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Toutou bonnement!
La pêche miraculeuse de Timea Bacsinszky

Absente des courts à cause d’une blessure à la main, la tenniswoman vaudoise profite d’un séjour dans la Belle Province avec Andreas, son compagnon.
On connaissait le talent de Timea Bacsinszky une raquette à la main sur un court de tennis. Mais on ignorait que la joueuse savait aussi manier la canne à pêche. «Si vous vous posiez la question, eh bien, oui, j’adore pêcher (et cuisiner, surtout!)», écrivait-elle récemment sous une série de photos et de vidéos postées sur son compte Instagram depuis le parc national de la Jacques-Cartier. Absente du circuit depuis début juillet, forfait au prochain tournoi de l’US Open à cause d’une blessure à une main, la Vaudoise profite de quelques jours de vacances au Québec avec Andreas, son compagnon. Et à voir les 13 ombles alignées sur l’une des images publiées, on se dit que la pêche de Timea fut miraculeuse. A. J.
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Mélanie Freymond et Stéphane Lambiel: dansez maintenant!

La pétillante animatrice et, au sein du jury, l'ancien champion du monde de patinage artistique lancent le tempo de la nouvelle émission de la RTS, Alors on danse, avec quelques claquettes.
La fièvre du samedi soir a gagné la RTS! Moins people que Danse avec les Stars, la chaîne nationale ouvre le bal avec Alors on danse, cinq émissions diffusées en prime time dès le 2 septembre. Sur le dancefloor, dix solistes, couples ou groupes de jeunes Romands passionnés de danse, s’affronteront pour tenter de décrocher un voyage à Broadway. Nous vous présenterons leurs portraits dans notre édition du 30 août. Animée par Mélanie Freymond, qui, gamine, rêvait de tutu et de pointes, avant de s’essayer au jazz et au hip-hop, l’émission compte trois jurés: Stéphane Lambiel, champion du monde de patinage artistique, Florence Faure, danseuse étoile, et le claquettiste vaudois Costel Surbeck, 16 titres de champion du monde à son actif. Ça va valser! M. M.
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Pierre Maudet: "J’aime ces ambiances de campagne électorale"

Outsider de l’élection, le conseiller d’Etat genevois, père de trois enfants, table sur son pragmatisme et sa jeunesse pour s’imposer comme le candidat de l’action lors de l’élection du 20 septembre au Conseil fédéral.
Dans quel état d’esprit avez-vous abordé cette élection?
Combatif. J’aime ces ambiances de campagne électorale. Je me sens aussi étonnamment prêt. Je dis «étonnamment», parce que je me trouvais plutôt dans une optique de préparation des prochaines élections cantonales. La démission de Didier Burkhalter a constitué une véritable surprise. Durant le mois de juillet, j’ai donc beaucoup réfléchi, j’ai discuté avec mon entourage. J’ai pesé le pour et le contre. J’ai aussi écouté mes tripes. Début août, la décision de me lancer était claire.
Que pensez-vous pouvoir apporter au Conseil fédéral?
C’est une campagne comme je n’en ai jamais vécu, courte, intense, une campagne de réseau, pour laquelle on s’appuie sur son bagage. Dans une telle configuration, j’ai des atouts à faire valoir, de par mon parcours – cinq ans à l’exécutif de la ville de Genève et cinq ans à celui du canton –, en apportant une expérience différente de celle des parlementaires.
Le fait de ne pas siéger à Berne ne constitue-t-il pas au contraire un inconvénient, les parlementaires vous connaissant moins?
C’est peut-être un inconvénient. Mais le Conseil fédéral a aussi besoin de gens qui ont l’habitude de gouverner et de passer à l’acte. De ce point de vue, le fait de siéger dans un exécutif est plutôt un atout. De plus, la Suisse compte 41 conseillers d’Etat PLR, qui jouent un rôle primordial dans leur canton. Il serait anormal qu’ils ne soient pas représentés.
Quel est votre principal atout?
Il tient en un mot: pragmatisme. Je pense avoir démontré à Genève, bilan à l’appui, une capacité certaine à agir reposant sur une vision et une ligne. J’aime cette phrase: «La politique, c’est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire.» Elle résume mon approche. «Il faut penser avec les mains», disait Denis de Rougemont. Mon âge (ndlr: 39 ans), enfin, peut aussi constituer une force, dans un pays où 47% de la population a moins de 40 ans.
Votre âge, en quoi est-il une force?
Ces deux prochaines années, trois ou quatre conseillers fédéraux devraient partir à la retraite. L’enjeu est donc celui de la constitution de l’équipe qui dirigera le pays pour les dix prochaines années. Cette dernière devra gérer des révolutions telles que le virage numérique ou la transition énergétique. Et cela dans un environnement de grandes incertitudes. Face à ces enjeux fondamentaux, nous devons être équipés pour les comprendre, les expliquer et pouvoir y répondre. Toutes ces questions me passionnent; je suis en prise avec elles. J’ai envie de construire la Suisse de demain. Pour ne citer qu’un exemple, Genève est devenu le premier canton dont la loi sur les taxis intègre le paramètre Uber.
Quel est l’enjeu principal de ces prochaines années pour la Suisse?
J’en vois trois. Le plus urgent concerne clairement le domaine de la sécurité et de la souveraineté numériques. Nous devons rapidement développer notre aptitude à nous défendre contre une cyberattaque, tant au niveau des données privées que publiques. C’est un virage que nous ne pouvons pas rater. L’enjeu peut-être le plus important reste la capacité à faire évoluer le monde du travail et la notion même d’emploi. D’ici à 2030, 80% des emplois actuels n’existeront plus ou auront été transformés. Ce chamboulement va provoquer des tensions au niveau de la solidarité intergénérationnelle, mais il doit aussi nous inciter à une réflexion profonde sur la formation. Moi-même, en tant que père de trois enfants, j’ai des inquiétudes: que feront-ils dans dix ans, notre système scolaire leur permettra-t-il de se préparer au mieux à ces changements?…
Et le troisième enjeu?
C’est le plus délicat. Il concerne notre relation à l’Union européenne. Il est essentiel d’avoir de bons rapports avec nos voisins. Je le vois à Genève, canton qui exporte 70% de ses services et marchandises. Ce qui ne veut pas pour autant dire que nous devons nous «coucher». Il faut savoir se défendre dans une logique dynamique, se battre pour ses intérêts, car on a trop souvent donné l’impression de capituler. Nous ne devons pas nous laisser enfermer dans une logique de protectionnisme, d’immobilisme et d’isolationnisme, tous ces mots en «isme», qui dégagent une vision fantasmée d’une Suisse mythique qui n’a jamais vraiment existé.
Comment voyez-vous la Suisse dans vingt ans?
Je vois un pays aux facettes multiples, tourné autant sur Heidi que sur Federer, sur l’épopée des tunnels que sur l’aventure Solar Impulse, sur le high-tech que sur la mécanique de précision. Je vois un pays qui a réussi sa transition énergétique, tout en sauvegardant ses savoir-faire, un pays qui a pacifié ses relations avec l’Europe tout en ayant gagné en souveraineté. Une Suisse sûre d’elle. Nous vivons un moment charnière; j’aimerais en être un acteur.
Demain vendredi, nous vous proposerons la rencontre avec la Vaudoise Isabelle Moret
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Le fabuleux destin de Miss Yverdon 1993

Première femme noire couronnée dans le pays en 1993, Teresa Matusadila retrouve les pages de L’illustré: à 40 ans, elle devient mannequin. Elle vient de tourner une publicité avec Roger Federer.
Elle vient d’être élue. L’avenir est à elle et sa ville l’aime. Sur la photo du soir de son élection, Miss Yverdon-les-Bains 1993, maquillage appuyé et brushing un peu dame, la gamine de 16 ans sourit à pleines dents. A l’époque, elle croit encore qu’elle s’appelle Thérèse. Elle est apprentie coiffeuse, deuxième d’une fratrie de sept enfants, née à Kinshasa, au Congo, de nationalité angolaise, arrivée en Suisse à l’âge de trois ans. «La toute première femme black élue Miss en Suisse» nous a-t-elle écrit, vingt-quatre ans plus tard. Elle voulait donner de ses nouvelles, dire aux gens qu’il faut oser vivre sa vie pleinement.
Aujourd’hui, la toute fraîche quadragénaire raconte qu’elle a porté son prénom francisé jusqu’à ses dix-huit ans. C’est en demandant sa première carte d’identité, qu’elle apprend que Thérèse, la Broyarde d’Estavayer-le-Lac, est la variante intégrée, si ce n’est assimilée, de Teresa l’Angolaise. Aujourd’hui, mariée à un Tessinois au patronyme alémanique, elle est mère de trois enfants de 18, 12 et 10 ans d’un premier lit. Elle ne porte plus la couronne mais vit à Gossau, dans la banlieue campagnarde de Zurich, dans un appartement rempli de bougies et de coussins ethniques, où elle s’est établie par amour.

