’accepter comme tu es. Pour moi, ça a été clair dès le départ: au lieu de me dire: «Je ne peux plus faire ceci et cela», je me suis demandé ce que je pouvais faire. Et je me suis rendu compte que je pouvais faire plein de choses. Je travaille, je conduis ma voiture, je voyage. Je suis autonome à 100%. Donc je suis de bonne humeur, je souris, je suis content qu’on se rencontre.

Au quotidien, vous oubliez votre handicap?

On ne peut pas l’oublier, parce que le système te le rappelle tout le temps. Tu vas quelque part, tu vas être face à des escaliers, tu ne vas pas trouver une place de parc, si tu trouves un travail on va dire: «Désolé, mais on ne peut pas vous prendre parce que nos locaux ne sont pas adaptés.» Mais moi, je n’ai pas de problème avec ma situation de handicap.

Vous devez faire des contrôles?

Non, je ne vais jamais à l’hostio, mais je dois prendre soin de mon corps. J’habite dans un appartement normal, au rez-de-chaussée. J’ai ma salle de bains adaptée. Je vis seul, je n’ai besoin de personne. Je fais mes courses, je sors mon chien. Mais je fais de la physio et de la muscul’ pour maintenir ma forme physique. Je travaille beaucoup avec Sylvain Millet. C’est un ami d’enfance qui s’occupe du club Sport Quest, à Plainpalais.

Vous vous sentez libre?

Oui, c’est superimportant. J’ai envie de faire plein de trucs, tout le temps! Je n’ai pas arrêté de voyager cette année! Je suis allé trois fois aux Etats-Unis et au Canada, pour voir des courses de moto. Il y a un mois, je suis allé quatre jours à Paris avec des potes. On avait loué un appartement au troisième étage, sans ascenseur. Mes potes ont dû me porter sur leur dos pour monter. J’ai la chance d’avoir des potes qui sont hypervolontaires. C’est des mecs réels et ils m’acceptent comme je suis.

Le handicap ne vous arrête pas?

Je suis un athlète. J’ai commencé la moto à 7 ans, je suis passé pro à 15 ans. Je me suis toujours entraîné pour être le meilleur, mais l’échec, dans la vie d’un athlète, c’est tous les jours. Tu te fais une compète, tu en prends plein la gueule, tu recommences l’entraînement le lundi, tu te fais redéfoncer le dimanche… (Rire.) Et même quand tu gagnes, tu te fais redéfoncer la semaine d’après, mais les moments où tu accomplis ce pourquoi tu te relèves tous les jours sont indescriptibles. Tu es juste habitué à recevoir des claques! Je dirais que ma vie est devenue «plus facile» maintenant.

Après l’accident, vous n’avez pas eu envie de vous flinguer?

C’est une pensée que j’ai eue tout de suite, mais de façon vague. L’accident a eu lieu vers 20 h 45, on m’a dit que je ne remarcherais plus vers minuit-1 heure, j’étais semi-conscient pendant six, sept jours et me suis réveillé au Centre suisse des paraplégiques, à Nottwil. Quand on te dit que tu ne pourras plus remarcher, tu te dis: «Si je ne peux plus remarcher, je ne peux plus refaire de la moto, donc je ne suis plus athlète. Alors, je vais faire quoi de ma vie?»

Vous aimez votre nouvelle vie?

Avant, j’avais la vie que j’avais choisie; après, j’ai recommencé mes études, j’ai fait un bachelor en management et communication marketing. Je me suis retrouvé sur les bancs de l’école. C’était chaud, parce que ce n’est pas la même vie. C’est autre chose, d’autres fréquentations, d’autres sujets de conversation. J’ai eu l’accident le 30 novembre 2007 et j’ai repris les cours à la fin 2008. Je travaille depuis au Service cantonal du sport, où je m’occupe de la communication et de différents events.

Vous avez trouvé un sens à votre accident?

Au début, il n’y avait pas de sens. Aujourd’hui, l’accident m’a apporté plein de choses. J’ai envie de dire que c’est une expérience. C’est une expérience hard, je ne suis pas en train de dire que c’est une expérience comme une autre. Je n’en suis pas là. Cet accident, je le vis tous les jours, je ne peux pas dire que ce n’était rien, mais c’est une expérience qui m’a fait grandir, qui m’a ouvert aux gens. Ma vie d’athlète me correspondait mieux, mais elle n’est pas plus ou moins intéressante que celle d’un musicien ou d’un médecin.

A quoi ressemble votre journée?

Je me lève hypertôt, vers 5 h 30. Là, je commence une espèce de rituel. Tu es dans ton lit, tu passes de ton lit à ta chaise, tu passes de ta chaise aux toilettes, tu passes des toilettes à ta chaise, tu passes de ta chaise à la douche, tu passes de ta douche à la chaise, tu te rhabilles dans la chaise, tu passes de la chaise à la voiture, tu démontes ta chaise, tu la mets dans ta voiture, tu remontes ta chaise pour ressortir… Tu as déjà fait dix transferts, c’est-à-dire dix fois où tu soulèves le poids de ton corps. C’est comme si tu faisais dix fois des tractions. C’est pour cela qu’il faut faire de la muscul’ pour le haut du corps. Le handicap, c’est un métier! (Rire.)

Et sur le plan psychique?

Je suis assez spirituel. Je médite presque tous les jours. Ça me permet d’être dans le moment présent.

Vous avez une copine?

Depuis l’accident, j’ai eu deux relations, une plus longue et l’autre plus courte. Mais en ce moment, je suis seul.

Vous vivez un chagrin d’amour?

On va dire que j’en sors… (Rire.) Je sors d’une relation un peu particulière, qui a duré un an et demi. C’était une relation superenrichissante. On s’est quittés il y a trois mois. Elle est musicienne, elle fait plusieurs styles de musique, assez trash. C’était très passionné, je dirais qu’on avait tous les deux une petite part de folie! (Rire.) Elle avait une part de folie, un peu différente de la mienne. C’était superenrichissant, très intense.

La rupture a été dure?

Chacun avait ses trucs, en fait, je sentais que ça n’allait plus. Mais disons que quand tu es entier, authentique, sincère, fidèle et loyal, comme je le suis, tu ne vis pas ça de manière légère. C’est dur, une rupture sentimentale. C’est dur, mais ça va.

Malgré le handicap, on peut faire l’amour normalement?

C’est une façon de faire l’amour qui est beaucoup plus cérébrale. Souvent, quand on parle avec les potes qui sont en situation de handicap, on se dit que ça aurait été cool d’avoir le corps qu’on avait avant et de faire l’amour comme on le fait maintenant. On est beaucoup plus attentif à l’autre et moins concentré sur son plaisir personnel. Du coup, tu as des relations physiques normales. Après, tout dépend de ce qu’on appelle normal, mais c’est supercool.

Vous voulez vous marier, avoir des enfants?

Oui, mais ce n’est pas ma priorité quand je me lève le matin. Le jour où je devrai rencontrer une femme, je la rencontrerai. Je ne suis pas à la recherche de la mère de mes enfants.

Vous faites confiance à la vie?

Je suis dans l’acceptation de tout! Même de la mort! Je ne vais pas sauter du cinquième étage, mais ce que je veux dire, c’est que si tu poursuis tes envies, tes souhaits, tes objectifs, tu auras forcément des obstacles sur ton chemin. Mon accident, je ne peux pas dire aujourd’hui qu’il a été négatif. Il est négatif dans le sens où j’ai dû arrêter ma carrière de manière brutale. Pour moi, ne plus pouvoir faire de moto, c’était un scandale. Mais maintenant, depuis neuf ans, j’ai une autre vie.

Ce n’est pas une injustice?

Non. J’ai pris ma moto, je suis allé faire une compète, je suis tombé. Le résultat, c’est que je suis en chaise roulante. C’est tout! C’est ma responsabilité, mes choix, mon handicap. Ça ne veut pas dire que c’est facile. Ça veut dire que je suis responsable de mes choix. J’ai beaucoup lu, ça m’a aidé à trouver du sens.

Quels livres vous ont marqué?

Le pouvoir du moment présent, d’Eckhart Tolle, que je trouve incroyable. Tu le lis une fois, deux fois, il te parle chaque fois autrement. Il y a aussi Le guerrier pacifique, de Dan Milman, qui est incroyable, La prophétie des Andes, de James Redfield. Il y a aussi, dans un autre genre, le livre de Mike Horn, Conquérant de l’impossible.


Vos tatouages sur les bras sont liés à la moto?

Non, au voyage. J’ai fait un tatouage sur le dos, il y a dix ans. C’est une espèce de troisième œil qui symbolise la méfiance. Quand je roulais à moto, mon maillot était coupé dans le dos et le mec qui était derrière moi, il voyait mon œil. J’ai un autre tatouage, il symbolise le voyage, l’Italie, la Suisse, la Californie, trois endroits auxquels je suis très attaché.

Vous êtes mieux en Californie qu’en Suisse?

La Suisse me manque quand je suis en Californie mais, en Californie, je me sens libre parce que tout est adapté. Je peux aller et venir comme je veux! Et puis, c’est le bassin de la moto! C’est le rêve américain pour le rider. J’adore arriver à Los Angeles. Je fais le plein de Starbucks, le plein de moto, le plein de sport et puis je rentre.

Et ce tatouage qui représente une ancre?

Je l’ai fait à Las Vegas, j’y suis allé exprès. L’ancre, ça veut dire le voyage. Etre ancré, en spiritualité, ça veut dire être connecté à la terre, être présent.

Le voyage est votre nouvelle passion?

C’est une forme d’ouverture, aller à la rencontre des autres, se tourner vers l’extérieur pour revenir à l’intérieur de soi. Je suis allé aussi au Japon l’année dernière, j’ai trouvé incroyable cette forme de respect des gens. Ils font tout pour que tu sois bien. Et puis, il y a le côté samouraï qui m’intéresse énormément. Il y a aussi les arts martiaux que j’aime beaucoup. Je suis allé voir une compétition de kyokushin avec Sacha Décosterd. Lui, c’est l’esprit guerrier. Moi, c’est plutôt l’esprit guerrier pacifique. C’est plutôt guerrier pour soi-même, pour éclairer peut-être les autres à un moment.

Vous avez essayé un exosquelette, qui permet aux paraplégiques de marcher?

