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Channel: L'illustré - Suisse Romande
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Marco Calamandrei fut brièvement Gabin pour son père

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Jean-Blaise Besençon
Le comédien Marco Calamandrei, à voir sur scène dans "La gueule de l'emploi".
Tête-à-tête

Chaque semaine, L'illustré rencontre une personnalité au coeur de l'actualité culturelle romande. Aujourd'hui: le comédien Marco Calamandrei qui se pose en victime du travail dans un spectacle plein d’humanité.

Jusqu’au 2 avril, le comédien Marco Calamandrei prête sa belle voix à des gens auxquels le monde du travail a enlevé le droit à la parole et le pain de la bouche. Fidèle à sa technique résolument engagée, qui observe la vie et les gens tels qu’ils vont, Evelyne Knecht, auteure des textes et metteuse en scène, restitue ensuite leurs témoignages, leurs empreintes, leurs paroles dans un spectacle théâtral. Jean-Pascal Cottier a composé les intermèdes musicaux et les trois comédiens Caroline Althaus, Zoé Blanc-Scuderi, Philippe Castellano, comme Marco Calamandrei dans la peau d’un postier et d’un enseignant, incarnent autant de victimes de burn-out. «Le point commun entre tous, c’est que, un matin, ils ne pouvaient plus se lever…» Arrivant à la soixantaine, le comédien a pu éprouver au-delà de ses espérances la dureté des rapports professionnels. Alors qu’il travaillait à temps partiel, il a vu son contrat (le premier de sa vie à durée indéterminée!) résilié du jour au lendemain par un jeune et nouveau chef. «Ce qui a été terrible, c’est le sentiment de n’avoir rien vu venir.» «A travers les différents témoignages, on découvre que beaucoup de gens ont été licenciés parce qu’ils faisaient leur travail avec minutie alors qu’on leur demandait uniquement d’améliorer le rendement…»

S’il a «toujours» rêvé de devenir comédien, Marco Calamandrei est monté sur scène un peu sur le tard. «Je venais d’un milieu ouvrier, je ne savais pas du tout comment m’y prendre.» Arrivé d’Italie à l’âge de 11 ans, il avait dû commencer par apprendre le français. «On faisait des concours, avec ma sœur, de celui qui apprenait le plus de mots. Quand j’ai dit à mon père que je voulais faire du théâtre, il m’a appelé Jean Gabin pendant une semaine!» Quand il sort de l’ERAD (l’actuelle Manufacture) à 28 ans, «je ne pouvais plus jouer le jeune premier, j’avais déjà l’âge d’interpréter des pères de famille. Ça m’a peut-être pénalisé.» Malgré tout, au Théâtre de Carouge, Georges Wod lui confie ses premiers rôles, il joue aussi dans le Lorenzaccio mis en scène par Séverine Bujard ou encore avec le TPR sous la direction de Charles Joris. A la question des meilleurs souvenirs, le comédien évoque La plage noire, le film tourné par Michel Piccoli. «Je me souviens de sa voix tellement particulière, la chance de côtoyer un tel personnage, j’avais passé une semaine en Pologne. C’était magnifique.» Il n’a pas oublié non plus le mois de janvier à Montréal à jouer Pièces de guerre, la trilogie d’Edward Bond…

Pour ce printemps, celui qui a joué le réformateur Pierre Viret répète déjà son rôle de Martin Luther, mis en scène par Edmond Vuilloud d’après des textes d’époque. Comme dans La gueule de l’emploi, il s’agira d’amener un peu d’humour et de légèreté à cette histoire. Dans ce registre aussi, le comédien sait y faire. 

La gueule de l’emploi, mise en scène d’Evelyne Knecht, Lausanne, Pulloff Théâtres, jusqu’au 2 avril, www.pulloff.ch

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