La chanteuse Shana Pearson espère se qualifier dimanche pour la grande finale de l'Eurovision, qui se déroulera en mai à Kiev.
Chanson
La Vaudoise participera dimanche soir à Zurich à la finale suisse du concours Eurosong, diffusée en direct sur RTS2. Elle aura besoin de vos votes pour pouvoir aller chanter à Kiev au mois de mai.
Par Blaise Calame
Il faut du cran pour se lancer dans l’aventure de l’Eurovision - Eurosong comme on dit maintenant -, un brin d’inconscience et bien sûr du talent. La Vaudoise Shana Pearson possède tout cela, à commencer par du charme et une très belle voix au grain unique. Notre petite princesse du r’n’b tentera d’obtenir samedi son billet pour la grande finale de l’Eurosong, qui se disputera au mois de mai à Kiev, avec sa chanson, intitulée Exodus. Pour l’emporter lors de la finale suisse, présentée dimanche en direct sur RTS2, dès 20h05, Shana aura besoin de votre soutien, par téléphone. Et il s’agira d’être patient, puisqu’elle sera l'avant-dernière à chanter, parmi les six finalistes.
Le concours Eurosong, anciennement l'Eurovision, inspire des sentiments mitigés. Il faut dire que la dernière fois que la Suisse l’a emporté, c’était en… 1988, le siècle passé donc, grâce à une certaine Céline Dion et la chanson Ne partez pas sans moi.
Nombreux sont les artistes suisses à avoir regretté leur participation au concours. On pense à DJ Bobo déguisé en vampire dont la sortie en demi-finale à Helsinki, en 2007, avait quelque chose de vraiment pathétique. On se souvient aussi de la malheureuse Bernoise Gunvor, classée dernière (!) en 1998.
En toute objectivité, on peut constater que le concours lui-même, que ses détracteurs ont enterré mille fois, est plus vivant que jamais.
Pour Shana Pearson, qui a déjà eu le privilège de se produire en première partie de Justin Bieber, il s’agit d’un nouveau défi en ce début 2017. La trentaine rugissante, elle aspire à convaincre le plus grand nombre et de ce point de vue, impossible de trouver meilleure opportunité que le concours Eurosong.
Pour avoir une chance de chanter devant des dizaines de millions de téléspectateurs européens, il faut commencer par convaincre les Suisses en s’imposant samedi lors de la finale helvétique à Zurich. Shana Pearson défendra seule les chances romandes face à l’Argovienne Freshta et sa chanson Gold, la Tessinoise Gina Binku avec Cet air-là, la Bâloise Michèle qui interprétera Two Faces, la Saint-Galloise Nadya qui présentera The Fire in the Sky et enfin Timebelle, du canton de Berne, et sa chanson intitulée Apollo.
Le public de RTS 2 désignera par télévote le ou la gagnante suisse. Il s’agira donc pour les Romands de faire l’effort d’appeler pour soutenir Shana Pearson.
Ne craint-elle pas les pièges du concours Eurovision dans lesquels tant d’artistes, en devenir ou confirmés, sont tombés? Sereine, Shana Pearson répond que non. “L’Eurovision est un énorme show télévisé. Je n’y vois pas un risque, mais plutôt une occasion rare de toucher un large public. Cela peut être un vrai tremplin. Je pense au Suédois Mans Zelmerlow, vainqueur en 2015, qui a accédé à un statut international grâce à ce concours et se produit maintenant dans toute l’Europe.” L’exemple à suivre en somme.
Découvrez Exodus la chanson de Shana Pearson ci-dessous:
Romand d'adoption, l'Anglais Mark Kelly décroche, grâce aux votes du public, le Swiss Music Award 2017 du "Best Act Romandie".
Musique
Le barbu de Manchester décroche le Swiss Music Award 2017 du musicien romand de l’année, a révélé la RTS avec un poil d’avance sur le programme.
Par Blaise Calame
Sa musique est moins simple à définir que son look de folkeux hirsute un brin cra-cra. D’aucuns le surnomment «le poilu», ce qui doit l'amuser, et les filles aiment se perdre dans ses yeux clairs quand elles n'accrochent pas son sourire craquant. Surtout, elles en redemandent quand sa voix singulière les étreint. Il faut dire que le garçon a de l'organe. Même les hommes sont bluffés.
Né à Manchester, outre-Manche, Mark Kelly s’est égaré jusque sur les bords du Léman, où il a posé son étui de guitare. A-t-il senti qu’il s’épanouirait en Suisse romande? L'artiste vient en tout cas de se voir décerner le Swiss Music Award 2017 du «Best Act Romandie» par les internautes de notre pays, qui l’ont préféré cette année à ses deux concurrents FlexFab et Kadebostany. Une récompense, ça fait toujours plaisir, mais plus encore quand c'est le public qui la décerne. Sans parler que ce genre de trophée assied une légitimité, soit très exactement ce que le troubadour anglais espérait obtenir chez nous.
Romand d’adoption donc, Mark Kelly est encore largement inconnu du grand public, en dépit de deux albums remarquables sortis en 2016: I Am Who I Am, qu’il a enregistré seul, et Shamanic, un projet conçu avec Xewin dont nous avons déjà parlé ici.
Le public des Swiss Music Awards, dont la 10ème édition se déroulera le 10 février en direct du Hallenstadion, à Zurich, a surtout voulu récompenser l’artiste de scène qu’est Mark Kelly. Il faut le voir y maltraiter sa guitare, invectiver le public, se jeter dans la foule, alterner les chansons douces où il susurre et celles, soul et groovy, où il révèle une amplitude vocale insoupçonnée. Mark Kelly? Un personnage. A découvrir.
Le groupe bernois Timebelle disputera la finale de l'Eurovision en mai à Kiev.
Chanson
La Vaudoise Shana Pearson n’a pas réussi à convaincre le public hier soir. Parmi les six candidats sélectionnés pour la finale, le jury a choisi le groupe bernois Timebelle.
Par Blaise Calame
Il faut croire que l’insistance, ça paie à l’Eurovision, en tout cas en Suisse, puisque hier soir, lors de la finale nationale, qui a réuni six groupes et artistes à Kreuzlingen – et en direct sur RTS2 – le public suisse a eu un coup de coeur pour les Bernois Timebelle, qui avait raté de peu sa sélection il y a deux ans.
La Vaudoise Shana Pearson a échoué, malgré une belle prestation. Sa chanson, intitulée Exodus, n'a pas conquis la majorité du public.
Les Bernois de Timebelle représenteront la Suisse lors de la finale internationale d'Eurosong 2017, en mai prochain à Kiev, en Ukraine, avec une chanson intitulée Apollo que vous pouvez découvrir-ci-desous lors du direct de dimanche soir sur le plateau de la SRF:
A 66 ans, Cosey a vendu plus de 800000 albums et est traduit en sept langues. Le dessinateur vit depuis sept ans dans un chalet des Alpes vaudoises et travaille six à sept heures par jour.
Rencontre
Le dessinateur vaudois Cosey vient de recevoir le graal de la BD. A 66 ans, le père de Jonathan reste pourtant un homme très discret. Secret. Rencontre.
Par Patrick Baumann
C’est un chalet quelque part dans les Alpes vaudoises, où vivait naguère une championne du monde de ski. Aujourd’hui, c’est un champion du monde de BD à qui l’on rend visite. Bon, admettons, le titre n’existe pas officiellement, mais gagner le Grand Prix du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, ça revient à peu près au même. Le graal, le sommet. De plus, parlant de sommet, Cosey dessine si bien la montagne: personne n’a oublié ses deux superbes albums A la recherche de Peter Pan, où son univers blanc et minéral laissait encore sa trace dans l’esprit du lecteur bien après avoir tourné la dernière page.
C’est pour toute son œuvre que le Vaudois de 66 ans reçoit aujourd’hui l’hommage de la profession. Quarante-quatre ans qu’il nous dessine des albums, histoires singulières ou sagas, comme celle du plus connu de ses personnages, Jonathan, un globe-trotter qui a parcouru le monde et dont la quête d’identité, la recherche de sérénité sont inséparables de celles de Bernard Cosendai, dit Cosey. Une grâce, une élégance du trait, relèvent les spécialistes, une narration très littéraire et une maîtrise des pleins et des vides, sans parler de sa façon d’essorer les couleurs pour leur emprunter leur âme.