Oui, j’ai essayé trois modèles, mais je m’en fous. Ça ne sert à rien. Avec ça, tu vas mettre deux heures pour aller acheter du pain à la boulangerie. Tu mets ce truc, tu as des cannes, t’avances une canne, t’avances une jambe… C’est très bien au début, mais j’en reviens toujours à la question de base: je veux aller d’un point A à un point B, le plus rapidement possible, de la manière la plus autonome possible. Si je prends ma chaise, je vais où je veux. Si je prends l’exosquelette, j’avance à deux à l’heure. J’adore être debout, c’est une impression fantastique, mais je n’ai pas que ça à foutre. Le plus important, c’est d’être au mieux physiquement pour être intégré socialement.

Le pire risque, c’est l’exclusion?

C’est le monstre risque, oui. Je suis positif, je suis autonome, mais il y a des gens qui s’en battent les couilles. Pour eux, tu es une personne handicapée, point barre! Donc tu n’es bon qu’à éplucher les patates. J’ai entendu des filles qui disaient: «Je ne sors pas avec un mec qui ne fait pas 1 m 80 ou qui n’a pas fait d’études universitaires.» Alors quand tu arrives avec ta chaise…

L’hiver est plus dur, avec un handicap?

Il y a de la neige, donc tu dois te réadapter, changer tes itinéraires. Je n’irai pas dans les Rues basses où il y a des pavés, mais au centre commercial de Balexert. En général, je me casse en hiver mais, là, j’ai envie de passer Noël avec mes parents. Depuis l’accident, notre relation est encore plus forte. La souffrance, ils l’ont aussi, autant que moi.

Vous vous demandez parfois où vous en serez dans vingt ans?

Je ne sais même pas où j’en serai demain! (Rire.) Même pas ce soir! J’espère que j’aurai une belle gueule… Pour un mec comme moi, vingt ans, c’est loin!

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Lester the Gangster sacré le plus beau des chats

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Julie de Tribolet
Mélissa, mon humaine, est folle de moi (on la comprend), mais elle n’arrive pas à me tenir longtemps à bout de bras: un bon mètre pour sept kilos, ça fatigue!
Grand concours

Il est roux, il est Américain d’origine, ce n’est pas 
un millionnaire, mais il est l’élu: rencontrez le grand vainqueur du concours Le chat préféré de L'illustré!

Ne laissons pas planer le doute: Lester le maine coon n’est pas un vrai gangster. En dehors de toutes les bricoles qu’il fauche et s’empresse de planquer sous son coussin, il n’a rien volé d’autre que le cœur de ses humains, Mélissa Lucarelli et Gregory Domon, et n’a graissé aucune patte pour décrocher le titre de Chat préféré de L’illustré. Ses atouts? Un physique avantageux et un art consommé d’embobiner son monde en se montrant tour à tour taquin ou câlin, toujours malin, toujours bonne pâte.



Mes humains gagnent une nuit dans un palace et un repas dans un restaurant étoilé, et moi qui ai passé des heures devant l’objectif et à qui ils doivent tout, j’ai droit à un matou bouffi qui ne se mange même pas?!  Photo: Julie de Tribolet

C’est dans un élevage familial que Mélissa et Gregory ont déniché il y a deux ans ce chat dont ils rêvaient et, franchement, Lester a eu du bol. Bien qu’il vive en pleine ville de Berne, Monsieur dispose d’une chatière donnant accès au balcon, sur lequel il a vite découvert comment se faire un hamac des plus propices à la sieste en se glissant entre la barrière et le filet de protection. Et puis, chaque soir après le repas, il a droit à sa balade dans le quartier, au bout d’une laisse qui ne semble pas le déranger; l’occasion d’échanger quelques insultes avec le chat tigré du voisin.

Certes, il n’a pas réussi à convaincre ses jeunes humains de partager leur lit et, hélas, il ne peut plus ouvrir les portes depuis que les poignées ont été modifiées. Mais il est beau joueur et se contente de quelques câlins de bonne nuit, avant de passer un moment à miauler à la lune sur le balcon et d’aller dormir dans le petit lavabo de la salle de bain. Mélissa raconte: «On le trouve là tous les matins, clignant des yeux quand on allume la lumière, et on doit le chasser pour se laver les dents.»


Ce n'est pas l'heure du bain d'accord, mais ça ne signifie pas que vous pouvez entrer comme vous voulez quand je fais ma toilette dans le lavabdso, non mais! Photo: Julie de Tribolet

Maniaque, le beau rouquin a deux caisses pour faire ses besoins et une stratégie bien rodée: il miaule pour avertir qu’il va au petit coin et s’assurer que celui-ci est nettoyé dans la seconde qui suit! Il est moins fan, en revanche, du bain occasionnel, lorsqu’il s’est cochonné, même s’il adore s’installer sur le bord de la baignoire, queue dans l’eau, pour se livrer à une partie de pêche au pied quand l’un de ses «maîtres» prend un bain. Fiers de leur Lester, Lestouille, Lesterli, Mélissa et Greg n’ont pas lésiné: menu saumon pour le champion! Quant à Lester, il s’est engagé à nous faire partager ses (més)aventures régulièrement sur le site de L’illustré


Membre éminent du jury de «L’illustré» qui m’a élu, Lolita Morena est venue me remettre mon prix, cette drôle de statue, en pattes propres.  Photo: Julie de Tribolet

Le grand prix du Chat préféré de L’illustré
Une nuit pour deux personnes 
à l’hôtel Beau-Rivage Genève, 
ainsi qu’un dîner pour deux personnes au restaurant 
Le Chat-Botté (1 étoile Michelin et 18/20 au GaultMillau).

 

Découvrez notre galerie photo consacrée à Lester the Gangster, grand vainqueur du concours organisé par L'illustré ainsi que la galerie photo consacrée aux autres vainqueurs dans chaque catégorie

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Pascal Seiler: «Je ne pense pas en mots, mais en images»

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Jean-Blaise Besençon
L'artiste haut-valaisan Pascal Seiler.
Culture

Chaque semaine, L'illustré rencontre une personnalité au coeur de l'actualité culturelle romande. Aujourd'hui le Haut-Valaisan Pascal Seiler, lauréat du Prix culturel du Valais 2016, qui expose à Martigny.

En 2013, son grand lièvre rose assis sur un citron avait été admiré comme une pièce phare de l’exposition collective célébrant les 40 ans de Visarte Valais, à Martigny. On retrouve Pascal Seiler au Manoir de la Ville où l’artiste de Gampel expose une nouvelle série d’objets plus grands que nature. Il y a là une drôle de poule en train de couver un ballon de baudruche sous deux allumettes géantes comme on le voit sur la photo ci-contre. Plus loin, la tête d’un grand cygne dialogue avec deux asperges hautes comme la salle. «Que se passe-t-il si je mets côte à côte des objets qui n’apparaissent d’ordinaire pas ensemble? Comme ils n’ont aucun lien culturel, il y a un moment où ils vont se repousser. La personne qui les regarde devra inventer une histoire pour les relier…» Il y a aussi cette église dont le clocher est surmonté d’un cornet de glace et une amanite géante en conflit avec un cornichon d’un mètre de long. «Tout le monde a envie de comprendre, mais certaines situations restent inexplicables. Je travaille sur ces éléments abstraits, ces trous noirs, ces taches blanches.» L’artiste ne tient pas forcément à en dire davantage, «parce que je ne pense pas en mots, mais en images».

Par cette exposition, Pascal Seiler témoigne aussi d’une véritable renaissance. Parce qu’il y a cinq ans, l’artiste diplômé de l’Ecole des beaux-arts de Sion en 1990 a traversé une vraie crise, celle qui guette aux alentours de la cinquantaine, et une remise en question qui l’a, «après vingt ans de peinture», fait poser définitivement ses pinceaux pour se consacrer à la sculpture. Dans son magnifique atelier au rez-de-chaussée d’une maison d’artiste dessinée par Rita Wagner, sa femme architecte, Pascal Seiler commence toujours par des croquis. Ensuite, il modèle ses pièces en miniature, les scanne en 3D avant de les faire découper dans du polystyrène expansé par une grande fraiseuse. «Je suis un artiste assez technique et la machine est en quelque sorte l’interprète final de mon travail.»

Au second étage du Manoir de la Ville de Martigny, Pascal Seiler a proposé d’inviter Carlos Schmidt à exposer, un artiste qui est aussi un ami et avec lequel il a notamment collaboré pour un formidable jardin d’enfants artistique installé dans de vieux raccards à Visperterminen.

Cette année, Pascal Seiler voit enfin son travail récompensé par le Prix culturel du Valais 2016. «C’est très réjouissant de n’avoir rempli aucun dossier et de recevoir un appel qui vous annonce une telle nouvelle… C’est le signe que l’on est suivi dans un métier souvent fait de solitude.»

Pascal Seiler/Carlo Schmidt, exposition au Manoir de la Ville de Martigny, jusqu’au 15 janvier, 
www.manoir-martigny.ch

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L'éditeur Pierre-Marcel Favre honoré au Louvre

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Nicolas Righetti/Lundi 13
C’est dans le plus célèbre musée du monde, au Louvre à Paris, que l’éditeur lausannois Pierre-Marcel Favre a été élevé, samedi soir 3 décembre, au grade de commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres. On le voit ici en compagnie de sa compagne, Emilienne Angle.
Didier Martenet
L’avocate genevoise Sylvie Buhagiar, le journaliste Jacques Pilet et la mécène Vera Michalski, qui a renoncé à assister aux obsèques de Fidel Castro pour être là.
Didier Martenet
Frédéric Mitterrand avec Darius Rochebin et sa fille, Maya, 6 ans et demi.
Didier Martenet
Le promoteur Bernard Nicod et sa compagne M’Deye, mannequin, en grande discussion avec Darius Rochebin.
Didier Martenet
Les invités ont pu déambuler à leur guise, pendant une heure, au milieu des chefs-d’œuvre.
Didier Martenet
Pascal Vandenberghe, le patron des libraires Payot, et sa compagne Eléona Uhl.
Didier Martenet
De g. à dr., Caroline et Bart Favre, Emilienne Angle, Frédéric Mitterrand et Pierre-Marcel Favre.
Nicolas Righetti/Lundi 13
Pierre-Marcel Favre avec sa fille Caroline, 26 ans, architecte, qui est rentrée spécialement du Mexique pour assister à la cérémonie.
Didier Martenet
L’éditeur avec son fils Bart, qui vient de passer son brevet de pilote d’hélicoptère.
Reconnaissance
L'éditeur Pierre-Marcel Favre honoré au Louvre

«À l’Escalade, chaque individu compte»

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Olivier Vogelsang
Le samedi 3 décembre, les départs de la 39e Course de l’Escalade se succèdent au bas de la rue de la Croix-Rouge. Nés entre 2007 et 2010, les poussines et les poussins ouvrent le bal quand les Geneva Seahawks les libèrent!
Reportage

Genève, ce n’est pas que le jet d’eau et les banquiers. Avec 45 000 coureurs, c’est aussi la plus grande course populaire du pays. Ce rassemblement phénoménal véhicule début décembre des valeurs d’humanité revigorantes. Plongée dans la foule, joyeuse et expansive.

