
Switcher est en faillite. La marque de vêtements à la petite baleine jaune fêtait cette année ses 35 ans.
Switcher est en faillite. La marque de vêtements à la petite baleine jaune fêtait cette année ses 35 ans. Switcher, c'était 100 millions de T-shirts, de doudounes, de joggings, de Geelee vendus. C'était aussi une PME pionnière dans le commerce équitable et écologique. Son fondateur, Robin Cornelius, avait quitté l'entreprise il y a une année et demie. Il tente aujourd'hui de relancer le concept en réunissant fournisseurs, clients et collaborateurs.
Refaisons avec lui la belle histoire de cette marque qui a marqué trois générations de Suisses, comme en témoignent les très nombreux témoignages de tristesse et d’attachement postés sur les réseaux sociaux. Tout commence par une image aperçue aux actualités, celle d'un ancien président des Etats-Unis: «J’avais vu Jimmy Carter faire son jogging avec un drôle de pantalon de training pour l’époque. Je me suis dit qu’il y avait un créneau dans ce genre de textile relax», se souvient ce Lausannois aux origines suédoises. Ni une, ni deux, le jeune Robin de 25 ans se rend chez un banquier avec 40 000 francs hérités de son grand-père. Il lui faut 40 000 autres francs pour démarrer. «Monsieur Cornelius, l'avertit d'emblée le banquier, les arbres ne poussent pas jusqu’au ciel.» Mais le bagoût de l'entrepreneur en herbe, fraîchement diplômé HEC et sciences politiques, fait mouche. Et c’est ainsi que Jimmy Carter a, sans le savoir, influencé la manière de s'habiller des Suisses durant trente-cinq ans.
Les T-shirts sont essentiellement fabriqués dans le sud de l'Inde. Robin Cornelius s'y rend régulièrement pour superviser les ateliers et faire évoluer la collection. Lors de l’un de ces vols en avion, il découvre dans un magazine le mot anglais sustainability. Un terme sans véritable équivalent en français, qu’on devrait traduire par «supportabilité» et qu’on adaptera imparfaitement par «durabilité». Nous sommes juste avant le Sommet de la Terre de Rio, en 1992. C’est une révélation, pour le patron de Switcher. Sa petite boîte sera donc une pionnière de la responsabilité sociale et écologique. Ce bonus d’image et de conscience fait mouche dans les années 90. Mais les années 2000 bling-bling vont faire du tort à ces fringues solides, sans prétention et multicolores comme la vraie vie.
Retrouvez l'intégralité de cet article dans L'illustré n°22, disponible