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Pierrick Destraz: "les drogues t'éloignent de toi-même"

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Didier Martenet
Interview intime

Sur scène, Tonton Pierrick raconte l’histoire du rock, le destin des stars, la drogue. Chez lui, l’artiste parle du rocker qu’il a été et d’un nouvel homme, apaisé, amoureux, végane et en marche sur le chemin d’une certaine sagesse.

Votre maman est décédée le 9 septembre dernier, victime d’un cancer fulgurant, comment allez-vous aujourd’hui?

Je vais bien mais je pense à elle tous les jours. Il y a des remontées de tristesse qui peuvent arriver n’importe quand dans la journée. Mais le temps de sa maladie nous a aussi permis de nous retrouver, d’entrer vraiment en contact, de nous dire des choses que l’on n’arrivait pas à se dire avant. Sur la fin, on a pu se montrer notre amour, c’est une des conséquences positives de ce qui s’est passé.

Et comment va votre père?

Il va bien aussi. C’est très dur, mais il a recommencé à voir des gens, à sortir, à voyager. Il s’est aussi remis à bosser sa guitare, ce qu’il ne faisait plus depuis longtemps. J’étais vraiment inquiet pour lui, se retrouver tout seul, dans sa grande baraque, après cinquante-trois ans de mariage…

Des noces d’or, c’est un anniversaire que vous n’allez pas fêter…

Non, ça, c’est foutu! Je vivais seul depuis sept ans et je ne comptais pas revivre avec qui que ce soit. Et puis j’ai rencontré Virginia et je me suis parjuré! Autrement, je m’en fiche un peu de la longévité d’un couple, ce qui m’intéresse, c’est ce qui passe à l’instant. J’ai arrêté de me projeter dans l’avenir… Virginia est plus jeune que moi, mais on vibre vraiment pareil, on partage la même vision du monde. Elle m’apprend beaucoup, et je lui apprends beaucoup aussi, c’est un bel échange. Elle m’aide à être cohérent et à vivre selon mes valeurs. Bon, c’est un peu le job d’une vie, mais aujourd’hui, j’ai très faim de comprendre et de déconstruire certaines certitudes et des croyances qui se rigidifiaient déjà… J’ai 47 ans, je ne suis pas vieux, mais j’ai déjà dans ma tête des trucs un peu rigides.

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Depuis le décès de sa maman, Pierrick conserve toujours sur lui ces cristaux qu'elle gardait précieusement auprès d'elle. Photo: Didier Martenet

En 2007, vous publiez aux Editions Favre un livre très fort et très émouvant, une biographie de votre père…

Au départ, c’était un cadeau que je voulais lui faire pour ses 50 ans. Mais je n’ai pas fini à temps et j’ai abandonné. Je l’ai repris quinze ans plus tard, à sa demande, et c’est sorti pour ses 40 ans de carrière. J’étais alors dans une position différente, je voulais vraiment découvrir qui était mon père, Henri Destraz, parce qu’il avait beaucoup existé à travers Henri Dès. J’avais envie de connaître son enfance, son adolescence… Le livre a aussi été un peu thérapeutique, je réglais mes comptes et l’accouchement a été douloureux. C’est à ce moment-là que j’ai creusé l’histoire de mon frère et de sa mort prématurée et sans laquelle je ne serais pas là... Ce livre, je l’ai commencé en pleurant sur mon clavier et je l’ai fini à l’hôpital psychiatrique! J’ai fait un burn-out, c’était aussi au moment de mes débuts sur Couleur 3, j’avais encore une boîte de vente de partitions. Bon, c’est pas seulement le bouquin, à l’époque, je consommais aussi pas mal de drogue…

Quel genre de drogue?

De la cocaïne, beaucoup, pendant vingt ans. J’avais tout le temps du monde autour de moi, je me faisais un peu aimer comme ça dans le milieu. La cocaïne, ça te fait parler, ça te fait tenir toute la nuit, tu as l’impression d’avoir tout le temps la pêche mais tu es complètement stressé à l’intérieur. Avec le recul, c’est un peu ridicule mais quand tu n’es pas sûr de toi, de ce que tu vaux, tu as tendance à essayer de te faire aimer par des biais un peu tordus. C’est ce que j’ai fait.

Et aujourd’hui?

J’ai arrêté il y a maintenant quatre ans.

Comment avez-vous fait?

Avec l’aide de ma copine de l’époque. L’amour, c’est une belle motivation et puis elle m’a aidé avec tellement de compréhension. En arrivant un jour dans son pays, je me suis fait fouiller à l’aéroport. J’en avais sur moi mais ils n’ont rien trouvé. Quand je lui ai raconté l’histoire, elle m’a dit que j’allais finir en prison et m’a demandé ce que je dirais alors à mes enfants et à mes parents, et aux siens. Le voyage suivant, je suis venu sans cocaïne, je suis resté dix jours et ça c’est super bien passé, je me sentais vachement mieux. Après, pour mon retour chez moi, elle m’avait proposé un petit challenge: ne rien prendre pendant trois jours, j’ai tenu, et je n’en ai jamais repris… Il a fallu que j’arrête pour constater que c’était mieux sans.

Qu’est-ce qui vous a amené à la drogue?

J’ai été un enfant désiré, choyé. Après avoir perdu un enfant, mes parents avaient très peur qu’il m’arrive quoi que ce soit, j’ai donc été très protégé et je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée de surprotéger un enfant. Mais j’ai vraiment vécu une enfance heureuse, donc a priori il n’y a pas de raison, mis à part la curiosité, le désir d’expérimenter, de transformer mes perceptions, ma conscience… Depuis des milliers d’années – j’en parle dans mon spectacle –, les humains utilisent des drogues diverses et variées. Sinon, les drogues récréatives, c’est rigolo, c’est parfois dangereux mais ça t’éloigne de toi. Tu prends quelque chose et tu vois le monde différemment, alors c’est quoi la réalité? Le simple fait de se poser la question ouvre des portes. Ça rend plus humble par rapport au monde qui nous entoure... Le sacré, c’est ce qui manque aujourd’hui. Je ne suis pas du tout religieux, mais le sacré, on devrait en parler à l’école! Parce que quand tu remets le sacré dans ta vie, non seulement elle devient plus belle, mais tu as envie de la respecter, de respecter ton corps et de respecter les autres.

Vous vous sentez sur le chemin de la sagesse?

