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Trouve-moi si tu peux!
Article 5
Article 4
Sarah Gysler: «J’aimerais être aventurière professionnelle»

La jeune Lausannoise parcourt le monde seule et sans argent. Un choix de vie qu’elle assume totalement.
«Je crois que j’ai toujours fait partie des excessifs, des furieux, des ravagés. Le jour où j’ai décidé de voyager, je l’ai fait avec ma démesure habituelle», peut-on lire sur le blog de Sarah Gysler. Et la démesure, ça la connaît. La première fois que cette Lausannoise a pris la route seule, c’était en 2015. Elle avait alors 20 ans et s’en est allée joindre le cap Nord en stop, sans un sou sur elle. «Je me demande comment j’ai réussi à trouver ce courage. C’est quand même risqué de partir comme ça, mais c’est un projet qui dépassait ma volonté. J’avais juste besoin de le faire.» Depuis, Sarah parcourt le monde. Toujours en stop (voiture mais aussi bateau ou avion) et toujours sans argent. L’idée est de ne jamais dépenser d’argent au quotidien. Pour Sarah, c’est la plus ultime des libertés. Elle compte principalement sur les autres pour se loger, se déplacer et se nourrir. Parfois, elle récupère des fruits et légumes invendus à la fin des marchés ou après le service des restaurants.
Dans la nature, elle pêche et sait identifier les végétaux comestibles. Mais souvent, les gens qui la prennent en stop lui proposent également le vivre et le couvert. «Ce n’est pas toujours facile. Cette façon de voyager demande de la maturité et du détachement. Chaque au revoir finit en larmes, mais après je rencontre d’autres gens formidables et je sais que c’est pour cela que j’ai quitté ceux d’avant.» Sa famille suit ses aventures depuis la Suisse, comme les milliers d’internautes qui consultent son blog. Un des rares objets qu’elle transporte est son ordinateur, qu’elle a acheté pour une bouchée de pain lors d’un de ses voyages. Grâce à lui, elle garde contact avec ses proches. En ce moment, Sarah est en Guadeloupe, où elle fait du house sitting: une famille lui a confié la garde de sa maison durant son absence pour les vacances. Et son retour, c’est pour quand? «Je n’ai pas fixé de date. Je fais le tour du monde. Mais j’ai toutes mes racines en Suisse. Je sais que j’y ai une place et que même si je pars dix ans, je retrouverai toujours ma famille et mes amis. Mes parents sont mon point de repère.» Dans quelques mois, elle arrivera en Nouvelle-Zélande, le point de chute de son tour du monde. «Je veux traverser tout le pays par la forêt, complètement seule, en six mois. Je me demande comment on ressort de six mois de marche.»
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Drame à la Neuveville: Révoltés par la mort absurde de leur fille

En mai, leur fille Claire, 24 ans, a été électrocutée avec sa chienne, au port de La Neuveville. Inconsolables, les parents reprochent leur négligence aux autorités.
C’est une sorte de rituel «et ma thérapie», glisse Robert Schläfli, 64 ans. Chaque soir, il s’assied dans son atelier de La Neuveville (BE) et écrit à Claire, sa fille, «comme si elle se trouvait en vacances en Australie». Même si Claire Schläfli est morte. Elle a succombé à un tragique accident.
Ce funeste matin du 15 mai, Claire dit au revoir à sa mère Christiane, 59 ans: «Je vais me balader avec Makani.» Toutes deux s’embrassent, puis Claire et sa chienne de 7 ans, un berger belge, quittent la maison familiale et s’engagent dans les vignes de La Neuveville, en direction du lac de Bienne. Une profonde complicité les lie. Elles s’entraînent ensemble depuis 2012 au sein d’une société de chiens de sauvetage. Claire a même suivi une formation de dresseuse canine dans le cadre de l’armée.
Le drame se noue très vite. Dans la zone de loisirs du port, Makani tombe dans le lac. Claire veut sauver sa chienne. Or, à peine la jeune femme pénètre-t-elle dans l’eau qu’un choc électrique la frappe et la tue, ainsi que l’animal. En raison d’un câble défectueux de l’installation électrique du port, l’eau et des balustrades étaient parcourues par du courant. Une Hollandaise de 53 ans domiciliée dans le canton de Berne, Miranda Birdsall, se précipite alors pour leur venir en aide. Mère de trois enfants, elle subit le même sort et perd elle aussi la vie.
Robert Schläfli regarde à travers la fenêtre de son atelier. Claire était la troisième de ses quatre enfants. «Elle nous manque beaucoup.» Ses collègues l’ont écrit dans leur lettre d’adieu: «Ta force, ta joie de vivre et ta gaieté étaient contagieuses.» Cet automne, elle aurait dû commencer ses études en paléontologie, à l’Université de Fribourg. Elle avait économisé dans ce but pendant des années. Elle pratiquait la moto, l’escalade. Son père, dans un souffle: «Il n’est pas normal que Claire ait dû mourir à cause d’une telle stupidité! Elle jouissait pleinement de sa vie, était emplie de tant de rêves.»
Mi-juin, Robert Schläfli a exprimé sa rage devant le Conseil communal. «Cette mort de deux femmes et d’un chien n’avait rien à voir avec la fatalité. Ce sont des décès par négligence!» Le Ministère public va dans la même direction, car la commune était responsable de l’installation électrique présente dans le port. Comment ces autorités locales ont-elles réagi? Elles ont envoyé une lettre de condoléances à la famille, dans une enveloppe aussi froide qu’une facture. Puis, quelques jours plus tard, elles se sont permis de transmettre un bulletin de versement de 500 francs pour le creusement de la tombe.
Les parents de Claire se sont séparés de leur fille sous la tente blanche de la police. «Ses beaux yeux bleus étaient encore légèrement ouverts. Elle semblait vouloir nous dire encore quelque chose. Nous l’avons caressée, enlacée tendrement.» Claire et Makani sont désormais unies dans la mort. Elles reposent côte à côte, dans la même tombe. La famille éplorée a reçu des centaines de lettres de condoléances, de toute la Suisse.
On frappe doucement à la porte. L’épouse de Robert entre. Tout est devenu trop calme dans la maison, depuis que Claire et Makani n’y sont plus. Toutes deux logeaient au rez. Les autres enfants, Célia, Yvan et André, ont déménagé depuis longtemps. Après la mort de Claire, les parents ont acquis un autre chien. Un bâtard, qui s’appelle Pady. La balle à jouer avec laquelle Claire et Makani s’amusaient quelques minutes avant le drame est posée sur le lit, à côté d’un pyjama. «Je m’assieds parfois sur le lit de Claire et je porte son pyjama jusqu’à mon visage», dit le père. Avec sa femme, s’ils dorment bien et sans médicaments, chaque réveil a des allures de cauchemar, dit la mère. Elle fait mécaniquement son ménage et son jardin. «Avant la mort de Claire, je priais beaucoup Dieu. Maintenant j’ai perdu la foi.»
Son mari est content d’avoir son travail pour meubler le quotidien. Pilote, ex-champion suisse, il exploite un commerce de motos depuis trente ans. Et se rend chaque soir sur le lieu de l’accident, contrairement à sa femme.