Nous voici dans ce chalet dont il nous a demandé de taire la localisation. Difficile de faire plus modeste et discret que cet homme-là. Et ça s’est encore aggravé en vieillissant. Il sourit comme un vieux sage du Tibet, ce pays dont il a contribué à faire découvrir la beauté et les souffrances sous le joug chinois. «Il arrivait trop souvent que des lecteurs sonnent à ma porte. C’était sympathique bien sûr, mais…»
Homme secret
On pénètre dans cet intérieur de bois à l’ambiance asiatique; tankas au mur, un dieu Ganesh dans l’atelier. Par la fenêtre, on aperçoit un petit bouddha de pierre à moitié immergé dans la neige du jardin. L’univers de Cosey depuis sept ans. Mais, attention, le dessinateur trace une bulle stricte autour de son travail, qu’il ne s’agira pas de franchir. «Parlons de mes albums, voulez-vous, ma vie privée n’intéresse personne.» Ah bon? Pas question, ça va devenir vite évident, d’évoquer ses quatre enfants, aujourd’hui adultes, ni de savoir si une femme s’assied toujours à côté de lui sur les fauteuils recouverts d’un tissu merveilleux ramené des hauts plateaux tibétains. La moindre tentative du journaliste se solde par un silence entendu.
Cosey n’a pas cédé à la mode de l’ordinateur, comme beaucoup de ses collègues. Il a besoin de tenir un pinceau dans sa main et d’entendre son bruit sur le papier. Photo: Didier Martenet
Si l’on doit parler d’amour, ce sera juste pour dire qu’il tombe amoureux des couleurs comme d’une femme. «Avec certaines harmonies de couleurs, j’ai tous les symptômes physiques de l’état amoureux. C’est dans leurs relations que réside leur beauté, quand j’arrive à faire ce que je veux avec elles, je me régale, c’est sensuel.» Dernier coup de foudre: un sari indien rose et jaune ‒ «les Occidentaux ont tellement peur du rose, à part les petites filles» ‒ qui lui a échauffé les sens comme chez un adolescent. Parlant de rose, on lui demande s’il a vu le pull de Mirka Federer qui a fait le buzz durant la demi-finale de son mari à l’Open d’Australie. «Je n’ai pas la TV. Et le tennis, c’est plutôt Derib le spécialiste!» Rire. Derib, le père de Yakari, son aîné de six ans, qui fut son mentor à ses débuts et est resté un ami fidèle.
Si Zep, son cadet, a obtenu le Grand Prix d’Angoulême en 2004, Cosey aura dû attendre encore treize ans malgré deux albums primés à ce même festival en 1982 et 1993. Il espérait un peu chaque année sans y croire vraiment. «Quand l’attachée de presse m’a téléphoné, j’ai dit: «C’est Larcenet.» «Tu te trompes!» m’a-t-elle répondu.»
Fan de Mickey
Comme tous les grands artistes, il a gardé une capacité d’enfant à s’émerveiller. Et comme Rimbaud, qui disait que «l’éternité, c’est l’enfance retrouvée à volonté», l’âge semble n’avoir pas de prise sur celui qui lit toujours Spirou et Le journal de Mickey. Ah, Mickey, voir son album La mystérieuse mélodie, paru en 2016, trôner sur la cheminée, qui retrace la rencontre de la célèbre souris et de Minnie. «Certains de mes collègues ont été étonnés que je me mette à dessiner Mickey mais, pour moi, c’était un véritable rêve de gosse.» Disney reste une idole, il a même failli travailler pour lui. «En 1978, je me suis présenté aux studios Disney à L.A., mais j’ai renoncé à y travailler, car c’était faire du dessin à la chaîne avec 1000 dessinateurs.»
A côté de Mickey, il y a un autre livre sur la cheminée: Qui suis-je, la quête sacrée, de Ramana Maharshi, gourou indien. Cosey est un adepte depuis son adolescence de l’advaita vedanta, une philosophie qui prône la non-dualité. Et lui, au fond, qui est-il? «Un homme ordinaire qui reste passionné par son métier», affirme-t-il. On ajoutera un grand de la BD doté d’une humilité non feinte. Malgré son allure juvénile, sa silhouette ascétique (ski et marche quotidienne), sa carrière impressionne: traduits en sept langues, plus de 800 000 albums vendus, pourtant l’homme met volontiers en avant ses limites. «Ce qui fait un style, avait-il déclaré à L’Hebdo en 2003, ce sont les faiblesses du dessinateur. Comment résoudre ces manques? Alors je trie, je bricole, je jongle avec les astuces pour que le lecteur ait l’impression que c’est bien dessiné!»
Il tend à plus de simplicité, à élaguer la vie et son trait, à la façon des haïkus, ces petits poèmes à la forme resserrée qui parsèment parfois ses albums. La mort et la vieillesse ne sont pas les ennemies de Cosey et il n’y aurait que la maladie ou le fait de ne plus pouvoir tenir le pinceau qui pourraient vraiment le terrifier. Le numérique? Il a bien essayé. «Un infographiste m’a formé avec une patience extraordinaire pendant trois jours, car je n’y comprenais rien, mais je n’ai eu aucun plaisir, je trouve même la sensation assez décevante, rien ne vaut un pinceau et du papier.» Ce tactile a besoin de toucher pour se sentir heureux. Sa passion pour le dessin est intacte. «C’est même de plus en plus fort», murmure-t-il. Une passion aussi profonde que le bleu de ses yeux.
Cosey travaille toujours de la même façon depuis des années. D’abord noter les idées qui lui passent par la tête sur des post-it, puis dessiner, longtemps, très longtemps, jusqu’à un an et demi de promiscuité avec ses personnages, ce qui explique qu’il éprouve «une vraie tristesse à les quitter». Jonathan, son double, «plus lumineux», Cosey lui a définitivement dit adieu en 2013. «La boucle est bouclée. A moins d’une idée extraordinaire, je ne pense pas qu’il reviendra.» Il attend toujours de dessiner l’«album parfait». Et, comme dans sa tête c’est toujours le prochain, Cosey n’a pas fini de nous étonner.
Que faut-il faire par rapport à la baisse massive des rentes? L'illustré vous livre ici une analyse. A noter que dans le magazine, disponible en kiosque, cet article est complété par des explications sur le 2e pilier, des conseils pour protéger son capital et des témoignages de personnalités romandes.
Par Christian Rappaz
Un ami à qui je confiais mettre beaucoup d’énergie à tenter de séparer le vrai du faux dans le sac de nœuds qu’est devenu le 2e pilier a eu cette réponse spontanée: «Ce n’est pourtant pas compliqué à comprendre. Dans vingt ans, on sera tous à poil!» Exprimé de manière un peu crue, ce sentiment que les caisses des assurances sociales seront vides d’ici une à deux décennies est largement répandu parmi la population.
C’est d’ailleurs ce cri d’alarme qui nous a incités à nous pencher sur ce sujet touffu, rebutant même parfois. Et, autant le dire d’emblée, notre plongée dans les arcanes du système n’a pas contribué à nous rassurer. On s’explique. Le 2e pilier étant géré par des institutions privées, nous tenions à nous adresser à des experts indépendants et libres de tout conflit d’intérêts. Et là, surprise. Deux d’entre eux n’ont pas donné suite, alors que deux autres ont accepté de nous éclairer mais sous couvert d’anonymat. Preuve que le dossier est devenu très sensible. Raison de cette nervosité: la chute ininterrompue des rentes depuis dix ans et les incertitudes planant sur l’avenir. Car rien, à ce jour, n’indique que la courbe va s’inverser. Au contraire. A vrai dire, le seul espoir de stabilisation repose sur le projet Prévoyance vieillesse 2020, qui fait actuellement l’objet d’âpres négociations aux Chambres fédérales, où gauche et droite s’écharpent autour du rééquilibrage entre les 1er et 2e piliers. A suivre. De près.
Le purgatoire avant l’enfer?
Concrètement, où en est-on? Comme le caricature l’un de nos experts, «ce n’est pas – encore – une descente aux enfers, mais au purgatoire.» Pour faire court, on dira qu’entre l’article 111 de la Constitution fédérale, sorte de carte de vœux accompagnant la naissance du 2e pilier en 1985, et la réalité d’aujourd’hui, une crise financière mondiale est passée. A l’époque de l’heureux événement, le système de prévoyance alliant l’AVS et le 2e pilier devait, lit-on, «maintenir le standard de vie antérieur de l’assuré au moment de la retraite». Traduites en espèces sonnantes et trébuchantes, les deux rentes cumulées étaient censées couvrir 60% du dernier salaire. Trente-deux ans plus tard, beaucoup de salariés, la majorité sans doute, sont loin du compte... et du conte, si on ose dire. Car, selon une estimation de l’Union syndicale suisse (USS), il faut désormais disposer d’un 2e pilier d’au moins 500 000 francs pour caresser – peut-être – l’espoir de toucher au graal. Un objectif qui n’a jamais cessé de s’éloigner depuis une dizaine d’années. Comme il existe presque autant de plans de prévoyance que de caisses, difficile de chiffrer la perte exacte de tout un chacun. «Selon les caisses, elle varie de quelques pour cent à 30%. Ce qui est certain, c’est que tous les salariés ont perdu», assure Urs Eicher, le président du PK-Netz, l’association qui défend les intérêts de 600 000 travailleurs dans les caisses de pension. Plus précise, l’USS indique que depuis 2010, les 30 000 employés des CFF ont perdu 20% de leurs prestations, alors que leurs 45 000 collègues de La Poste ont vu s’envoler 17% de leur future rente. «Et ce n’est pas fini. Nous devons nous préparer à de nouvelles mesures douloureuses», prédit Urs Eicher.