Je ne sais pas, mais pendant très longtemps mes limites n’étaient pas claires, donc j’ai été très loin pour les trouver, dans tous les sens, jusqu’à me cogner la tête aux murs de mes limites. Parfois, j’ai dû me cogner la tête plusieurs fois avant de comprendre qu’il ne fallait pas aller par là… Quand j’ai commencé à me poser des questions sur mon fonctionnement, j’ai réalisé que j’avais à la fois une grande confiance en moi et un grand manque de confiance, comme un monstre à deux têtes!

Comment réconcilier ces deux êtres?

L’année dernière, je suis allé dans la jungle au Pérou faire une expérience assez inédite avec de l’ayahuasca, un breuvage de lianes hallucinogène. Des gens utilisent l’ayahuasca comme drogue récréative mais ça n’a pas tellement de sens. Moi, je suis resté dix jours dans un endroit ultra «roots», à vivre à poil dans une hutte, à me laver dans la rivière, parmi plein d’araignées pas très feng shui! Mais là, j’ai vécu cinq cérémonies. Selon la tradition, tu bois la potion, le chaman chante et quand tu pars en vision, il te maintient un minimum sur terre, parce que ton cerveau ne fait plus la différence entre la vision et la réalité. Au cours d’une vision, je me suis retrouvé enfermé dans une crypte pendant des mois – parce que tu perds aussi la notion du temps… Et là j’ai dû me préparer à ma mort, accepter ma mort. Psychologiquement, ce sont des expériences vraiment très fortes, parce que tu dois aller chercher dans tes ressources, tes ressources de patience, d’humilité; et tu reviens de là avec de nouveaux outils.

Lesquels par exemple?

Par rapport à ma peur de l’abandon – j’ai souvent quitté des femmes par peur d’être abandonné –, eh bien en vivant en vision une sorte d’abandon de manière ultraviolente, j’ai pu faire des liens avec des situations que j’avais vécues induites par cette peur. J’ai compris beaucoup de choses sur moi-même, j’ai appris à ne pas réagir de manière tripale. On en apprend beaucoup plus sur soi dans les moments de douleur, l’expérience avec ma maman, que ma maman devait vivre, que mon papa devait vivre , nous avons essayé de la vivre le mieux possible, de la vivre avec le cœur et non pas avec la peur, de ne pas se laisser prendre dans un tourbillon d’émotions. En 2016, j’ai fait dix jours de méditation vipassana en Israël. Dix heures de méditation par jour. C’est super violent mais j’en suis sorti grandi. Mon burn-out aussi, je l’ai pris comme une opportunité de me «reseter» et de me reconstruire différemment. Ça m’a pris dix ans mais aujourd’hui je suis bien.

Après un premier spectacle sur les bluesmen et les débuts du rock, vous racontez aujourd’hui la suite de l’histoire, vous vivez dans la nostalgie des sixties?

Non, la nostalgie, c’est sortir de l’instant. Mais j’aime bien penser aux choses agréables du passé. Pour la musique, les années 60 sont extraordinaires. Je parle pas mal de drogue parce que le LSD et les amphétamines ont beaucoup influencé la manière de composer. Des groupes comme Jefferson Airplane ou Pink Floyd... Et puis, il m’a pris la lubie d’écrire mon texte avec des rimes, c’est une contrainte un peu chiante mais le résultat est plutôt chouette, ça fait un peu chanté.

Dans le livre, vous expliquez que, enfant, vous voyiez votre père comme l’Empire State Building – pour dire comme vous l’admiriez –, et vous, quel genre de bâtiment seriez-vous?

Une cabane en bois! Ce serait tout à fait dans ma démarche de décroissance. Parce qu’aujourd’hui par exemple, je me retrouve dans cette maison, immense, avec tout ce fourbi que j’adore mais qui ne sert à rien, en fait. Du coup, j’aimerais bien vivre dans un endroit beaucoup plus simple, de type cabane en bois.

Au chaud comme Gauguin ou en Sibérie comme Sylvain Tesson?

Plutôt au chaud, genre Jacques Brel, dans une jungle. Je n’adore pas le froid. Quoique l’image d’une cabane dans la neige… Sortir emballé dans une peau de renne, mais non, je suis maintenant végane donc je ne peux plus mettre de peau de renne!

Vous ne consommez plus de produits d’origine animale?

Non, depuis six mois, j’ai éliminé toutes les matières issues de l’exploitation animale. J’étais déjà végétarien depuis vingt ans mais Virginia (Virginia Markus, ndlr), qui est très engagée pour l’antispécisme, a trouvé les bons mots pour m’expliquer que si on ne mangeait plus de viande à cause des conditions d’élevage, on pouvait appliquer le même raisonnement pour le cuir ou la laine… Je fermais les yeux mais j’étais incohérent. Aujourd’hui, je suis très heureux de ce dernier petit upgrade, je ne me sens plus jamais mal par rapport à ce que j’achète.

Sans regrets?

De temps en temps, il m’arrive de penser à une fondue… J’étais un gros consommateur de fromage et ça a été le plus difficile à supprimer. Mais je ne pourrais pas revenir en arrière. Je ne veux plus cautionner l’exploitation animale. Je ne vais peut-être pas jeter tous mes blousons mais je ne m’achèterai plus d’article en cuir.

Une piste pour continuer?

Jusque-là, j’ai passé ma vie d’adulte à fonctionner essentiellement avec mon mental. Aujourd’hui, j’essaie de fonctionner le plus possible avec mon cœur. Si tu te connectes à ton cœur, tu ne peux pas te planter. Quand tu as un choix à faire, que tu dois agir ou dire quelque chose, si tu n’es pas trop sûr, tu te connectes à ton cœur et tu sais ce que tu dois faire.

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Ellen Batelaan, elle crève le petit écran

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Vincent Calmel
Un style sobre et subtil: c'est comme ça qu'Ellen se sent bien dans sa peau
Portrait

Animatrice à Léman Bleu et ex-candidate des «Anges de la téléréalité», la belle Genevoise de 26 ans présente aussi «Tellement vrai», l’émission vedette de NRJ12 à Paris, depuis décembre dernier. Rencontre tendre et sensible.