Fin juin, pour célébrer la mémoire de la disparue, la famille Schläfli a invité la population locale à une rencontre conviviale, dans le cadre du festival du film, sur la place de la Liberté. On y a ensuite projeté le film favori de Claire, Les aventuriers de l’arche perdue. Christiane en garde un bon souvenir: «Les gens nous ont entourés, nous leur en sommes reconnaissants.» Mais elle se rend plus rarement en ville: «Il est difficile pour moi de faire mes achats. J’ai moins d’énergie pour être à l’écoute.» Elle ajoute: «Quand on perd un enfant, les gens ne savent pas quoi dire. Beaucoup nous évitent.» Elle a perdu un peu de son identité: «Pour beaucoup, je ne suis plus Christiane, mais seulement la mère de Claire.»
Robert reprend son stylo, écrit. Il raconte à Claire ce qu’il a fait aujourd’hui, combien elle manque à toute la famille. Récemment, il lui a dit: «Claire, donne-nous un signe.» Le matin suivant, lors d’une promenade dans les vignes avec Pady, une biche est apparue, «alors que je n’avais jamais vu pareil animal par ici…» Soudain, il regarde vers la porte. «J’ai parfois le sentiment que Claire va entrer.» Puis il se raisonne, secoue la tête.
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Une journée avec Luc Barthassat, ministre rock’n’roll

Constamment sous le feu des projecteurs, mis sur la sellette, critiqué pour des méthodes de cow-boy et une communication impulsive, le conseiller d’Etat genevois ne se laisse pas démonter. Peu orthodoxe, populaire et très direct, il s’arrange pour rester lui-même entre obligations protocolaires et masses de problèmes à régler.
Il est à peine 7 heures du matin. La très centrale rue de l’Ecole-de-Médecine, à Genève, est tranquille, presque silencieuse. En ce matin d’été pluvieux, légèrement chagrin, les terrasses sont encore désertes et, sous les arbres, personne ne flâne. Il est là, déjà installé, sous l’auvent d’un café où il a ses habitudes. Il sirote une Ovomaltine: «Je ne bois que cela, le matin. Cela me rappelle mes plaisirs d’enfant», sourit-il tout en savourant sa première cigarette de la journée. Il fume peu, «surtout en été, trois mois par année, puis j’arrête, puis je recommence, malheureusement… Comment résister aux terrasses ensoleillées?»
Luc Barthassat, 57 ans, est de bonne humeur. Le conseiller d’Etat genevois a déjà fait un brin de causette avec deux balayeurs. «Je les croise souvent. On a parlé de l’été, qui aujourd’hui se fait oublier, de tout et de rien, un peu de leurs soucis, comme souvent. J’adore cela. Le contact avec les gens. Toujours et tout le temps. Je ne suis jamais dérangé par des questions ou des sollicitations. Je m’arrange pour toujours répondre, même si je ne peux pas faire grand-chose. Mon téléphone est public, ma page Facebook est publique. Je suis parfaitement transparent et tout le monde peut me trouver facilement. Si vous saviez le nombre de personnes qui me contactent pour des problèmes de logement ou de travail! C’est inquiétant, tout de même: les gens vivent une situation de plus en plus difficile. On a calculé qu’ici, dans notre canton, une personne sur dix-sept est proche du seuil de pauvreté. Cette situation est pour moi insoutenable!»
Une journée au pas de charge
Bavard, hâbleur presque, avec ce (très!) léger parler pointu du bout du lac, le magistrat savoure cette petite demi-heure matinale, ce petit-déjeuner qu’il aime en plein air, au cœur de la ville. «Depuis que j’ai déménagé à Genève même, il y a près de trois ans, je me régale. Je ne me déplace quasiment qu’à pied, je profite de chaque jour de ce travail de conseiller d’Etat. Vraiment, je me sens parfaitement bien dans cette fonction. C’est passionnant, motivant, enthousiasmant. Il faudra bien plus que quelques mesquineries de début de campagne pour me démonter. Non seulement j’ai le cuir solide, mais je suis en politique depuis 1993, avec un vrai passé d’entrepreneur. Alors oui, ce ne sont pas ces attaques plutôt bas de gamme qui vont me décourager ou remettre en doute mon engagement. Hors de question!»
Son secrétaire général adjoint, Thomas Putallaz, déjà à pied d’œuvre lui aussi, signale qu’il est temps de se diriger vers les bureaux de la rue de l’Hôtel-de-Ville. Il présente à son patron la feuille de route de la journée, un programme tout en allers et retours, qui sera respecté à la lettre et… au pas de charge! Luc Barthassat rigole: «Oui, ceux qui travaillent avec moi doivent avoir de l’énergie pour me suivre!»
Des méthodes peu orthodoxes
Tout en remettant en place un impressionnant sac à dos, le Genevois salue à la cantonade: «Ce matin, nous allons commencer par une séance pour laquelle j’ai voulu réunir toutes les parties qui, depuis quelques années – trop longtemps! – n’arrivent pas à trouver un accord sur un sujet aussi épineux que la construction d’une nouvelle passerelle dans la rade de Genève. Il y aura la Ville de Genève, la Compagnie générale de navigation (CGN), les services concernés de l’Etat et de la Ville. C’est ma méthode: quand je vois un souci, un blocage quelque part, un problème, simple au départ, cristallisé à force de complications ou de manque de dialogue, je réunis tout le monde, qui que ce soit et quel que soit le niveau, sans a priori aucun. Je les écoute, chacun amène ses réflexions et, à la fin, on y arrive toujours. C’est une question de bon sens et de faculté de décision, bien sûr. C’est peut-être cela que l’on me reproche: peut-être que je ne respecte pas les formes, mais je vais au but!»
Direction donc le Département de l’environnement, des transports et de l’agriculture. La séance prévue va s’éterniser deux longues heures, mais les mines satisfaites à la sortie laissent présager une issue favorable. Luc Barthassat a aussi l’air content. Il a retiré sa veste, laissant apparaître un impressionnant bracelet à têtes de mort. Une particularité, comme sa non moins imposante bague ornée d’une longue dague, en ces murs policés du centre-ville.
Pas le temps, pourtant, de s’attarder: le prochain rendez-vous – la visite d’un de ses services et d’une toute nouvelle borne de recharge pour voitures électriques, est prévue à peine quelques minutes plus tard. Le magistrat passe en coup de vent à son bureau.
Sous sa démarche, le parquet lambrissé craque. Il a tapissé le miroir baroque de photos: sa famille, son fils, Grégory, ses parents, ses amis… Au mur, encore une tête de mort, très artistique, celle-ci: «C’est mon côté rockeur. J’assume totalement», rigole l’intéressé.
Le déplacement cette fois se fera en voiture électrique, une Tesla «comme celle qu’utilise Doris Leuthard», qui accompagnera le magistrat jusqu’à midi, le temps d’une visite éclair à la Direction générale de l’environnement pour un point de situation sur les démarches et actions en cours. Luc Barthassat ne se prive ni de féliciter ses collaborateurs sans retenue, ni de les titiller sur l’un ou l’autre point de détail. «Ah! ces procédures! Il y en a à tous les étages, c’est d’une complexité affolante. Tout est toujours tellement lent! Je suis un impatient et j’ai envie de décider, que les choses se fassent! Heureusement, j’ai une excellente équipe qui me freine quand il faut et m’encourage quand c’est nécessaire…»
Le magistrat repartira au pas de course, lesté d’une dizaine de sacs de tri – «Tout le monde m’en demande, c’est fou le succès qu’ils ont!» – et d’une bonne poignée de Sugus. «Mes bonbons préférés… En séance du Conseil d’Etat, j’en ai une assiette pleine devant moi, un vrai bonheur.»