Le compte à rebours?
Pour Doris Bianchi, adjointe du premier secrétaire de l’USS, on a pourtant atteint le seuil de douleur. «Si le taux de conversion devait tomber sous les 5%, on pourrait légitimement se demander si le 2e pilier a encore un sens», estime-t-elle, constatant que face à la baisse continue des rentes, de plus en plus de gens songent à récupérer leur capital pour aller s’installer à l’étranger. «Selon l’organe de surveillance des caisses, le taux de conversion moyen des caisses privées se situe actuellement à 5,6%», précise notre interlocutrice, en affirmant qu’une très large majorité de ces dernières songe à poursuivre le mouvement de baisse. Cancres en la matière: la société RUAG, entre les mains de la Confédération, et la caisse de pension du personnel de l’Etat, à Zurich, avec des taux de conversion de respectivement 4,56 et 4,89% cette année. «On peut également citer le cas d’AZ Medien, dont dépend notamment l’Aargauer Zeitung, qui a élevé l’âge de la retraite à 66 ans pour éviter une baisse trop brutale de son taux de conversion», argumente la syndicaliste alémanique. «Et je crains que ces exemples ne se multiplient», soupire Urs Eicher.
Franc fort, taux négatif, vieillissement, excuses non valables?
Un catastrophisme que dénonce l’Association suisse des institutions de prévoyance (ASIP), l’organe faîtier de quelque 960 caisses, représentant environ deux tiers des assurés helvétiques et une fortune globale de 450 milliards de francs (soit près de la moitié de la fortune totale du 2e pilier, estimée à 950 milliards). «Contrairement à ce que martèlent la gauche et les syndicats, notre système de retraite, qui repose sur une bonne répartition des risques, continue à faire la preuve de sa solidité et pas mal d’envieux dans les pays qui nous entourent. Certes, le franc fort, les taux négatifs et le vieillissement de la population forment un cocktail défavorable au 2e pilier en ce moment. Reste qu’en trente-deux ans, le taux de conversion de la part obligatoire n’a baissé que de 0,4% (de 7,2 à 6,8%), sans diminution des prestations, grâce aux mesures compensatoires», contre Me Yves-Marie Hostettler, représentant de l’ASIP en Suisse romande, avant de persister et de signer: «L’heure n’est pas à la panique. Nous sommes convaincus que le projet pour 2020 répondra aux défis économique et démographique actuels et pérennisera le 2e pilier.» C’est dit! Franc fort, taux négatifs, vieillissement, autant d’excuses non valables pour Meinrad Pittet, ex-CEO de Pittet Associés, auteur d’un ouvrage de référence parfois considéré comme polémique sur la prévoyance professionnelle (Ed. Slatkine). «Où l’on devient perplexe, voire sceptique, c’est lorsqu’on utilise la problématique du vieillissement et celle de la rentabilité insuffisante des placements du 2e pilier pour imposer une baisse du taux de conversion et réduire ainsi les rentes futures. Avec ce genre de pratique, quel espoir donnons-nous aux jeunes assurés qui débutent dans la prévoyance professionnelle? Socialement, une telle perspective n’est pas crédible», écrivait en 2013 déjà l’expert vaudois, qui perçoit la baisse du taux de conversion comme un non-sens social puisqu’elle contribue, selon lui, à faire exploser les prestations complémentaires.
Conditions-cadres obsolètes
Dans son livre, Meinrad Pittet accuse les décideurs de prendre des décisions à courte vue, alors que le 2e pilier est une affaire de long terme. Droit dans ses bottes, il propose une solution susceptible de maintenir le taux de conversion à 6,8 ou 7%, en finançant le coût avec une cotisation paritaire complémentaire non remboursable en cas de libre passage. Président de la CIEPP, la Caisse inter-entreprises de prévoyance professionnelle, et à ce titre représentant 39 000 assurés (5,4 milliards sous gestion, 9000 PME romandes), Aldo Ferrari en appelle, de son côté, à une adaptation urgente des conditions-cadres, devenues obsolètes à ses yeux. «Les travailleurs à temps partiel sont par exemple gravement pénalisés. Imaginez qu’un salarié ayant deux emplois rétribués 1500 francs par mois chacun n’est pas assuré au 2e pilier puisque chaque revenu n’atteint pas le montant minimum.» Autres aberrations: le saut de cotisation de 5% par tranche d’âge * et le principe «plus vieux, plus cher», alors que la population ne cesse de vieillir. «Une petite PME employant trois personnes de 44 ans voit ses cotisations exploser d’une année à l’autre», relève le syndicaliste, qui sait de quoi il parle. L’an dernier, la CIEPP a bouclé son exercice avec un taux de conversion de 6,8% pour les deux parts, un taux d’intérêt de 0,5% supérieur au minimum LPP exigé et un taux de couverture de 115%. Alors, exception qui confirme la règle ou lueur d’espoir dans les ténèbres? «Non, la preuve, simplement, qu’avec une gestion saine, on peut y arriver.» Le signe aussi que la situation est grave, certes, mais pas désespérée...
* Les primes d’épargne prescrites légalement sont les suivantes: 7% de 25 à 34 ans, 10% de 35 à 44 ans, 15% de 45 à 54 ans, 18% de 55 à 64/65 ans.
A noter que L'illustré n°6, disponible en kiosque, vous propose un dossier complet sur ce sujet cette semaine
Chaque semaine, L'illustré rencontre une personnalité au coeur de l'actualité culturelle romande. Aujourd'hui, le peintre Bernard Garo, qui expose à Lausanne et révèle toute la force et l’ampleur de son œuvre.
Par Jean-Blaise Besençon
Comme promis dans le titre, la déflagration résonne dans les quatre étages de l’exposition. Et Bernard Garo, la voix pulsée par cette puissante énergie créatrice, de s’exclamer: «Je suis très fier! Pour la première fois, le public peut découvrir l’ensemble de mon message.» L’artiste nyonnais, qui mesure 2 mètres et ses toiles deux ou trois fois plus, s’est toujours trouvé un peu à l’étroit dans les galeries. Mais dans le vaste Espace Arlaud, ses grandes peintures, ses aquarelles, ses photographies, ses vidéos, le petit coin transporté de son vaste atelier prennent une dimension extraordinaire; «et puis j’ai pu mettre des textes. Dans l’espace, il y a de la place pour l’émotion.»
Comment faire le tour? A partir du Cervin, l’artiste a tracé un premier cercle qui passait par deux villes, Lisbonne et Istanbul, un second, plus large, a traversé Reykjavik et Alexandrie. Comme il avait hier exploré Barcelone, Bâle et Berlin ( 1998-2003 ), Bernard Garo est donc parti en voyage d’études. «Je voyage sans doute moins que beaucoup de gens parce que je n’ai pas les moyens, mais je voyage en profondeur; je suis allé dix ou quinze fois à Lisbonne, j’ai rencontré des artistes, des architectes, j’écume, je bouffe, je bouffe du Fernando Pessoa; derrière la moitié de mes toiles, il y a une citation.»
Entre la peinture d’un vieil escalier de pierre vers lequel on se sent irrésistiblement entraîné et le vertige ressenti devant le cratère d’où s’échappe «le grand solfatare bleu», on peut lire celle que Garo emprunte à Tal Coat: «Je travaille dans une espèce de frénésie quasi désespérée, une ardeur comme si, demain, je devais disparaître.»
Amoureux de culture, féru de philosophie, l’artiste ramène aussi de ses voyages les matériaux naturels dont il nourrit ses toiles: sédiments marins, sables volcaniques, poudre de marbre, bitume de Judée, pierre ponce; autant de témoins de l’histoire de la terre, cette croûte qui nous porte et que le peintre dévoile avec un tremblement de géologue et une mémoire d’archéologue.