Elle est éblouissante, très mince et élancée, avec ses longs cheveux bruns qui tombent en cascade sur ses épaules et ses yeux bruns aux reflets verts qui vous regardent au fond des yeux. Très classe, le sourire naturel et le rire facile, elle a aussi un prénom et un nom, Ellen Batelaan, qui lui donnent un surcroît de charme, un petit air étrange et vaguement mystérieux. «Ma mère est Suisse, mais mon père Néerlandais, dit-elle en souriant. C’est de lui que je tiens mon nom, mais je ne parle pas le hollandais. C’est une langue un peu rude et je n’ai jamais été très motivée pour l’apprendre.»

A 26 ans, cette Sagittaire ardente et dynamique, animatrice sur Léman Bleu, la télé privée genevoise, vient d’être choisie par la chaîne NRJ12, à Paris, pour animer son émission vedette Tellement vrai, dès la fin octobre. Une sorte de talk-show sur des sujets de société (l’amour, le couple, la jalousie, la famille…) avec des témoignages, des interviews, des invités sur le plateau.

Dauphine de Miss Suisse romande

Ellen Batelaan a la télé au corps: une seconde peau, une passion. «J’avais été candidate à Miss Suisse romande à 19 ans, explique-t-elle. J’ai été élue première dauphine et les organisateurs m’ont demandé ensuite de travailler avec eux. J’ai présenté des défilés de mode, organisé des concours, animé des manifestations. En 2013, j’ai été repérée par Léman Bleu. Je présente la météo depuis quatre ans et j’ai aussi mon émission depuis une année, L’agenda d’Ellen, où je présente des événements qui ont lieu dans le canton.»

Hypersexy, ouverte, Ellen a aussi participé l’année passée aux Anges de la téléréalité. «Je sais très bien les a priori sur ce genre d’émission, dit-elle, mais c’était une très bonne expérience pour moi, même si je n’ai pas gagné. Et puis j’ai rencontré mon copain, Rawdolff. C’était un coup de foudre et on est toujours ensemble. Il est DJ, ce qui est parfait, puisque j’adore danser! Je fais de la danse depuis que j’ai 13 ans, de la danse moderne, du hip-hop. Je fais aussi beaucoup de sport, du saut à l’élastique, du jet-ski. J’aime tout ce qui est extrême, j’adore les sensations fortes, même quand j’ai peur.»

Ellen aime le mouvement, les vibrations, la vie. «Je ne peux pas rester immobile au même endroit, dit-elle, J’ai besoin de bouger, de rencontrer des gens, de parler, de m’exprimer.» Son travail à NRJ12, c’est aussi l’occasion de faire des allers-retours entre Genève, qui reste sa base, et Paris, qu’elle adore. «Mon copain habite à Paris, donc je vais chez lui et c’est encore un plaisir en plus», s’exclame-t-elle en riant.

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Des dessins exclusifs exposés à Morges

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Hubert de Givenchy

Dans le cadre de son exposition sur Audrey Hepburn, l'Expo Fondation Bolle exposera une quinzaine de dessins d'Hubert de Givenchy dès le 23 juin.

Il avait habillé Audrey Hepburn pendant 40 ans. Hubert de Givenchy, légende de la haute couture est décédé ce lundi 12 mars à l’âge de 91 ans. L’année dernière, la ville de Morges avait accueilli une exposition hors du commun et d’une ampleur inhabituelle retraçant la tendre relation entre le couturier et l’icône du cinéma. Sensée durer quatre mois, elle avait finalement été prolongée jusqu’à la fin du mois de novembre 2017 face à l’intérêt du public pour cette «élégante amitié». En 106 jours, elle avait accueilli quelques 20 700 visiteurs. L’œuvre d’Hubert de Givenchy sera bientôt de retour à Morges puisque l’Expo Fondation Bolle, qui avait organisé la rétrospective, exposera bientôt des dessins originaux du couturier.

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©DR

De la petite robe noire portée dans le célèbre Diamants sur canapé à la robe de son dernier mariage avec Andrea Dotti en 1969, l’exposition de Morges n’était que la troisième rétrospective mondiale consacrée à Hubert de Givenchy. Depuis, une dernière a été organisée à Calais, en Normandie, la région natale du couturier. D’abord surpris par le choix de la petite ville romande pour une exposition de cette ampleur, Hubert de Givenchy avait finalement été charmé par la région où Audrey Hepburn a vécu plus de 20 ans. Elle est d’ailleurs enterrée au cimetière de Tolochenaz, non loin de Morges.

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©DR

 

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Sauvé par mon chien

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Julie de Tribolet
Des dizaines de fois par jour, la chienne contrôle le taux de glucose de Robin en le reniflant puis en apposant sa patte sur son bras, signe que tout est en ordre. Si ce n’est pas le cas, elle aboie pour signaler les anomalies aux parents.
Reportage

Robin, un petit garçon diabétique, partage son quotidien avec une chienne pas comme les autres. Elevée par l’association valaisanne Farah-Dogs, Easy détecte grâce à son odorat canin les chutes de glycémie de son compagnon. Une amitié à la «Boule et Bill».

Easy, un jeune cocker anglais aux très longs cils, tire avec force sur la laisse de sa maîtresse. Impatiente, la chienne d’assistance scrute les visages des enfants qui sortent de l’école à Uvrier, un village en Valais. Un garçon de 4 ans et demi, le sourire jusqu’aux oreilles, surgit et se précipite sur la boule de poils. Il crie de bon cœur. Premier réflexe de l’animal: il lui lèche le bout du nez puis pose sa patte sur son épaule pour s’assurer que tout va bien. Un rituel réalisé des dizaines de fois par jour pour dépister les changements de glycémie de Robin. En cas d’anormalité, elle aboie et prévient immédiatement ses parents. «A l’âge de 20 mois, notre fils a été hospitalisé pour un diabète de type 1, celui qui rend les patients dépendants à vie de l’insuline», explique Sandra, qui se souvient de l’émotion des infirmières en découvrant le diagnostic.