Un repas en famille
Le temps d’une visite, encore, à un carrefour carougeois délesté depuis plus d’une année de ses feux, voici arrivé le temps d’une pause déjeuner que Luc Barthassat a prévu de partager avec ses parents, Alfred et Marie-Louise. Il se plaint un peu: «J’ai de plus en plus de mal à les voir régulièrement. Les obligations liées à mon mandat sont vraiment importantes. Je profite du calme relatif de l’été pour passer du temps avec eux.» Le moment sera tout empreint de bonne humeur. Des parents visiblement fiers de leur aîné, un fils attentif et tendre, des anecdotes à tous les étages et un sens de la répartie équitablement partagé feront du repas un véritable festival. Alfred Barthassat, qui fut député, ne rate pas une occasion de reprendre son fils, de s’inquiéter même de l’une ou l’autre «affaire» soulevée par la presse genevoise. Luc Barthassat virevolte, répond point par point. Alfred, à moitié rassuré, acquiesce tandis que sa femme sourit doucement: «Fais attention quand même!»
De tout le temps passé avec ses parents, Luc Barthassat n’a pas sorti une seule fois son téléphone portable. Thomas Putallaz, son plus proche collaborateur, s’est chargé de gérer les éventuelles urgences ou d’aplanir les immanquables difficultés d’organisation. Aucune trace, durant ces quelques heures, de la frénétique utilisation des réseaux sociaux que certains prêtent au magistrat: «Oui, j’utilise beaucoup Facebook, c’est vrai. Encore une fois, je ne cache rien. Mais c’est pratique, cela me permet de rester en contact avec les gens. Et puis, j’adore raconter ce que je fais et ce que je vois. J’ai toujours fait cela: quand j’étais jeune et que je partais en voyage, parfois durant de longs mois, j’enregistrais des cassettes que j’envoyais en tas à mes parents. Et les lettres! Des missives de douze pages que j’adressais à tout le quartier… Donc, ce n’est pas nouveau. Maintenant, j’essaie de faire plus attention à mon orthographe, qui est toujours un peu compliquée à cause de ma dyslexie, à mes posts, à tout. Oui, j’ai pris de l’âge, je suis peut-être moins impulsif, mais je reste moi-même, toujours!»
L’après-midi filera à un rythme tout aussi soutenu, de rendez-vous en rendez-vous, entre préparation de la séance – très importante, parce que les premières discussions budgétaires sont à l’ordre du jour – du Conseil d’Etat du lendemain, mise au point des discours prévus pour le 1er Août, sans oublier un détour sur le site de la future plage des Eaux-Vives, pour observer l’endroit prévu pour l’allongement d’un débarcadère évoqué en matinée avec la CGN. «En comptant les week-ends, je passe environ 50% de mon temps sur le terrain et j’exige que mon agenda soit organisé de manière à me permettre cette présence. Une décision en matière de mobilité, c’est impossible de la prendre uniquement sur la base d’un plan, sans avoir vu de quoi on parle!»
Le ciel s’ouvre peu à peu, la journée de ce conseiller d’Etat pas tout à fait comme les autres va s’achever bien plus tard: encore des rencontres, une présence à un dîner, beaucoup de mains à serrer et des problèmes à écouter…
Lui, toujours de bonne humeur, a l’air de s’en réjouir, comme de cette campagne qui n’a pas encore débuté officiellement mais qui va secouer le canton jusqu’aux prochaines élections d’avril 2018…
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Le mal secret de Dano Halsall

Il a été champion et recordman du monde de natation, mais il est miné désormais par un mal de dos violent et impossible à soigner. Pour contenir la douleur, Dano Halsall, 54 ans, expérimente une thérapie nouvelle: des bains d’azote liquide à –180 °C!
Il est toujours aussi impressionnant: un corps superbe et dynamique, 100 kilos (de muscles) pour 190 cm, une silhouette à la fois élancée et massive, une virilité intense et décontractée. Il a gardé aussi le même tempérament, sympathique et ouvert, le même goût des contacts humains et des rencontres. A 54 ans, le Genevois Dano Halsall, installé à Bulle depuis quatre ans, ressemble toujours au champion de natation, ex-recordman du monde du 50 mètres, qu’il était jusqu’à sa retraite sportive en 1992, après les Jeux olympiques de Barcelone. Il attirait alors tous les regards et avait même fait des incursions remarquées dans l’univers du mannequinat, défilant notamment pour le styliste italien Gianni Versace et posant pour différentes campagnes de pub ainsi que pour Daniel Ammann, l’assistant du célèbre photographe américain Robert Mapplethorpe.
Des douleurs permanentes
Si Dano Halsall est toujours «bien dans sa tête et bien dans son corps», il vit pourtant, depuis une dizaine d’années, un véritable calvaire qu’il a pris soin de masquer au maximum, comme pour mieux le tenir à distance et aussi par discrétion naturelle, par pudeur: un mal de dos permanent qui provoque des douleurs insupportables, tour à tour sourdes ou fulgurantes. Rester assis sur une chaise, se relever, mettre ou enlever ses chaussures, entrer ou sortir d’une voiture… Autant de gestes simples et quotidiens qui le mettent au supplice et lui arrachent parfois des cris de douleur: «Des fois, dit-il, c’est comme si on m’enfonçait un poignard dans le bas du dos.»
«J’ai l’air hypercostaud, remarque l’ancien champion qui veut rester positif, mais je suis incapable de porter une caisse de 10 kilos en porte-à-faux. J’ai commencé à avoir mal il y a une dizaine d’années. Je venais de quitter le secteur du bien-être – j’étais personal trainer et faisais beaucoup d’exercices – et j’avais commencé à travailler dans l’immobilier: j’étais passé derrière un bureau, c’était un autre rythme, avec davantage de stress. Je ne me suis pas trop inquiété pendant deux ans, mais comme j’avais de plus en plus mal, j’ai fini par aller voir un spécialiste de la médecine sportive au CHUV. Il a fait un scanner et il m’a dit: «Tu as le dos d’un mec de 80 ans!» C’était un choc! Ce qu’il m’a expliqué, c’est que j’ai une grosse arthrose et que je n’ai plus de disque entre les trois premières vertèbres lombaires, au bas du dos. Donc chaque fois que je fais un mouvement, les vertèbres se touchent et provoquent des douleurs violentes.»
La cause du problème? Sans doute la natation, les années d’entraînement forcené (quatre à cinq heures d’entraînement par jour) plus une trentaine de compétitions par an! «Le médecin a remarqué que ma colonne vertébrale est en bon état, sauf à cet endroit précis, qui correspond exactement à l’endroit où s’exerce toute la tension du corps quand on se positionne pour le départ d’une course. Mon explosivité au départ, c’était ma grande force – j’avais le meilleur départ du monde – et je l’ai énormément travaillée. Avant une compétition, je faisais facilement, chaque jour, 50 plongeons de départ entre le matin et le soir. Pour le corps, c’était chaque fois des microtraumatismes.» Si Dano Halsall est certain que son sport est à l’origine du problème, c’est qu’il a aussi dû subir, il y a deux ans, une opération à la suite d’une fissure importante à l’aorte, juste à côté, alors que tout le reste de cette artère vitale était, lui aussi, comme la colonne, en parfait état.