Un coup de canon dans la froidure et la foule des coureurs détale. Un coup de canon et la populace attaque le méchant faux plat qui mène jusqu’au Palais Eynard, avant de s’égayer dans Genève et sa cité pavée. Le départ de l’Escalade n’a rien d’une plaisanterie: «Je cours parfois des épreuves de 100 kilomètres. Mais là, après les 200 premiers mètres, j’ai toujours les jambes qui brûlent et tous les autres coureurs sont comme moi», avoue un athlète expérimenté, Stanislas Gruau.


De haute tenue, la course élite hommes (7,3 km) a été remportée par le Suisse Tadesse Abraham (No 1), ici au départ. Photo: Olivier Vogelsang

Que penseraient-ils, les illustres aînés dont on piétine ensuite les rues auxquelles ils ont donné leur nom? Liszt le musicien, Tabazan le bourreau, Le Fort l’amiral du tsar, Dumont dans la rue duquel Voltaire venait surveiller ses impressions. Le présent rejoint l’histoire, le général Fortalis gouverne pour un jour. Tous essaient d’ignorer Calvin, dont le regard renfrogné dans sa statue des Bastions trahit un début d’hostilité.

L’Escalade est une institution, une vraie. L’épreuve a débuté en 1978 avec 800 coureurs et, par un prompt renfort, ils sont aujourd’hui 45 000 à y prendre part. Tout a commencé par un sauvetage. Le club d’athlétisme local, le Stade Genève, étant en péril, une série de mesures ont été imaginées. Parmi elles, la création d’une course populaire. «Nous avons d’abord voulu fixer sa date le jour de la commémoration de l’Escalade, le 12 décembre, quand les Genevois ont repoussé les Savoyards en 1602, mais ce ne fut pas autorisé. Alors nous l’avons placée une semaine plus tôt. C’est resté», explique Sybille Bonvin, de la Ville de Genève.

C’est resté et l’événement a enflé dans des proportions éléphantesques. Il y a treize ans, le directeur de la course, Jean-Louis Bottani, jurait que le chiffre de 22 000 participants était un maximum. Avec 23 000 de plus aujourd’hui, tout se règle dans une discipline d’armée russe et une bonhomie de giron de jeunesses. Le directeur, toujours le même, hausse les épaules et sourit: «Pourquoi un tel succès? La société a changé. Il existe aujourd’hui une grande prise en compte du besoin de bouger.» Si cordiale, la course sert de catalyseur. Dès l’automne, il est facile de remarquer les gens s’entraîner à Genève, dans les rues, dans la campagne. «L’Escalade y est sûrement pour quelque chose, note-t-il. L’événement est un tel rassemblement festif que la course est presque un prétexte, sauf pour les champions.»


Le samedi soir, l’Escalade se clôt traditionnellement avec la joyeuse course de la Marmite, sur 3,5 km. Deux obligations pour y participer: avoir le sourire jusqu’aux oreilles et aimer se déguiser. Photo: Olivier Vogelsang  

Son plus beau souvenir, sa révélation, il l’a vécue il y a six ans. Il neigeait puissamment. «J’ai alors compris combien la course comptait dans le cœur des Genevois. Ils ont travaillé toute la nuit. A 7 heures, tout était débarrassé, j’en ai chialé.» Aussi parce que, dans cette Genève qu’on résume un peu vite aux banques, la course véhicule d’autres valeurs. «Nous ne sommes pas basés sur le commerce, nous ne sommes pas des numéros, chaque individu compte. Voilà pourquoi je tiens autant au bénévolat, pour préserver cet esprit communautaire. Ici, c’est l’humain qui parle.»

L’Escalade, tout le monde s’y mélange. Le matin, les enfants règnent. Les courses donnent lieu à une formidable déflagration d’amour des parents envers leurs petites merveilles qui courent. On dirait qu’ils récoltent là tous les dividendes des heures de patiente éducation. Les répliques aux enfants fusent, plus touchantes les unes que les autres. Il y a les papas philosophes: «Tu as eu peur, Maxime? Oui, dans la vie, parfois, on a peur des choses», «Tu ne t’es jamais arrêté, c’est le principal, tu es un champion». Les mamans plus techniques: «Bravo, mais il faut que tu entraînes les montées, Morgane», «Je ne t’ai pas vue, il y avait tellement de monde. La prochaine fois, tu mettras un bonnet fluo». Les commentaires émus: «Je suis si fière de toi, Charlotte», «Je n’ai pas réussi à appuyer sur le «Play» de mon appareil, mais j’ai toute ta course dans mon cœur». Les déçus, aussi: «Sophie, tu étais dans les premières au début, mais seulement dans les centièmes à la place du Bourg-de-Four»!



Après l’effort, souvent intense, vient le moment tant attendu des massages, prodigués au sous-sol d’Uni Dufour. Photo: Olivier Vogelsang

Les enfants, eux, ont dû pousser des coudes ici et là et ils n’en reviennent pas de s’en être sortis indemnes et magnifiques. Sauf Aaron, adossé à un arbre, inconsolable: «Je suis triste, j’ai regardé derrière moi quand je courais et il n’y avait personne…»

Passé le moment du sport vu comme une école de vie, il faut bien se nourrir. Notons d’ailleurs que, malgré les bonnes résolutions sur la santé, le McDo voisin ne désemplit pas, on reste humain.

Ensuite, aux adultes de s’ébrouer, dans une multitude de styles, du plus relax au coureur dont on craint qu’il expire, à la Zátopek. A l’arrivée, chacun a son histoire. Venu du Pays de Gex, David Rouffiange a plutôt l’habitude des longues distances. «J’ai fait 28 minutes, ce que je voulais. Avec le système des blocs homogènes, le niveau est élevé, il faut être très attentif.» Yannik Messerli, de Nyon, a profité de la fin du championnat de rugby pour courir sa première Escalade. Il a fait le lièvre pour un de ses amis. «Finalement, il ne m’a pas dépassé.»


Croiser Barbie dans les rues de Genève, ce n'est possible que le samedi soir pendant l'Escalade. Photo: Olivier Vogelsang

Goguenard quoique harassé, Nicola Cocivera, de Montreux, a décidé à… 5 heures du matin de prendre le départ. «J’étais en soirée et un pote m’a dit qu’il voulait faire un temps de 5 minutes au kilomètre. Je l’ai pris au mot et j’ai fait 4,11 minutes.» Le chic complet-cravate trempé de transpiration de David Dudok de Wit, de Genève, ne passe pas inaperçu: «Une heure avant la course, avec un copain, nous avons ouvert notre armoire et décidé de courir avec cette tenue. C’était léger, agréable et on m’a appelé M. Costard pendant toute la course!»

Chez les femmes, les regards fatigués exaltent la beauté des corps entraînés. L’animatrice de la RTS Natalie Sbaï a battu son meilleur temps, à 47 ans: près d’une minute trente de moins, en finissant par sprinter joliment. «Je voulais montrer à mon ami qu’il était possible de m’améliorer, malgré l’âge.» C’est une chevrette des montagnes: «Pour une course récente, j’ai ingurgité près de 18 000 mètres de dénivelé. Mais l’Escalade est magique. Cette logistique pour un si grand nombre de gens, de la folie. Cela m’émeut à chaque fois.»

Méduses et Dark Vador

Emus par l’environnement et l’esprit des lieux, ils le sont tous. Même un coureur confirmé comme Stanislas Gruau, de Genève, qui a déjà terminé dans les 40 premiers, en est tout retourné. «C’est tellement touchant de voir tous ces bénévoles qui attendent dans le froid. Aujourd’hui, par exemple, je n’étais pas trop bien, je me suis moins entraîné, je viens d’avoir un petit garçon. Cela devait se voir. J’ai entendu des «Accroche-toi!». Je trouve si beau de voir les spectateurs prendre le temps de chercher notre regard.»


Le samedi soir à l'Escalade, le ridicule ne tue pas. Il est même fortement encouragé. Photo: Olivier Vogelsang

Quand vient le tour des stars, les yeux s’élargissent. Nom d’un Savoyard, ce qu’ils vont vite! Même Jean-Jacques Rousseau, quand les premiers filent devant sa maison de naissance, à la Grand-Rue, en lâcherait sa plume. Au bout de l’effort, la gagnante est une Ethiopienne du Stade Genève, Helen Bekele, et le gagnant un Suisso-Erythréen du Stade Genève, le champion d’Europe de semi-marathon Tadesse Abraham. Ils triomphent devant le platane centenaire qui jouxte le portail d’arrivée. Tout le monde trouve cela très chouette.

Coureuse renommée, Ludivine Dufour, elle, est de la vallée de Joux: «Même si les Lausannois vont m’étriper, c’est la plus belle course de toutes. Ici, la logistique est incroyable, cela me touche à chaque fois. Et il y a un tel niveau: quand tu fais quinzième de l’Escalade, c’est quelque chose! Pour pas mal de participants, il s’agit de leur gagne-pain.» Puis elle se dépêche d’aller se réchauffer, car elle court encore la course dite de la Marmite, avec ses enfants de 3 et 5 ans.

La marmite? Un défilé déguisé final de plus d’une heure avec par exemple, allons-y gaiement: des sumos, des bagnards, des méduses, des fourchettes, des Rubik’s Cube, des chirurgiens, des spéléologues, des Dark Vador, des forêts de poulets, de grands types musclés en tutu rose et pas mal d’individus dont il est ardu de dire de quoi il s’agit. Longue vie à l’Escalade!