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Robin souffre plusieurs fois par jour d’hypoglycémie sévère qui, non prise en charge, peut le faire basculer dans le coma. Easy, la chienne, donne alors l’alerte à la famille puis se détend lorsque la maman soigne le petit garçon. Epuisé, du haut de ses 4 ans et demi, il ne comprend pas encore le mal qui l’habite. Photo: Julie de Tribolet

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Quarante mille personnes sont touchées par cette maladie en Suisse. Elle surprend les patients quand les cellules de leur pancréas, celles qui produisent l’insuline nécessaire à la régulation de la glycémie, sont détruites par le système immunitaire. Un taux de glucose non contrôlé peut déclencher de graves problèmes de santé au cœur, aux reins, aux yeux, dans le système nerveux et dans les vaisseaux sanguins. «C’est la pire maladie du monde», marmonne la tête blonde qui porte en continu une trousse colorée autour de la taille. La sacoche est rattachée à une pompe qui diffuse dans le sang les unités d’insuline via un boîtier géré par son papa et sa maman. «C’est faux Robin. En plus, aucun enfant ne passe sa vie à manger que des bonbons. Tu es comme tes frères», corrige l’enseignante de 38 ans, mère d’une fratrie de trois casse-cous. Easy approuve. D’ailleurs, parfois, elle inspecte aussi par réflexe Théo, 9 ans, et Vincent, 7 ans.

Nouveau membre dans la famille

Arrivée en octobre dernier chez les Schöpfer, la chienne a changé leur quotidien. «On élève les cockers pour qu’ils apprennent des gestes précis pour assister la personne diabétique. Prévenir les proches ou amener le kit de glycémie d’urgence. Tous les chiens peuvent le faire, mais du point de vue de sa taille, cette race est parfaite pour les enfants. Et regardez sa bouille!» explique Nicole Boyer, directrice de l’association Farah-Dogs, créée à Sierre en 2014. La dresseuse tient cependant à rappeler que ce n’est qu’un chien, pas une télécommande infaillible.

Au coucher, par exemple, Easy se blottit contre Robin et «Mignon le doudou», mais oublie son rôle d’infirmière. Alors en attendant qu’elle ait l’instinct de se réveiller pour contrôler le taux de glucose de son camarade de jeu, Sandra et Cédric ont pris le cadet dans leur chambre. «Les chiffres s’envolent et chutent en un éclair quand il dort, on se relaie pour vérifier quatre à cinq fois par nuit», ajoute la maman, qui tient un petit appareil noir dans la main. Il s’agit d’une interface reliée à un capteur innovant que Robin porte sur le bras.

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La pochette de survie accompagne Robin 24 heures sur 24. Le boîtier noir, relié à un badge cutané, mesure son taux de glucose en un bip. Photo: Julie de Tribolet

Sur l’écran, le taux de glucose dans le sang s’affiche en un bip. Ils scannent ainsi leur fils à répétition. Il suffit ensuite de changer le badge toutes les deux semaines, ce qui réduit le nombre de piqûres. «Ça me fait un peu mal quand même», dit le garçon en dessinant un monstre à quatre yeux tout sourire. Vingt-quatre heures sur 24, la famille cible un taux entre 4 et 8 millimoles par litre. Le taux de Robin s’effondre parfois à 1,7 et grimpe à 25 en quelques heures. «Les symptômes sont les mêmes dans les deux cas, il tourne de l’œil. Le risque qu’il tombe dans le coma est très haut», s’inquiète sa maman. Une crise récente en janvier s’est terminée à l’Hôpital de l’enfance à Lausanne pendant une semaine. Le diabète a aussi un coût. Une partie est prise en charge par les assurances maladie, mais pas l’ensemble du matériel comme les piles au lithium ou certains cathéters. «On sort 400 à 500 francs par année de notre poche. C’est une somme importante pour notre budget», relèvent les parents.

A table avec une calculette

Technicien en électronique à Sion, Cédric travaille à 100%. «Les maths, c’est mon truc mais je n’imaginais pas faire tous ces calculs à la maison, surtout pas des règles de trois pour évaluer ce que mange mon fils», confie-t-il en prenant la calculatrice posée sur la table. C’est le petit rituel des repas: chiffrer en détail le nombre d’hydrates de carbone que Robin avale pour choisir la bonne dose d’insuline à lui donner. Tout est méticuleusement pesé. A midi, les lasagnes à la bolognaise dont Robin raffole – il en a jusqu’aux sourcils – valent 70 grammes de glucides. Soit 2,1 unités d’insuline. Une gouttelette en liquide. Tout est scrupuleusement noté et mis à jour pour suivre la courbe du cadet sur l’application MySugar, une sorte de carnet de glycémie numérique. «Je ne me verrais pas être plus relax», dit le papa, consciencieux. Le petit a ensuite rendez-vous tous les trois mois chez le pédiatre, tout en étant suivi par un spécialiste en endocrinologie.

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Easy accompagne tous les jours Robin mais la chienne ne peut pas encore le suivre en classe. Photo: Julie de Tribolet

La plupart du temps, pendant les crises «hypo», Robin retrouve une certaine stabilité en grignotant un peu de chocolat, un sucre de raisin ou en buvant un jus de pomme. Au parc, le petit garçon passe d’un aventurier énergique à un enfant à la moue boudeuse, las de toute activité sous le regard d’Easy qui le surveille au loin. «Va checker Robin», ordonne Sandra. La chienne s’exécute. Il est à 3,8. L’heure de le «sucrer», comme dirait le clan Schöpfer.

Depuis qu’elle a été adoptée, Easy suit son nouveau copain partout, sauf à l’école. Elle ne peut pas encore l’accompagner en classe. Les demandes à la direction ont été faites, mais la chienne doit être impeccable pour ne pas perturber les leçons. «Elle est encore en formation et aboie beaucoup en extérieur pour nous protéger», spécifie Sandra. «J’ai eu plus de facilité à éduquer mes enfants», rigole cette enseignante à temps partiel en caressant le cocker. Heureusement, la maîtresse de Robin le surveille avec attention pendant les récréations. Elle s’occupe même de lui donner sa dose d’insuline post-collation. «On avance en se disant qu’en grandissant Robin sera capable de ressentir les changements dans son corps et de prendre soin de lui tout seul. En attendant de grandes avancées médicales», ajoute Sandra qui mentionne des études sur des pancréas artificiels. A l’heure du goûter, Robin fait le clown sur son vélo. «Maman! Maman! Easy a le museau tout sec. Elle a soif», lâche le petit garçon. A son tour de s’occuper de son amie à quatre pattes. Une relation, au final, donnant-donnant.