Il y a un an, elle a décidé d’oser retrouver le mannequinat, son premier rêve. A 40 ans, l’ancienne reine de beauté a retrouvé les flashs et les podiums. «A 9 ans, j’ai découvert Naomi Campbell dans un magazine, se souvient-elle. Quelle révélation quand j’ai compris que son métier était de porter les vêtements des autres, neufs en plus, pour les sublimer! Je viens d’une famille de 7 enfants. Chez nous, les habits étaient déjà bien recyclés par les autres, quand on les portait enfin! Je me suis tout de suite dit que c’était un métier pour moi: travailler dans la lumière, dans l’univers de la mode. Naomi Campbell, c’était aussi le premier mannequin à laquelle je pouvais m’identifier».
Insultes et menaces
L’élection de Miss Yverdon est une belle aventure. «Le jour J, on s’est rendu sur place avec la famille, en minibus. Je ne m’attendais à rien. J’avais le trac: c’était la première fois que mon père allait me voir si dénudée. Le lendemain, il y avait ma photo dans le journal: c’était comme un rêve». Pourtant, rapidement, le conte de fée vire au cauchemar. «Nous avons reçu des coups de téléphone anonymes, des lettres d’insultes, des menaces. On me disait «retourne dans ton pays». Mes parents m’ont caché des chosespour me protéger, mais rien n’y a fait, la psychose s’est emparée de la famille. Tout l’esprit d’ouverture de mon père s’est envolé». La dynamique familiale change: fini les castings et l’indépendance. «J’ai lâché ce rêve. Je suis devenue mère à 21 ans, mariée à 25 ans. J’étais coiffeuse. Mais ma soif d’artistique était un peu à l’étroit. Je m’imaginais créer des coiffures folles, des teintures audacieuses, à la place, c’étaiet coupe des pointes et mises en plis».
Très croyante, Teresa rêve de travailler au plus près des gens, de rendre service. «J’ai commencé une formation pour devenir aumônière. J’ai adoré travailler avec des jeunes. Il n’y avait pas de prosélitisme. L’amônerie était ouverte à toutes les religions: c’était très beau, très riche et très, très prenant». Teresa travaille, élève ses enfants, se sépare, puis rencontre son futur mari. Une période de gaîté teintée par sa santé chancelante. «J’avais de très violentes douleurs au ventre, explique-t-elle. Je perdais du poids, j’étais de plus en plus faible. Aucun médecin n’arrivait à poser de diagnostic ou à trouver des solutions. On me parlait de dépression ou de problèmes de digestion. Il a fallu trois ans pour qu’enfin on découvre de l’endométriose, une maladie gynécologique. J’étais surinfectée: j’ai risqué une septicémie. J’ai fini en chaise roulante, hospitalisée. Il a fallu quatre ans d’interventions médicales, on m’a ôté la matrice et les ovaires. Ce n’est que depuis deux ans, je me considère comme guérie et que j’ai retrouvé une vie normale».
Blondes, brunes ou rousses
De cette expérience traumatisante, la mère de famille retient qu’il faut vivre ses rêves avant que cela ne soit trop tard. Avec le soutien de sa famille, elle se lance, il y a un an. Sans agence, elle court les castings, enchaîne shootings et publicités, où souvent, «ils cherchent des blondes, des brunes, parfois des rousses, rarement des blacks. L’exotisme total, c’est les seniors».
Teresa ose et s’impose. «Je suis souvent assise à côté de gamines de la moitié de mon âge. Quand je leur dis le mien, elles font une de ces têtes! Le coup d’assommoir, c’est le fait que j’aie trois enfants! Mais je revendique mon âge: il n’y a pas d’âge pour la passion! Les limites sont celles que l’on se fixe. Tout dépend, aussi, bien sûr de ce que l’on vise. Je ne défilerai pas pour Chanel, je ne serai jamais Naomi Campbell. Mais je peux travailler pour des marques d’ici, être mannequin, figurante, et pourquoi pas actrice. Il faudrait plus de diversité à la télévision. J’ai écris à Darius Rochebin pour le prévenir: un jour, je prendrai sa place!».
En attendant, elle a tourné dernièrement une publicité pour une banque suisse. Invité vedette: Roger Federer. Le rôle de Teresa? Hôtesse de l’air, la troisième sur la droite. «On a beaucoup rigolé. Même Federer, qui ne se rappelait jamais de son texte, passait son temps à s’excuser en se marrant». Teresa vit son rêve. Intensément. Elle écrit le fabuleux destin de Teresa Matusadila.
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Isabelle Moret: "Je peux créer des ponts avec tous les partis"

A 46 ans, l’avocate vaudoise, mère de deux enfants, est aujourd’hui une parlementaire qui compte. Connaissance des dossiers et capacité de dialogue sont ses atouts.
A quel moment vous êtes-vous dit «je vais être candidate au Conseil fédéral»?
Le Conseil fédéral n’a jamais été un rêve de jeunesse. Je suis issue d’un milieu modeste – mes parents étaient cheminots –, mon premier rêve a été de devenir avocate. Je me souviens de la réaction de ma grand-mère. «Ce n’est pas un métier pour nous», m’avait-elle dit. Employée d’usine, elle ne pouvait pas imaginer que sa petite-fille puisse devenir avocate. J’ai réalisé ce rêve, puis j’ai pu accéder au Parlement. C’était inoubliable d’entrer pour la première fois dans la salle du Conseil national. Jusqu’à la démission de Didier Burkhalter, je n’avais pas particulièrement pensé au Conseil fédéral. Quand des collègues m’ont demandé de réfléchir à une candidature, je me suis alors dit que le défi était passionnant, que c’était l’occasion de défendre mes idées, ma vision de la Suisse, et d’expliquer tout ce que j’avais déjà réalisé.
Un Vaudois siège déjà au Conseil fédéral. Cela ne représente-t-il pas un obstacle à votre candidature?
Je pense que ce sont les compétences qui doivent primer. De fortes convictions, une capacité de dialogue dans l’optique d’aboutir à des compromis, ce sont mes qualités. Je défends toujours mes idées avec vigueur, mais je suis quelqu’un d’ouvert à la discussion et capable de créer des ponts avec tous les autres partis, tant avec l’UDC pour l’accélération des procédures d’asile qu’avec la gauche pour la politique familiale, par exemple.
On ne peut cependant pas éluder l’élément de la représentativité régionale…
C’est un élément qui doit être pris en compte, certes. Mais je remarque qu’il y a déjà eu deux Zurichois et deux Bernois. Et de fait, il y a déjà eu deux Vaudois en même temps, deux anciens syndics de Lausanne même, Georges-André Chevallaz et Pierre Graber, ce dernier ayant été considéré comme Neuchâtelois, son canton d’origine, bien qu’il ait fait toute sa carrière politique et sa fête d’élection dans le canton de Vaud. J’estime de plus qu’il est réducteur de me considérer comme Vaudoise. Originaire de Braggio, dans la partie italophone des Grisons, ma mère est née à Porrentruy et a suivi toute sa scolarité à Davos. Mon père est un Bâlois né dans le Haut-Valais, à Saas-Almagell. Surtout, il n’y a jamais eu de femme latine de droite ou du centre au Conseil fédéral. Les deux Romandes (ndlr: Ruth Dreifuss et Micheline Calmy-Rey) étaient socialistes…
La carte «femme» est-elle importante à vos yeux?
Le fait d’être une femme passe après mes compétences. Mais une représentation féminine suffisante au Conseil fédéral est importante et c’est un élément qui compte pour beaucoup de mes soutiens. Les femmes PLR ne sont plus représentées au gouvernement depuis vingt-huit ans.
Que pouvez-vous apporter au Conseil fédéral?
Ma bonne connaissance des dossiers. Celle-ci ne se limite pas aux domaines de la santé et du social, sur lesquels je me suis beaucoup prononcée ces derniers temps. J’ai été membre de la commission de surveillance des secrets d’Etat, qui examine l’activité du Conseil fédéral en temps de crise, à l’époque des crises de l’UBS et des otages en Libye.
Quel est le principal enjeu de la Suisse de ces prochaines années?
Parmi les PME, 75% estiment que la numérisation va changer complètement le marché dans les cinq ans. C’est un enjeu fondamental. Même des secteurs comme celui de l’agriculture devront s’adapter. C’est une véritable révolution qui bousculera tous les aspects de notre vie quotidienne. La Suisse ne peut pas se permettre de prendre du retard, car notre matière grise est notre principale ressource. Il faudrait par exemple que les enfants apprennent à l’école la programmation, au même titre qu’une langue étrangère. C’est pour souligner cet impératif que j’ai lancé ma campagne à l’EPFL, symbole de l’innovation. Un autre enjeu prioritaire concerne notre relation avec l’Union européenne.
L’Europe, est-ce vraiment encore une question actuelle?
Elle est plus actuelle que jamais. La question n’est pas de savoir si l’on doit avoir des relations avec l’Union européenne, mais comment. De par notre situation géographique, elle est notre premier partenaire économique. Nous devons permettre à nos entreprises, déjà pénalisées par le franc fort et des salaires plus élevés, d’exporter sans entraves dans les pays qui nous entourent et de créer ainsi des emplois et de la prospérité. Beaucoup de nos accords avec l’UE sont basés sur des éléments aujourd’hui dépassés. Ils doivent être mis à jour.
Comment voyez-vous la Suisse dans vingt ans?
Je vois une Suisse qui a conservé ses valeurs tout en les renouvelant, qui a valorisé ses minorités et a réussi le pari de l’intégration. Une Suisse qui a gardé le respect de la démocratie directe et du dialogue social entre employeurs et salariés. Une Suisse toujours ouverte, permettant à ses jeunes d’aller se former et travailler à l’étranger, avant de revenir apporter leur savoir-faire ici. Une Suisse qui a trouvé un équilibre entre force des traditions et liberté.
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Marc Voltenauer, passion polar et vie privée