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Sur le sapin, toute la magie de Noël

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Rolf Neeser
Le Zougois Alfred Dünnenberger collectionne des décorations de Noël depuis des décennies. Chaque mois de décembre, le même rituel magique se renouvelle avec l’ouverture des boîtes à bonheur. Cette extraordinaire collection est à découvrir pour la première fois à Gruyères. Et pour commencer, ce chien de verre soufflé, peut-être l’un des objets les plus précieux de la collection.
Rolf Neeser
Les créateurs de décorations de Noël illustrent parfois aussi les contes de fées, comme ici le célèbre "Chat botté".
Rolf Neeser
Une figurine, mélange de fil de fer, de ouate et de papier, une œuvre d’une finesse extraordinaire.
Rolf Neeser
Les objets sont porteurs de toutes les histoires qu’ils ont entendu raconter devant le sapin. Ici encore, admirez la finesse des détails!
Rolf Neeser
Quand revient le temps de Noël, Alfred Dünnenberger, ici chez lui, déballe sa fabuleuse collection.
Rolf Neeser
Des animaux comme ce bouquetin mais aussi des locomotives, des gramophones et des bombes ornent le grand sapin.
Rolf Neeser
L’une des plus anciennes boules de la collection, fabriquée en Allemagne au début du XIXe siècle.
Rolf Neeser
Les objets du quotidien et même les aliments (ici du jambon et du salami) trouvent place sur le sapin.
Rolf Neeser
Avec son habit bleu, un très curieux et très rare saint Nicolas. Admirez le bas de son manteau!
Clin d'oeil
Sur le sapin, toute la magie de Noël

Les chats vainqueurs de chaque catégorie

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Julie de Tribolet
Parmi les 35 chats retenus par notre jury pour la finale du grand concours du Chat préféré de L’illustré, parmi plus de 1000 candidats présentés rappelons-le, la victoire s’est parfois jouée... à un poil. Derrière Lester the Gangster, le maine coon de Mélissa Lucarelli et Gregory Domon, qui s’est imposé, d’autres chats magnifiques ont su se distinguer, à l’image ici de Pacha.
Julie de Tribolet
Le plus gourmand: Sky. Karine Abbou, de Chézard-Saint-Martin, n’a pas été surprise de voir son chat Sky décrocher le titre de Chat le plus gourmand. Elle en rajoute: «Je dirai même le plus goinfre! Avec lui, on ne peut pas laisser traîner un bout de pain.» Prix: un bon cadeau pour un dîner pour deux personnes (menu signature) à La Table d’Edgard, du Lausanne Palace & Spa.
Julie de Tribolet
Avec Sky, surtout ne rien laisser traîner de comestible. Cet incorrigible gourmand peut tout engloutir, par exemple des spaghetti.
Julie de Tribolet
Le plus rigolo: Titi. Offert en cadeau à sa jeune maîtresse Mélanie Pagliotti, à Martigny, Titi a réuni toute la famille autour de sa candidature. «C’était un joli challenge (...). Pour le remercier de nous avoir fait gagner, il aura droit à une avalanche de câlins et, pourquoi pas, un soin de beauté pour chat.» Prix: six billets pour un spectacle comique.
Julie de Tribolet
"Sur cette photo, dressé sur ses pattes arrière, on dirait qu'il pose", souligne Mélanie Pagliotti à propos de son petit farceur de Titi, élu le chat le plus rigolo.
Julie de Tribolet
Le plus flemmard: Pacha. «Sur ma page Facebook, j’ai une petite rubrique intitulée «Pacha News» où je donne des nouvelles de lui, confie Malika Parent du Grand-Saconnex. Comme il est en train de dormir sur toutes les photos, je ne peux que dire à chaque fois: «Rien à rapporter.» Prix: une nuit en résidence hôtelière pour deux personnes aux Bains d’Ovronnaz, avec un massage aux huiles.
Julie de Tribolet
Le coup de coeur des lecteurs de L’illustré: Bundy. «Je ne m’attendais pas vraiment à ce qu’il gagne mais, avec la bouille qu’il a, comment ne pas craquer?» commente Virginie Besse, à Cheseaux. «Bundy aura droit à une double ration de pâtée, car il a bien posé!» Prix: un gril Minichef d’Outdoorchef avec trois fonctions: cuire, mijoter et griller.
Grand concours
Les chats vainqueurs de chaque catégorie

L'interview de Pierre Croce

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L'interview de Pierre Croce

Au Montreux Comedy, on a réussi à éloigner Pierre Croce de son PowerPoint le temps d'une interview. Alors évidemment... Merci!

Montreux Comedy

A Semsales (FR), le curé 
est père de famille

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Didier Martenet
Seul prêtre catholique marié dans le diocèse, Alexandru Tudor s’est installé à la cure de Semsales avec son épouse Diana et leur fille Petra. Dans le salon, chaque élément de décoration rappelle la foi profonde qui unit cette famille peu banale.
Portrait

Cas unique dans le diocèse de Lausanne, Genève 
et Fribourg, un prêtre marié célèbre la messe dans 
la Veveyse. Une exception à la règle du célibat qui 
s’explique par le parcours d’Alexandru Tudor. Rencontre.

Les arches de l’édifice lui rappellent les églises de son enfance, sur les rivages du Danube. En cette froide mais ensoleillée matinée de décembre, debout face à l’autel, Alexandru Tudor est intarissable sur les particularités de l’église de Semsales, petit joyau de l’art sacré au cœur de la Veveyse. Le prêtre décrit avec passion les détails de l’imposante fresque de la Sainte-Trinité réalisée dans les années 20 par le célèbre peintre italien Gino Severini. A l’exception de son accent chantant et d’un patronyme rappelant une grande dynastie royale, rien ne semble distinguer Alexandru Tudor des autres curés fribourgeois. Et pourtant. L’homme de 49 ans est marié et père d’une fille de 10 ans. Un cas unique dans le diocèse, qui ne peut manquer d’interpeller en cette terre catholique, où le célibat des prêtres représente une règle indépassable.

 

Prêtre orthodoxe

Cette situation exceptionnelle vient du fait qu’Alexandru Tudor, Roumain d’origine, fut prêtre orthodoxe avant de se tourner vers le catholicisme. «Depuis des décennies, la pratique veut que, lorsqu’un prêtre marié d’une autre Eglise, orthodoxe notamment, ou un pasteur protestant, devient catholique, il puisse devenir prêtre catholique marié, confirme Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. La raison pour laquelle nous l’acceptons est que nous considérons qu’ils ont commencé par répondre à la même vocation là où ils se trouvaient auparavant.» L’évêque relativise néanmoins le caractère singulier du cas, rappelant, par exemple, qu’en Grande-Bretagne, des centaines d’anciens pasteurs anglicans sont devenus catholiques ces dernières années.



Devant l’autel de l’église de Semsales, Alexandru Tudor donne la communion aux fidèles. Parmi eux, sa femme Diana. Photo: Didier Martenet

Reste qu’en Suisse, voir un curé père de famille célébrer une messe reste plus que rarissime. Uni à Diana depuis plus de vingt ans, Alexandru Tudor le vit pourtant de manière très naturelle, lui qui reste imprégné des traditions des Eglises d’Orient où le mariage des prêtres est autorisé, voire encouragé: «On estime que cela les rapproche des fidèles et leur permet de mieux comprendre leurs problèmes. De plus, le mariage entre un homme et une femme représente un projet de Dieu. C’est un sacrement.»

Aujourd’hui, Alexandru Tudor assume pleinement sa charge, secondé par les siens. Diana donne le catéchisme aux enfants des villages de la paroisse et leur fille Petra officie comme servante de messe. Une évidence pour cet homme, qui a dû faire preuve de courage, lorsque, en 1987, il décida de se lancer dans des études de théologie. Dans la Roumanie communiste de Ceausescu, la religion était en effet considérée comme l’opium du peuple, un reliquat de l’histoire dépassé par le progrès matérialiste. «Pour moi, c’était tout le contraire. Dans cette dictature, la foi m’apportait un incroyable sentiment de liberté», raconte Alexandru Tudor. Mais son choix n’est pas sans risque. Devenir prêtre, c’est alors accepter de se retrouver en marge de la société, d’être surveillé… Les Roumains ignorent encore que, deux ans plus tard, le système s’écroulerait sous leurs yeux.



A la fin de la messe, la famille Tudor se retrouve dans la sacristie pour discuter de la cérémonie. Photo: Didier Martenet

Diplômé en 1993, Alexandru Tudor souhaite se marier avant son ordination. «Je n’avais pas encore rencontré celle qui allait devenir ma femme, sourit-il. J’ai donc attendu.» Grâce à ses connaissances, il est nommé conservateur au fameux Musée du paysan roumain à Bucarest, considéré comme l’un des plus beaux musées d’Europe, où il s’occupe des collections d’objets religieux. Il y rencontre Diana, d’un an son aînée, en charge, elle, des collections d’objets de fête. Ils se marient le 2 septembre 1995. Un engagement fort. «Ma femme partageait ma foi, c’était une union à trois, avec Dieu.» Deux ans plus tard, le couple s’installe à Neuchâtel pour y suivre, dans le cadre de leur mandat auprès du musée, des études postgrades en ethnologie à l’université. Ils ne quitteront plus la Suisse.

Sur les bords du lac de Neuchâtel, de rencontres avec d’autres étudiants en discussions, naît le projet de la constitution de la première paroisse orthodoxe du canton. Alexandru Tudor en sera le prêtre dès 2004. «C’était une communauté vivante», se souvient-il. Celle-ci réunissait des fidèles de toutes origines (Suisses, Roumains, Russes, Serbes, Grecs, Erythréens…), mais aussi des catholiques et des protestants. Autre bonheur, la naissance en 2006 de Petra, vécue comme un cadeau de Dieu. «Nous avions beaucoup bataillé pour avoir un enfant», reconnaît le couple. Intégrée, la famille se fait également naturaliser. «Nous sommes bourgeois de Boudry», lancent-ils fièrement aujourd’hui.Mais la vision œcuménique d’Alexandru Tudor ne fait pas l’unanimité dans une Eglise orthodoxe traversée de nombreux courants nationalistes. «Un prêtre serbe est venu me dire que je ne devais plus parler aux Serbes… Ce n’est pas ma conception de l’Eglise.» Les tensions deviennent difficiles à vivre et le prêtre est de plus en plus séduit par le message universaliste du catholicisme.

Autorisation du Vatican

En 2011, il rencontre Mgr Charles Morerod. Le courant passe entre les deux hommes de Dieu. L’évêque finira par accueillir Alexandru Tudor au sein du diocèse. «Il m’a reçu tel que je suis, avec l’ensemble de mon parcours», souligne celui-ci avec reconnaissance. Après une mission dans la Glâne, il s’installe, en 2014, à la cure de Semsales. Alors qu’il fait partie de l’équipe des quatre prêtres de l’Unité pastorale de Saint-Denis, le nouveau curé sera néanmoins contraint d’attendre le début de cette année pour célébrer sa première messe. La Conférence suisse des évêques, dans un premier temps, puis le Vatican, dans un second, ont dû donner leur autorisation, preuve que la démarche n’est de loin pas anodine.