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Claude François, la mort rôdait à Leysin

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Claude François est attablé avec les Clodettes au chalet-restaurant Le Leysin, le 9 mars 1978. Sa coiffeuse de chez Carita tient le poivrier géant. A sa droite, son imprésario anglais. Le chanteur décédera le surlendemain à Paris.
Témoignages

Le décès soudain de Claude François le 11 mars 1978, à 39 ans, peu de temps après s’être électrocuté dans sa baignoire, a scellé sa légende. Il a chanté pour la dernière fois de sa vie en Suisse, à Leysin. Le Genevois Serge Elpidine, 63 ans, se souvient de cet homme pressé.

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Serge Elpidine, 63 ans, artisan chocolatier, chez lui à Genève, samedi dernier à la veille des 40 ans de la mort de Claude François. "Sa musique est tellement présente partout que je ne pourrai jamais l'oublier."Photo: Nicolas Righetti/Lundi 13

Dans quelles circonstances avez-vous rencontré Claude François?

J’avais 20 ans et je voulais connaître l’envers du show-business. Le 13 juin 1975, j’ai intégré le service d’ordre de l’organisateur de concerts Jack Yfar. Claude François chantait aux Vernets. J’étais posté en coulisses. A la fin du spectacle, il a serré les mains de ses fans depuis la scène. Deux jeunes filles se sont agrippées à lui et lui ont fait perdre l’équilibre. Son garde du corps, surnommé Grosminet, n’a pas pu le retenir. Claude l’a entraîné dans sa chute et s’est blessé. Il boitait. Philippe Timsit, son régisseur, m’a demandé de les guider jusqu’à l’hôpital cantonal.

Vous étiez dans sa voiture?

Non, sur ma Kawasaki 900. Au feu rouge, boulevard du Pont-d’Arve, Claude François a baissé sa vitre et m’a dit: «Elle est jolie ta mobylette.» Il était tard, les restaurants allaient fermer, il a préféré aller dîner et m’a lancé: «Je t’invite à manger.» Nous sommes partis en direction du Griffin’s, le club privé, rendez-vous des stars.

Et sa blessure?

Nous ne sommes allés aux HUG qu’après. Claude François a failli en venir aux mains avec le personnel de nuit. On a terminé à la clinique de l’Arve. Après une radio, on lui a bandé le pied. Il avait deux orteils cassés et un arrêt de travail de 15 jours. Il en a profité pour faire des photos destinées à Podium, son magazine. C’était sa façon à lui, avant les réseaux sociaux, de médiatiser et de contrôler son image. Sa fiancée de l’époque, la belle mannequin finlandaise Sofia Kiukkonen, était avec nous.

Vous qui vouliez approcher le showbiz de plus près, vous étiez servi!

Je planais. J’avais 20 ans, j’étais apprenti dessinateur géomètre et je côtoyais une superstar.

Au fil du temps, vous êtes devenu le chauffeur de Claude François?

J’étais son GPS vivant à Genève et en France voisine. Il vivait à 200 km/h et je lui faisais gagner du temps.

Il s’est pris d’affection pour vous. Pourquoi?

J’avais, comme lui, la passion des animaux. Je m’occupais des cygnes et des canards de l’île Rousseau, ce qui me rapportait, à raison de 2 heures de travail quotidiennes, 1000 francs par mois. C’était suffisant pour financer ma bécane. Claude m’avait demandé de lui trouver deux cygnes noirs pour sa propriété, le Moulin de Dannemois, dans l’Essonne. Son chauffeur est venu les récupérer en Mercedes. Et Claude nous a invités, ma copine et moi, à passer le week-end là-bas.

Il avait la réputation de piquer des colères homériques. Vous confirmez?

En 1976, il avait détruit sa loge après une mauvaise prestation à Genève. Il est reparti sans même me dire au revoir. Je me suis dit que c’était terminé. Il savait aussi être adorable. Une autre fois à Siviriez (FR), en m’apercevant depuis la scène, en plein concert, il est descendu dans la salle pour venir me saluer.

Et dans le privé?

Au Moulin, je l’ai vu engueuler sa mère, qu’il appelait Chouffa. Le coq au vin qu’elle nous avait préparé n’était pas à son goût.

Il était dans le contrôle permanent?

Avec son dictaphone, il n’arrêtait pas d’enregistrer et de distribuer des notes de service. Il pouvait vérifier une facture du gasoil du camion de sa tournée à 5 heures du matin. Il était artiste et homme d’affaires, obsédé par le souci du détail, la perfection. Pour son eau de toilette, Eau Noire, il a tout contrôlé, des visuels à la stratégie. Il voulait que le flacon soit opaque afin que le contenu ne se détériore pas au contact de la lumière. J’ai gardé les deux bouteilles qu’il m’a offertes. Après quarante ans, la fragrance est intacte.

Comment s’est déroulé le week-end à Dannemois?

C’était un vendredi 13. Claude François venait de faire installer un sauna. On s’est retrouvés à poil, lui, Kathalyn Jones, sa dernière compagne, le petit Coco, son fils aîné, et moi. Il avait commandé des branches de bouleau et il avait tenu à nous fouetter lui-même, doucement, afin de favoriser la circulation du sang. Il est ressorti de là cramoisi. (Rires.)

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A Leysin, Claude François relit les cartons sur lesquels sont inscrites à la main les paroles d'"I Believe in Father Christmas". Serge Elpidine, à son côté (de profil en haut et ci-dessous à dr.), lui servira de prompteur. Le Genevois a assisté aux répétitions acharnées pendant deux heures de Cloclo et ses lodettes sur "Alexandrie, Alexandra". Le single ne sortira que le jour des obsèques, le 15 mars 1978. Photo: DR

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Il se livrait facilement?

Je me souviens d’échanges jusqu’à 4 ou 5 heures du matin. Il projetait de s’installer aux USA. Il disait: «Les Américains pensent que My Way (ndlr: «Comme d’habitude») a été écrite par Paul Anka. Je vais leur prouver le contraire.» Il semblait rigoler, mais c’était sérieux. Il avait la volonté et la rage. Il me disait: «A la patinoire des Vernets, tu mets 8000 personnes. Aux Etats-Unis, tu remplis des stades de 70 000. Tu gagnes beaucoup plus.»

Connaissait-il vos proches?

Claude avait tenu à se rendre chez ma mère juste avant de rejoindre Paris pour son dernier voyage. Nous habitions une HLM à la Jonction. Une autre fois nous l’avions accompagné, ma sœur et moi, dans une échoppe, rue du Mont-Blanc. Il voulait un petit lingot d’or. Il l’a fait polir et monter en pendentif. On le voit sur certaines photos. Dans la voiture, il n’arrêtait pas de taquiner ma frangine de 16 ans qui rougissait. Il disait en blaguant: «Elle n’arrête pas de me toucher!»