«Je me sens un peu coupable»
«J’avais l’impression que j’étais immortel et que j’aurais toujours la pêche, reprend Dano Halsall. Mais je me rends compte que cette douleur me fragilise physiquement et parfois mentalement. Elle remet en cause des choses que je croyais acquises: la forme et la confiance en moi, l’envie de bouger, le goût des voyages… C’est d’autant plus déstabilisant que j’ai toujours pu compter sur mon corps. J’ai l’impression aujourd’hui qu’il me trahit. Je me sens aussi un peu coupable vis-à-vis de ma femme, Lena, et de notre fils Suny, 17 ans, parce que je suis parfois moins enthousiaste, moins positif et pas aussi disponible que je devrais. Ma femme est jeune, elle est en pleine forme, elle a envie de bouger, mais quand elle me dit par exemple «On pourrait sortir ce soir», j’ai tendance à dire non, parce que j’ai plus mal en fin de journée.»
Apprivoiser la douleur
L’ancien champion a bien sûr consulté, depuis des années, les meilleurs spécialistes. Mais en vain. Les différents chirurgiens lui ont déconseillé une opération, qui n’a que peu de chances de succès et qui risquerait même, si les choses tournaient mal, de faire empirer son état. La seule solution? Apprendre à vivre avec une douleur chronique, trouver des astuces pour la neutraliser, la faire reculer, l’oublier. «Soit tu te bats contre la douleur, soit c’est la douleur qui te bat», remarque Dano Halsall, qui a choisi d’explorer désormais toute la gamme des thérapies naturelles.
Méditation, yoga, acupuncture, hypnose, massages… L’ancien nageur ne néglige rien, y compris des visites chez des guérisseurs ou des rebouteux improbables. «Je me suis retrouvé chez un mec dans sa ferme fribourgeoise, se rappelle-t-il en riant. Il te demande 100 balles pour un quart d’heure, il te touche vaguement le dos, il fait ses incantations et puis plus rien. Pour moi, en tout cas, ça n’a pas marché.»
Dans un genre plus sérieux, Dano Halsall vient de découvrir un traitement qui fait fureur chez les sportifs de haut niveau… et dans les instituts de soin les plus sophistiqués: la cryothérapie. Inventé par un médecin de Saint-Pétersbourg, le Dr Alexandre Baranov, le traitement consiste à passer trois minutes dans une cabine qui se remplit d’azote liquide, à la température de –180 °C. L’effet de ce froid extrême? Il provoque un choc thermique qui, en faisant sécréter des endorphines, les hormones du plaisir, calme les douleurs et procure un puissant effet analgésique et un sentiment de bien-être. Il fait aussi maigrir, dit-on, et aurait des effets anti-âge.
«J’avais lu des articles sur la cryothérapie, explique Dano Halsall. J’avais entendu parler d’un institut dans les Grisons, mais j’ai découvert ensuite, tout près de chez moi, à Bulle, l’institut Hibernatus. J’ai déjà fait deux séries de dix séances, la première au mois de juin, la deuxième en juillet, que je viens de terminer. C’est une expérience étonnante! On s’installe dans la cabine, en caleçon, avec des chaussons. On garde les mains à l’extérieur, sur la porte. Le froid est extrême, mais on s’habitue vite et ce n’est pas difficile à supporter. Même ma femme Lena, qui est frileuse, trouve que ce n’est pas désagréable. Après la séance, on ressent une énergie incroyable! On est plus dynamique, plus vif, plus optimiste. Mon mal de dos est relégué au second plan, parce que j’éprouve un mieux-vivre général et qui dure plusieurs jours, que ce soit au niveau du sommeil, de la vitalité ou de la récupération.»
Les bienfaits du froid
Ces vertus du froid, Dano Halsall les avait déjà pressenties. D’abord il y a vingt ans, quand il s’était entraîné cinq semaines à Miami, où la température dépassait les 35 °C. «On nageait trente minutes, puis on restait trois minutes dans de grandes cuves d’eau glacée. C’était très bon pour la récupération musculaire.» Et puis, plus récemment, il a pris aussi l’habitude de faire trempette dans la Trême, une petite rivière qui passe au milieu d’une forêt, à côté de chez lui: «J’y vais au début du printemps, dit-il, quand l’eau est très froide. Je me baigne un quart d’heure et ça me soulage le dos.»
Amoureux du soleil et de la chaleur, grand fan de la Thaïlande où il aime passer ses vacances de fin d’année, quand l’hiver se déchaîne en Suisse, Dano Halsall a sans doute trouvé, malgré lui, le meilleur antidote à ce mal de dos qui ne veut pas le lâcher: le froid absolu!
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Les deux valaisans qui font kilt!

Premiers Romands de l’histoire acteurs du Royal Military Tattoo d’Edimbourg, Lambert Zufferey et Johanna David vivent chaque soir un rêve éveillé sur la célèbre esplanade du château écossais. Chronique d’un conte de fées au pays du Loch Ness.
On le confesse humblement. On a beau être moyennement fan de musique celtique, pas plus que ça militariste et normalement patriote, mais voir deux jeunes compatriotes débouler tambour battant et cornemuse au vent dans le majestueux décor du château d’Edimbourg, ça vous remue les tripes jusqu’à vous mouiller les yeux… Il était exactement 22 heures passées de treize minutes à l’horloge de la St Mary’s Cathedral voisine, ce jeudi 3 août, lorsque Johanna David, tambour ténor de 26 ans, et Lambert Zufferey, cornemuseur de 28 ans, ont franchi pour la première fois le célèbre pont de bois menant les 1200 artistes dans l’arène la plus courue d’Europe en ce mois d’août. Ce passage étroit qui les a tant fait rêver et fantasmer, ultime contorsion avant de toucher au graal. L’équivalent du tunnel amenant le footballeur dans le stade Maracanã ou le tennisman sur le central de Wimbledon.
Puis il y a cette enceinte mythique d’où monte la clameur, archicomble bien sûr. Comme tous les soirs depuis soixante-huit ans, même pour cette répétition générale réservée à la presse et aux invités (3 semaines, 24 représentations, 220 000 spectateurs, aucune annulation depuis 1950). «C’est un sentiment étrange, difficile à décrire, se lancent nos deux héros. On se faisait des films, on essayait de s’imprégner de la magie de l’instant. Mais au moment crucial, tu as tellement de paramètres à maîtriser que tu te retrouves au milieu de l’esplanade sans avoir réalisé ce qui t’arrive», racontent-ils fébrilement. «En fait, c’est lors du premier retour, face au château baigné de lumière, que l’émotion te saisit. Là, tu te dis: «Waouh! J’y suis vraiment.» Mais pas question de te laisser submerger. Concentration maximale pour ne pas louper un enchaînement», insiste Johanna, dont l’entrée en scène fut carrément sportive. «On était si serrés que j’ai traversé le pont sans toucher les pieds par terre», se marre-t-elle. «Moi, j’ai trouvé le site moins impressionnant qu’à la télé. Il m’a paru plus petit», analyse plus froidement son camarade.