Alexandru Tudor explique à sa fille Petra les détails de la monumentale fresque de la Sainte-Trinité, réalisée par le célèbre peintre italien Gino Severini. Photo: Didier Martenet

L’arrivée de ce prêtre marié au pied du Moléson fera grincer quelques dents, suscitera beaucoup d’interrogations. Mais, dans l’ensemble, la famille Tudor sera très bien accueillie. «Tout s’est passé assez facilement, confirme Gérard Curty, le président de la paroisse. Alexandru a été très bien accepté. Lors de décès, il s’est montré particulièrement adéquat, peut-être parce qu’il comprend mieux ce que cela représente d’avoir une famille.»

Ouverture

Gérard Curty ajoute que les jeunes de la paroisse lui demandent désormais pourquoi l’Eglise catholique ne laisse pas les autres prêtres se marier. «C’est peut-être le début d’une ouverture», glisse-t-il. De son côté, Alexandru Tudor respecte trop ses collègues célibataires pour se donner une vocation de militant. Mais il reste persuadé qu’il «est temps que l’Eglise catholique s’interroge sur un possible assouplissement sur la question du célibat». «Je crois que la société et nos fidèles sont prêts à un tel changement», continue Alexandru Tudor, conscient que, 
peut-être, sans le vouloir, 
il a entrouvert une porte.

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19 questions pour 
tout savoir sur la grippe qui nous menace

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Jean Revillard / Rezo
Premier hôpital en Suisse à rendre obligatoire le port du masque pour les visiteurs, les HUG (GE) ont lancé une vaste offensive antigrippe baptisée «zoning». Objectif: protéger les patients d’une infection extérieure.
Prévention

Seuls 10% des refroidissements hivernaux sont des grippes, 
mais le virus vous promet une semaine d’enfer. Existe-t-il
un traitement? Le vaccin est-il efficace? Meurt-on du virus influenza? Le point avec nos spécialistes.

Ils sont les meilleurs connaisseurs des virus de la grippe en Suisse romande et sont particulièrement au front ces jours-ci. Le professeur associé Pascal Meylan, médecin responsable de la virologie au CHUV, le professeur Laurent Kaiser, médecin-chef du service des maladies infectieuses aux HUG, et Ana Gonçalves Cabecinhas, responsable du centre de référence de la grippe aux HUG répondent à nos questions. Avec, en contrepoint, l’avis de Pascal Büchler, homéopathe à Yverdon.

1. Assisterons-nous 
à une épidémie 
de grippe cet hiver?

On ne peut pas connaître à l’avance l’amplitude du pic de l’épidémie. Celle-ci va dépendre de plusieurs facteurs, notamment du climat, des mouvements de population 
et de la relation entre les souches virales et l’immunité des gens. On sait à ce jour que la souche H1N1 a joué un rôle important cet été dans l’hémisphère austral, et on peut s’attendre à ce que les souches H1N1 et H3N2 circulent conjointement chez nous cet hiver.

2. Pourquoi le virus 
de la grippe 
circule-t-il justement en hiver?

On ne le sait pas exactement. Nos muqueuses, qui sont desséchées pendant cette période, se défendent probablement moins bien. Nous vivons dans des intérieurs moins aérés et plus secs à cause du chauffage. 
Il y a moins d’humidité dans un air froid. Cette relative sécheresse favorise la transformation des gouttelettes, qui volent plus longtemps. Il y aurait comme une lyophilisation du virus qui le maintiendrait contagieux.

3. A quel moment est-on le plus contagieux?

Au pic des symptômes, mais déjà dans les heures qui précèdent leur apparition. Et encore pendant quelques jours pour quelqu’un qui a un bon système immunitaire. Quand les symptômes commencent à disparaître, en général on ne l’est plus.

4. D’où viennent ces virus «Myxovirus influenzae», responsables de la grippe, et pourquoi mutent-ils chaque année?

La mutation est inscrite dans leur biologie. Il n’y a pas un seul virus de la grippe mais plusieurs groupes ou familles; les plus fréquents sont ceux du groupe A appelés H1N1 ou H3N2. Moins fréquents sont ceux dits du groupe B, indistinguables des autres au niveau des symptômes. Chaque saison grippale est différente et imprévisible; parfois un seul de ces virus cause l’épidémie, parfois il y en a deux ou trois qui se répandent par vagues. De plus, comme ce virus change constamment, notamment par le phénomène des mutations, il faut adapter chaque année le vaccin aux nouvelles souches virales qui pourraient apparaître. «Prévoir le nouveau vaccin pour l’année suivante, dit le Dr Kaiser, c’est un peu comme tirer sur une cible mouvante.»

5. J’ai de la fièvre, le rhume, mal à la tête, des courbatures et de la toux, ai-je 
forcément la grippe?

Non, mais c’est très probable, si nous sommes en pleine épidémie. De façon générale, on a tendance à ranger sous le mot «grippe» l’ensemble des virus respiratoires, qui sont au nombre d’une douzaine. Seul un frottis pharyngé peut déterminer à 100% la contamination au virus, mais pour des raisons de coût (le test se facture 180 francs) les généralistes ne le pratiquent pas. On mise plutôt sur le fait qu’en période d’épidémie, le patient qui présente les symptômes de la grippe a 70% de risques de l’avoir contractée. A contrario, on peut très bien avoir attrapé la grippe et n’en présenter que de faibles symptômes, comme un simple écoulement nasal. En moyenne, 10% des refroidissements sont de vraies grippes! Mais ce seront les refroidissements les plus graves de l’hiver.

6. Le virus se transmet-il uniquement par la dispersion de gouttelettes dans l’atmosphère, crachats, expectorations, éternuements?

Aussi par le contact. Si je mets mes doigts dans le nez – ce que nous faisons quasiment tous pendant une journée –, que j’éternue ou que je me mouche puis que je serre une main, je transmets le virus de la grippe. Aujourd’hui, une certaine incivilité dans les comportements sociaux, le fait de tousser ou d’éternuer de plus en plus souvent sans protéger son visage par égard pour son vis-à-vis, accentue encore le phénomène de contamination. Si l’on fait une photo d’une personne en train d’éternuer, c’est un véritable nuage de postillons qui s’échappe dans l’atmo­sphère. Le masque permet de diminuer drastiquement le côté gouttelettes et aérosol de l’infection.

7. Quelles sont les 
précautions de base à respecter?

Se laver ou se désinfecter les mains, ou éviter tout contact si on ne peut pas le faire. Eviter de serrer les mains et de faire la bise lorsqu’on a un refroidissement. Respecter une distance d’au moins un mètre avec les personnes qui vous entourent. Un vœu pieux, il faut bien s’en rendre compte, quand la contamination se déroule au sein de la famille.

8. Prescrit-on des antibiotiques pour éradiquer une grippe?

En aucun cas. Les antibiotiques sont actifs sur les bactéries, mais pas sur les virus. Les médecins disposent d’un antiviral comme le Tamiflu, mais il est jugé insatisfaisant. Pour que ce médicament soit efficace, il faudrait le prendre dès les premiers symptômes, dans la mesure où, déjà deux jours après leur début, l’immunité rattrape le médicament. Le traitement n’est donc pas utile.

9. Combien de jours dure officiellement une grippe?

Une semaine. Attention: si après une semaine les symptômes s’aggravent, il faut consulter, car la grippe favorise les pneumonies bactériennes qui, elles, se traitent avec des antibiotiques.

10. Qui sont les lanceurs d’alerte du virus en Suisse?

Deux cents médecins volontaires réunis au sein du système de surveillance Sentinella. Ils suivent l’évolution de la maladie de saison en saison et annoncent tout soupçon d’état grippal. Une partie de ces médecins enverront des prélèvements au Centre national de référence de l’influenza, basé aux HUG. On va alors déterminer pour la saison le type de la grippe majoritaire. L’Office fédéral de la santé publique déterminera par la suite le seuil épidémique de la façon suivante:- Pas de propagation: moins de 30% des médecins ont diagnostiqué des cas d’affections de type grippal et aucun virus influenza n’a été mis en évidence.- Sporadique: moins de 30% des médecins ont diagnostiqué des cas, mais des virus influenza ont été mis en évidence.- Répandu: de 30 à 49% des médecins ont diagnostiqué des cas et des virus mis en évidence.- Largement répandu: 50% et plus des médecins de Sentinella ont diagnostiqué des cas et des virus ont été là encore mis en évidence.

11. Combien de doses de vaccins sont prévues par année en Suisse?

Ces dernières années, ce sont environ un million de doses qui ont été mises à disposition de la population.

12. Dans le cas de la grippe aviaire, où de nombreux vaccins commandés furent jetés par la suite, notamment en France, des soupçons ont pesé sur l’OMS, accusée d’avoir dramatisé la situation. Ne risque-t-on pas le même phénomène avec la grippe saisonnière?

Dans l’exemple de la grippe d’origine porcine, le virus a été plus «doux» que ce qu’on imaginait, mais il y a quand même eu une pandémie. De même pour la grippe saisonnière, on ne peut pas savoir à l’avance comment la population réagira à la contamination. Un virus peut être plus ou moins virulent que ce qu’on attendait. Et s’il mute, il peut échapper à notre immunité.

13. Faut-il porter un masque dans les lieux publics?

C’est une décision très personnelle et culturelle. Contrairement aux Japonais, qui arborent beaucoup plus facilement un masque protecteur, il y a une limite culturelle, une appréhension du risque différente chez l’Occidental qui le retiennent de se balader dans la rue avec un bandeau sur le visage. Il faut aussi accepter de vivre en compagnie de ces maladies virales, qui accompagnent l’homme depuis des années.

14. Est-ce vrai que l’immunité face à la grippe diffère selon l’âge?

Oui. Admettons que votre grand-mère ait eu la grippe il y a trente ans. Le virus était différent à cette époque, mais il suffit qu’un nouveau virus réapparaisse avec des souches assez semblables, sa mémoire immunitaire la protégera mieux que vous. Mais, généralement, la grippe s’aggrave et se complique plus fréquemment chez les personnes âgées, qui répondent par ailleurs moins bien au vaccin.

15. «Tabac et grippe, cocktail mortel», ont avancé certains médecins, parlant des fumeurs qui consommeraient plus de quatre cigarettes par jour. Vrai ou faux?

Un gros fumeur qui a développé des problèmes chroniques court effectivement un plus grand risque de complications en cas de grippe. Tout comme les personnes, fumeuses ou non, souffrant de problèmes pulmonaires (toux, bronchite, asthme), cardiaques ou métaboliques, comme le diabète.