Le Genevois sort le deuxième volet des aventures de son héros, l’inspecteur homo Andreas Auer. Sa vocation récente pour le roman policier a bousculé son existence et celle de son compagnon, Benjamin. Rencontre.
Retrouver l’auteur de polars genevois Marc Voltenauer, 44 ans, à Solalex, au pied du Miroir de l’Argentine, sur la terrasse de l’auberge familiale des Jaggi, c’est pénétrer à la page 315 de son nouveau roman policier intitulé Qui a tué Heidi?. Le héros, l’inspecteur homosexuel Andreas Auer, y est attablé en compagnie de Mikaël, son amant. Ce jour-là, l’auteur, lui, est venu avec Benjamin, 31 ans, compagnon de vie à qui il dédie le deuxième ouvrage de sa jeune carrière d’écrivain. Lucien, le serveur facétieux décrit au chapitre 92 se matérialise sous nos yeux. Il dessine au feutre chacun des plats qu’il commente. Le décor en arrière-plan est spectaculaire. Au cœur des Alpes vaudoises, la paroi montagneuse de calcaire est lisse et brillante. Voltenauer est tombé amoureux de la région, découverte grâce à celui qui partage son intimité. Ce soutien de tous les instants a été le témoin depuis quelques années d’une passion naissante couronnée de succès.
A deux autour du monde
«Il existe des ponts entre réalité et fiction, ma vie avec Benjamin et mes livres, dit Marc Voltenauer. Si j’ai ressenti l’envie de faire évoluer mes personnages à Gryon, c’est grâce à un coup de cœur. Benjamin est originaire de la région, il me l’a fait découvrir.»

La paisible commune vaudoise, théâtre de son premier ouvrage, Le dragon du Muveran, était bousculée par les crimes d’un tueur en série. On la retrouve, même si l’action, cette fois, évolue ailleurs en Suisse romande et jusqu’à Berlin.Pour Marc Voltenauer, l’envie d’écrire ne s’est jamais véritablement manifestée comme telle. Elle a germé au cours de son voyage autour du monde entre 2011 et 2012 pour éclore au retour. Marc et Benjamin ont quitté leurs emplois respectifs et largué les amarres après avoir économisé pendant deux ans. «Le fait de dessiner les contours de notre périple, de démissionner, de lâcher notre appart, de découvrir ensemble des pays, des cultures, des êtres, des lieux, des atmosphères a été très important dans notre histoire personnelle. Nous avions beaucoup de temps à disposition, sans aucune pression. Cela nous a permis de nous libérer de plein de choses sans avoir à nous préoccuper de ce que nous ferions après», commente Marc.
Echafauder une intrigue
Benjamin et lui ont consacré énormément de temps à lire entre la Jordanie, l’Inde, l’Asie du Sud-Est, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Nouvelle-Calédonie et les grands espaces d’Amérique du Nord. «Benjamin est plus éclectique. Moi, c’était polar uniquement», précise Marc Voltenauer. Au fil des lectures, cet ancien responsable des ressources humaines d’une banque genevoise commence à percer l’architecture des thrillers nordiques signés Camilla Läckberg, Henning Mankell ou Jo Nesbø.
«Au retour, je me suis dit, de façon inconsciente: «Ça doit être sympa d’échafauder une intrigue.» Benjamin se souvient: «Il y avait chez Marc un challenge à relever: «Est-ce que je serai capable d’écrire un roman?» Un matin, il le vit se mettre au travail à 4 heures, tenaillé par «le besoin de raconter l’histoire qu’il avait en tête».Le village de Gryon, avec sa topographie insolite, était à ses yeux le pendant romand des lieux où se déroulaient les huis clos des auteurs scandinaves.
L’envie de raconter
Tout s’est enchaîné rapidement. Une réflexion de Camilla Läckberg, jamais avare en conseils sur son site officiel, lui revient: «Ecrire un polar, dit-elle, tout le monde peut le faire. Il faut 10% d’inspiration et 90% de transpiration.» Ce que Marc Voltenauer va éprouver, malgré les embûches, avec une relative facilité. «Les idées venaient de façon très naturelle, j’étais surpris. A l’école, le français n’a jamais été mon point fort. C’est l’envie de raconter qui a pris le dessus.»
Pour relire ses premiers jets, guider ses pas, il a pu compter sur l’aide précieuse de Benjamin, de sa propre mère d’origine suédoise – elle a sélectionné pour Marc la crème des polars lus en voyage – et de Marie Javet, auteure de La petite fille dans le miroir.

Qui a tué Heidi?, avec ses 445 pages, est plus copieux que le précédent. Sa trame est déroutante, du moins au début. Quel est le lien entre un tueur à gages russe en mission à Berlin, un individu à la personnalité trouble surnommé L’homme qui s’enivrait du parfum de sa mère et un paysan vaudois?
Les caractères sont en proie à des interrogations. Erica Ferrand, la femme pasteur croisée dans Le dragon du Muveran, est tenaillée par un sentiment de culpabilité. L’inspecteur Andreas Auer ne fait pas exception. «J’ai l’air d’un con», se dit-il dès le prologue.A travers 140 courts chapitres, il compose avec un soin maniaque un récit fictif nourri des connaissances professionnelles de spécialistes romands. «J’ai consulté un directeur de prison, un inspecteur, un commissaire, un avocat et un médecin légiste, le fameux professeur Patrice Mangin.»A ce dernier, il demande: «Comment peut-on faire croire au suicide d’une personne alors qu’il s’agit d’un meurtre?» Le spécialiste, ne connaissant pas encore l’écrivain, s’est assuré, avant de lui répondre, que son interlocuteur ne cherchait pas à commettre un crime parfait.
Un succès inattendu Avec la parution du Dragon du Muveran – 30 000 exemplaires vendus et une parution à venir en poche – l’auteur a vécu, en couple, l’inattendu. «C’est devenu une aventure à deux, confie Benjamin. Une dynamique s’est créée dès la réponse favorable d’un éditeur. Les romans de Marc sont très présents dans notre vie.»

Et l’auteur de conclure en pensant avec tendresse à Benjamin: «Ecrire est un élément central de notre vie, mais le plus important, c’est nous deux!»
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Les enfants de Schumi s'affirment dans le sport

Alors que Michael Schumacher est toujours gravement handicapé, son fils Mick et sa fille Gina déboulent en pleine lumière. Sous le regard attendri de leur mère Corinna, Mick est aux portes de la formule 1 et Gina domine sa discipline équestre.
Ils s’appellent Schumacher et c’est comme si ce nom brillait en lettres de feu partout où ils se montrent. Gina et Mick Schumacher ont le menton ambitieux, le front large et conquérant. Le parallèle fait presque mal: ils ont la même allure que leur père, Michael Schumacher, qu’un tragique accident de ski tient alité depuis décembre 2013, gravement handicapé, dans sa propriété de Gland.
Ses deux enfants ont le pilotage dans le sang, d’une vitesse et d’une précision infinies, qu’il s’agisse d’un cheval ou d’une voiture. A 20 ans, Gina guide sa monture jusqu’à être considérée comme une des meilleures du monde dans son sport. A 18 ans, Mick est en train de percer au plus haut niveau de l’automobile.Discrets et protégés des médias depuis leur plus jeune âge, il arrive cependant qu’ils soient réunis dans un lieu public, suscitant une émotion que leur destin dramatique avive. Mi-août, Mick et sa mère Corinna ont ainsi assisté aux Mondiaux de reining, une discipline équestre. L’événement a eu lieu dans un endroit familier, ce monumental ranch de Givrins, au-dessus de Nyon, que les villageois ont baptisé «la cathédrale». Corinna l’a acquis en janvier 2005, pour 4,6 millions. Férue d’équitation, elle en a triplé le volume, pour le pousser à 30 000 m³ et en faire un temple dédié à la monte américaine, avec stetson et musique western.

Gina Maria, deux fois en or
C’est là que Gina Schumacher a décroché deux médailles d’or chez les espoirs, en individuel et par équipe, sous l’œil attendri de sa famille. Même son oncle Ralf, l’ex-pilote de F1, était là, lui dont la presse allemande raconte volontiers les difficultés relationnelles au sein de sa famille, après une séparation douloureuse.
Ce jour-là, la profondeur du rapport entre une mère et ses enfants est apparue au grand jour. A travers ces images de tendresse, tout est revenu, soit le souvenir de l’histoire d’amour de Corinna et Michael. Nés en 1969, tous deux ont grandi à quelques villages l’un de l’autre. Attachés aux mêmes valeurs, amoureux comme au premier jour, ils fuyaient les apparitions publiques et n’aspiraient qu’au calme en Suisse depuis la retraite du champion. Juste eux, soudés les uns aux autres. Privilégiée, la fidèle assistante de Michael, Sabine Kehm, a vécu ces moments d’intimité. «A table, les Schumacher prenaient place d’une façon si proche, si serrée, qu’ils avaient parfois de la peine à manger…» raconte-t-elle dans une biographie consacrée à Schumi. Elle disait aussi les journées de l’ex-champion du monde à jouer à Spider-Man avec son fils, à aller voir ses enfants sur leurs poneys shetlands, à parler des heures le soir avec sa femme. A taper dans le ballon au FC Echichens. Ce bonheur-là, une simple chute sur une piste de Méribel l’a englouti.
Il s’appelait Mick Betsch Son fils, désormais pilote, le grand public va s’habituer à le voir souvent. Il a commencé comme son père, au volant d’un karting, dès 2004. Mais pas question pour lui de surfer sur cette notoriété. C’est sous le pseudonyme de Mick Betsch, le nom de famille de sa mère, qu’il évolue d’abord sur les différents circuits d’Europe. Sa ressemblance avec Schumi le trahit, bien sûr, même s’il redevient un pilote comme les autres dès qu’il pénètre dans un baquet. En 2011 et 2012, il termine respectivement 9e et 7e du championnat ADAC Kart Masters. Il progresse. En septembre 2014, casque vert et patronyme Betsch inscrit sur sa machine, numéro 110, il grimpe sur la deuxième marche du podium des Mondiaux, dans la catégorie KF junior. Il se fait appeler Mich Junior. La référence avec son paternel apparaît, il l’assume peu à peu.