Il vivait sainement?

Il dormait peu, ne fumait pas et faisait du sport. Au Moulin de Dannemois, le matin, c’était footing pour tout le monde. Au chalet-restaurant Le Leysin, il nous commandait du vin rouge avec la raclette. Plus digeste que le blanc qui était trop froid selon lui. C’est une habitude que j’ai gardée, comme le sport. Et je lui dois d’avoir arrêté de fumer.

Il ne buvait pas?

Non. Il prenait rituellement un verre de whisky avec du coca avant d’entrer en scène. Un jour, il m’a demandé si je souhaitais boire quelque chose. J’ai répondu: «Un whisky.» Nous étions dans sa loge et il a ouvert une énorme malle Vuitton. Dedans, il y avait les meilleurs malts. En voyant ma tête, ça l’a fait marrer.

C’était un «showman» hors pair. Pourquoi l’avez-vous rejoint à Leysin?

Ma copine m’avait quitté en décembre 1977, je cherchais un boulot. J’ai téléphoné à Nicole Gruyer, la collaboratrice de Claude. J’avais pour mission d’aller récupérer les Clodettes et le photographe de Podium, Jean Lebreton, afin de les conduire à Leysin où s’enregistrait un show en anglais, Snowtime Special, pour la BBC. Le tout dernier.

Qu’a-t-il chanté?

Daydreamer (Le mal-aimé), I Believe in Father Christmas ou The Vagabond. Pour lui, c’était une étape anglophone obligée dans la perspective de son rêve américain. Pendant deux heures, je l’ai vu répéter avec les Clodettes dans une pièce de l’hôtel Central Résidence son tout nouveau single Alexandrie, Alexandra. Ce tube n’est sorti que le 15 mars 1978, le jour de ses obsèques.

Quel a été votre rôle à Leysin?

J’étais chargé, dissimulé sous la caméra, de tenir le carton sur lequel étaient inscrites les paroles d’I Believe in Father Christmas. Il n’y avait pas de prompteur à l’époque. Claude me faisait un signe à chaque changement de panneau. C’est la dernière chanson qu’il a chantée de sa vie.

Rien n’était jamais laissé au hasard. Or, c’est en repoussant un rendez-vous avec son électricien qu’il a rencontré la mort.

Un souvenir m’a frappé. A Leysin, dans sa loge, il y avait un bougeoir électrique en bois. Une habilleuse a voulu changer une des deux ampoules avec les mains mouillées. En la voyant, Claude l’a engueulée: «Mais ça ne va pas de faire ça!» C’était deux jours avant son décès par électrocution dans la salle de bains de son appartement parisien.

La mort l’obsédait, comme s’il avait rendez-vous avec elle. Vous en aviez parlé?

En passant devant le cimetière Saint-Georges, à Genève, je lui avais demandé s’il comptait se faire enterrer ou incinérer. Il m’a dit: «Il faut laisser faire la nature.» A Leysin, il a déclaré à une journaliste alémanique: «La conclusion de notre périple sur terre, c’est la mort. Je voudrais vivre éternellement, c’est bien là le problème! La chose irrémédiable, c’est la mort, qui arrive à grands pas, et çà, j’avoue que je le crains terriblement…» Il décédait deux jours après, comme s’il avait eu la prescience de sa fin. La mort rôdait à Leysin.

Dans son livre encyclopédique sur Cloclo, Fabien Lecœuvre parle du décollage de l’aéroport de Cointrin dans de mauvaises conditions météo. Vous confirmez?

Non. Il avait fait très beau. Claude m’a salué depuis l’appareil, il était 22 h 10. C’est mon dernier souvenir de lui. Ce qui est bien exact, c’est qu’il a forcé son pilote, contre l’avis de la tour de contrôle, à décoller afin d’être à Paris pour enregistrer l’émission de Drucker. La tour fermait à 22 heures pour les vols privés. Son pilote a écopé d’un retrait de licence de trois mois. S’il était resté en Suisse, Claude François serait peut-être encore vivant.

Comment avez-vous appris son décès?

J’écoutais une cassette de Johnny dans ma voiture. Chaque fois que je retournais la bande, la radio jouait un titre de Claude François. Intrigué, j’ai mis les infos et j’ai entendu la voix de Christian Morin annoncer: «Claude nous a quittés…» Je me suis effondré en sanglots. J’ai rejoint ma mère. Elle était pétrifiée devant sa télé. Claude François était chez nous, vivant, dans le salon, vingt-quatre heures avant. Je ne pourrai jamais l’oublier.

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Carlos Leal a transmis son goût de la musique à son fils

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Instagram
Carlos Leal sur le tournage du film "Afternoon Delight" de Michael Lockshin.
Famille

L'aîné des deux enfants du comédien, qui se prénomme Elvis, a eu droit à un clip avec ses amis à l'occasion de son 10e anniversaire.

Tournée à Los Angeles, en partie dans la maison familiale et en partie en bord d'océan, la vidéo Cali, Cali Cali est une ode à la vie sous le soleil de Californie, où vit la famille Leal depuis plusieurs années. Carlos commente sous la vidéo de son fiston qu'il est très fier de son "soleil" ("My son, My sun ! So proud of you").

Carlos Leal, qu'on connaît en Suisse romande depuis le début des années 90 et le succès du groupe de rap Sens Unik (9 albums, 5 disques d’or!), a entamé une carrière de comédien à Paris en 2000. Depuis, il a reçu plusieurs prix d’interprétation et on a notamment pu le voir en croupier dans la scène fameuse du James Bond Casino Royale. Il a par ailleurs incarné des rôles principaux dans de multiples séries télé internationales (THE TEAM, Agents of SHIELD, El Internado).

Son premier album solo REFLECTIONS est sorti chez Sony Music.

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Naissance chez les paresseux de Chiètres

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Nocturama
Le petit est accroché au ventre de sa mère
Animaux

L’un des groupes de paresseux à deux doigts du Nocturama de Chiètres/Kerzers vient de s’agrandir. C’est la troisième fois que la femelle de ce groupe met au monde un jeune, ce qui porte la population totale de l’institution à six individus.