Mais la peinture a très tôt été une évidence: «J’aimais Braque à 10 ans. Ses œuvres me donnaient de l’émotion jusque dans le ventre. Le côté sensuel de l’huile. Plus tard, je suis rentré à l’Ecal par instinct, par don; pour moi, la peinture, c’est très facile.» N’y voyez aucune prétention, juste l’expression d’une passion bouillonnante comme la lave, le sang de la terre. Déclinée en séries de dizaines de tableaux, l’œuvre de ses quinze dernières années est aussi l’occasion d’un grand livre: Eloge de la peinture et poétique élémentaire de notre terre. Une déflagration.
Déflagration, une exposition à Lausanne, Espace Arlaud. Jusqu’au 26 mars 2017. «Garo-Déflagration», un livre de 464 pages, 338 images), Ed. Till Schaap, www.bernardgaro.ch
Arnaud Bédat apporte les ultimes corrections à son ouvrage sur le pape François. «Ce livre, dit-il, c’est le résultat de près de quatre ans d’enquête et de quatre mois d’écriture non-stop.»
Portrait
Journaliste à L’illustré, Arnaud Bédat avait déjà écrit un premier livre sur le pape. Il en publie un deuxième, au terme d’une enquête très fouillée et parfois angoissante, François seul contre tous.
Par Robert Habel
On peut le croiser chaque jour dans la vieille ville de Porrentruy, au rythme de ses rituels immuables: le tea-room Roelli puis le café Le Pépin, le matin, où il retrouve ses copains; puis le passage à la case bureau, une arcade qu’il a transformée en une véritable rédaction où il passe toute la journée. Travail, téléphones, lectures, rencontres… Un grand gaillard de 1 m 88, aux cheveux blonds bouclés et à la silhouette un peu épaisse (il assure s’être mis au régime, sans qu’on le croie vraiment) comme celle du commissaire Maigret, dont il est fan depuis toujours.
Dans l’avion qui l’emmène en Géorgie, en septembre 2016, le pape François rit aux éclats en découvrant le cadeau d’Arnaud Bédat: des pralinés de sa chocolaterie préférée à Buenos Aires, le Corso. Photo: DR
A 51 ans, Arnaud Bédat est connu comme le loup blanc dans ce qu’il appelle, affectueusement, «ma bonne ville de Porrentruy». Un enfant du pays, un journaliste ancré dans son terroir, un amoureux de l’histoire locale, que ce soit celle du collège des Jésuites où il a étudié, ado, ou celle de l’écrivain méconnu Robert Caze, un exilé de la Commune qui avait trouvé refuge ici.
«Serial writer»
Mais cet homme d’habitudes est aussi un journaliste passionné qui disparaît régulièrement, du jour au lendemain et même d’une heure à l’autre, pour se lancer dans l’un de ces reportages à hauts risques dont il a le secret: un tremblement de terre en Turquie, une épidémie mortelle en Chine, la traque pour retrouver au Sénégal la famille de Nafissatou Diallo, la femme de chambre agressée par DSK, la disparition de Laurent Bourgnon à Tahiti…
Véritable machine à scoops, Arnaud Bédat est aussi devenu, depuis quelque temps, un serial writer sollicité par les éditeurs français dans les domaines les plus divers: le meurtre du banquier Edouard Stern, à Genève, qu’il raconte dans un ouvrage collectif, True crime (Ed. Ring), un hommage à Jean-Pierre Coffe dans un ouvrage à paraître chez Larousse.
Mais sa dernière passion, c’est le pape François! Il l’a rencontré plusieurs fois, il l’a accompagné dans des voyages officiels, en Arménie, en Azerbaïdjan et en Géorgie. Deux ans après un premier livre, François l’Argentin (Ed. Pygmalion), il publie un nouvel ouvrage, François seul contre tous, dans la prestigieuse collection Enquête chez Flammarion. Un livre qui tombe à pic alors que le pape François suscite une opposition de plus en plus virulente chez les catholiques conservateurs.
Tchang, Gandhi et Porrentruy
Il faut dire que notre ami Arnaud Bédat, journaliste à L’illustré depuis un quart de siècle, a un sacré don pour se retrouver toujours au cœur de l’actualité. Une sorte d’instinct, un goût inné pour l’aventure qui lui vient de l’enfance. Libraire à 16 ans, il aime les livres et les voyages et, tout particulièrement, les auteurs qui mélangent les deux, comme Jules Verne, que son père lui fait découvrir à 12 ans, ou Blaise Cendrars, qu’il découvre lui-même deux ou trois ans plus tard. En 1983, il participe à la Course autour du monde, une émission célèbre qui lui permet de parcourir le monde et de réaliser ses premiers scoops: une interview avec l’un des assassins du mahatma Gandhi, une rencontre avec Tchang, le fameux ami de Tintin dans Le lotus bleu. Arnaud Bédat devient journaliste, un journaliste à l’ancienne, qui va sur le terrain et se confronte au réel.
Il a cette qualité unique qui ne s’apprend pas dans les cours de journalisme: il est curieux! Il n’a aucun préjugé, aucun a priori, une totale liberté de pensée. Il rencontre les gens, il observe, écoute, se fait sa propre idée. Aimable et chaleureux, très attentif et ouvert, c’est en réalité l’homme le plus redoutable qui soit, car il n’est jamais dupe et il possède un sens du jugement quasiment infaillible. Il a, comme disait Balzac, ce don de seconde vue qui lui permet de voir et de comprendre au-delà des apparences, au-delà des mots convenus, des demi-vérités et des non-dits.
Pour écrire son nouveau livre sur le pape François, Arnaud Bédat a séjourné longuement à Buenos Aires et au Vatican, mais il a aussi lu des dizaines d’ouvrages qui trônent, empilés, devant son bureau. Photo: Jean Revillard/Rezo
Il vit donc entre sa bonne ville de Porrentruy et le vaste monde. Il vit comme l’on vivait autrefois, sur son lieu de travail. Un logement d’étudiant et puis, juste à côté, son vaste bureau, une arcade qui donne sur la rue et qui est devenue le lieu où tout se passe. Des gens s’arrêtent pour lui confier une info, les copains se succèdent, les filles font aussi le détour pour faire la bise à ce séducteur invétéré et bien décidé à demeurer ce célibataire endurci qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être. Tout le monde fume, l’odeur âcre et tenace de la cigarette s’accroche aux murs et on se dit que le maître des lieux, décidément, n’est vraiment pas politiquement correct. Des éclats de rire, des emportements, des débats, des passions! Son ami d’enfance Jack arrive pour l’apéro, son copain Roby le photographe débarque dans son sillage, son voisin le croque-mort, Cédric, passe entre deux enterrements, son ami historique, Jean-Jacques, 82 ans, l’ancien imprésario de Léo Ferré, multiplie les allers-retours. L’ancien ministre jurassien François Lachat est aussi l’un des fidèles. «J’adore Arnaud, confie-t-il, il est hyperintelligent et attachant. Je pourrais être son père, puisque je vais avoir 75 ans, mais on est comme deux potes du même âge. Il a eu cette idée géniale, il y a deux ans, d’inviter le pape à Porrentruy. Si ça se fait, ce sera grâce à lui et à personne d’autre. J’ai été très touché de découvrir qu’il m’avait dédié son livre.»
Tout autour, des piles de livres, des affiches du clown Grock et de Charlie Chaplin, des bibelots ramenés au fil de ses reportages: Staline, Lénine, Fidel Castro, Poutine, Mao.
L’athéisme naturel
Car à côté de la vie tranquille à Porrentruy, il y a toujours cette vie de reporter qui le rattrape. Des amis célèbres, des soirées people, des complicités, des tendresses… Le présentateur du journal de TF1 Gilles Bouleau, avec qui il a écrit deux livres sur le Temple solaire, il y a plus de vingt ans. Le chanteur Garou, qui l’a réquisitionné pour une grande soirée à Paris, il y a deux semaines. Il y avait Pamela Anderson, Liane Foly, Roch Voisine, MC Solaar… Arnaud Bédat est aussi pote avec Jérôme Kerviel, l’ex-trader de la Société générale, à qui il a fait rencontrer le pape François.
Mais que vient faire le pape dans tout cela? Arnaud Bédat n’est pas croyant et il assure qu’il ne se pose pas la question de la vie après la vie. On pourrait presque dire qu’il a «l’athéisme naturel», comme on parle de la «foi naturelle». Son père est décédé quand il avait 13 ans, en 1977, et la mort demeure à ses yeux, depuis ce jour, «un trou noir». «Le pape François me touche, explique Arnaud Bédat, parce que c’est un homme profondément bon et sincère, et qu’il ne se contente pas de répéter ses dogmes. Son credo, c’est d’aller rechercher des âmes perdues dans les périphéries, qu’elles soient géographiques ou existentielles. Même une brebis égarée comme moi, il a réussi à la rattraper.»
«Mon père avait parfois des étoiles dans le regard en rentrant de tournage. D’autres fois, pas du tout. C’est un métier difficile», confie Sagamore Stévenin.