16. Combien de 
personnes meurent chaque année à cause de la grippe?

Pour une saison grippale moyenne, l’Office fédéral de la santé publique fait état de plusieurs centaines de décès et plusieurs milliers d’hospitalisations. En 2014-2015, lors d’une saison épidémique marquée, on a estimé le nombre de morts à 1500. A l’hôpital, ce seraient de 100 à 300 personnes âgées qui décèdent chaque année à cause de la grippe nosocomiale (contractée durant leur hospitalisation). C’est d’ailleurs notamment la contamination d’une patiente âgée qui a dernièrement poussé les HUG à rendre le port du masque obligatoire pour les 3000 visiteurs qui en franchissent chaque jour les portes.

17. Ne peut-on pas dire qu’une bonne grippe fortifie l’organisme?

On ne peut pas souhaiter une bonne grippe à sa mère de 80 ans ni au nourrisson de 3 mois. Dans ces deux cas, le système immunitaire est soit fragilisé, soit pas complètement formé et une grippe peut provoquer des complications sévères.

18. Quel est le taux de protection du vaccin?

Dans le meilleur des cas, 80%. Plus bas pour les personnes âgées. Mais le vaccin ne semble pas faire l’unanimité. En 2016, seuls 33% des plus de 65 ans se sont fait vacciner, 30% des malades chroniques et 21% des professionnels de la santé, selon les chiffres de l’OFSP.

19. Les chiffres de l’OFSP montrent qu’en 2014 un peu moins de 500 personnes sur 100 000 ont été signalées susceptibles d’avoir attrapé la grippe au plus fort de l’épidémie, qui fut considérée comme importante. Ce chiffre justifie-t-il qu’on vaccine tout le monde?

Ce chiffre est forcément sous-estimé, car de nombreuses personnes contaminées par la grippe ne consultent pas. C’est la raison pour laquelle un nouveau système basé sur la déclaration volontaire dans la population se met en place en Suisse romande. Il est déjà actif en Suisse alémanique. Les spécialistes ne minimisent pas les imperfections du vaccin. «Son principal défaut est qu’il faut le refaire chaque année. Même si son efficacité est tombée à 40% il y a deux ans, parce qu’on s’était trompés sur une souche, il reste la seule protection valable pour limiter l’impact morbide de la grippe», rappellent nos spécialistes.
Ce discours n’est pas celui du Dr Pascal Büchler, homéopathe à Yverdon, membre du groupe de réflexion sur les vaccins. Ce praticien précise qu’il n’est pas antivaccin, il vaccine d’ailleurs ses patients contre la rougeole et la rubéole, mais pas contre la grippe. «Ce vaccin a largement prouvé son inefficacité», déclare-t-il, citant la revue Eurosurveillance qui a démontré qu’une campagne de vaccination menée au Canada, chiffrée à 13 millions, a eu un taux d’efficacité de 0%. Le vaccin pourrait être également responsable, selon ce médecin, d’effets secondaires nuisibles. Une autre étude publiée dans Clinical Infectious Diseases, réalisée en double aveugle avec contrôle placebo, a démontré, dit-il, que les patients vaccinés développeraient par la suite 5,5 fois plus de problèmes respiratoires. Pascal Büchler et certains de ses collègues contestent les chiffres donnés par l’OFSP sur le nombre de contaminations et les décès survenus à cause du virus de la grippe, «mais s’opposer au vaccin reste encore tabou dans le monde médical». Comme nombre de ses collègues, il prescrit des préparations homéopathiques renforçant l’immunité. 

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Michel Neyret: «Les gangs de Lyonnais aiment moins la Suisse»

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Jean Revillard / Rezo
Michel Neyret, ici dans un parking souterrain à Lyon, affiche toujours la dégaine du baroudeur superflic. «J’ai fait des conneries, c’est vrai», assume-t-il sans détour.
Rencontre

Ancien directeur adjoint de la police judiciaire de Lyon, Michel Neyret a combattu les gangs de Lyonnais qui s’en sont pris aux banques suisses pendant de nombreuses années. Il publie un livre de Mémoires qui fait un carton. l’a retrouvé sur les bords du Rhône.

Il est assis au bar des Garçons Bouchers, dans les Halles Paul Bocuse de Lyon, cour Lafayette, à deux pas de la gare de la Part-Dieu. Il vient de commander quelques huîtres, accompagnées bien sûr d’un petit verre d’un blanc magnifiquement fruité de ces Côtes du Rhône toutes proches. Ici, dans cette fourmilière grouillante, souricière d’hier, pour parler le langage de policier, tout le monde le connaît, le salue, lui tape sur l’épaule.


Flic ou voyou? Malgré ses démêlés judiciaires, Michel Neyret est devenu aussi un héros pour de nombreux Lyonnais. Dans le quartier de la Croix-Rousse, l’ancienne «montée Neyret», c’est aujourd’hui un peu comme si c’était vraiment la sienne: un artiste de rue lui a rendu hommage, le représentant brisant ses menottes. Photo: Jean Revillard/Rezo

Mais Michel Neyret n’est plus le superflic d’antan qui, hier encore, arpentait l’ancienne capitale des Gaules de long en large tel un personnage de cinéma: dégaine de grand charmeur à la Belmondo, veste en cuir façon Delon, sourire aux lèvres style Borsalino. Pas étonnant qu’il ait inspiré un film à Olivier Marchal, Les Lyonnais, en 2010. Une vie de cinéma émaillée parfois de ces petits arrangements entre amis qui lui valurent ses récents démêlés judiciaires: mis en examen pour corruption, trafic d’influence, association de malfaiteurs, trafic de stupéfiants, détournement de biens et violation du secret professionnel, il a été condamné en juillet dernier par la 11e chambre du Tribunal correctionnel de Paris à trente mois de prison ferme pour corruption et trafic d’influence – mais le parquet a fait appel, ouvrant la voie à un deuxième procès. «J’ai fait des conneries», reconnaît-il sans chercher d’excuses.

Révoqué par Manuel Valls en septembre 2012, il ne se faufile plus dans les traboules de la Croix-Rousse à la poursuite des gangsters, mais jouit d’une nouvelle existence, désormais en pleine lumière, et la raconte d’une voix pleine d’entrain et d’images, comme si les dialogues étaient signés Audiard. Comme si son destin semblait être un éternel cinéma. «Aujourd’hui, après tout ce qui m’est arrivé, tout le monde me connaît et me reconnaît, m’arrête dans la rue», sourit-il avec gourmandise, pas mécontent de cette notoriété inattendue. 
Il s’explique dans un petit bouquin haletant, Flic, publié par les Editions Plon, un véritable succès de librairie, le public se ruant par exemple aux séances de dédicaces dans les foires du livre où il signe sans aucun temps mort, parfois au côté d’un autre repris de justice, un certain… Jérôme Kerviel. Cet homme de 60 ans a conservé sa joie de vivre flamboyante dans la ville de ses anciens exploits, salués naguère par Nicolas Sarkozy devant la France entière.

Un palmarès impressionnant

L’itinéraire de Michel Neyret fait d’abord penser à un roman de Zola, une enfance un peu tristounette en Lorraine – père mineur, mort d’un cancer à 59 ans, mère très pieuse, grand-père employé SNCF – puis, grâce à la force intérieure de s’en sortir et la volonté d’échapper à une vie très dure, d’acier et de mines, une épopée digne d’une aventure de Rouletabille, au CV bien garni. Le petit gamin de Metz monte très vite les échelons, études à la faculté de droit de Nancy, SRPJ de Versailles, commissariat de Meaux, direction de l’antenne lyonnaise de l’Office central pour la répression du banditisme, direction de la police judiciaire de Nice avant de revenir sur les bords du Rhône et de la Saône comme directeur général adjoint de la police judiciaire. Les grosses affaires se succèdent, comme la neutralisation d’un réseau de musulmans fanatiques en 1995 ou la capture des évadés de la prison de Luynes en 2003. La traque: la passion de Michel Neyret. «Je n’ai jamais eu à tirer sur quelqu’un, je n’ai jamais perdu un homme», aime-t-il à répéter. Des performances qui lui valurent bien sûr la Légion d’honneur.

En tête de ce palmarès du crime, les fameux gangs de Lyonnais qui essaimèrent jusqu’en Suisse depuis la fin des années 90, principalement à Genève. Avec des actions souvent spectaculaires, comme le braquage, en novembre 2010, du Change Migros à Thônex par une bande de malfrats dont le procès s’est déroulé à Lyon en octobre dernier. Ou ces différents fric-frac en série commis dans l’arc jurassien en 2011-2012 chez des horlogers du Locle, de La Tène, de La Chaux-de-Fonds ou de La Neuveville – plus de 3 millions de francs de butin, tout de même… Autre grosse affaire: le braquage de la société de métaux précieux Rey-Coquais à Lyon. Une partie de l’équipe séquestre la famille du directeur pendant que d’autres malfrats font main basse sur 100 kilos d’or, un butin énorme dont une partie, refondue, sera retrouvée en Suisse au moment où ils cherchaient à la revendre.

L’ancien de la police judiciaire de Lyon a conservé des souvenirs très précis de la plupart de ces événements. Il n’a pas oublié non plus certaines anecdotes cocasses, comme ces malfrats planqués en 2003 à Martigny et repérés grâce à un… buraliste local qui avait reconnu l’un des truands qui lui demandait un jour son chemin. Après une longue filature le long de l’autoroute, en Suisse puis en France, toute la bande est arrêtée dans un chalet du Vaucluse. «On a repris à la frontière la filature engagée par les Suisses. La prise était de taille, se souvient-il. Il y avait là Payet, connu pour des attaques de fourgons en Suisse, Perletto, Alboreo, Valero. Des pointures. A Richerenches, capitale de la truffe, on s’était ensuite offert un bon repas. Aujourd’hui, Payet est en prison, Alboreo a été tué en 2013 à Marignane 
(il venait d’être libéré en raison d’un cancer du poumon), Perletto, en liberté conditionnelle, a été tué à Toulon de quinze balles de 9 mm en 2011, au volant de sa Fiat Scudo. Quant à Valero, Dieu seul sait ce qu’il est devenu…»

La Suisse: le jackpot!