Fin 2014, il entre dans une monoplace. Ce sera dans l’équipe Van Amersfoort Racing, en formule 4. Il gagne une fois. Surtout, il accepte enfin de s’appeler Schumacher. Sa première victoire dans cette catégorie, il la remporte en avril 2015, à 16 ans, sur un circuit du nord de l’Allemagne au nom férocement anonyme, Oschersleben. En 2016, il entre dans l’équipe italienne Prema Powerteam, dont la proximité avec l’écurie Ferrari est connue. Il gagne dix fois, finit vice-champion.
Prochaine étape, début 2017, le Championnat d’Europe de formule 3, considéré comme l’antichambre de la F1. Schumi Baby a grandi: il salue amicalement, ne se cache plus comme souvent en formule 4 et joue volontiers au football avec d’autres pilotes sur le parking. Il décroche son premier podium lors de la cinquième épreuve, sur la piste italienne de Monza.L’ascension jusqu’au graal de la formule 1 culminera le dimanche 27 août. Une heure avant le départ du GP de Belgique, sur le circuit légendaire de Spa-Francorchamps, le jeune pilote allemand prendra le volant d’une Benetton Ford B194. L’instant sera suspendu, car ce bolide est celui que son père conduisit en 1994, lors du premier de ses sept titres mondiaux. Mick n’était pas encore né. Pour ne pas déchoir au volant de cette bête de course de plus de 700 chevaux, le jeune homme s’est entraîné dans la plus stricte intimité, le 9 août, coiffé d’un casque noir.
Une ambition l’habite: «Le titre de champion du monde de F1 est de toute façon mon objectif. Tout pilote le veut, je ne pense qu’à cela», vient-il de déclarer lors d’une de ses rares interviews, ajoutant: «Mon père est mon idole.»Il se sait observé comme personne. En premier lieu par l’ex-directeur de Ferrari, le Français Jean Todt, prudent, qui accompagna son père lors de ses grandes années: «Je ne veux pas les comparer. On devrait traiter Mick comme n’importe quel autre pilote. A cause de la carrière de son père, il ressent déjà une grande pression. Je me réjouis beaucoup qu’il se soit décidé pour le sport motorisé.»

Piloter, une histoire familiale
Mick Schumacher est un pilote de plus à perpétuer un fol amour familial pour le volant. Dans le désordre et à travers les époques, citons Damon Hill, fils de Graham, Jacques Villeneuve, fils de Gilles, Emerson, Wilson et Christian Fittipaldi, Pedro et Ricardo Rodríguez. Mais aussi Juan Manuel Fangio, neveu du grand Fangio, David Brabham, fils de Jack, Loïc Depailler, fils de Patrick, Tom Scheckter, fils de Jody, Mathias Lauda, fils de Niki, Nico Rosberg, fils de Keke, Nelsinho Piquet, fils de Nelson, Nicolas Prost, fils d’Alain. Ou, en Suisse, Sébastien Buemi et Natacha Gachnang, petits-enfants de Georges Gachnang, et même les Siffert, fille et fils de Jo.
Et lui, et eux, dont la simple présence sur un circuit ou dans un manège suscite l’émotion et renvoie à un passé de podiums et de triomphes. Mick et Gina, enfants de Michael.
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7 conseils pour réussir vos apprentissages

Apprendre, ça s’apprend! Pour réussir dans votre vie quotidienne et professionnelle, il ne s’agit pas nécessairement de travailler plus, mais mieux. L’illustré vous suggère quelques bonnes pistes pour y parvenir.
1. Déterminez votre profil d’apprentissage
Pour commencer, on pourrait dire avec Socrate: «Connais-toi toi-même!» Il faut prendre conscience de sa propre manière de fonctionner, et en particulier d’apprendre, pour parvenir à l’optimiser. Commencez par déterminer quel(s) sens vous mettez à contribution de préférence pour acquérir un savoir. On compte trois grands profils d’apprentissage: les visuels, les plus nombreux (65%), qui apprennent mieux avec des images; les auditifs (30%), dont l’ouïe est le sens dominant, qui se fient à la parole, aux mots et aux sons; les kinesthésiques (5%), qui apprennent avec leur corps, ont besoin de bouger, de faire, de manipuler. Si vous hésitez, le test en dernière page du guide vous aidera à déterminer votre sens dominant.
2. Motivez-vous, donnez du sens à ce que vous faites
Plus on a le désir de comprendre et d’apprendre, mieux la mémoire enregistre. Pour susciter et entretenir ce désir, trouvez ce qui est motivant pour vous, orientez votre objectif en fonction de vos valeurs personnelles. Qu’est-ce qui vous a convaincu de vous «jeter à l’eau» lors de vos derniers apprentissages? Qu’est-ce qui vous porte vraiment et vous aide à vous lever le matin?
3. Croyez en vous: «Yes, you can»
Il est plus facile de réussir un apprentissage quand on a confiance en soi, en ses capacités et qu’on a une estime de soi suffisante. Pour développer la première, commencez par vous fixer de petits objectifs que vous savez pouvoir atteindre. Pour doper votre estime de vous-même, combattez la petite voix intérieure qui s’ingénie à vous dévaluer.
4. Utilisez des outils adaptés à votre sens dominant
Référez-vous à votre profil d’apprentissage pour choisir les outils adéquats. Si vous êtes visuel, votre mémoire s’appuie sur des images mentales: faites des schémas, des tableaux, des dessins, des fiches avec des codes couleur… Si vous êtes auditif, vous préférez discuter ou écouter plutôt qu’écrire ou lire: relisez vos notes à haute voix, posez-vous des questions, discutez-en avec d’autres, enregistrez-vous pour vous réécouter… Si vous êtes kinesthésique, vous avez besoin d’expérimenter les choses: essayez de raccrocher vos notes à des situations vécues, des exemples concrets, associez des gestes, des émotions, des dessins aux concepts à mémoriser.
5. Adoptez le «mind mapping»
Créée dans les années 70 par le psychologue anglais Tony Buzan, la technique du mind mapping, ou construction de cartes mentales, consiste à réaliser des graphiques pour représenter des idées, des tâches, des mots, des concepts liés entre eux, autour d’un sujet central. Elle permet de visualiser et développer des idées, de comprendre et apprendre, de planifier et organiser, de prendre des notes… Un véritable couteau suisse! A construire sur papier ou en ligne, avec l’un des très nombreux logiciels et applications dédiés à ce travail.
6. Testez-vous
Interrogez-vous sur les sujets, par exemple en utilisant des fiches avec des questions ou des mots clés au recto et des réponses au verso. Travaillez régulièrement ce système de question-réponse à intervalles de plusieurs jours.
7. Pratiquez la répétition espacée
Cette méthode de mémorisation est basée sur des révisions à intervalles réguliers, plus ou moins espacés, et est très efficace, en particulier pour apprendre du vocabulaire. Elle est née du constat qu’il suffit de quelques heures pour oublier plus de la moitié de ce que l’on a appris si l’on ne révise pas et de quelques jours pour en oublier la totalité. Au lieu de longues séances de mémorisation, elle préconise donc de courtes répétitions, régulières et espacées dans le temps. Les intervalles idéaux ont même été calculés: il faut laisser passer dix heures pour la première répétition, un jour pour la deuxième, deux jours pour la troisième, etc. Et c’est là que l’informatique entre en jeu pour automatiser ce processus, grâce à des logiciels (Emryz, par exemple) et des applications qui vont rythmer vos révisions (Anki, Memrise).
Cet article vous intéresse? Retrouvez-le dans son intégralité, soit avec 14 conseils au total, dans L’illustré n°34, actuellement disponible en kiosque
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20 images du Gros de Vaud au cours de l'été 2017
Thomas Bouledin, de Montreux au plateau gourmand de France 2