Télévision
Dans Altitudes, du Suisse Pierre-Antoine Hiroz, il joue à 4000 mètres et en oublie son vertige.
Par Didier Dana
C’est qui, Sagamore? Fils du comédien Jean-François Stévenin, 43 ans, il est le frère aîné des acteurs Robinson, Salomé et Pierre, il a grandi dans le Jura.
Sagamore? C’est le nom d’un personnage, un carambouilleur du roman noir Fantasia chez les ploucs, que son père avait adoré. Sagamore a commencé comme machino sur les tournages, jusqu’au jour où quelqu’un a remarqué sa tronche.
Pourquoi on parle de lui? Il tient l’un des rôles principaux d’Altitudes (le 15 février sur RTS Un à 20 heures, avec Claire Borotra et Déborah Krey). Ce téléfilm de Pierre-Antoine Hiroz, réalisateur et guide de haute montagne, a été tourné dans les Alpes valaisannes en décor naturel.
Il s’est préparé comment? Isolé dans une cabane en Valais, proche d’un vrai montagnard, Lulu, un taiseux, la mascotte du film. «J’ai voulu imprimer son silence sur ma gueule, je suis plutôt volubile. Il est comme ces marins solitaires et fascinants du Vendée Globe. J’ai demandé à ne pas être maquillé, j’étais déjà cramé par le soleil.»
Tournage difficile?«J’avais oublié, en lisant le script, que je souffre de vertige. Pierre-Antoine m’avait vu accroché à un toit dans une scène. Je lui ai dit: «Entre une gouttière au deuxième étage et le Weisshorn, à 4505 mètres, c’est un peu différent, non?» Ce fut aussi un combat contre moi-même. La montagne oppresse.»
Meilleur souvenir?«Emerger des glaces vieilles de 3000 ou 4000 ans m’a procuré une intense émotion. L’un des plus beaux jours de ma vie!» Di. D.
La Genevoise Ellen Batelaan ne manque ni de charme ni d'élégance.
Téléréalité
Ellen Batelaan, dauphine de Miss Suisse romande 2011, est sur NRJ 12 dans la téléréalité Les Anges 9.
Par Didier Dana
Elle a été une superbe première dauphine lors de la finale de Miss Suisse romande 2011. Et son charme opère toujours: la Genevoise Ellen Batelaan, 24 ans, est dans Les Anges 9, la célèbre émission de téléréalité sur NRJ 12.
«Il y a deux villas, celle des anonymes, à Las Vegas, dont je fais partie, et l’autre, à Miami, que nous essayons de rejoindre.» Ellen a été contactée sur Facebook. A Genève, elle est présentatrice météo sur Léman Bleu et anime aussi L’agenda d’Ellen. Di. D.
Détour par les coulisses du gala du FC Sion, devenu le troisième plus grand banquet de la planète. Les 700 tables disposées dans les 7200 m2 de la halle du CERM de Martigny sont prêtes à accueillir les 7700 convives. Vertige des chiffres: sur les plateaux, 19 500 verres et 1400 réchauds que l’équipe des serveurs, dirigée par Annabella (2e à dr. devant) sera chargée d’acheminer partout.
Jean Revillard / Rezo
Une joyeuse tablée. Chaque participant a payé entre 190 et 490 francs sa place. En ce mois de février 2017, 7700 personnes (1000 en liste d’attente) sont venues, plus un gros millier de bénévoles, artistes, mandataires et personnel du club; 5000 Valaisans et 2700 issus d’autres cantons.
Jean Revillard / Rezo
Le gala du FC Sion se déroule à la salle du CERM, à Martigny, qui accueille aussi la Foire du Valais. La première édition a eu lieu en 2005. Elle avait réuni 720 personnes. Le chiffre d’affaires de cette soirée unique: 2,7 millions de francs pour un bénéfice de 1,5 million. Sur cette superbe photo panoramique, on mesure bien le côté gargantuesque du banquet!
Jean Revillard / Rezo
Avant le coup de feu, une partie des «cuistots» prennent la pose. De la grande cuisine sortiront les plats pour 5000 personnes, les 2500 restants étant préparés dans une structure plus petite, située à l’opposé.
Jean Revillard / Rezo
Genaro, le chef d’orchestre discret de ce mégalo-show, a une nouvelle fois gagné son pari. Les participants au gala du FC Sion 2017 en parleront pendant des semaines!
Jean Revillard / Rezo
Pas moins de 7000 kilos de marchandises, soit un peu moins d'un kilo par convive, a dû être convoyé jusqu'au gala du FC Sion à Martigny. En coulisses, les livraisons donnent lieu à un vrai ballet. Il ne manque que la musique.
Jean Revillard / Rezo
L'utilisation d'un drone a permis aux photographes de l'agence Rezo de signer quelques images vraiment inédites de ce gala 2017 du FC Sion.
Jean Revillard / Rezo
Attention à ne pas laisser tomber la nourriture! Il s'agit de travailler vite et bien, de sorte que les convives aient le sentiment que tout est allé de soi.
Jean Revillard / Rezo
A 490 francs la place, les 600 VIP ont droit à une contrefaçon synthétique de tapis rouge, que tout le monde a contribué à poser. A commencer par Marco Degennaro (à dr.), le directeur général du club.
Jean Revillard / Rezo
Six mille bouteilles de vin, 8000 bières, 3000 bouteilles d’eau et de jus de fruits, 2 tonnes de glaçons. Côté boissons, ça roule!
Jean Revillard / Rezo
20 heures. L’équipe de la grande cuisine commence à sortir les plats des autocuiseurs. Les 7700 personnes seront servies en une heure. Tout est chaud et bon. Une sacrée performance.

Jean Revillard / Rezo
Branle-bas de combat dans les cuisines! Même si la soirée sera marquée par de multiples animations, notamment artistiques, c'est ce qu'il y aura dans l'assiette qui reste le plus important.
Jean Revillard / Rezo
Sans l'apport de toutes les petites mains, le gala du FC Sion ne pourrait avoir lieu. Sa réussite, c'est aussi de parvenir chaque année à réunir des dizaines de gens autour d'un même projet.
Jean Revillard / Rezo
Spéciale dédicace à Issa et Fadil, qui ont largement mobilisé dans leur communauté respective pour consolider le nombre de participants au banquet.
Jean Revillard / Rezo
On les remarque à peine tant elles sont discrètes, pourtant les serveuses du banquet du FC Sion ont abattu, cette année encore, un travail considérable.
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Autre temps, autre ambiance. Le 22 septembre 1900, sous deux gigantesques tentes installées au jardin des Tuileries, à Paris, 22 965 maires de France, d’Algérie et des colonies répondent à l’invitation du président de la République. Il s'agit du plus grand banquet de l’histoire contemporaine.
Jean Revillard / Rezo
Dans sa loge, le chanteur Bastian Baker passe au maquillage. Il a accepté de venir chanter au dernier moment. Sympa, comme toujours.
Jean Revillard / Rezo
Déjà présent en 2011, Elie Semoun n'était pas prévu au programme, mais le renoncement in extremis d'Eric Antoine et de Jamel Debbouze a contraint les organisateurs à improviser. Bien qu'en petite forme, Elie Semoun s'est volontiers déplacé en Valais. On le voit ici en coulisses face à Christian Constantin évidemment.
Jean Revillard / Rezo
Le jeune humoriste Thomas Wiesel a fait un carton. «C’est qui machin?» demandaient les uns, enthousiastes et admiratifs, sur un ton «constantinien». «Un Vaudois comme moi», a rétorqué Bastian Baker en écho.
Jean Revillard / Rezo
19 h 20. Alors que les filles du Crazy Horse ont chauffé la salle, CC entre sur scène, son légendaire blouson aux couleurs valaisannes sur les épaules. Sous le charme, la salle lui fait un triomphe. Même ses pires ennemis, là pour être vus ou pour le business, sont obligés de s’incliner...
Jean Revillard / Rezo
La scène, le président Constantin adore ça, surtout quand, à la manière de Johnny qu'il admire, il peut compter sur la présence de quelques superbes danseuses pour le motiver.
A. Desclous / Rezo
Arrivé de Paris en catastrophe, Elie Semoun a préparé son sketch avec CC à l’arrache. «On est copains comme cochons», a dit le président. Normal, un jour de choucroute, non?
Mike Horn a réussi à traverser l'Antarctique en solitaire en 57 jours.
Exploit
Décidément, aucune terre ne lui résiste. Après avoir fait le tour de la Terre sur l’Equateur en 1999 et 2000, l’aventurier, Romand d’adoption, est devenu le premier homme à traverser le continent Antarctique en solitaire.