«Les équipes qui opéraient en Suisse étaient les gangs de Lyon qui étaient les plus aguerris, les plus professionnels, souvent des gens issus des banlieues, analyse aujourd’hui Michel Neyret. Ce sont eux qui ont généré à l’époque toute cette délinquance transfrontalière. Car ils avaient la certitude d’un butin beaucoup plus important qu’en France. Pour eux, c’était le jackpot. Quand ils prenaient, ils attrapaient beaucoup, donc ça créait un prosélytisme, de la tentation, et donc un phénomène. A partir du moment où ils ont commencé à le faire, neuf fois sur dix, ils tapaient chez vous, dans l’eldorado suisse, et ils rentraient directement ici sans s’attarder. Toutes les équipes très professionnelles qui opéraient en Suisse dans les années 2010-2011 ont été fracassées, grâce à notre bon travail, et cela signifie donc pour les membres de ces gangs entre quinze et dix-huit ans de prison. Donc, ils sont hors d’état de nuire pour un moment.» Mais les banques, les bijouteries, maintenant, aux yeux de Michel Neyret, c’est un peu fini pour les gangs lyonnais. «Il y a moins de cash dans les banques suisses. Le voyou est pragmatique: il opère où se trouve l’argent. Il va aller maintenant dans d’autres domaines d’activité, comme la drogue ou l’escroquerie.»

Dans l’attente d’un mot de la cheffe de la police genevoise

«Avec les polices suisses, se souvient encore le superflic français, nous avions des relations fréquentes et efficaces, comme avec la police judiciaire de Genève, que je connaissais bien. Nous avons eu de bonnes réussites. Des liens se sont créés. Mais pas au-delà», sourit-il aujourd’hui. Car, quand Michel Neyret s’est retrouvé dans la panade et les ennuis judiciaires, tout s’est stoppé brutalement. La solidarité des flics ne fait pas toujours dans la compassion. Il regrette que la cheffe de la police genevoise, Monica Bonfanti, ne se soit par exemple jamais fendue d’un petit mot amical. «Mais certains de ses hommes, oui», souligne Michel Neyret. Comme si l’esprit de corps était d’abord viril, dans la pègre autant que dans la police.


En 2012, cambriolages en série dans l’arc jurassien chez des horlogers: Le Locle, La Tène, La Chaux-de-Fonds, La Neuveville. Butin: 3 millions de francs, notamment chez Metalor. Keystone

Mais déjà, le jour se couche sur Lyon. Le reflet des lumières de la ville scintille sur les eaux du Rhône. Michel Neyret nous quitte comme il était venu, le sourire aux lèvres. De sa dégaine chaloupée, il s’éloigne dans le parking souterrain pour reprendre sa voiture et partir vers de nouvelles aventures. Demain, Paris, une réception avec des people; après-demain, Brive, et une nouvelle séance de signatures… «Depuis mon affaire et la parution de mon livre, je rencontre des gens extraordinaires que je n’aurais jamais imaginé croiser un jour», glisse-t-il encore, le regard étincelant. Et immanquablement, de nouveau, impossible de ne pas penser une dernière fois à Belmondo dans Flic ou voyou.

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Zep et l'histoire de William le chartreux

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Jean-Blaise Besençon
Tête-à-tête

Chaque semaine, L'illustré rencontre une personnalité au coeur de l'actualité culturelle romande. Aujourd'hui: Zep qui, de la Valsainte à Paris, dessine une histoire pleine d’intelligence et d’humanité.

Sa dernière séance d’aquarelle en plein air lui laisse un début de sinusite. «Mais c’est une partie du métier que j’aime beaucoup! J’ai passé une journée au Tessin à dessiner dans le jardin botanique de l’île de Brissago. J’y étais le matin avant le lever du soleil, il faisait à peine quelques degrés, l’eau du lac Majeur était noire…»

Un bruit étrange et beau, dernier album, le 48e, du créateur de Titeuf, a pour point de départ le silence. «Il y a quelque chose de très contemplatif dans le dessin réaliste. C’est un style que j’ai appris adulte en dessinant sur le motif. Ce n’est pas comme mes dessins style BD Titeuf, que j’ai appris en recopiant Gotlib.» Une magnifique planche du Hamster jovial est exposée devant le bureau de Zep. «Gotlib est l’homme qui m’a fait le plus rire au monde. Après notre rencontre, nous sommes devenus amis, il était une sorte de second papa pour moi. Comme on s’écrivait, je ne le voyais pas vieillir, je pensais naïvement qu’il serait toujours là.»

Le nouvel album raconte l’histoire d’un moine 
chartreux reclus dans le monastère de la Valsainte. «Je suis originaire de Broc, c’était l’occasion d’aller dessiner par là-bas; Charmey, le Vanil-Noir, c’est super beau.» Pour toucher un gros héritage (qui tomberait à point pour refaire la toiture du monastère), le chartreux est contraint de rompre ses vœux de silence et de solitude pour un rendez-vous chez un notaire parisien. «Beaucoup de cases sont dessinées directement dans la rue, dans le quartier du Marais, que j’aime beaucoup. J’y ai promené un ami avec une robe de bure pour être vrai. Le dessin doit être précis. J’ai toujours trouvé nul les dessinateurs qui représentaient un groupe de hard rock avec 
des guitares acoustiques.»

Des guitares (et même un oud), le dessinateur en dévoile une petite collection dans son magnifique espace de travail sous les combles de sa sublime maison. «Un jour normal, je commence à dessiner à 8 heures jusqu’à 20 heures, un petit peu moins le week-end.» Bourreau de travail? «Dessiner ne me fatigue pas du tout. Au contraire, ça me régénère. Quand je suis sur un truc passionnant, je pourrais passer toute la nuit à dessiner et je suis toujours content de me lever le matin pour continuer mon histoire…» Celle de William le chartreux et de Méry la jeune femme qui l’entraîne à nager dans la Seine («On voit la ville comme jamais») est aussi une histoire d’amour et de mort. Elle est condamnée par la médecine et se tourmente, lui très détendu par rapport à ça, «sa vocation a déplacé son centre d’intérêt, il n’est qu’un petit caillou dans le grand cosmos»… «Les deux points de vue sont intéressants. J’ai autant aimé être Méry que William.» Eclairé d’une lumière douce et réfléchie, un album étrange et beau. 

Un bruit étrange et beau, Ed. Rue de Sèvres; What a Wonderful World! Tome 2,
Ed. Delcourt.

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Découvrez les meilleurs chefs de demain!

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Linda Photography
Les chefs trois étoiles Michel Troisgros et Frédy Girardet remettent le trophée à Cédric Agnellet, qui reçoit, en sus, la somme de 35 000 francs.
Gastronomie

Qui seront les futurs grands noms de la gastronomie? Début de réponse avec les candidats du premier Grand Prix Joseph Favre!

Ils ont moins de 40 ans et sont souvent seconds ou chefs de partie. Ils œuvrent dans l’ombre, derrière les fourneaux, dans des établissements parfois fermés au public. Ces six chefs, au patronyme encore inconnu, ont concouru dimanche à Martigny, devant 13 jurés étoilés du monde entier, lors de la première édition du Grand Prix Joseph Favre, un concours gastronomique prestigieux qui devrait désormais avoir lieu tous les deux ans. Imaginées par Benoît Violier, avant d’être repris par le chef Franck Giovannini de l’Hôtel de Ville de Crissier, en l’honneur du fondateur valaisan, ces joutes culinaires ont vu leur première édition couronner Cédric Agnellet, 30 ans, passé par les cuisines de l’Hôtel de Ville de Crissier avant de devenir second au restaurant d’entreprise Patek Philippe, Compass Groupe, à Genève. Avec ses cinq concurrents, il vient assurément de se créer un nom dans l’avenir gastronomique du pays.

 1er prix Cédric Agnellet, 30 ans. Second de cuisine, restaurant d’entreprise Patek Philippe, Compass Group, Genève.

«J’aime qu’on me réclame du rab» 



Cédric Agnellet cuisinera peut-être un jour légumes, plats traditionnels, «simples et bons», dans son restaurant. Mais il attend que ses enfants de 3 ans et de 7 mois soient plus grands. Photo: Didier Martenet

Un souvenir d’enfance? Mes parents sont agriculteurs; ils font du reblochon. Alors forcément, le goût de mon enfance, c’est la tartiflette!

Un plat? Les couteaux en persillade! Avec ma femme, on est fans! J’ai passé par de très belles maisons, mais mon passage chez Rochat et Benoît Violier, à Crissier, m’a bluffé. Leur savoir, leur science du produit: dingue! A la maison, je leur ai piqué une sauce carotte-gingembre montée au beurre, à servir avec un poisson: c’est magnifique!

Un ingrédient favori? Les produits simples. Des légumes de mon potager, par exemple, des fromages, un bon vin.

Un hobby hors des cuisines? La marche en montagne en famille.

 

2e prix Elie Trumeau, 34 ans. Chef de partie banquet à l’Hôtel Président Wilson, Genève.

«J’ai adoré manger un menu tout champignons»



Elie Trumeau, 34 ans, chef de partie banquet à l’Hôtel Président Wilson, à Genève. Photo: Didier Martenet

Un souvenir d’enfance? Mon père est cuisinier dans la restauration collective. On a beaucoup cuisiné ensemble et on continue de le faire quand on peut. Un souvenir de gosse, ce sont les champignons: la récolte, la poêle, l’assiette!

Un plat? En parlant de champignons, j’ai été estomaqué par le menu qui leur est entièrement consacré chez Régis Marcon. Mon péché mignon, ce sont les huîtres, mais j’aime aussi le sucrésalé, les mélanges terre-mer.

Un ingrédient favori? Le citron vert et la vanille! J’aime surprendre avec ces saveurs, détournées de leur usage classique!

Un hobby hors des cuisines? La montagne. Et avant que ce métier ne me fasse renoncer, faute de temps, le karaté!

 

3e prix Grégory Halgand, 38 ans. Chef adjoint au Chalet RoyAlp, Villars-sur-Ollon (VD).

«Le poisson: un souvenir de gosse»


Grégory Halgand, 38 ans, chef adjoint au Chalet RoyAlp, à Villars-sur-Ollon (VD). Photo: Didier Martenet

 Un souvenir d’enfance? Je suis né en Bretagne, dans le Morbihan. Mon père était pêcheur, alors forcément mes souvenirs, ce sont les poissons ramenés à la maison et que ma mère cuisinait. Je taquinais beaucoup sur les bateaux, mais j’étais aussi un vrai bec à sucre avec une prédilection encore d’actualité pour les éclairs, au chocolat ou au café!

Un plat? A la maison, en famille, avec ma femme et mes deux enfants – le troisième est en route – un poulet rôti, une bonne salade tomates-mozzarella avec un trait de pistou, ou un barbecue sympa. Des goûts simples, en fait. Au registre des grandes tables, je conserve un souvenir inoubliable d’une soupe aux truffes chez Paul Bocuse et de saveurs incroyables chez Anne-Sophie Pic.

Un ingrédient favori? J’ai découvert en Suisse la double crème de la Gruyère et les röstis: une vraie bonne surprise! Sur mes plats, j’aime bien ajouter une touche de sarrasin. Mes origines bretonnes, sans doute!