Le jeune prodige romand de la pâtisserie est l’un des neuf candidats de l’émission Qui sera le prochain grand pâtissier? dont la nouvelle saison a démarré mardi.
Tiens, il me dit quelque chose… C’est parce que le chef de 23 ans a fait des étincelles hier soir dans la première émission de Qui sera le prochain grand pâtissier?, sur France 2.
Comment a-t-il atterri là? Marseillais d’origine, Thomas Bouledin a pas mal bourlingué avant de poser ses valises à Montreux, il y a un an. Après une formation de cuisinier, il a effectué une mention complémentaire en pâtisserie. Il est aujourd’hui chef pâtissier au restaurant deux étoiles au Michelin Le Pont de Brent (VD). Lorsque la chaîne l’a contacté, il a envoyé sa candidature et a été sélectionné.
C’est quoi son truc en plus?«Ma détermination, peut-être. Je crois que ça a été ma force pendant les concours.»
Cuisiner dans un studio, c’est chaud?«J’ai l’habitude d’avoir du temps pour me préparer et faire des essais pour chaque plat. Là, c’est du one shot, on n’a pas le droit à l’erreur. Ça m’a appris à mieux gérer le stress. On ne peut pas se laisser dépasser par l’émotion, pas le temps.»
Son épreuve préférée?«La première a été ouf! On ne savait pas à quoi s’attendre. J’ai dû créer un dessert autour de la pomme. Mais l’épreuve qui m’a le plus marqué, c’est celle du gâteau de prestige. Nous avons réalisé un gâteau de mariage par binômes. C’était très motivant car nous l’avons fait pour des gens dont on savait que ça marquerait leur vie. J’étais heureux d’embellir leur jour J avec un beau gâteau.»
Et dans la vie, quel dessert préfère-t-il?«Le baba au rhum!»
Pour le rhum?«Surtout pour le baba, voyons…» M. S.
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Djibril Cissé vaudois, l’incroyable transfert

La star du football porte désormais le maillot d’Yverdon. Interview-vérité à découvrir très bientôt dans notre magazine Sport.
Neymar et Mbappé au PSG, ce n’était pas vilain. Dembélé au FC Barcelone ce n'est pas mal non plus, mais franchement, le transfert de l’été n’a-t-il pas plutôt eu lieu à Yverdon (Promotion League), avec l’arrivée inattendue du flamboyant Djibril Cissé, star internationale de 36 ans, vainqueur de la Ligue des champions avec Liverpool en 2005? Il s’en explique avec un naturel désarmant dans notre magazine Sport, offert avec L’illustré du 6 septembre. Après un shooting photo mémorable, il raconte son bonheur de rejouer, son enfance modeste et le respect qu’il ressent pour des équipiers travaillant huit heures par jour. A déguster, tout comme une rencontre exclusive avec Maria Sharapova, à Los Angeles. L’ex-reine est de retour au tennis, après quinze mois de suspension. Elle a envie qu’on l’écoute. Bonne lecture! M. D.
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Mireille Darc racontée par ses proches

Icône du cinéma français, l’actrice née Mireille Aigroz d’un père vaudois s’est éteinte à 79 ans après un double AVC. Témoignages de ses proches.
Il est des femmes qui traversent les époques et les épreuves; la comédienne franco-suisse Mireille Darc, disparue lundi dernier à 79 ans, était de cette trempe-là. «Elle était très forte et fragile à la fois.» A Paris, le producteur Norbert Saada évoque avec émotion cette amie dont il produit La barbare en 1989, son premier film en tant que réalisatrice. «Mireille était dans le coma depuis trois jours», confie-t-il. Après deux AVC en septembre dernier, elle semblait tirée d’affaire. Son mari, Pascal Desprez, avait témoigné, confiant, peu après le drame. «Elle avait commencé à avoir mal à la tête. Elle a fait une hémorragie cérébrale, puis une deuxième. Il y a eu un grand moment de panique.» Sortie d’un coma artificiel, l’actrice en phase de rééducation avait fini par récupérer la marche et la parole à 90%.
Colonne vertébrale fracturée
Une fois encore ce petit brin de femme, attachante, libre et sexy, s’en sortait miraculeusement. Mireille Darc était une survivante. Après un terrible accident de voiture le 7 juillet 1983 dans le val d’Aoste – elle avait subi une fracture de la colonne vertébrale – elle fut soignée à l’hôpital de Genève.

Depuis l’enfance, elle souffrait d’un souffle au cœur. En 1980, Mireille Darc avait été opérée à deux reprises. Le professeur Christian Cabrol lui avait implanté une valve lors d’une opération à cœur ouvert. En 2013, opérée une seconde fois, elle semblait avoir surmonté le pire.
En 2015, on apprenait dans l’émission de Marc-Olivier Fogiel, Le divan, que son père avait tenté de se suicider sous ses yeux. «C’est à cause de toi», dit-il à la fillette âgée de 6 ou 7 ans. Enfant illégitime, il la surnommait la «bâtarde». Son véritable père était un marin de passage à Toulon. A chaque coup du sort, celle qui était née Mireille Aigroz, originaire de Combremont-le-Petit, dans le canton de Vaud, montrait un courage admirable.
A Genève, elle cultivait une réelle amitié avec l’avocat Dominique Warluzel. «C’était ma grande sœur, pleure l’ex-ténor du barreau joint par téléphone. Un jour de 1989, Alain Delon, dont je gérais toutes les affaires, m’a dit: «Je vais vous envoyer une femme exceptionnelle.» Elle m’avait offert une grande photo d’elle. Depuis lors, ce fut une sororité de cœur et d’esprit. Elle était d’une fidélité intangible, inconditionnelle. Jamais je ne l’ai entendue se plaindre malgré un accident de voiture, deux remplacements de valves cardiaques et un cancer. Jamais!»
Une «mère» pour Anthony Delon
Ses ennuis de santé avaient empêché Mireille Darc d’enfanter. Anthony Delon, fils aîné d’Alain et de Nathalie Delon, la considérait comme sa propre mère. «Elle a élevé Anthony pendant quinze ans, confie l’avocat. C’est lui qui m’a prévenu en me disant qu’il fallait que je m’attende au pire.»
Généreuse et attentionnée, ces deux adjectifs la définissaient pleinement, confirme le photographe français Richard Melloul. «Mireille pensait d’abord aux autres avant de penser à elle, c’est rare dans ce métier. C’est une femme des années 70, mais terriblement d’aujourd’hui. Elle ne s’est pas démodée. Avec Mireille, nous avons fait deux livres sur Maurice Béjart, réalisé des reportages et des documentaires. J’étais à son chevet il y a encore trois jours», ajoute-t-il.

Avant sa reconversion derrière la caméra, Mireille Darc fut pour le grand public l’apparition glamour de la comédie de l’année 1972, Le grand blond avec une chaussure noire. Un choc inoubliable pour Pierre Richard. De passage à Crans-Montana, il s’en est souvenu avec ravissement en 2013: «Mireille Darc, la première fois que je l’ai vue, elle avait le dos nu jusqu’aux fesses! On m’avait caché Mireille Darc et la fameuse robe fendue dans le bas du dos… Le réalisateur, Yves Robert, s’était débrouillé pour que je ne la voie pas. En ouvrant la porte, j’en ai eu le souffle coupé!» La scène a été tournée telle quelle. L’actrice au cœur si fragile avait connu le grand amour pendant quinze ans avec Alain Delon.
Elle avait accepté de lui rendre hommage en novembre 2015 pour fêter ses 80 ans. «Lorsque je l’ai rencontré la première fois, il était trop, disait-elle. Trop beau, trop doué. Il avait un magnétisme très fort. Au début, sa beauté m’avait fait peur. Je n’ai pas été séduite tout de suite par lui, mais intéressée», nous confiait-elle d’une voix bienveillante malgré une séparation qui laissa des traces profondes. «Il y a un moment où on laisse de l’espace, et si quelqu’un s’y met, ça chavire», admettait-elle. La jeune Anne Parillaud ne résista pas à Delon. «Ensuite, chacun a fait son bout de chemin, même si on se rend compte que c’était peut-être mieux avant…» Son désir d’enfant fut impossible à combler. «Je n’ai jamais caché à Alain que je ne pouvais pas en avoir. Il le savait. Il était à la recherche d’une femme qui puisse lui en donner encore.»
A Pascal Desprez, mari de Mireille Darc depuis 2002, Alain Delon dit un jour: «Je vous la confie.» Le Guépard avait pu, lui aussi, compter sur Mimi Jolie, comme il la surnommait tendrement. Un matin de 1968, il fut soupçonné d’avoir commandité l’assassinat de Stefan Markovic, son ex-garde du corps, retrouvé mort dans une décharge publique. La presse et l’opinion avaient condamné Delon. Il appela Mireille Darc et elle répondit présente, comme toujours. «L’affaire Markovic commençait. Soudain, les gens ignoraient Alain, dit-elle. D’un seul coup, partout où il allait, on refusait de lui parler. Tous avaient peur d’être compromis.» Delon décida de faire face. Alors que la rumeur de son arrestation enflait, il se rendit un soir à l’opéra voir danser Rudolf Noureev. Elle en gardait un souvenir palpable. «On s’est retrouvés, lui et moi, à l’opéra, très seuls. Il y avait le Tout-Paris et le Tout-Paris hostile nous ignorait. Ce soir-là, ça m’a rapprochée d’Alain.» Le couple fit face au soupçon pendant deux ans. «Cela nous a vraiment unis. On était alliés», dit-elle.
A Genève au théâtre
A Paris puis à Genève, en 2007, Alain Delon et Mireille Darc s’étaient retrouvés flamboyants au théâtre dans la pièce Sur la route de Madison. Au Théâtre du Léman, elle était apparue dans l’une des scènes complètement nue, de dos, devant une assistance subjuguée.
Delon semblait fou d’elle. «C’est une femme exceptionnelle! Vous avez vu ce corps? Les spectatrices viennent me voir après la représentation et me disent: «Elle est magnifique pour ses 55 ans.» Je leur dis: «Oui, tout à fait, et vous pouvez en rajouter 15 de plus.» Mireille Aigroz avait choisi le pseudonyme Darc en montant à Paris afin de faire carrière, pensant à Jeanne d’Arc et à la rivière de son enfance, l’Arc. Elle a été l’égérie du réalisateur Georges Lautner. Elle enchaîna les comédies. A partir de 2005, Mireille Darc était devenue la marraine de l’association humanitaire La chaîne de l’espoir. Elle a pour mission de permettre aux enfants des pays en voie de développement d’avoir accès aux soins médicaux et chirurgicaux et à l’éducation scolaire.
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De jeunes Romands entrent dans la danse
Léonard Gianadda: "La Russie a changé ma vie"