Par Blaise Calame
Il fallait être fou pour se lancer dans la traversée solitaire de l’Antarctique, même si là-bas, c’est l’été (enfin tout est relatif), mais ça tombe bien, Mike Horn n’est pas un type normal. Tous ses amis vous le diront. Mike, c’est un surhomme, un type avec un coeur gros comme ça, une volonté inébranlable, une soif de conquête.
Mike Horn a eu 50 ans l'an dernier, de quoi relancer la machine et avaler un nouveau défi fou. Photo: Instagram
Mike Horn, c’est un aventurier d’un nouveau genre, ou plutôt à l’ancienne, mais sachant profiter des progrès technologiques.
Au départ de cette traversée de l’Antarctique, il devait être le seul à y croire. Et pour cause, cela n’avait jamais été fait. Le genre de défi qu’il affectionne. A la seule force de ses jambes et du vent, il aura parcouru le parcours, soit 5100 km, en 57 jours, signant du même coup l’un des exploits sportifs les plus hallucinants de ces dernières années.
Une vidéo publiée par Mike Horn (@mikehornexplorer) le
Le 9 janvier dernier, Mike Horn atteignait le Pôle Sud après avoir parfois avalé jusqu’à 200 kilomètres par jour grâce à son kite surf. Sans moteur, mais avec un petit vélo dans la tête (!), Mike Horn a foulé un sol gelé où aucun être humain ne s’était aventuré avant lui. Il ne finira jamais de nous épater.
Autrefois très rare, la grande aigrette s’observe de plus en plus fréquemment en Suisse romande. Avec son plumage blanc immaculé et ses longues pattes noires, elle ne peut être confondue avec un autre oiseau.
Benoît Renevey
Jadis chassée pour ses magnifiques plumes, la grande aigrette a bien failli disparaître. Aujourd’hui, on l’observe de plus en plus souvent, notamment l’hiver sur les rives du lac de Neuchâtel. Avec ses ailes longues et larges - son envergure peut atteindre 170 cm -, la grande aigrette vole majestueusement. Elle a la classe d’une reine et une beauté à nulle autre pareille.
Benoît Renevey
La neige du bord du lac complique la pêche de la grande aigrette, qui a profité ici d’un trou dans la glace pour attraper un poisson.
Benoît Renevey
Perchée au sommet d’un arbre. Le nid n’est pas le sien. Mais, en 2013, un couple de ce migrateur a niché dans les roseaux, près d’Estavayer-le-Lac. Sur la rive sud du lac de Neuchâtel, les aigrettes s’installent chaque année plus nombreuses, entre Champ-Pittet et Cudrefin, dans les roselières de la Grande Cariçaie.
Benoît Renevey
Le long de la rive sud du lac de Neuchâtel, la grande aigrette s’installe au cœur des roselières. Comme l’échassier de la fable, elle se nourrit les pattes dans l’eau, son «long bec emmanché d’un long cou» lui permettant de piquer promptement ses proies qui sont fort variées: poissons, crustacés, insectes, orvets, campagnols, musaraignes et même de jeunes rats musqués.
Benoît Renevey
Chassée pour ses longues plumes, la grande aigrette a failli disparaître pour orner les chapeaux et les robes du XIXe siècle. Jusqu’au début des années folles, ces délicates parures duveteuses ont fait la fortune des plumassiers.
Notre confrère Christian Rappaz (2ème depuis la g.), à côté de Laurence Bisang, qui mène la petite bande des Dicodeurs depuis 21 ans déjà!
Radio
Journaliste à L’illustré, lauréat du Prix Dumur 2016, notre confrère valaisan agrémente cette semaine la célèbre émission de RTS La Première de son accent inimitable.
Par Blaise Calame
Il faut jouir d’une certaine notoriété pour avoir la chance d’être convié à la table des Dicodeurs, l’une des plus célèbres émissions de radio de notre coin de pays. Et ça tombe bien, parce que Christian Rappaz, journaliste à L’illustré, est une signature appréciée du grand public.
Notre confrère et son collègue Patrick Oberli du Matin Dimanche se sont même distingués l’an dernier en devenant les premiers journalistes sportifs lauréats du Prix Dumur pour leur travail remarquable sur la FIFA.
Mais pour tenir la distance cinq jours durant face à la joyeuse bande des Dicodeurs, emmenés par l’excellente Laurence Bisang, ce qu’il faut surtout, c’est le sens de la répartie. L’accent valaisan en prime, Christian Rappaz démontre qu’on peut être prophète en son pays, puisque les Dicodeurs sont installés cette semaine aux Nouveaux Bains-de-Saillon.
«Entre deux sketches, nous avons parlé journalisme, investigation, FIFA bien sûr, confie Christian Rappaz. C’était poilant. Ils ont un talent fou ces Dicodeurs!» Face à lui, Laurence Bisang on l’a dit, mais aussi Sabine Carron, Kaya Güner, Nicolas Haut, Pascal Vincent et, aux claviers, Olivier Magarotto. Rendez-vous tout à l’heure 11h30, puis demain encore, sur La Première.
«Je suis une junkie des émotions», confie Gaëlle Schwimmer, une employée dans l’immobilier, à Delémont, passionnée de photographie. En marge de l’exposition “Inoubliable baiser”, qu'elle présentera à la Cave de Soyhières (JU) dès le 11 mars, découvrez 9 témoignages pour la St Valentin, dont celui de Stéphanie: «Il m’a pris la main, l’a mise sur son visage et il m’a embrassée.»
Gaëlle Schwimmer
Hélène: Et là, ça a été le coup de foudre. Je n’ai plus pu me retenir, lui non plus. C’était le baiser le plus génial que j’ai vécu et ça dure depuis trois ans et demi.»
Gaëlle Schwimmer
Romane: «Lui était en couple et moi aussi. Ce n’était pas une bonne idée.»
Gaëlle Schwimmer
Mme Ludwig: «Je lui ai dit que ça ne me dérangeait pas qu’il m’ait embrassée et qu’il n’était pas le premier. Et il m’a répondu: «Eh bien, je reviens demain!»
Gaëlle Schwimmer
Chris: «A l’époque, je n’étais pas très malin alors je me suis dit que j’allais draguer toutes les autres copines pour mieux l’approcher, elle. Et... ça n’a pas marché du tout!»
Gaëlle Schwimmer
Léandre: «Ça avait un goût de sel, de bière, de cervelas. C’était franchement pas terrible.»
Gaëlle Schwimmer
Elisa: «On a longtemps correspondu puis on a décidé de se rencontrer. Il m’attendait sur le quai d’une gare et quand je l’ai vu, ça a été (soupir)...»
Gaëlle Schwimmer
Edi: «Ça a duré trente et une minutes. On ne pouvait plus fermer la bouche tant on avait mal aux mâchoires.»
Gaëlle Schwimmer
Cédric: «C’était plus intense que tout ce que j’avais connu jusqu’alors. C’était... indescriptible.»
Lorsqu'ils parviennent à s'arracher au confort de nos canapés, nos chiens et chats aiment bien s'éclater dans la neige de temps à autre, comme Woodie qui joue les sous-marins du côté d'Echallens.
«Petit, en Croatie, j’allais chercher du lait au supermarché à poil. Mes parents étaient naturistes. Et alors?» a raconté Gaspard Proust chez Ruquier en juin dernier.
Humour
Le comique le plus brillant de sa génération revient au pays. Au Théâtre du Crochetan, à Monthey.
Par Didier Dana
C’est qui Gaspard Proust? Un garçon né en Slovénie qui vécut en Algérie, parle cinq langues et dont le sourire est un rictus, mais ce n’est pas de sa faute. Au début, on le tenait pour un gendre idéal, venu de Suisse, diplômé HEC, ex-banquier à Lausanne. Son humour de verre pilé a convaincu du contraire.
Drôle? Intelligent. Il pratique le comique de rupture, la vacherie lumineuse. «Nous sommes tous de droite. Vous connaissez des gens de gauche qui, à la chute du mur de Berlin, se sont enfuis à l’Est?»
Pourquoi on parle de lui? Il vient roder son nouveau spectacle en Suisse, discrètement, au Théâtre du Crochetan, les 17 et 18 février. Il y est sobrement présenté ainsi: «Humour caustique» (sic).
Pourquoi? Il ne donne (presque) pas d’interviews. Il parle déjà beaucoup sur scène, lieu où il se sent «en contrôle».
Toujours estampillé «Nouveau Desproges»? Avec un zeste de Daniel Prévost. Proust écrit très bien, mais n’est satisfait que de 20% de sa prose. Gaspard est long, comme Marcel, et moins lyrique que Pierre (Desproges).
