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Oskar Freysinger: «Je disparais à jamais de la politique»

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Olivier Maire/Keystone
Depuis son échec, dimanche 19 mars 2017, Oskar Freysinger tourne le dos aux médias.
Décryptage

Muré dans le silence depuis son éviction du Conseil d’Etat valaisan, dimanche, Oskar Freysinger nous avait parlé de sa situation 
et de son avenir entre les deux tours. Parmi tous les scénarios, 
il n’envisageait pas celui de l’échec. Confidences préretraite.

Jusqu’au bout, il n’aura rien fait comme les autres. Entré dans l’histoire par la grande porte, il y a quatre ans, en hissant son parti, l’UDC, au gouvernement cantonal avec une élection record, Oskar Freysinger (57 ans) en est ressorti de manière tout aussi spectaculaire, par la trappe cette fois. Suprême humiliation, le célèbre politicien au catogan a été éjecté par un illustre inconnu, le PLR octodurien Frédéric Favre, de vingt ans son cadet, ex-Vert’libéral, affilié à son nouveau parti depuis un an et demi seulement. Si le Valais n’avait plus vécu de non-réélection d’un sortant depuis 1937, c’est en revanche la première fois qu’un élu est remplacé par un candidat d’un autre parti. Une double peine que le fondateur de la section cantonale de l’UDC ne semble pas digérer puisque, à l’heure où nous mettions sous presse, il n’était toujours pas sorti du silence dans lequel il se mure depuis l’annonce des résultats.

«Je serai élu par défaut»

Beaucoup plus ébranlé qu’il ne le disait par le verdict du premier tour, où il avait égaré la bagatelle de 22 321 voix par rapport à 2013 (30 857 contre 53 178), l’ex-vice-président national du parti nous avait confié ses états d’âme quelques jours plus tard. Entre doutes, amertume et molles convictions, il affirmait ne jamais avoir envisagé l’échec malgré ce premier avertissement. «Le Valais ne veut pas de deux socialistes et Frédéric Favre est trop tendre, trop inexpérimenté pour le poste. De mon côté, j’ai un socle d’électeurs incompressible dans toutes les parties du canton alors que Favre est inexistant dans le Haut-Valais», détaillait-il, plutôt sûr de lui. Erreur de vision et de calcul fatale. De 1000 voix au premier tour, Favre en a recueilli 7000 au second dans le haut du canton, alors que lui est sorti bon dernier dans le Valais romand. En vérité, Freysinger se voyait élu par défaut selon ses propres termes. «Pour le PDC et Darbellay, j’ai le profil idéal. Primo, avec moi au gouvernement, l’UDC n’est pas dans l’opposition, ce qui leur enlève une épine du pied. Secundo, j’ai prouvé que je savais tenir des budgets. Tertio, je suis très affaibli par le résultat du premier tour et enfin, ils auront sous la main un fusible, un bouc émissaire parfait si les choses tournent mal.»

Mais à ce scénario victorieux, y croyait-il lui-même? Pas si sûr. Pour preuve, lui, l’homme de tous les combats, le belliqueux, le jusqu’au-boutiste, ne voyait plus de sens à battre la campagne à dix jours du verdict final. Au contraire, dans un élan de sincérité, il confessait même avoir songé à retirer sa candidature entre les deux tours. «Mais j’ai trop de respect pour les gens qui me font confiance et trop d’estime pour le poste pour en arriver là», confiait-il, désabusé. De retraite, Oskar Freysinger en parlait néanmoins sans tabou. Comme d’une perte pour l’Etat plus que pour lui. «Maintenant que j’ai accumulé de l’expérience, que je maîtrise les dossiers, m’éjecter pour me remplacer par un novice ressemblerait à du gâchis. Sur le plan personnel par contre, une fois le mauvais moment passé, je me sentirai terriblement libéré. Eliminé, je n’aurais plus à subir tous les aigris du canton qui passent leur temps à me vomir dessus sur les réseaux sociaux. Pour le reste, je réactiverai mon potager et me remettrai à l’écriture. Comme je n’ai jamais eu de goût de luxe, mes 40% de retraite me suffiront amplement.» (Ndlr: en Valais, un conseiller d’Etat a droit à 40% de son dernier salaire après 4 ans, 50% après 8 ans et 60% après 12 ans ou plus.)

«Au fond du bac»

De son erreur de stratégie avérée avec la création de la liste Ensemble à droite, au côté du dissident démocrate-chrétien Nicolas Voide, de ses dérapages publics ou de son bilan de législature mitigé, pas un mot. Ou plutôt si, résumé en une phrase. «Je suis un type qui échappe à tous les carcans habituels. C’est bien cela qui pose problème. Il faudrait être gris et cendreux, et ça, je ne le pourrai jamais!»

Tour à tour combatif puis déprimé, – «Je suis au fond du bac, je n’en peux plus», nous écrivait-il samedi encore –, Oskar finira par redevenir Freysinger une minute, le temps de prendre l’hypothèse de son éviction au sérieux: «Si cela arrive, sûr que je ne jouerai pas les prolongations. Je disparais de la politique et l’on ne m’y verra jamais plus.» C’est dit. Et c’est arrivé…

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