Ce sont ses clichés, pris à Moscou en 1957 à l’occasion du Festival mondial de la jeunesse, que le Musée des arts décoratifs de Moscou a choisi d’exposer pour commémorer les 60 ans de l’événement. Une reconnaissance qui a bouleversé l’ancien photoreporter valaisan lors du vernissage. Séquence émotion.
«Il n’y a rien de plus touchant qu’un homme qui pleure», dit le poète. Mais quand l’homme en question a 82 ans, qu’il culmine à près de 2 mètres et semble plus solide qu’un mur de briques, l’émotion est encore plus vive. A la seconde même où il a pénétré dans la salle au style baroque du Musée des arts décoratifs de Moscou, dépendance du Musée Pouchkine, où ses photos sont exposées jusqu’au 2 octobre, Léonard Gianadda a fondu en larmes. «Soixante ans! Soixante ans! C’est formidable, hein?» a-t-il bredouillé entre deux sanglots, le bouquet de fleurs que la directrice de la mythique institution venait de lui offrir à la main.
«Quand l’homme exprime sa joie, il arrive que les larmes parlent pour sa voix», poursuit le poème. C’est exactement le sentiment qui a traversé le Martignerain, faux dur touché pour de vrai par ce décor d’images qu’il a lui-même façonné. Car, peu le savent, l’entrepreneur qui a bâti sa fortune dans l’immobilier a commencé sa vie active par une carrière de photoreporter. De 1952 à 1957, il a enchaîné les voyages, vendant ses reportages à L’illustré, à Pour Tous, à Radio TV Je vois tout ou encore à L’Echo illustré. «A ce moment-là, un ingénieur gagnait 650 francs par mois. Moi j’arrivais à 1000 francs avec la photo», se remémore-t-il fièrement. Alors, quand l’URSS organise le 6e Festival mondial de la jeunesse, en août 1957, il saute sur l’occasion. «Aller trois semaines voir ce qui se passait derrière le rideau de fer, nourri et logé pour 300 francs, je n’allais tout de même pas manquer ça, non?» lance-t-il, en se défendant de toute sympathie politique. «J’y suis allé sans états d’âme, ni préjugés. De la propagande, il y en avait des deux côtés.» Accrédité par L’illustré, le jeune Léonard, 22 ans, sillonnera la capitale russe presque jour et nuit, son Leica 24x36 et son Rolleiflex 6x6 couleur en bandoulière, pour ce qui sera son dernier et rocambolesque reportage.

Une expo à succès
Ce n’est pas la première fois, tant s’en faut, que la Russie lui rend hommage. De Moscou à Khabarovsk, en passant par Novossibirsk et Saint-Pétersbourg, ses 120 clichés (sur 1200 réalisés), ont été étrennés dans 17 hauts lieux culturels du pays. Toujours avec le même succès. «Le public russe est avide de témoignages d’une époque où les photos ne circulaient pas à la vitesse du débit internet», commente Jean-Henry Papilloud, directeur de la Médiathèque du Valais, où les originaux sont conservés. En 2010, l’expo a même eu l’honneur de la «maison mère», le Musée Pouchkine, qui est à la Russie ce que le Musée d’Orsay est à la France.
Mais, pour Léonard Gianadda, ce dix-septième rendez-vous a une saveur particulière. Parallèlement aux 100 ans de la révolution d’octobre, prétexte à ces retrouvailles, le pays commémore les 60 ans du «Festival». «Retrouver après tout ce temps des personnes qui ont organisé cette grande rencontre internationale (ndlr: 131 nations y ont participé), a quelque chose de magique», confie-t-il, la voix brisée. C’est le cas d’Irina Antonova, 95 ans, directrice du Musée Pouchkine de 1961 à 2013, et de Valentin Rodionov, son homologue de la galerie Tretiakov, tous deux présents au vernissage, le 14 août dernier. C’est par eux que tout est arrivé.

Au début des années 2000, les deux institutions signent un partenariat qui se transformera vite en relation d’amitié avec la Fondation Pierre Gianadda et son fondateur. Des toiles de Chagall et d’autres grands impressionnistes font le voyage de Moscou à Martigny alors que des œuvres de Modigliani empruntent le chemin inverse. Le musée valaisan apporte également son soutien à la galerie Tretiakov pour les expositions Toulouse-Lautrec, Rodin ou encore Claudel.
Décoré par Vladimir Poutine
Une intense collaboration qui atteint son apogée en 2009, lorsque le Musée Pouchkine présente une partie de ses collections au coude du Rhône, via l’exposition De Courbet à Picasso. «C’est en me rendant à Martigny que j’ai appris que Léonard avait été photoreporter dans sa jeunesse», raconte la fougueuse nonagénaire, qui découvre à cette occasion les fameuses images de 1957. «Ces documents m’ont plu par leur authenticité et par l’humanité qui s’en dégage», décrit-elle. Quelques mois plus tard, elle leur offrira une vitrine de premier ordre dans son musée moscovite. «La boucle est bouclée», dira ce jour-là Léonard Gianadda, décoré de l’Ordre de l’amitié trois ans auparavant par le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, sur décret du président Vladimir Poutine en personne. «Le premier talent de M. Gianadda est d’avoir su capter l’âme russe et de la restituer à travers ses images», relèvera Patric Franzen, le chargé de mission de l’ambassade de Suisse dépêché à l’événement.
Toujours devant
Après tant d’honneurs, le mécène octodurien ne pensait pas refaire aussi souvent le voyage de l’Est. Seulement voilà, les liens tissés tout au long de ces années l’attirent irrésistiblement vers le plus vaste pays de la planète. «C’est mon trente-cinquième ou trente-sixième voyage, je crois. La Russie a changé ma vie. Et pas seulement parce que l’épisode de 1957 a donné une autre orientation à ma carrière professionnelle, mais aussi parce que c’est là-bas que j’ai noué les amitiés les plus fortes et les plus sincères tant sur le plan privé que dans le cadre des activités de la fondation. J’y ai trouvé une chaleur humaine que peu de gens ont la chance de connaître», assure-t-il, encore étreint par l’émotion.

Grâce à une santé de fer, celui qui se déplace désormais en jet privé accompagné de sa médecin personnelle, ne se lasse pas d’arpenter les sites qu’il a découverts jadis avec la candeur et la curiosité de ses 22 ans. Place Rouge, métro, Kremlin, stade Lénine où s’est tenu le grand rassemblement du festival, et bien d’autres encore. Toujours au pas de charge et toujours en tête du groupe. «En 57, le voyage avait duré cinq jours. Aujourd’hui, je quitte mon bureau de Martigny à 14 heures et à 18 heures je suis à Moscou», se délecte-t-il. Si, comme le dit avec humour Irina Antonova, «l’art conserve», l’histoire d’amour entre Léonard Gianadda et la Russie n’est donc pas près de s’éteindre...
Cet article est à découvrir dans son intégralité dans L'illustré n°35, actuellement disponible
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Chronique d’une catastrophe annoncée dans les Grisons

La semaine dernière, la montagne s’est éboulée deux fois au-dessus de Bondo, dans les Grisons. Huit randonneurs l’ont payé de leur vie. Reportage dans le village qui a évité le pire mais qui craint toujours une récidive.
Le mercredi 23 août, Manuela Fili entamait avec ses élèves cette troisième journée, chaude et ensoleillée, de la rentrée scolaire. Seul le plus jeune de ses trois enfants était resté sous la surveillance de sa grand-mère dans la maison familiale, au centre du village de Bondo.
A 9 heures, sitôt que l’ordre d’évacuation eut été lancé, les deux ont été placés en lieu sûr, comme toutes les personnes alors présentes dans ce hameau de 200 habitants à peine. Situé à 35 km de Saint-Moritz et 4 km seulement de la frontière italienne, Bondo fait aujourd’hui partie de la commune de Bregaglia, qui regroupe neuf localités parmi lesquelles Stampa, Maloja, Castasegna et Borgonovo, le village natal du sculpteur Alberto Giacometti.
Odeur de soufre
A Bondo ce matin-là, la situation se dégrade rapidement. A 9 h 30, Sylvia Roganti Salis, 82 ans, évacuée «sans porte-monnaie et sans ses médicaments» vers l’hôpital voisin de Promontogno, entend, comme toute la vallée, un puissant grondement sourd et ressent aussitôt les effets d’un véritable tremblement de terre, de puissance 3 sur l’échelle de Richter.