Il a commencé comment? Vers 2008, repéré par Laurent Ruquier. Il a reçu le prix Raymond Devos en 2010. Plusieurs spectacles, du cinéma chez Frédéric Beigbeder (deux fois) et une assez mémorable revue de la semaine chez Ardisson.
Pudique? Il réussit à préserver secret son jardin là où d’autres dévoilent un jardin botanique.
Engagé? Pitre et interrogateur. Plus désabusé que cynique parce que très idéaliste. A voir. Di. D.
On les surnomme déjà NKDM. Ces fous de théâtre réunis ici au Bois de la Bâtie veulent offrir un théâtre ouvert «où on ait l’impression qu’il s’y passe tout le temps quelque chose».
Rencontre
Le metteur en scène vaudois et la comédienne genevoise dirigeront la nouvelle Comédie de Genève dès cet été. Avec cette ambition folle: nous emmener tous au théâtre!
Par Patrick Baumann
L’idée de se faire photographier au milieu d’un bois les séduit, elle correspond à leur vision d’un théâtre ouvert sur le monde et capteur d’énergie. Déjà, la presse les surnomme NKDM, pour Natacha Koutchoumov et Denis Maillefer, 43 et 51 ans, qui viennent d’être nommés à la tête de la Comédie, l’emblématique théâtre genevois dont ils prendront les rênes cet été. Et avec qui ils vont déménager en 2020, lorsque le théâtre aura intégré le nouveau quartier des Eaux-Vives dans un superbe écrin de verre à la place de l’ancienne gare. Un budget de 100 millions, deux salles de 500 et 200 places, leur projet audacieux collait parfaitement à cette nouvelle structure.
«On aurait dû être nommés en juin, rigole Denis Maillefer, frigorifié dans son costard cintré. Natacha, j’espère que je ne vais pas finir au CHUV.» Il dit CHUV parce que c’est un Vaudois de Cossonay, alors que Natacha, en vraie Genevoise, née d’un père russe et d’une mère écossaise, aurait parlé des HUG. «De Dieu de Dieu, il va falloir que je m’inscrive à l’Ecole-club Migros au cours de genevois», taquine celui qui s’installera peut-être dans la Cité de Calvin. L’humour est au rendez-vous. Elle le materne un peu, il n’est pas en manque de reparties. Il y a neuf mois encore, ils refaisaient le monde autour d’un verre de vin. «On a vite compris qu’on partageait la même vision du théâtre, on avait les deux un idéal, une même ambition.» Dès lors, pourquoi ne pas postuler ensemble pour diriger la Comédie, qui se cherchait un nouveau directeur à partir de 2018?
Dans la vie, ils ne sont ni amis ni amants, mais ils se côtoient depuis des années avec admiration et respect. La comédienne fut d’ailleurs sa Marilyn dans Looking for Marilyn. Le temps d’un enfantement, ils ont ficelé leur projet, voyageant dans toute l’Europe, Moscou, Berlin, Lisbonne, Paris, pour rencontrer des gens comme Joël Pommerat, Luk Perceval, Eric Ruf, Tiago Rodrigues. Des noms qui ne parlent pas aux profanes mais appartiennent aux plus grandes pointures théâtrales du moment. Collaborations en vue. «Le théâtre doit être tout sauf gnangnan», clament-ils. La fête et le plaisir, deux ingrédients incontournables aux yeux du nouveau tandem. «Ce qui n’empêche pas la réflexion, ajoute Maillefer. Le théâtre est d’ailleurs peut-être un des derniers bastions de la pensée.» Mais une pensée joyeuse, insolite, décalée, en mouvement, «qui nous sort de notre zone de confort», ajoute Natacha. Nous devrions voir à la Comédie «des spectacles exigeants mais humains et sentimentaux». Leur théâtre sera «très organisé mais humble et chaleureux, avec l’artiste au cœur du processus».
Surprendre et déstabiliser
Peu importe que l’on monte un texte classique ou contemporain. «Il y aura des mises en scène puissantes, mais surtout une façon de surprendre, de déstabiliser le spectateur avec une parole différente, parfois provocatrice!» Natacha s’enflamme. Mettre du sens sur l’époque, c’est son credo. «Le théâtre peut être un pacificateur énorme en période d’obscurantisme, de radicalisation, notamment des jeunes. Nous avons un rôle à jouer. Rien ne sera incompatible à la Comédie, on pourra écouter un philosophe et se mettre à danser sur des hits des années 80!»
Coproductions, créations locales, invitations d’acteurs phares, les nouveaux directeurs n’ont aucune crainte de se retrouver à la tête d’un organigramme d’une soixantaine de personnes, avec un budget qui va plus que doubler à l’avenir, passant de 7 à 15 millions. Avec des passerelles vers la danse, ou le stand-up si l’humour est au service d’une idée singulière. «Zouc aurait eu sa place chez nous. On cherche la nouvelle!»
Il y aura un café ouvert en permanence, des billets pourquoi pas en last minute, et parfois une petite «mise en bouche devant un verre de vin» ‒ Denis et Natacha sont des bons vivants ‒ pour ceux qui souhaiteraient, avant la pièce, qu’on leur explique où veut en venir l’artiste. «L’accueil, c’est primordial, insiste Denis. A tous les niveaux!» Lui qu’on avait parfois qualifié de Poulidor des planches parce qu’il avait échoué de peu à diriger l’Arsenic ou Kléber-Méleau, le lieu de ses premiers émois, est arrivé au port. Même si le paquebot Comédie va beaucoup naviguer. «Le théâtre doit permettre de ne pas s’isoler dans une tour d’ivoire, en circuit fermé avec ceux qui pensent comme nous. On n’a pas vu venir Trump à cause de ça», souligne Natacha.
Elle a vu en tout cas L’oiseau vert, de Besson, justement sur la scène de la Comédie en 1982. A pensé: «Mon pays, c’est le théâtre.» Enfant, elle jouait un personnage nommé Clémentine. «Du coup, mes parents n’ont pas été étonnés de ma vocation. Ils ont juste exigé que je sois très bien formée.» Elle étudiera à Paris, New York, jouera dans des compagnies françaises avant de revenir à Genève pour cause de maternité. Le grand public l’a découverte dans la série Marilou en 2006 sur la TSR. Elle aime Bergman et de Funès: «Pas du tout incompatible!»
Une troupe permanente
Son binôme, lui, a peut-être une relation au théâtre qui rappelle celle de Federer au tennis. Talent et travail. Ce qui explique peut-être qu’il lui a consacré un livre et une pièce. A moins de 30 ans, l’ancien directeur du Théâtre des Halles, à Sierre, avait déjà 13 spectacles à son actif (50 à ce jour). Tous deux n’excluent pas de mettre en scène et de jouer dans leur Comédie. «Mais ce n’est pas une priorité.»
A New Delhi, Maillefer (à g.) enseigne la dramaturgie. Ici, dans la pièce «Drive». Photo: DR
Un spectateur, à les entendre, ça se bichonne, parfois on lui prend la main pour l’obliger à déambuler, comme dans cette Supplication montée par Maillefer en 2001 d’après les témoignages des survivants de Tchernobyl, dans les anciens Ateliers mécaniques de Vevey. Une pièce qui a secoué les âmes. L’idée de créer une troupe permanente a également compté dans le choix de leur confier les clés de la maison Comédie. «On en a toujours rêvé. Avoir des comédiens à demeure nous empêche de perdre de vue pourquoi l’on travaille.»
Il y a la famille de théâtre et puis celle de la vie. Denis est le père de deux adolescents de 16 et 12 ans. Natacha est femme de danseur et mère de deux garçons de 9 et 4 ans. L’aîné est autiste; elle a témoigné à plusieurs reprises dans les médias de son engagement pour cette cause «qui exige une organisation familiale digne d’une PME», confie-t-elle. Quant à Denis, il remercie ses enfants de leur patience «durant toute la phase où je ne parlais que de ce projet à la maison».
Les possibles désaccords ne les effraient pas. Ils ont planifié les secteurs où chacun aura le dernier mot et ceux où la concession s’imposera. La codirectrice trouve d’ailleurs le codirecteur «plus rond, plus conciliant, plus sensible» qu’elle malgré son physique ascétique et sa gueule entre Cassel et Kassovitz. Il n’est pas tout à fait d’accord. Une chose est sûre: ces deux-là n’ont pas fini de nous surprendre.
La famille Jollien a emménagé dans un nouvel appartement sur les hauts de Lausanne. Victorine, 12 ans, et Augustin, 10 ans, les deux aînés, ont eu un peu de peine à quitter leurs amis coréens mais se sont vite réacclimatés à la vie vaudoise.
Rencontre
Le philosophe romand a retrouvé Lausanne après trois ans passés en Corée du Sud. Une expérience vécue en famille qui l’a profondément transformé. Il en partage les moments les plus forts.