Pression d’enfer
Des anecdotes de ce genre, la psychomotricienne de Lens et l’ingénieur en gestion de la nature de Chandolin auront tout le loisir d’en empiler jusqu’à la fin de leurs aventures, le 26 août. Mais comment deux jeunes passionnés de musique médiévale du Valais central ont-ils fait pour obtenir le droit d’intégrer le Pipers’ Trail, groupe de l’armée britannique et attraction du Tattoo le plus renommé de la planète? «Il a d’abord fallu franchir le cap des sélections», détaillent-ils. Pas simple. Comme le groupe ouvrait pour la première fois ses rangs aux étrangers, il y eut beaucoup d’appelés issus du monde entier pour une vingtaine d’élus au final. Puis, fin avril, lorsque la bonne nouvelle tomba, «la veille de l’anniversaire de Lambert et le lendemain du mien», précise joyeusement Johanna, les deux membres des Vallensis Highlanders se sont attaqués au répertoire du spectacle. Vingt morceaux, à apprendre sur le bout de l’anche et de la baguette. Enfin, plus important encore, la chorégraphie, étudiée sur vidéo. Sans doute la partie la plus scrutée par les «sélectionneurs» écossais. «C’est probablement l’aisance du musicien à jouer en mouvement qui fait la différence», estiment les deux compères, qui affichent plusieurs autres tattoos à leur compteur. Mais, expérience ou pas, les deux confessent avoir été rongés par l’angoisse. «En arrivant, tu ne sais pas trop où tu te situes par rapport aux autres. Il faut plusieurs répétitions pour se rassurer.» Pression maximum. D’autant plus que la direction du groupe ne se gêne pas d’en rajouter. «Vous faites partie d’une élite. N’oubliez jamais que vous serez plusieurs fois au centre de l’arène et de l’intérêt du public», assène quotidiennement Stevie Small, le big boss. «C’est à la fois valorisant et stressant. Mais cela t’aide à avoir la volonté de repousser tes limites. C’est ce qui fait la grandeur de ce tattoo», commentent les deux comparses, les yeux écarquillés. «A vrai dire, il faut le vouloir vraiment, beaucoup bosser et avoir un peu de culot pour te lancer», résume Johanna, le sourire de moins en moins crispé.
«Mal partout»
Mais le Tattoo d’Edimbourg n’est pas seulement musical, technique et acrobatique. Il se mérite. En plus des quatre semaines de vacances à lui consacrer, de l’adaptation à la nourriture, aux us et coutumes du pays et à la cohabitation avec des collègues venus des cinq continents, les heureux élus paient leur billet d’avion ainsi que les vêtements de travail et de sortie hors le costume. Du costume, parlons-en justement. Un harnachement d’une quinzaine de kilos montant facilement à vingt en cas de pluie (donc plus souvent vingt que quinze). «Tu as aussi intérêt à être prêt physiquement pour tenir la distance», constatent en chœur les deux perfomeurs, épuisés par l’intensité de la semaine de répétition. Des journées de quatorze à seize heures, passées à ressasser les arabesques, parfois dans le froid et la pluie, avec une seule pause sandwich de trente minutes. Plus qu’une complainte, «mal partout» a fini par résonner comme un slogan «bobo-rigolo» au fil des jours. «C’est plus militaire que je pensais», grimace Johanna, la cuisse gauche mise en charpie par le frottement du tambour. Et comme si cela ne suffisait pas, sa faculté d’adaptation lui a valu d’hériter du rôle redoutable et redouté de remplaçante du titulaire de la grosse caisse. Une première moyennement appréciée. Mais les ordres sont les ordres.
Le talent et la barbe!
Le piper Zufferey tient lui aussi un deuxième rôle dans le spectacle: cornemuseur jacobite, du nom des rébellions et des guerres s’étant déroulées jadis dans les îles britanniques pour ramener Jacques Stuart au pouvoir. Un honneur qu’il doit à son talent et… à sa barbe, qui lui permet d’occuper le centre de l’arène durant deux minutes avec sa cornemuse équipée d’un micro. Un cadeau de Noël, un privilège de plus, dit-il, qui le contraint cependant à changer deux fois de costume à la vitesse de Speedy Gonzales. «Mais tant qu’à être ici, autant faire la totale. Qui sait, cela restera peut-être l’unique «Edimbourg» de ma vie», coupe le seul Romand des Swiss Higlanders, qui s’était porté candidat pour le rôle. Et puis, cerise sur le gâteau, entre 100 et 300 millions de téléspectateurs à travers le monde le verront faire le pitre en jacobite. «Mais notre plus grande fierté sera surtout de défiler devant nos parents et nos amis qui feront le déplacement à la mi-août, se réjouissent les deux amis. Le must du must, l’un des moments forts de notre existence, avec le poignant tableau final du spectacle.» L’Hallelujah de Leonard Cohen puissance 1200. Un appel aux larmes.
Le conseil de Walt Disney
«Dans la vie, tu as deux choix le matin: soit tu te recouches pour continuer à rêver, soit tu le lèves pour réaliser tes rêves», a dit un jour un inconnu. Johanna David et Lambert Zufferey ont très tôt écarté la première proposition. Elle avait à peine 10 ans quand elle a glissé sa première paire de baguettes dans ses petites mains. Lui en avait 8 lorsqu’il a vu pour la première fois une cornemuse. A la télévision romande, qui diffusait le… Tattoo d’Edimbourg. Ce jour-là, le petit Lambert a dit à son papa qu’il voulait jouer de cet instrument tout biscornu au son bizarre pour pouvoir défiler un jour dans la cour de ce château. «Si tu peux le rêver, tu peux aussi le faire», affirmait Walt Disney, qui en connaissait un rayon en matière de contes de fées. Vous savez, ces histoires de prince et de princesse dans un château…
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Paul Plexi triomphe grâce à son public

Le vainqueur romand de «Nouvelle Star» 2016 a réussi malgré les embruns. Il sort son premier EP.
Un chanteur n’est pas qu’une cigale qui entonne ses rengaines. Mieux vaut pour lui posséder des qualités de ténacité. La preuve avec le Fribourgeois Paul Plexi, 28 ans, admirable. Vainqueur de Nouvelle Star au printemps 2016, cet auteur-compositeur-interprète a ensuite été éconduit par le label Universal, qui devait réaliser un disque avec lui, son prix de gagnant. Mais il s’est accroché à la pente comme le mécanicien de vélo qu’il est encore à mi-temps. «Pas question d’abandonner. Au début de l’année, j’ai utilisé la plateforme de crowdfunding Wemakeit.» Il espérait récolter 40 000 francs, il en a reçu 52 000, en un mois. Et son disque, Prototype, sort aujourd’hui. Six morceaux épatants, avec ce timbre «bashungien» qu’il revendique. La chanson Tour Operator a même été écrite par le célèbre parolier de Bashung, Jean Fauque. A déguster sur scène notamment le 30 août aux Francomanias de Bulle.
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25 images du Val Ferret entre juillet et août
The Last Moan ou le nouveau rock valaisan

Leur premier album sorti, le groupe de garage rock valaisan enchaîne les festivals.
Qui sont-ils? Tous deux Valaisans, l’un de Sion, l’autre de Grimisuat, Gaëtan Nicolas (à g.), 23 ans, et Igor Métrailler, 26 ans, ont formé The Last Moan il y a trois ans. Le premier, batteur du groupe, étudie les sciences de l’information et de la communication ainsi que la géographie à l’Université de Neuchâtel. Le second, guitariste et chanteur, effectue son master en communication et journalisme à Genève.
Pourquoi on en parle? Car le groupe de blues-rock est de tous les festivals. Le week-end dernier, ils ont enchaîné Rock Oz’Arènes et le Palp Festival, en Valais. Le 9 septembre, ils joueront au P’tit du Gros, au Noirmont.
Qui écrit les chansons? Principalement Igor. «Certains morceaux ont été composés en faisant une jam, sinon ça arrive que chacun se pointe avec une idée et qu’on la développe ensemble.»
