
Chaque semaine, L'illustré rencontre une personnalité au coeur de l'actualité culturelle romande. Aujourd'hui: Thierry Romanens qui relit d’Echenoz et se lance en musique avec Format A3.
Le chanteur était à la recherche d’un projet à partager avec Format A3 ‒ Patrick Dufresne, batterie, Fabien Sevilla, contrebasse, et Alexis Gfeller, piano -, un trio de jazz parmi d’autres musiques improvisées, avec lequel Romanens a enregistré son meilleur album en 2009. Ensemble, ils ont aussi relu Alexandre Voisard, donnant aux poèmes du Jurassien des sonorités fortes et inédites. «Sa rencontre a été une révélation pour moi, l’envie d’aller plus loin que la chanson, de réunir deux passions: l’énergie des concerts et les beaux mots.» Le court roman d’Echenoz lui a semblé rédigé pour l’exercice. «L’écriture est très rythmée, on sent les courses, les moments où l’on s’essouffle.» Mélange de lecture slamée, de concert parlé et de récit musical, fidèle au texte, le spectacle révèle une vraie originalité: «J’utilise le livre comme un instrument de musique. Je suis un peu le soliste du groupe, c’est moi qui tiens le crachoir. Mais un spectacle est toujours une aventure partagée, on mélange la musique des mots et le langage de la musique.»
Né en France en 1963, arrivé en Suisse à 24 ans, dans le cadre de sa formation de psychomotricien, Thierry Romanens a depuis mené ici sa vie d’artiste. Débutant sous le signe de l’humour aux rythmes de sketchs loufoques, il a ensuite, avec son regard tendre, décalé et des accents bien à lui, enregistré quelques-unes des plus originales chansons d’ici. Enfin, au fil des saisons, il prête son talent d’homme-orchestre et de poète bastringue à des productions diverses, plusieurs encore visibles, comme cet Opéra de Quat’sous mis en scène par Joan Mompart ou encore Lou, concert théâtralisé par et avec Pascal Rinaldi.
Pour les auditeurs de La Première, Thierry Romanens est d’abord un des Dicodeurs ‒ un sociétaire! ‒ depuis vingt ans! «Ça a été la chance de ma vie, qui m’a permis de ne pas trop galérer.» Touché quand on l’approche dans la rue, cet amoureux des mots raconte comment la rencontre avec le poète Voisard «l’aiguille encore, comment il m’a aidé à trouver un sens à ce que je fais. Je suis un porte-parole, un passeur, c’est mon trip du moment.» Modeste et sans chichi, il conclut: «J’y vais toujours assez intuitif, au cœur.»
Courir, d’après le roman de Jean Echenoz. Le 1er décembre au Forum Meyrin, à Genève; les 9 et 10 décembre à l’Echandole, à Yverdon-les-Bains; le 16 décembre à La Grange, au Locle; le 12 janvier 2017 à L’Alambic, à Martigny.