La femelle paresseux, âgée de 7 ans, a donné naissance à son troisième petit au Papiliorama de Chiètres. Les visiteurs ont toutes les chances de pouvoir observer la mère et son bébé de huit semaines lors d’une balade dans le Nocturama, car la femelle porte encore son jeune sur son ventre et ne craint pas de se déplacer à proximité des visiteurs. Il est néanmoins absolument indispensable de ne pas toucher la mère, car elle peut mordre efficacement pour défendre son petit.

Actuellement, six paresseux vivent dans le Nocturama. Dans l’un des espaces de l’exposition vivent la femelle et son petit, en compagnie du père. Sur l’île centrale vivent trois autres individus. Le nombre total de paresseux au Nocturama varie dans le temps, au gré des naissances, des départs ou des arrivées, et parfois - mais rarement - des décès.

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Continuer à vivre après un incendie

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Jean Revillard/Rezo
Julia et Vitor Almeida avec leur fille Alexandrina et le chien Lasko dans leur nouvel appartement, pour l'heure temporaire.
Témoignages

Le feu qui s’est déclaré le dimanche 11 mars dans une barre d’immeubles de la rue de la Servette a privé de toit 160 locataires. Quelques-uns ont accepté de témoigner alors qu’ils tentaient de reprendre pied.

«Nous voilà enfin sous le même toit. Voir ma fille partir tous les soirs après son repas, c’était dur.» Les yeux de Julia s’embuent alors que sa fille de 14 ans, Alexandrina, se jette dans ses bras. «Elle a été très secouée les premiers jours, elle pleurait beaucoup.» Leur famille s’apprête à retrouver un semblant de normalité après plusieurs jours de chaos. Depuis l’incendie qui a ravagé, le dimanche 11 mars, les combles de la barre d’immeubles constituant les 69, 71, 73 et 75 de la rue de la Servette, à Genève, la vie de dizaines de personnes est sens dessus dessous.

Les premières nuits, l’adolescente a trouvé refuge chez une copine de classe, ses parents et le chien ont logé chez un beau-frère. Tout en continuant d’assurer le service de son restaurant, dans le même quartier populaire, Julia a bataillé ferme pour retrouver un toit. Elle a d’abord refusé un trois-pièces aux Eaux-Vives, «trop loin, trop petit», avant d’accepter un cinq-pièces en duplex sur le boulevard James-Fazy.

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Marie-Claire (à droite) a pu s'installer chez son amie Christiane (crédit Jean Revillard/Rezo)

Tous les sinistrés ne sont pas logés à si bonne enseigne. Christiane Amoos se morfond dans une chambre de l’hôtel Ibis de la rue du Grand-Pré avec ses animaux, où elle est bloquée en raison d’un pied bandé. «Je n’ai même pas de bonnes chaussures pour sortir!» Elle ne s’anime que lorsqu’une connaissance arrive pour lui faire quelques courses ou aller promener sa chienne. Comme une trentaine d’autres personnes, Christiane a passé sa première nuit dans l’abri PC de Varembé. Marisette, une mère de famille du quartier qui lui rend des services en échange d’un peu d’argent, a dormi à ses côtés. «Elle m’a appelée, paniquée, je ne pouvais pas la laisser seule. Je lui ai amené une chemise de nuit, des chaussettes, une brosse à dents.» «J’étais heureuse de vous avoir ce soir-là!» s’exclame Christiane, qui retrouve le sourire un bref instant. Avant de s’assombrir. «C’était sinistre, il faisait très froid.»

Placés en EMS

Le lendemain, une chambre a été dénichée, malgré le Salon international de l’automobile. Et si, à la salle municipale des Asters ouverte en catastrophe pour servir de cellule de crise, refermée le mercredi soir, nous avons vu des gens en pleurs ou en colère, la majorité des personnes rencontrées ont salué le fort engagement de l’Hospice général et de la Protection civile, présents pour accompagner les résidents dans l’immeuble et les aider à transporter leurs affaires. Un contraste avec les vives critiques qu’avait provoquées la gestion des suites de l’incendie d’un immeuble de la Jonction en 2012. Cette fois-ci, ce sont 160 personnes, pour 84 ménages, qui ont dû quitter les lieux. Une cinquantaine se sont tournées vers l’Hospice général. Selon la responsable de l’unité logement, Leila Badiss, «la majorité des gens ont accepté sans problème le relogement qui leur a été proposé. Pour ceux qui n’ont pas d’assurance, nous leur avons conseillé d’aller plutôt chez des tiers.» Quatre personnes, dont un couple, ont été placées en EMS et dans des structures adaptées. Des solutions ont été trouvées pour deux, voire trois semaines, après quoi il faudra s’adresser au centre d’action sociale de la Servette. Trente-quatre ménages ont été relogés par le biais de la régie Livit. Quant au bloc incendié, il ne sera pas habitable avant fin mai, entend-on. «Nous mettons tout en œuvre pour que ce soit le plus rapidement possible», réagit par le biais d’un porte-parole le propriétaire du bloc, le fonds d’investissement Sima, qui est géré par UBS.

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Serge et sa femme Ayko sont à l'Ibis Centre Nations. Il n'a pu emporter que sa valise et son chapelet bouddhiste (crédit Jean Revillard/Rezo).

Retourner dans leur appartement au 6e étage et désormais ouvert à tous les vents, Michel et Dolores Rossier ne l’envisagent pas. Ils avaient décidé de se mettre en quête d’un nouveau logement après avoir été informés des gros travaux agendés pour 2020, qui prévoient une rénovation générale et un rehaussement de trois étages, soit une quarantaine d’appartements en plus. «Livit proposait de nous reloger dans un périmètre de 500 mètres, sur une période de cinq ans. Mais où? Sans parler du fait qu’on n’aurait jamais retrouvé un loyer similaire pour notre trois-pièces», soupire Michel Rossier. Derrière les lunettes, ses yeux sont lourdement cernés. «Depuis l’incendie, on ne fait que courir partout, à essayer de régler tous les problèmes. A un moment, on ne savait même plus comment on s’appelait.»