De quoi ils parlent?«D’amour, beaucoup. Le rock parle souvent de ruptures, de filles… On a des potes qui ont aussi un groupe de rock et qui disent qu’il faut mettre au moins une ou deux fois le mot baby dans une chanson, alors j’essaie de respecter cette règle», plaisante le chanteur. Leur premier album, Zig Zag Dream, est sorti sur vinyle en mars dernier.
Pourquoi ce support?«On est tous les deux amoureux du vinyle, c’est un bel objet, romantique, et comme il y a deux faces, ça nous a permis d’y mettre nos deux univers distincts. En plus il est rose», détaille Igor. «C’est du hot pink magenta pour être précis», se marre l’autre. Ils ont même pu compter sur l’actrice valaisanne Noémie Schmidt pour jouer dans l’un de leurs clips. «C’est la magie du réseau valaisan…» M.S.
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Le judoka romand Lionel Schwander montre la voie

Fraîchement médaillé aux Jeux de la Francophonie, le jeune Yverdonnois est un espoir du sport suisse. A suivre.
«En finale, mon adversaire s’est carrément évanoui sous mon étranglement…» Regard timide, sourire charmeur, Lionel Schwander, 19 ans, est fier de sa performance aux derniers Jeux de la Francophonie, qui se sont déroulés à Abidjan, en Côte d’Ivoire, du 21 au 30 juillet. Le judoka rentre d’Afrique avec une lourde médaille de bronze. Sa première récompense internationale et également la première dans la catégorie seniors. Sur les tatamis depuis 2005, cet Yverdonnois combattant en catégorie des moins de 60 kilos s’entraîne huit fois par semaine. A côté, il suit un apprentissage d’automaticien à Sainte-Croix (VD). Epuisé après cette saison, il va prendre un peu de repos pour revenir en pleine forme aux Championnats suisses, en novembre, et aussi, qui sait, profiter de son temps libre pour trouver une petite copine… M. S.
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"J’ai été mutilée par deux dentistes"

Elle était allée chez un dentiste, à Gland, pour un problème anodin à une dent, avant d’en consulter un autre, à Genève. Quatre ans plus tard, Lucy Quaranta est presque édentée et souffre en permanence de douleurs épouvantables. Incapable de mastiquer, elle survit en buvant des soupes et ne pèse plus que 45 kilos.
Elle est d’une maigreur terrifiante, les traits creusés et ravagés, le regard tragique et désespéré. Elle parle avec beaucoup de peine, car sa mâchoire est endolorie, en mettant la main ou un mouchoir devant la bouche pour masquer le bas de son visage. Lucy Quaranta n’a pratiquement plus de dents et elle souffre en permanence de terribles douleurs: «C’est comme si j’avais un million de caries dans la bouche, 24 heures sur 24.» A 58 ans, cette femme qui était belle et sportive est devenue une femme sans âge, décharnée, qui ne pèse plus que 45 kilos – elle en pesait 68 avant.
«Je suis victime d’une succession d’erreurs médicales, nous explique-t-elle au bord des larmes, à l’étude de son avocat genevois, Me Thomas Barth. J’ai déposé plainte pénale contre les deux dentistes qui m’ont martyrisée. J’ai des douleurs infernales, les analgésiques m’ont détruit le foie et n’ont plus aucun effet. J’ai dû arrêter la morphine il y a un mois, parce que je ne la supportais plus: ça me faisait gonfler les chevilles, je saignais du nez, je vomissais. Je ne peux plus manger, je ne bois que des soupes ou des papettes. J’ai des troubles de la vision, des pertes de mémoire. J’ai déjà fait trois malaises et mon cœur est à bout. Je ne peux plus dormir… J’essaie de tenir, mais je n’en peux plus. Je suis en train de mourir, je le sens. Je ne sais pas si je tiendrai jusqu’à Noël.»
Domiciliée à Gland (VD), Lucy Quaranta menait une vie heureuse et sans problèmes. Secrétaire, elle travaillait à mi-temps, avait beaucoup d’amis, jouait dans une équipe de basket, voyageait… «J’avais la joie de vivre», dit-elle en sanglotant. Mais tout va basculer, pour elle, du jour au lendemain, lors d’une simple visite chez le dentiste en juin 2013. «J’avais glissé dans ma salle de bains et j’avais une dent qui bougeait. Je suis allée à côté de chez moi, chez un dentiste que je ne connaissais pas. Le jour où je suis entrée chez ce dentiste, j’ai ouvert les portes de l’enfer. Et puis quand j’ai changé de dentiste, plus tard, et que j’en ai vu un autre, à Genève, je suis tombée sur le diable en personne.»
Cauchemar sans fin
Le traitement semble ordinaire et banal, presque insignifiant, mais il va se transformer en un cauchemar sans fin: traitements à répétition, souffrances, infections… Le dentiste de Gland propose de poser un pont sur une dent manquante, tout en dévitalisant les deux dents voisines et en faisant des traitements de racines. Une fois réalisé, le traitement provoque pourtant de vives douleurs, d’où la décision de reposer un pont deux mois plus tard. Mais les douleurs persistent.
Lucy Quaranta décide alors, en octobre suivant, de consulter un autre dentiste, dans une clinique dentaire à Genève. Ce dentiste décide d’enlever le pont et de poser des implants, ainsi que d’autres gestes, mais ses interventions provoquent des douleurs de plus en plus insoutenables. Il expliquera par la suite avoir retiré un bout de lime dans l’un des canaux d’une dent, une affirmation «non démontrée par les radiographies», relèvera un expert. «J’ai eu des infections, confie Lucy Quaranta, des problèmes sans arrêt, tout est pourri dans ma bouche. En plus je suis totalement ruinée, je n’ai plus un centime. J’ai payé 50 000 francs à ces deux dentistes qui m’ont mise dans cet état épouvantable. Ma famille m’a prêté de l’argent pour les payer, mais elle n’a plus assez pour que je fasse un traitement de réhabilitation de ma bouche. Cela coûtera encore des dizaines de milliers de francs.»
Pendant des mois, Lucy Quaranta cherche une solution à l’amiable. Elle sollicite des expertises privées auprès d’autres dentistes, qui lui confirment qu’elle a été très mal soignée, certains évoquant même oralement «une boucherie». Elle essaie de discuter avec les deux praticiens en question. «Je leur ai demandé de me rembourser au moins ce que je leur avais payé pour leurs traitements qui m’ont massacrée, mais ils ont refusé brutalement et se sont comportés de manière honteuse et grossière. Le dentiste de Gland m’a traitée de menteuse et m’a soupçonnée de feindre mes douleurs. Celui de Genève m’a crié au téléphone: «Je vais vous enfoncer, ça ne se passera pas comme ça!» Il a ajouté aussi: «Je vais détruire votre vie…» Il a aussi osé m’envoyer un commandement de payer pour une somme de 470 francs que je ne lui dois pas. J’ai fait opposition mais comme je suis maintenant aux poursuites, je ne peux même plus emprunter de l’argent pour faire refaire mes dents.»
Totalement dévastée et meurtrie, Lucy Quaranta décide finalement de déposer plainte contre les deux praticiens, le 18 novembre 2015, pour lésions corporelles par négligence. Elle réclame en outre l’interdiction d’exercer sa profession contre le dentiste de Genève. La justice genevoise ordonne alors une expertise, confiée à un médecin-dentiste vaudois faisant autorité. Son rapport, remis le 17 août, est très sévère, voire accablant, pour les deux dentistes. Analysant l’ensemble des actes ayant abouti à la situation de Lucy Quaranta, l’expert énumère une longue succession de gestes indéfendables et conclut par ces mots: «Cet état est manifestement dû à une série d’erreurs thérapeutiques compatibles avec une violation des règles de l’art.»