Par Patrick Baumann
Il invite à entrer dans cet appartement des hauts de Lausanne où il vient d’emménager avec sa famille. S’excuse avec un sourire amical pour les valises et les cartons non déballés dans le couloir. «On est rentrés depuis trois mois mais on n’est ici que depuis deux semaines», explique l’auteur de Vivre sans pourquoi. Alexandre Jollien a passé trois ans à Séoul avec Corine, son épouse, Victorine, Augustin et Céleste, 12, 10 et 6 ans, dont la joyeuse trace est visible au gré des pièces traversées. On lui demande tout de go pourquoi il est rentré. Il nous avait pourtant avoué vouloir rester encore un ou deux ans en Corée du Sud. «Je reviendrai quand j’aurai trouvé la paix», confiait-il à un média. Alors c’est ça? C’est un homme profondément en paix qui nous revient? Il tempère, le regard facétieux. «N’exagérons rien. Corine et les enfants seraient bien restés encore un an ou deux, mais la vie à l’étranger coûte cher et nous songions aussi à la scolarité des enfants. Il était temps de rentrer. J’aime bien la culture suisse française. Tout bêtement, parler français me manquait. La langue, c’est quand même un truc important!»
L’enseignement qu’il a reçu durant ses trois ans en Corée a été fortifiant pour son âme. Aujourd’hui, à 41 ans, il se réjouit de revenir à l’écriture et à ses conférences publiques. Photo: Nicolas Righetti / Lundi 13
Une petite joie enfantine qui monte aux yeux lorsqu’il évoque ses amis, sa famille, la fondue, tout ce qui lui a manqué à des milliers de kilomètres du Pays de Vaud, même si ce grand saut entre deux continents ne fut pas facile, dans un sens comme dans l’autre. «Les enfants ont heureusement réintégré l’école sans trop de problèmes. Dans notre quartier, au centre de Séoul, ils étaient les seuls étrangers, du coup traités un peu comme des petits princes. Les deux aînés doivent rattraper l’allemand mais cela se passe bien. Ils continuent à regarder tous les jours la TV coréenne par satellite et à prendre des cours via Skype. Eux sont bilingues, Corine et moi beaucoup moins.» Victorine et Augustin, qui viennent juste de rentrer, confirment joyeusement, embrassant tendrement leur père avant d’aller faire leurs devoirs.
Diverses voies pour accéder à la paix
Mettre en pratique les leçons de sagesse des grands esprits, de Jésus à Bouddha, Jollien nous y avait déjà habitués à travers ses nombreux livres. Il nous a aussi bluffés depuis longtemps par ce parcours d’un enfant opiniâtre qui, malgré son handicap et un placement en institution, va obtenir un master en philo, épouser une fille épatante et devenir père de trois enfants. Mais il lui fallait encore partir à l’autre bout du monde pour suivre l’enseignement d’un père canadien maître de zen, un homme-pont entre l’Asie et l’Occident. «C’était nourricier, fortifiant. La rigueur très zen et jésuitique de père Bernard m’a donné une architecture intérieure, une confiance en moi plus grande. Et puis le fait d’être aimé inconditionnellement a nourri mon regard sur l’autre. Oui, ma foi chrétienne a été influencée par son enseignement, je sais maintenant qu’il y a diverses voies pour accéder à la paix!»
La bibliothèque, dans le salon, qui fleure bon le bois neuf, accueille les livres qui ont fait le voyage aller-retour avec lui. Sénèque, Nietzsche, Spinoza et tant d’autres qui l’ont aidé à accomplir son «métier d’homme». Et qui vont nourrir ce cycle de conférences qu’il vient d’entamer au CHUV* sur le thème de la joie et de l’abandon. Parlant de l’abandon, il évoque l’image du toboggan chère à Pierre Constantin, l’ami de toujours. Et pose la question. Dans le pack de l’existence, il y a la joie et la tristesse, la maladie et la santé, les grincements en tous genres accouplés aux petits bonheurs. Pourquoi, au fond, ne pas considérer la vie comme un toboggan? Et s’y laisser glisser pleinement. «On peut s’accrocher à ses parois, résister ou bien se laisser aller. Le lâcher-prise passe par des actions concrètes. Poser des actes. Partir en Corée, c’était grimper sur le toboggan!»
Agressé au restaurant
Il s’anime. Son enthousiasme est contagieux. Quelle glissade que ces trois ans passés au pays de Samsung à apprivoiser la langue (ah, comment s’écrit «dentifrice» en coréen, tous ces objets dans les supermarchés qu’on ne peut identifier?) Il a été ému par le regard bienveillant, sans jugement ni préjugés, des Coréens. «Les bains publics me manquent énormément, c’était pour moi le lieu de l’acceptation, le regard sur le corps là-bas est très différent d’ici.»
Ici, le pays romand, mais en gros tout l’Occident, où la violence sociale et l’intolérance l’ont particulièrement choqué après ces trois ans d’absence. «L’autre jour, un homme m’a interpellé très violemment dans les toilettes d’un restaurant: «Jollien, t’es pas très viril, on est en guerre, on est dans un pays en guerre et on en a marre des Bisounours, marre de la gentillesse!»
Un regard neuf
Bisounours. Le mot le fait réfléchir. Il accepte qu’on ne partage pas son opinion, pas qu’on déverse sa rancœur aussi férocement. Lui, sans déroger depuis trois ans, continue à pratiquer la méditation une heure par jour à raison d’une demi-heure le matin et une autre le soir. Il a aussi partagé récemment une petite retraite avec ses deux copains, stars comme lui du rayon spiritualité des librairies, que sont Matthieu Ricard et Christophe André avec qui il a cosigné en 2015 Trois amis en quête de sagesse. Déjà un best-seller!
Il songe à faire du sport en équipe pour bâtir d’autres liens sociaux et envisager son corps autrement. A peur, un peu, de perdre cet émerveillement, ce regard neuf sur le monde rendu possible par le déracinement temporaire. Veut à tout prix préserver la qualité de sa vie de famille qui s’est renforcée durant cet exil. «J’étais parti aussi pour échapper un peu à ma vie devenue trop dispersée».
La morale de cette histoire? Un peu qu’il faut oser parfois un autre mode de vie, sans forcément traverser la planète, pour déjouer l’engluement des émotions négatives. Lui était un angoissé de première, assure- t-il en riant. «J’aime la notion de grande santé chère à Nietzsche. Elle intègre tout, y compris la maladie, les blessures, les traumatismes. La maladie n’est pas le contraire de la santé, il y a mille manières d’être en grande santé, accessibles à tous! On ne guérit pas forcément de ses blessures mais on peut faire en sorte qu’elles ne deviennent pas tyranniques!»
L’écrivain-philosophe a ses petites recettes concrètes pour le bonheur. Par exemple, noter tous les jours son niveau de félicité sur une échelle de 1 à 10. Cela vous rappelle les sondages à tout va qui veulent jauger à tout moment votre satisfaction? Sachez que la méthode a fait ses preuves sur un plan scientifique. A Harvard, où il existe une chaire du bonheur, le professeur demande à ses élèves de noter chaque soir leurs petites joies de la journée. Il paraît que cela a un impact réel et mesurable sur le fonctionnement de notre cerveau.
Smartphone psy
Autre petit truc pour «dégommer les passions tristes», pour reprendre le titre d’une de ses conférences: utiliser son smartphone comme un psy de poche. «Chaque soir, avec quelques amis, chacun d’entre nous dépose un message de cinq minutes sur KakaoTalk (la version coréenne de WhatsApp) pour faire le point, déposer ce qui nous fait avancer, ou ce qui nous a choqués, comme l’autre jour avec cet homme qui m’a agressé verbalement. Cela aide, ça permet de s’alléger; tout le monde devrait le faire, c’est salutaire. Moi, ça m’a changé la vie!»
On prend congé, justement, alors qu’il s’apprête à écouter le message du jour de son ami l’acteur Bernard Campan. Une banane se dessine sur son visage. On quitte un homme heureux. Et manifestement en paix.
Conférences d’Alexandre Jollien: Lausanne, CHUV, 2 mars: «S’extraire de la dictature du «on» avec Heidegger»; 23 mars: «Le rire du sage ou comment dégommer les passions tristes»; 20 avril: «La sagesse du corps ou la grande santé selon Nietzsche»; 11 mai: «Les philosophes, le sexe et le tragique»; 1er juin: «Le tragique et Dieu»; 15 juin: «Vivre le tragique ensemble». Inscriptions: com.event@chuv.ch.
Genève, Théâtre de la Madeleine: 27 février: «Trouver la joie au sein du tragique de l’existence». www.declicsetcie.ch