Un hobby hors des cuisines? Profiter de ma famille! En hiver du ski à Villars ou un peu de course à pied, histoire de pouvoir continuer à saucer les plats!

 

Jérôme Lucienne, 28 ans. Deuxième sous-chef à l’Hôtel des Trois Couronnes, Vevey (VD).

«J’adore le petit frisson du service!»


Jérôme Lucienne, 28 ans, deuxième sous-chef à l’Hôtel des Trois Couronnes, à Vevey (VD). Photo: Didier Martenet

Un souvenir d’enfance? J’ai grandi à Paris, mais en matière de madeleine de Proust, je citerai le poulet rôti traditionnel de ma grand-mère, en Bretagne! Une institution! Moi, je rêve de devenir cuisinier depuis l’enfance. J’ai fait plusieurs stages chez un oncle restaurateur pour être sûr de mon choix. J’ai toujours eu cela en moi! Ce que j’adore, c’est le petit frisson du service, l’adrénaline, la créativité dont on doit faire preuve. La cuisine, c’est le plus beau métier du monde!

Un plat? Parfois, le plus simple, c’est le mieux: une bonne betterave avec un peu d’huile et de vinaigre peut être aussi efficace qu’un foie gras. Avec des produits des quatre saisons, la cuisine n’est jamais répétitive. En termes de mariage de saveurs bluffant, je dirai le mélange du poisson et de l’huître: ce goût iodé qu’on va retrouver sur un tartare, pour moi, cela a été une vraie découverte.

Un ingrédient favori? Le beurre! Je ne plaisante qu’à moitié, pour moi, c’est bien plus savoureux que l’huile d’olive! Ce doit être mon côté breton.

Un hobby hors des cuisines? La natation. J’en ai fait pendant plus de dix ans. Là, je n’ai plus vraiment le temps.

 

Pasquale Altomonte, 37 ans. Chef de partie au restaurant gastronomique d’une banque privée à Genève.

«Il y avait toujours une sauce sur le feu»   



Pasquale Altomonte, 37 ans, chef de partie au restaurant gastronomique d’une banque privée à Genève. Photo: Didier Martenet

Un souvenir d’enfance? Partout où j’ai grandi et vécu, j’ai en mémoire les odeurs de sauces qui mitonnaient dans la cuisine chez nous. Et la saveur du chocolat noir. Je suis né en France, d’une maman suisso-italienne, et j’ai grandi dans le New Jersey, aux Etats-Unis. Avant de faire de la cuisine mon métier, j’ai été gestionnaire de sécurité routière, j’ai travaillé dans le management, dans les ressources humaines. Finalement, je ne suis devenu chef qu’à 33 ans.

Un plat? J’adore la cuisine fusion, le mélange entre la Méditerranée et l’Asie. Un plat cocooning, réconfortant? Les pâtes faites maison, sauce parmigiana, avec des aubergines confites.

Un ingrédient favori? Les épices et les herbes! Ou les différents poivres, de Timut ou de Tasmanie, par exemple.

Un hobby hors des cuisines? La formule 1 et les courses automobiles.

 

Mauricio Muñoz, 28 ans. Chef de cuisine à l’Hôtel Euler, Bâle.

«J’ai toujours su que je serais chef»



Mauricio Muñoz, 28 ans, chef de cuisine à l’Hôtel Euler, à Bâle. Photo: Didier Martenet

Un souvenir d’enfance? Je suis né à Bogotá d’une mère suisse, infirmière, et d’un père colombien, architecte. Je suis arrivé en Suisse à 11 ans. De la Colombie, je conserve le goût délicieux des fruits mûris au soleil. Et les tiramisus de ma mère. Aujourd’hui encore, j’aime ce dessert!

Un plat? Un émincé à la zurichoise avec des röstis, même si je préfère cuisiner les poissons. Je garde un souvenir fort d’un rouget à la sauce tomate safranée, dégusté aux Trois Rois, à Bâle.

Un ingrédient favori? La coriandre. Celle qu’on appelle cilantro en Colombie.

Un hobby hors des cuisines? Pas vraiment. J’ai toujours su que je voulais être cuisinier. Je suis très ambitieux, très organisé, je sais exactement comment je veux créer ma carrière. A 26 ans, je suis devenu l’un des plus jeunes chefs de Bâle. C’est ma fierté. Un jour, j’aimerais ouvrir l’un des 50 meilleurs restaurants d’Amérique latine.

Découvrez sans tarder notre galerie photo sur le 1er Grand Prix Joseph Favreà Martigny

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Et toutou ce qui s'ensuit!

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Perinde van Dijken, La Tour-de-Peilz
Réputés être les meilleurs amis de l'Homme, et donc des lecteurs de L'illustré, les chiens n'en pensent pas moins et il vaut parfois mieux ne pas savoir ce qui leur passe par la tête. Dans celle de Batave, par exemple, c'est un "Quoi, ma gueule?" un poil agressif.
Yolande Grange, Martigny
Aïko - Te prêter le journal? Tu rêves!
Othilie Piot, Chapelle-sur-Moudon
Maïko - Ben quoi, j'suis bien là!
Edith et Claude Lépinard, Lausanne
Cybèle - Racontez-moi tout, je vous écoute avec attention..
Yvette Favrat, Belmont
Djeen et Ocky - Repose-toi, je monte la garde!
Olivier Baudet, Echichens
Mmmm, c'est bon toutes ces miettes sous la table!
Michel Vergères, Genève
Django - Mais non cette chaise n'est pas libre, comment faut-il vous le dire?
Etienne Delannoy, Vevey
Lofy et Slow - Alors, c'est bon, tu te rends?
Bestialement vôtre
Et toutou ce qui s'ensuit!

Les virtuoses de la table à Martigny

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Linda Photography
Dimanche 11 décembre, la première édition du Concours Joseph Favre a eu lieu à Martigny. 6 candidats se sont affrontés sur le thème de la mise en valeur du terroir valaisan. Pour sa première édition, le concours initié par Benoît Violier, chef triplement étoilé, et repris par Frank Giovannini a su convaincre un jury d’exception venu de partout en Europe.
Linda Photography
Cédric Agnellet, 30 ans, second de cuisine au restaurant d’entreprise Patek Philippe, Compass Groupe, à Genève a remporté le concours et également le prix du public. Pinceau à la main, il a tout fait pour séduire le jury! Les critères d’évaluation? La présentation, l’originalité, la technique, le respect du thème, le goût, les assaisonnements et la cuisson.
Linda Photography
Chaque candidat a dû élaborer, avec des produits imposés, un amuse-bouche, un plat et un dessert, pour 14 convives. Ici, l’entrée de Cédric Agnellet: Trio de charcuterie du Valais au pain de seigle AOC du Valais. Le lard sec aux Agria. Le jambon cru en chantilly, tube croustillant de pain de seigle. «Comme un tartare!» de charcuteries aux abricots secs du Valais. Melba de pain de seigle.
Linda Photography
Le plat de Cédric Agnellet, photographié après sa présentation au public. Selle de veau «coupe courte» rôtie aux agrumes et moutarde, sauce «échalote» Joseph Favre. Paupiette de veau glâcée aux agarics et sa pomme fondante. Effilochée de veau râvigoté aux câpres. Tarte d’oignon grelots aux tétragones et truffes noires. Duo de navets au miel, gingembre et romarin, émulsion végétale.
Linda Photography
Le dessert de Cédric Agnellet: un millefeuille aux poires Williams du Valais.
Linda Photography
Les 6 candidats avaient 5h40 pour réaliser amuse-bouche, plat et dessert. Chaque candidat oeuvrait dans un box fermé, avec leur commis et un apprenti qui leur avait été désigné.
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Le jury et ses 22 étoiles au Michelin! Les Suisses Frédy Girardet, Pierre-André Ayer, Didier de Courten, Peter Knogl et Maurice Marro, les Français Michel Troisgros et Fabrice Prochasson, le Belge Ferdy Debecker, l’Allemand Eckart Witzigmann, le Danois Rasmus Kofoed, le Suédois Tommy Myllymäki, l’Italien Carlo Cracco, l’Espagnol Javier Torres et le Grec Yannis Baxevanis.
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Le concours a eu lieu lors dans le cadre du 4e Marché des Saveurs et Artisans, à Martigny. Dans les tribunes le public se penchait pour voir passer les plats des candidats goûtés par le jury.
Linda Photography
Chaque candidat est venu accompagné d’un commis. Le prix du meilleur commis a été remis à Cécile Panchaud, membre de l’équipe de Jérôme Lucienne, par Pierrot Ayer et Frank Giovannini (à dr). La jeune femme, 24 ans, travaille actuellement aux Trois Couronnes, à Vevey. En 2011, elle avait déjà été élue meilleure commis d’Europe.
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Le juré grec Yannis Baxevanis en pleine dégustation de l’entrée du candidat Elie Trumeau, arrivé deuxième sur le podium.
Gastronomie
Les virtuoses de la table à Martigny

Article 2

Article 1

L'interview de Jeremy Ferrari

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L'interview de Jeremy Ferrari

Il bouscule et ne laisse personne indifférent. Mais derrière son humour noir se cache la sensibilité d'un homme engagé. Jeremy Ferrari a répondu à nos questions à l'occasion de son passage au Montreux Comedy.

Montreux Comedy

Chat suffit!

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Chloé Theytaz, Sion
Harcelés par leurs paparazzi de maîtres, les chats des lecteurs de L'illustré ont parfois de la peine à préserver leur intimité et certains s'en plaignent. Garfield, lui, n'en a rien à faire: il roupille comme un soudard, épuisé par sa tâche de surveillant des devoirs.
Maryse Labadie, Thonon
Coco - Cherchez l'intrus? Et c'est qui l'intrus, hein?
Anne Fessler, Givisiez
Billy Jacob - Zut, je suis repéré!
Rachel Volery, Vuissens
Milou - Bon, range ta caméra, je vais prendre ma douche.
Pamela Blanc, Bulle
Zébulon - Non, tu liras ton journal à un autre moment. Maintenant, tu t'occupes de moi!
Chantal Michel, Bouveret
Calimero - Miam, un p¨tit dessert après les croquettes!
Estelle Schmidheiny, Nyon
Schnaps - Tiens, voilà de quoi acheter ma bouffe!
France Denux, Monthey
Vénus - J'ai faiiiiiim!
Danielle Maffli, Meyrin
Frimousse - Oui, c'est pour?
Leila et Isabelle Issa
Minou - Nooon, arrêtez avec vos photos, je dors!
Bestialement vôtre
Chat suffit!

Article 6

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