Au deuxième rang des montagnes qui bordent le val Bragaglia, dans une étroite vallée latérale, du Piz Cengalo (3369 m) vient de s’ébouler un gigantesque pan de rochers. Par-dessus les sapins, les habitants voient rapidement s’élever un énorme nuage gris, poussière de granite et de gneiss. «On a aussi senti des odeurs de soufre et l’air est devenu oppressant comme dans un sauna.» Pour ajouter de l’étrange à ce décor, la rivière Bundasca, qui borde le village, cesse soudainement de couler…
Torrent de lave
Parce que, en haut dans la montagne, totalement invisibles du village, les éboulis tombés du Cengalo ont bloqué le courant en formant des barrages. Quand ceux-ci ont cédé sous la pression, ils ont libéré d’un coup une énorme quantité d’eau qui a entraîné avec elle des rochers, des pierres, du sable. Suivant le lit de la rivière, ce torrent de boue a atteint Bondo cinq minutes plus tard. Là, telle une coulée de lave, la boue a tout dévasté sur son passage, entraînant comme des brindilles ce qu’elle ne se contentait pas de recouvrir et d’avaler.
Aussitôt les opérations de secours ont été mises en œuvre; l’armée a mis à disposition un hélicoptère supplémentaire, seul moyen d’accéder à la montagne. Parce que si le village a été pratiquement épargné, il y a, sur les alpages et dans les cabanes, plusieurs personnes et des groupes de randonneurs à localiser et à évacuer. Pour prévenir une éventuelle récidive, il faut aussi de toute urgence évaluer la situation et l’ampleur des dégâts.Marcello Negrini, chef des sauveteurs engagés par le Secours Alpin Suisse, est l’un des premiers à survoler les lieux: «Sur une longueur de près de 1,5 km, les matériaux sont accumulés sur 10 mètres de hauteur au moins. En plus, les éboulis sont toujours très instables, susceptibles de se remettre en mouvement n’importe quand.» Selon les spécialistes, 4 millions de mètres cubes de rocher sont tombés du Cengalo ce jour-là, faisant de cet éboulement l’un des plus massifs de ces dernières décennies.
Béton liquide
Au soir du premier jour, quand les recherches sont interrompues à cause de la nuit, huit randonneurs sont toujours portés disparus.
Jeudi matin, Jeremias Janki, sauveteur volontaire de Davos, a été, avec son chien, déposé sur le site de l’éboulement. «Nous avons parcouru le sentier que devaient emprunter les randonneurs mais, sur un large tronçon, il a complètement disparu sous les rochers. Les cinq chiens engagés n’ont rien trouvé, mais la boue, c’est comme du béton liquide.» Jusqu’au soir, les hélicoptères espèrent encore capter un signal de téléphone portable, les caméras thermiques une trace de vie, mais cette deuxième journée n’amène pas de bonnes nouvelles. En revanche, on sait désormais que les huit randonneurs, quatre Allemands venus du Bade-Wurtemberg, deux de Styrie, en Autriche, et un couple habitant Kestenholz, dans le canton de Soleure, ont quitté la cabane de Sciora (2118 m), située à gauche du Cengalo, trois quarts d’heure seulement avant le déclenchement de la catastrophe.
Faux espoirs
A Bondo vendredi matin, une partie des habitants espère pouvoir retourner dans leur maison, selon qu’elle soit située dans la zone verte, orange ou rouge, ainsi que le village a été découpé en fonction de la dangerosité des lieux. C’est le cas de Patrizia, dont seul le jardin a été classé en zone rouge, «rouge comme mes magnifiques tomates de cette année», dit-elle pour essayer de détendre l’atmosphère. Plus sérieusement, la fille du peintre Willy Guggenheim, connu sous le pseudonyme de Varlin, qui vivait et qui est mort en 1977 à Bondo, espère pouvoir mettre en lieu sûr les œuvres de son père. La mère de Patrizia, originaire des Grisons, lui avait fait découvrir et aimer le village où l’artiste invitait volontiers ses amis, parmi lesquels l’écrivain Friedrich Dürrenmatt qui y séjourna à plusieurs reprises.

Vendredi après-midi à 16 h 30, toutes les opérations de retour au village sont brusquement interrompues. Les personnes chargées de surveiller la montagne signalent qu’un nouvel éboulement s’est déclenché. Quatre minutes plus tard, une seconde coulée de boue atteint le village, emportant avec elle une charpenterie et les engins de terrassement qui tentaient déjà de dégager le lit de la rivière. Spectacle affolant d’une force tranquille en apparence mais dont la puissance emporte tout, les arbres comme des allumettes, les grandes bennes d’acier de la scierie telles des boîtes en carton.Géologue à l’Office fédéral de l’environnement, Hugo Raetzo survolait précisément la zone «au moment où c’est parti». Sollicité de toutes parts, il glisse entre deux pas de course: «C’était extrêmement impressionnant, il y a toujours énormément d’eau qui coule et beaucoup de bruit. C’est encore très actif et la zone est terriblement instable.»
Catastrophe annoncée
Les éboulements de la semaine dernière ne sont pas des surprises pour les spécialistes. En 2011, un afflux d’eau avait déjà sérieusement menacé le village. Des systèmes de surveillance, radars et lasers, ont alors été mis en place, qui sondent en permanence les mouvements de la montagne. Mercredi, ce sont des câbles attachés à des pierres à environ un kilomètre au-dessus de Bondo et que l’éboulement a rompus qui ont déclenché l’alerte. Martin Keiser, géologue cantonal des Grisons, a aussi expliqué comment cet été particulièrement chaud avait accéléré la fonte du glacier de la Bondasca, libérant de l’eau qui s’infiltre dans la roche et la fragilise.
Réchauffement climatique
Autre facteur, mesuré partout sur la planète, le réchauffement climatique accélère la fonte du pergélisol, cette partie du sol gelée en permanence. Conséquence, les sols que le gel tenait ensemble se délitent et s’effritent. En Suisse, plusieurs dizaines de sites, dans les Grisons mais aussi en Valais et dans le canton de Berne, sont menacés par le phénomène.

Après l’éboulement de 2011, les autorités communales ont creusé un bassin collecteur capable d’absorber 50 000 m³ de matériaux. C’est lui qui a protégé le village. Reto Scartazzini, 78 ans, vétérinaire retraité et qui fut président de la commune entre 1991 et 1996, avoue qu’il n’était «pas très pour» la création de cette zone de rétention, «qui a pris la place d’un joli camping». On voit toujours sur Google Maps le camping en question et on imagine que la catastrophe eût pu être bien plus dramatique.
Samedi après-midi, trois jours après l’éboulement, la police a annoncé que les recherches des huit randonneurs étaient interrompues et qu’ils avaient certainement été tués par les roches éboulées à près de 250 km/h.
Il faudra encore plusieurs semaines pour que Bondo retrouve un peu de sérénité avec en priorité la nécessité de vider le bassin de rétention. Plein, il ne protège plus le village et si les montagnes sont toujours aussi impressionnantes dans ce coin de pays, elles restent menaçantes.
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Drone d’été pour la saison
Abu Ramadan, l’imam haineux qui indigne la Suisse

Il veut détruire les chrétiens, mais il vit depuis treize ans aux crochets de l’aide sociale, qui lui a déjà versé 600 000 francs. Cet imam islamiste déverse sa haine à la mosquée de Bienne.
Il a gagné un surnom qui n’est pas très glorieux, mais qui lui va comme un gant: l’imam haineux. Et il incarne désormais, à lui seul, les ambiguïtés et les dérives de l’islam en Suisse. A 64 ans, Salah Ben Salem, qui se fait appeler Abu Ramadan, n’est plus cet imam roué et filandreux, précautionneux et habile, qui a réussi à avancer dans l’ombre et à passer sous les radars pendant plus de dix ans. C’est un islamiste pur et dur, un prêcheur de haine qui vient d’être démasqué, la semaine dernière, par une enquête ayant donné lieu à la fois à un article dans le Tages-Anzeiger et à une émission de la télévision suisse alémanique, Rundschau. Un lot de révélations qui a laissé la Suisse interloquée et sous le choc… Comment un tel extrémiste a-t-il pu prospérer tranquillement dans notre pays? Pourquoi les services de sécurité du canton de Berne ou de la Confédération n’ont-ils pas tiré la sonnette d’alarme? Pourquoi n’a-t-il jamais été inquiété par la justice pour ses propos incendiaires?
Venu de Libye
Installé en Suisse depuis près de vingt ans avec sa femme et leurs quatre enfants, âgés aujourd’hui de 24 à 33 ans, Abu Ramadan est un imam sunnite venu de Libye, qui officie depuis des années à la mosquée d’Ar-Rahman, à Bienne, tout en habitant dans le village de Nidau, à quelques kilomètres de là. Partisan des Frères musulmans, ennemis historiques du régime laïque du colonel Kadhafi, il se disait menacé dans son pays et il a obtenu, en 1998, l’asile politique avant de recevoir le permis C, ce qui lui donne quasiment les mêmes droits qu’aux ressortissants suisses.