Appelé à répondre à des questions supplémentaires, soulevées par les deux dentistes, l’expert va remettre ensuite un complément à son rapport, le 9 décembre 2016, qui confirme l’ensemble de ses conclusions.
Lucy Quaranta souffre le martyre, jour et nuit, depuis plus de quatre ans, mais la justice avance à son rythme, lent et précautionneux. Comme toute personne accusée d’une infraction pénale en effet, les deux praticiens doivent être présumés innocents jusqu’à preuve du contraire et une faute professionnelle ne constitue pas forcément un délit pénal. Les choses viennent pourtant de s’accélérer, la justice genevoise ayant décidé le 3 juillet dernier, sur la base de l’expertise médicale, d’ouvrir une enquête préliminaire visant les deux dentistes. Les deux praticiens, désormais prévenus par un procureur mais qui nient toute faute, seront entendus prochainement. Et les commissions de surveillance de Genève et de Vaud ont elles aussi été saisies du dossier.
«J’espère que je vais tenir le coup jusqu’au bout, lâche Lucy Quaranta, mais je n’en sais rien. Je ne me bats pas par vengeance, mais pour aider les autres, pour que ces deux dentistes ne puissent pas faire du mal à d’autres. Vous vous rendez compte si c’est un enfant qui se fait charcuter! Il faut qu’on fasse quelque chose, il faut que quelqu’un m’aide, il faut un miracle.» Et Me Thomas Barth d’ajouter que ce cas est simplement l’un des plus terribles de toute sa carrière.
Pour leur part, les deux praticiens concernés, que nous avons vainement tenté de contacter, contestent toute faute professionnelle.
Du côté des assurances RC des deux dentistes enfin, la Vaudoise et Generali, c’est pour l’instant une fin de non-recevoir. Bien que l’expertise médicale diligentée à la demande de la justice genevoise soit extrêmement sévère pour leurs assurés, elles refusent, dans des courriers datés de fin janvier que nous avons consultés, d’entrer en matière sur une éventuelle indemnisation jusqu’à la fin de la procédure pénale, ce qui pourrait durer des années...
«L’attitude de ces deux compagnies est très choquante, déjà sur le plan de l’éthique, remarque Me Thomas Barth. D’ordinaire, dans des cas aussi lourds, les assurances acceptent de discuter et avancent, au moins à titre provisoire, des indemnités permettant notamment à la victime de se faire soigner. Je les ai relancées à plusieurs reprises et notamment après l’expertise judiciaire, mais elles refusent jusqu’ici d’infléchir leur position. Ma cliente pense tout simplement qu’elles n’attendent plus qu’une chose: qu’elle meure! En des termes juridiques, nous ne sommes vraiment plus très loin de l’omission de prêter secours.»
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Porcherie de la honte: les coulisses d'une vidéo choc

Animaux mutilés, cannibalisme entre cochons vivants: moins d’un an après «l’affaire des porcheries», Kate Amiguet raconte comment elle a tourné cette nouvelle vidéo qui choque les Romands.
C’était il y a un an. Le 6 septembre 2016, la Fondation MART (Mouvement pour les animaux et le respect de la Terre) révélait dans une vidéo les conditions d’élevage de trois porcheries vaudoises à Echallens, à Peney-le-Jorat et à Ropraz. A l’écran, des cochons en surnombre, entassés dans leurs excréments et même quelques cadavres gisant au sol. Derrière ces établissements, les éleveurs Willy et Daniel Annen, à Gollion. La diffusion de ces images avait conduit à la suspension provisoire des commandes de Coop et de Migros, à la fermeture définitive de la porcherie d’Echallens et à la mise en conformité de celle de Peney-le-Jorat. L’Etat de Vaud avait en outre déposé une dénonciation pénale à l’encontre de ses exploitants.
Moins d’un an plus tard, la Fondation MART révèle de nouvelles images tournées dans une porcherie des Annen à La Praz (VD), non loin de Cossonay. Une vidéo de 6 minutes où l’on voit notamment des cochons tenter de dévorer vivant l’un de leurs congénères. A la suite de la diffusion de ce film, mercredi 9 août, les deux grands distributeurs Coop et Migros ont de nouveau suspendu leur approvisionnement auprès de cet éleveur, en attendant que la lumière soit faite sur cette affaire.
Mais comment la militante Kate Amiguet, 46 ans, qui dénonce caméra au poing des scandales à répétition, travaille-t-elle? Elle a accepté de nous raconter les coulisses de ce qui ressemble bien à un film d’horreur.
Samedi 5 août 2017
«Il est 23 h 30 quand je parque ma voiture aux abords de la porcherie de La Praz. Je suis accompagnée par un membre de la Fondation MART. L’une des façades de la porcherie révèle une ouverture. Il suffit de nous pencher pour observer ce qui se passe à l’intérieur. Les fichiers sources de mes rushs indiquent que j’ai commencé à filmer à 23 h 34. Le bâtiment est rond et les box sont disposés en «tranches de fromage». L’odeur est intenable, la ventilation à côté de l’embrasure de la fenêtre fait un bruit assourdissant et les cochons sont entassés dans leurs excréments. Le manque de place les oblige à uriner les uns sur les autres. Un robinet avec un maigre filet d’eau sert seulement à les hydrater, sans les abreuver. Un porcher m’a confié un jour que s’ils buvaient à volonté, les animaux se rueraient moins sur la bouillie liquide destinée à les engraisser. Nous repérons immédiatement des individus à la queue mutilée, d’autres avec des abcès et des plaies ouvertes. Puis nous découvrons ce cochon à l’arrière-train fortement entamé. Trois de ses congénères sont en train de dévorer ses chairs. La scène est insoutenable. Jamais je n’avais été témoin d’une telle agressivité entre des cochons. Je stoppe ma caméra peu après minuit et décide de revenir le lendemain.»
Dimanche 6 août 2017
«Je commence à filmer à 20 h 19, dès notre arrivée sur les lieux. La situation s’est aggravée. Le cochon à l’arrière-train entamé est encore plus mal en point que la veille. Ses congénères continuent de s’acharner sur lui, l’animal n’a aucun endroit où fuir. Il essaie par moments de s’asseoir pour se protéger, mais le sol jonché d’urine et d’excréments irrite ses plaies béantes. J’agite une branche pour tenter de les effrayer, sans succès. Les cochons semblent fous et visiblement affamés. Je filme trente minutes, impuissante. Je suis en larmes, révoltée, écœurée, triste et en colère.»
Lundi 7 août 2017 «Le matin, j’appelle le service du vétérinaire cantonal afin de l’avertir de ce que j’ai filmé la veille et le jour d’avant. J’annonce que je vais dénoncer cette affaire de maltraitance au procureur. Toute la journée, je pense à ces cochons. J’espère qu’un employé de la porcherie est de retour ce lundi et que les animaux blessés ont pu être isolés et soignés. Nous y retournons le soir pour nous en assurer. Mais la situation a encore empiré, comme en témoignent mes images, filmées entre 20 h 18 et 21 h 30.»
