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Marika et Josef Zisyadis: gourmets 
de père en fille

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Julie de Tribolet
Attablés dans la cuisine de Marika, à Yverdon-les-Bains, père et fille se taquinent sur leurs techniques respectives de pliage des böreks en triangle. C’est surtout les notions de plaisir liées à la cuisine que Josef Zisyadis a transmises à son aînée.
Rencontre

Après une longue carrière politique, l’ancien conseiller d’Etat vaudois s’est engagé pour une alimentation saine et de proximité. Un combat qu’il partage aujourd’hui avec sa fille. Portrait croisé autour d’une table. Forcément.

Les böreks à la feta, c’est l’une des spécialités de Josef Zisyadis, l’entrée qu’il aime préparer pour les grands repas en famille. Il les cuit toujours à la poêle, recouverts d’une épaisse couche d’huile d’olive qu’il fait venir de Grèce, selon une recette immuable héritée de sa mère. En cette matinée ensoleillée de début septembre, l’ancien conseiller d’Etat vaudois est venu confectionner ces pâtisseries salées typiques du sud-est de l’Europe avec Marika, l’aînée de ses quatre enfants, son unique fille. «Nous aimons cuisiner ensemble, nous en profitons pour tout nous raconter», sourit la jeune femme de 36 ans, attablée dans la cuisine de son appartement de la vieille ville d’Yverdon-les-Bains, entourée de livres de cuisine, de légumes colorés et de bocaux de confiture maison. Ces retrouvailles culinaires sont surtout l’occasion pour le père et la fille de faire goûter à l’autre de nouveaux produits, de signaler une bonne adresse ou de déguster une huile ou un bon verre de vin. C’est que les Zisyadis ne partagent pas seulement une grande complicité, mais aussi une passion pour tout ce qui touche à la bonne chère, un penchant épicurien qui se reflète dans leurs professions respectives, où tous deux s’évertuent au quotidien à promouvoir les saveurs locales.

Vingt ans à Berne

Après une longue carrière de militantisme et de politique – il a notamment accompli cinq mandats de conseiller national sous la bannière de l’extrême gauche –, Josef est en effet, à 61 ans, directeur de la Semaine du goût, manifestation qu’il a fondée en 2001, tout en coprésidant l’association Slow Food Suisse. Quant à Marika, elle officie depuis presque une année en tant que responsable de la Maison des Terroirs, sise à Grandson. Si Josef s’est très tôt intéressé aux questions entourant l’alimentation, organisant en 1987 déjà une grande conférence sur la malbouffe, Marika ne semblait pas devoir suivre le même sillon. Cette pure citadine, élevée à Lausanne, s’était d’abord orientée vers la vidéo et une carrière dans le graphisme, après un diplôme à l’ECAL (Ecole cantonale d’art de Lausanne) en communication visuelle. Elle a notamment travaillé au sein d’une agence photo et a mis en place en 2010 le Bureau culturel de la ville de Lausanne. «Je n’aurais jamais imaginé travailler dans un domaine proche de la production agricole», concède-t-elle.


Les böreks cuits, c’est l’heure de passer à table; la cuisine des Zisyadis rappelle leurs origines méditerranéennes. Photo: Julie de Tribolet

Le tournant professionnel intervient il y a près de quatre ans. Désireuse de renouer avec ses racines grecques, Marika va s’installer avec son mari, Raphael, et leurs enfants, Dionysis et Ilyas (aujourd’hui âgés de 8 et 5 ans), sur l’île de Patmos, dans l’archipel du Dodécanèse. Le couple va collaborer au projet Patoinos. Lancé par son père, il s’agit d’un domaine agro-écologique qui vise à réhabiliter le vin sur cette île autrefois viticole. «Raphael s’est occupé de deux hectares de vigne, se formant à la biodynamie, tandis que Marika faisait revivre le pressoir à huile d’olive ou créait des jardins potagers dans les écoles de l’île, raconte avec fierté Josef. Ils ont véritablement posé les bases du projet.»

De Patmos à Grandson

En juin 2016, après deux ans et demi passés sous le soleil de la mer Egée, la petite famille rentre en Suisse. Désireuse de poursuivre dorénavant son engagement pour les produits de proximité et de qualité, Marika postule pour un emploi de responsable de la Maison des Terroirs à Grandson et est engagée. Nichée dans une bâtisse historique au cœur du bourg médiéval, cette institution a pour vocation, comme son nom l’indique, de promouvoir les produits de cette région du Nord vaudois. Pour la petite histoire, c’est devant ce bâtiment que son père avait clôturé l’édition 2007 de la Semaine du goût, Grandson étant alors la capitale de la manifestation.


Dans l’épicerie de la Maison des Terroirs, Marika fait découvrir les produits à son fils cadet Ilyas, âgé de 5 ans. Photo: Julie de Tribolet

Aujourd’hui, père et fille se serrent les coudes pour défendre le goût et une nourriture saine, loin des diktats de l’industrie agroalimentaire; Josef met d’ailleurs un point d’honneur à ne jamais faire ses courses dans une grande surface. «J’entends trop souvent dire que les gens n’ont pas le temps de cuisiner le soir, mais c’est souvent pour se dépêcher d’aller se poser devant la télévision. Il faut retrouver le réflexe de faire à manger, de se retrouver autour d’une table», plaide de son côté Marika. Josef abonde: «Dans notre société du tout numérique, cuisiner permet de faire quelque chose avec ses mains, de stimuler les sens, le toucher, le goût, l’odorat…» Tout en terminant leur plaidoyer et au moment de goûter les böreks dorés et croustillants, les Zisyadis concèdent néanmoins un petit côté «monomaniaque»: «Entre nous, à Noël ou aux anniversaires, les cadeaux se mangent toujours.»

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