Mais Abu Ramadan n’est pas un réfugié comme les autres: c’est un islamiste qui prêche la haine des chrétiens tout en vivant, depuis le premier jour où il a mis les pieds dans notre pays, aux crochets de l’aide sociale, c’est-à-dire des contribuables suisses. Abu Ramadan a reçu, en treize ans, la coquette somme de 600 000 francs. «Il n’a jamais travaillé, pas un seul jour», explique Roland Lutz, responsable de l’aide sociale à Nidau, qui ne cache pas sa colère ni son indignation. «Pendant les trois premières années, il n’avait pas le droit de travailler, puisqu’il était demandeur d’asile, mais il aurait pu le faire ensuite pendant toutes ces années. Le canton de Berne aurait d’ailleurs eu le droit de supprimer l’aide sociale après trois ans, mais il ne l’a pas fait. Abu Ramadan a reçu environ 4500 francs par mois pendant treize ans et, aujourd’hui, il reçoit l’AVS (2017 francs par mois), l’aide sociale et des prestations complémentaires, ce qui lui assure un revenu entre 4000 et 4500 francs par mois.»
Il ne parle ni suisse allemand ni français
Si l’imam haineux a encaissé régulièrement ses chèques, mois après mois, année par année, il n’a jamais essayé de s’intégrer. Il n’a jamais gagné sa vie. Il n’a jamais pris la peine d’apprendre le suisse allemand ou le français, qu’il ne fait que baragouiner. Militant islamiste, il n’a fait que poursuivre sa véritable mission, son obsession: ramener de nouvelles prises dans ses filets.
La Suisse doit-elle continuer de fermer les yeux et d’entretenir des individus qui ne font que vomir, comme lui, sa tradition démocratique et ses valeurs? La Suisse ne doit-elle pas surveiller les imams extrémistes qui, comme l’imam haineux de Ripoll – l’inspirateur des auteurs des attentats de Barcelone et de Cambrils, le jeudi 17 août –, sont en situation de manipuler des jeunes musulmans et de les entraîner dans l’intolérance et le refus de l’autre, puis dans la violence et le terrorisme? Abu Ramadan, en tout cas, est devenu un cas d’école qui force la Suisse à réfléchir et à se remettre en question, comme l’explique le Zurichois Kurt Pelda, 52 ans, un reporter de guerre qui sillonne depuis des années les terres sanglantes du djihadisme – l’Irak, la Syrie… – et qui connaît l’islamisme comme sa poche.
Journaliste au Tages-Anzeiger, c’est lui qui a débusqué le lièvre Abu Ramadan. Une enquête de plusieurs mois, rigoureuse, irréfutable. «J’ai été alerté par des musulmans modérés qui fréquentaient la mosquée de Bienne et s’inquiétaient des agissements de cet imam, explique Kurt Pelda. J’ai reçu des enregistrements de ses prêches du vendredi, en arabe, et je me suis rendu compte qu’ils étaient totalement extrémistes. Il crie, il est très agressif, il tient des discours virulents… Il n’est pas partisan de l’Etat islamique, mais d’autres groupes islamistes.»
L’imam Abu Ramadan ne prêche pas directement le djihad, mais il laisse éclater sa violence et sa haine. Par exemple dans cette curieuse prière, qui n’a rien de très bienveillant, puisqu’il s’agit d’un appel à l’extermination de groupes entiers: «O Allah, je te demande de détruire les ennemis de notre religion, détruis les juifs, les chrétiens, les hindous, les Russes et les chiites. Allah, je te demande de les détruire tous et de rendre à l’islam sa gloire passée.»
Abu Ramadan ne serait-il qu’un imam excité et un peu marginal? Pas du tout! «Il n’est pas l’imam principal de la mosquée de Bienne, reprend Kurt Pelda, mais il en est l’éminence grise. Il a beaucoup de charisme, il est très connu sur la scène islamique en Suisse romande. Il fréquente les mosquées à Lausanne ou à Neuchâtel, il connaît bien les frères Ramadan, à Genève. D’après mes informations, c’est lui qui a converti à l’islam le Biennois Nicolas Blancho, devenu le chef du Conseil central islamique suisse. Je pense même que c’est lui qui est à l’origine de la création de ce centre. Il a aussi converti le Schaffhousois Qaasim Illi, qui est le porte-parole du conseil.»

Qu’a fait exactement et que fait toujours cet imam haineux? Quelle est son influence dans la communauté musulmane de Bienne, qui compte 4573 personnes sur un total de 55 000 habitants? Kurt Pelda se pose la question, sachant que trois jeunes qui ont fréquenté la mosquée sont partis faire le djihad en Syrie. Musulmane libérale, Saïda Keller-Messahli met aussi en garde contre l’influence perverse de certains religieux. D’origine tunisienne, elle habite à Zurich d’où elle scrute la mouvance islamiste, comme elle l’explique dans l’interview qu’elle nous a accordée à l’occasion de la parution de son nouveau livre.
«Je suis convaincue que la majorité des mosquées sont dominées par les salafistes, explique- t-elle. Il y a trop de mosquées dans notre pays. On en a 300 pour 7 millions d’habitants, alors que la Belgique n’en a que 230 pour 11 millions d’habitants, dont une importante communauté musulmane. Ces mosquées ne répondent pas à un besoin spirituel, mais à une pression politique des islamistes. C’est une manière de défier la société suisse.»
«Ils préparent le terreau pour la violence»
Saïda Keller-Messahli ne connaît pas personnellement l’imam haineux de Bienne, mais il lui semble tristement ordinaire. Prévisible, banal. Mais dangereux! «Il est comme tous ces prédicateurs islamistes qui sèment la haine dans le cœur des jeunes et qui préparent le terreau mental pour la violence. Ils savent comment les manipuler et comment semer la violence en eux. Tous les terroristes ont suivi d’abord un parcours idéologique, avec un recruteur. A force de boire de l’eau empoisonnée, ils sont passés à l’acte.»
Abu Ramadan ne peut plus prétendre aujourd’hui qu’il est persécuté en Libye. Après le renversement de Kadhafi, en 2011, il a retrouvé en effet son passeport libyen et a fait plusieurs séjours dans son pays sans rencontrer le moindre problème. Il s’est aussi rendu en Arabie saoudite, patrie de l’islamisme le plus rigoriste, où il est descendu dans un palace cinq étoiles. Qui a payé son séjour? L’a-t-il payé lui-même avec l’argent de l’aide sociale ou a-t-il émargé au budget de certains de ses amis?

Autant de questions auxquelles l’imam haineux n’est pas près de répondre. Arraché brusquement à cette obscurité qui lui allait si bien et propulsé malgré lui dans une lumière crue, Abu Ramadan a choisi en effet de se terrer. Il ne répond pas à la porte de son appartement, refuse de répondre aux médias, joue à l’homme invisible. Il n’a pas accepté de parler à Kurt Pelda, qui l’a contacté pendant son enquête. Il n’a pas répondu non plus à notre confrère du Matin, jeudi dernier, quand celui-ci a sonné à la porte de son domicile. Il a choisi, au contraire, de se retrancher dans les formules toutes faites et les platitudes, qu’il confie d’ailleurs aux bons soins de ses avocats. Il a fait dire ainsi par son défenseur fribourgeois, Me Ridha Ajmi, quelques paroles aussi convenues que pathétiques: «L’amour, la tolérance et la générosité sont les lignes directrices de mes relations avec les musulmans et les non-musulmans.» «Il nous a fait dire qu’il aime la Suisse et qu’il se sent Suisse, des trucs ridicules qui nous ont fait rigoler», s’exclame Kurt Pelda. Actif dans des associations islamiques, notamment dans l’une d’elles qui distribue des corans – le b. a.-ba du prosélytisme –, Me Ridha Ajmi n’est pas seulement l’avocat de l’imam haineux. Il fait aussi partie, explique Saïda Keller-Messahli, des promoteurs qui veulent construire au cœur de Fribourg, ville catholique par excellence, une mosquée gigantesque dont le coût s’élèverait à 8 millions de francs.
Quel sort lui réserve la Suisse?
Rattrapé par son passé, Abu Ramadan essaie aussi de colmater un autre front, à Genève. A-t-il travaillé pour l’agence de voyages Arabian Excellence, comme guide ou comme accompagnateur pour des pèlerinages à La Mecque ou ailleurs? A-t-il été payé pour cela, alors même qu’il n’a jamais déclaré aucun revenu pendant toutes ses années passées en Suisse? Avocat de la société, genevois celui-là, Me Karim Raho y est allé aussi de son petit couplet. Dans un courrier à la télévision suisse alémanique, il demande de ne pas mentionner le nom du directeur de l’entreprise, Adel Dallali, qui est son client.
L’imam haineux a-t-il encore un avenir en Suisse? Pourra-t-il continuer d’y habiter et d’y prêcher? Sa situation personnelle n’est guère glorieuse: l’un de ses fils est un délinquant, impliqué dans une affaire de vol; l’une de ses filles est toujours à l’aide sociale. Il a d’ores et déjà perdu son permis C, le 3 août dernier, et il pourrait être renvoyé en Libye. Mais la Suisse étant ce qu’elle est, c’est-à-dire une démocratie respectueuse du droit des gens, il ne manquera pas de multiplier les recours et de gagner du temps…
A noter que L'illustré consacre cette seamine, dans son n°35, disponible à la vente, un dossier complet sur l'islamisme en Suisse