Mardi 8 août 2017
«Le matin, j’envoie un e-mail au service du vétérinaire cantonal lui demandant d’intervenir immédiatement pour stopper le calvaire de ces animaux. Pas de réponse. A 11 h 30, j’envoie un SMS au collaborateur que j’ai déjà eu au téléphone pour lui demander s’il a reçu mon e-mail. Afin de lui montrer la gravité de la situation, je lui envoie également une vidéo du cas sur son téléphone portable. A 12 h, je reçois un e-mail me disant qu’il va s’en occuper. Il me rappelle dans l’après-midi pour me dire que je suis attendue à la porcherie de La Praz par des contrôleurs. Ces derniers ne voient soi-disant aucun cochon blessé. De toute évidence, il y a eu une fuite et M. Annen a dû être averti, car quelqu’un a évacué les animaux blessés avant l’arrivée des inspecteurs. Cela ne fait aucun doute.»
Cet article vous intéresse? Sachez que dans son numéro 33, actuellement disponible, L'illustré propose également une interview de Kate Amiguet
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Le fitness, passion dévorante de Fanny Clavien

La championne valaisanne de karaté ne conçoit pas ses vacances sans séances d'entraînement. Ne rien faire? Trop peu pour elle.
Qu’il pleuve, qu’il vente et même en plein cœur de l’été, vous pourrez trouver Fanny Clavien à la salle de musculation. La karatéka valaisanne, maintes fois championne du monde et d’Europe, s’entraîne six jours par semaine. «Même en vacances. Comme quoi, quand on est addict, on est addict!» La sportive est suivie par un coach depuis huit mois. «Depuis que j’ai arrêté le karaté, j’avais besoin de faire une pause du kimono. Mais le manque de sport s’est vite fait ressentir. On voit souvent le fitness comme un faux sport ou une discipline narcissique. Moi, j’ai voulu changer mon corps, perdre un peu de poids et chercher à comprendre comment il fonctionne.» Fanny s’est offert une semaine de vacances à Barcelone avec un groupe d’amis rencontrés lors de voyages autour du monde. Le programme? «Flâner, s’entraîner un peu… Just enjoy the moment.»
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Ces objets qu’ils ont emportés sur les routes de l’exil

La photographe Vivian Olmi a demandé à de jeunes migrants arrivés en Suisse de poser avec le souvenir le plus marquant de leur pays d’origine. Une exposition dévoile ses portraits, réalisés dans une salle de classe au collège de Béthusy, à Lausanne.
Ils s’appellent Hestan, Ajzen, Samira, ils sont âgés de 13 à 16 ans et viennent du Portugal, d’Erythrée, de Syrie ou du Brésil. Arrivés en Suisse avec leur famille ou comme mineurs non accompagnés, les uns ont fui un conflit armé, les autres la crise économique. Certains ont simplement suivi leurs parents.
Leurs chemins se sont croisés au Collège de Béthusy, à Lausanne, où ils ont été scolarisés à leur arrivée. A la demande de Vivian Olmi, ils ont accepté de poser face à l’objectif avec l’objet le plus cher à leur cœur, seul lien matériel, pour certains, avec leur pays d’origine. «J’ai été aidée par mon époux, qui est enseignant en classes d’accueil. Nous avons réalisé que la majorité de ces jeunes avaient emporté avec eux un souvenir, une trace de leur vie d’avant. Souvent des objets transmis au sein de la famille. J’ai eu envie d’immortaliser ces témoins de leur passé», explique Vivian Olmi.
Une démarche qui fait aussi écho à l’histoire personnelle de la photographe lausannoise, arrivée seule de son Chili natal à l’âge de 20 ans. Dans sa valise, un album de photos: «Cet album, dont la couverture en cuir représente un paysage typique de la campagne chilienne, est un objet très cher à mon cœur. Je l’ai gagné en remportant un concours de natation durant une colonie de vacances. Il me rattache à mes racines, à ma famille et aux souvenirs inoubliables de mon enfance et de mon adolescence au Chili.»
Réalisés entre 2015 et 2016, les 38 portraits de ces jeunes migrants immortalisés par Vivian Olmi seront à découvrir à la galerie Focale, à Nyon, du 20 août au 24 septembre prochain.
Parmi ceux-ci, celui de Samira, une jeune Somalienne âgée de 16 ans, qui a choisi de poser avec un dromadaire. «Ces habits que je porte sont traditionnels de mon pays et représentent ma culture, confie-t-elle. Quand je mets ces vêtements, c’est pour des événements importants. Comme pour un mariage ou une fête. Quand un homme se marie avec une femme, elle doit obligatoirement porter ces habits. Et l’homme doit donner cent dromadaires à la famille de la mariée. Dans mon pays, les dromadaires sont très importants et on boit aussi leur lait. Ce sont les plus beaux du monde et les animaux les plus nombreux de Somalie. C’est pourquoi j’ai choisi une statuette qui les représente.»
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25 images d'un été dans les Franches-Montagnes
Article 1
Découvrez les prénoms préférés des Romands

On ne change pas une équipe qui gagne, c’est bien connu, aussi les Suisses ont-ils choisi de reconduire leur choix de prénoms pour les nouveaux-nés, révèle l’Office fédéral de la statistique.
Tous les futurs parents ont vécu ce moment, entre excitation et angoisse, de faire le bon choix de prénom pour leurs enfants. Certains tiennent compte de l’héritage familial, par tradition, d’autres s’attachent surtout à choisir un prénom qui se marie de façon optimale avec le nom de famille. Les prénoms étrangers, souvent captés dans des séries télévisées, continuent d’avoir la cote en Suisse. L’Office fédéral de la statistique se charge chaque été de faire la synthèse de tout ce joli monde et il faut bien l’admettre, même si on s’en doutait déjà: les Suisses ne sont pas les champions du changement.
En 2016, ils ont donc majoritairement confirmé leur choix de prénoms de l’année précédente: Mia pour les filles et Noah pour les garçon. Deux prénoms dont on peut dire sans trop se tromper qu’ils ont bien voyagé avant de se fixer dans notre pays. Chez les filles, Mia devance Emma et Elena. Chez les garçons, Noah s’impose devant Liam, Gabriel et Luca. Un triomphe pour Noah. Jugez plutôt: sur 44 932 garçons nés en 2016, explique l’ATS, 477 ont été prénommés ainsi. Sans doute une partie des mamans d’aujourd’hui craquaient-elles adolescentes pour le beau Dr Carter, alias Noah Wyle dans la série Urgences...
Et Mia, qui avait déjà décroché la palme en 2013 et 2015, est devenu le prénom de 488 fillettes sur les 42 951 qui ont vu le jour en Suisse l’an dernier.
Les régions linguistiques ne partagent toutefois pas tout à fait le même enthousiasme. Ainsi les Suisses romands ont-ils davantage plébiscité Gabriel et Emma, comme ils le font depuis… 2011. Emma est même le premier prénom féminin depuis 2003, c’est-à-dire depuis 14 ans! A peine croyable, non? Les maîtresses d’école enfantine devraient voir débarquer une flopée de Chloé, Léa, Liam et Théo, qui figurent parmi les prénoms les plus courants en Suisse romande.
L’an dernier, les Tessinois ont eu, eux, un faible pour Sofia et Leonardo. Sans doute faut-il y voir un effet Titanic, le film avec Leonardo DiCaprio étant sorti il y a pile 20 ans, quand de nombreuses mamans d’aujourd’hui avait déjà l’âge de le voir, c’est-à-dire une dizaine d’années, l’âge moyen des mères à la naissance de leur premier enfant en Suisse étant de 30,4 ans… Ah, le romantisme des midinettes!