Une «bombe atomique»

Le couple préfère regarder de l’avant, saluer l’équipe de chez Pfister qui s’est démenée pour leur livrer un lit au plus vite dans l’appartement où ils ont emménagé après avoir dormi chez leurs nièces. «C’est provisoire, mais nous remercions le futur locataire, qui a accepté de repousser son installation de quelques jours.» Et de lancer, mi-figue mi-raisin: «Heureusement qu’il fait froid et qu’on a un balcon, il nous sert de frigo puisqu’on n’en a pas!» Une autre résidente, qui préfère ne pas donner son nom, glisse que la lettre de la régie lui a fait «l’effet d’une bombe atomique. Même si je n’en pouvais plus de l’immeuble et de ce quartier si bruyant, vous imaginez, beaucoup de mes voisins vivent là depuis plusieurs décennies. Qu’est-ce qu’ils vont faire maintenant?»

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Dolores et Michel Rossier, mariés depuis vingt-neuf ans, dans l'appartement déniché par une coopérative. Ils ont acheté des meubles en uragence chez Ikea (crédit Jean Revillard/Rezo).

Ascenseurs constamment en panne, problèmes de chaudière, bras de fer de différents locataires avec la gérance, les critiques pleines de colère envers la régie, qui aurait laissé les lieux se dégrader, sont allées bon train toute la semaine. Et avec elles, les rumeurs. Dans le bar à café Le Méridien de la rue de la Servette, vis-à-vis du grand bloc gris, résidents et commerçants se sont retrouvés pour échanger des nouvelles et avancer des hypothèses. «C’est scandaleux de voir comment on a laissé cet immeuble, construit dans les années 50, dans l’euphorie de l’après-guerre, se dégrader. Ils l’ont rendu insalubre», se lamente une voisine. Selon la Tribune de Genève, dans sa demande d’autorisation de travaux déposée fin 2017, le fonds indiquait que «les appartements n’ont jamais été rénovés, les cuisines et les salles de bains sont dans leur état d’origine». Même si, indique le porte-parole de Sima, 570 000 francs avaient été investis dans diverses réparations ces dernières années. Le dossier pour les travaux avait été renvoyé par l’Office des autorisations pour des motifs techniques.

Coupable tout trouvé

Pêle-mêle, on évoque l’état des combles, pleins de vieilleries qui ne demandaient qu’à s’embraser, ces matelas qui seraient apparus le matin de l’incendie dans les galetas… Pour d’autres, le coupable est tout trouvé: c’est forcément un résident du 6e étage qui allait devoir quitter son logement et qui s’est vengé. Une hypothèse qui fait ouvrir de grands yeux à Dolores Rossier; asthmatique, elle a été hospitalisée quelques heures après l’évacuation. «Vous vous rendez compte, il aurait pu y avoir des morts!» «On entend passablement de rumeurs dont beaucoup sont parfaitement fantaisistes, réagit le porte-parole du fonds immobilier. Il faut laisser se dérouler l’enquête de la police scientifique et en attendre les conclusions. Bien évidemment, le sinistre va compliquer et ralentir la procédure en cours.» De quoi faire enrager les locataires, d’autant que certains nous disent avoir commencé à recevoir des appels de Livit leur demandant s’ils voulaient résilier leur bail. Une résidente s’indigne: «C’est fou que la régie nous demande ça alors que nous, nous voulons juste rentrer chez nous!»

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Christiane partage sa chambre de l'Ibis Centre Nations avec "Câline" et le chat "Roméo", caché sous le lit. Une infirmière vient bander son pied régulièrement (crédit Jean Revillard/Rezo).

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Le Nid, première épicerie participative de Suisse romande

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Camille Pagella
Reportage

Genève a vu l’éclosion d’une épicerie totalement participative, Le Nid, sur les bords du Rhône. Reportage à la Jonction.

Samedi après-midi, une demi-douzaine de personnes s’affairent au premier étage d’un vieux bâtiment, sur les bords du Rhône, dans le quartier de la Jonction. Il faut organiser les étals, faire marcher la caisse, remplir les bacs vides, renseigner les clients. De loin, rien ne distinguerait Le Nid d’une épicerie lambda mais en s’approchant un plus près, les vendeurs sont encore un peu hésitants derrière le tiroir-caisse, devant l’organisation des rayons ou encore avec le prix des produits. Et pour cause, clients hier, ils sont vendeurs aujourd’hui.

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C’est le fonctionnement du Nid, l’épicerie appartient à ses clients et ils en sont tous des collaborateurs. Pour le devenir, il suffit de s’affranchir des 200 francs d’inscription qui représentent cinq parts sociales. Puis, moyennant une cotisation de 50 francs par an et deux heures de travail bénévole par mois, le collaborateur a accès aux produits vendus par l’épicerie. «L’importance de ce projet et le fait qu’il marche bien repose aussi sur le fait qu’il soit fermé. Pour créer une vraie synergie, il faut que les gens se sentent investis», explique Johann Zoller, l’un des fondateurs du projet. Car pas question de faire ses courses à l’épicerie du Nid sans en être collaborateur.

Et ça marche!

Aujourd’hui l’épicerie du Nid compte plus de 180 collaborateurs en moins d’un mois d’ouverture. «Nous sommes très contents, la vente marche mieux que prévu et nous avons bientôt atteint notre premier objectif des 200 collaborateurs», continue Johann Zoller. Au Nid, aucun salarié, tout fonctionne sur une base bénévole. Un comité de huit personnes s’occupe des tâches administratives et de faire tourner le planning. Pour l’instant, sur les étals, des fruits et légumes locaux, mais aussi des pâtes, du riz, des céréales, des produits laitiers, d’hygiène et bien d’autres.

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La viande manque encore à l’appel, «mais cela ne saurait tarder et quand nous aurons les fonds, nous achèterons les frigos adéquats pour en vendre». Car si l’épicerie se fait 20% de marge sur la vente de ses produits, elle réinvestit tous les profits dans le projet pour acquérir de nouvelles structures et s’agrandir. Pour du local, bio et en vrac, les prix détonnent avec l’habituelle cherté des magasins qui en vendent.

«Les clients sont très patients»

Aujourd’hui, c’est Christian, 42 ans, qui se colle à la caisse avec l’aide de sa compagne Catherine et d’une autre bénévole. C’est son deuxième shift dans l’épicerie, «et on recommence dans trois semaines». Christian s’est inscrit dès qu’il a entendu parler du projet,  «j’aime le côté local, bio et solidaire et c’est la première fois que l’on s’investit autant dans le projet. Et puis cela nous permet aussi de passer du temps ensemble.» Les bénévoles s’agitent sous les yeux de Huang, membre du comité, venue en soutien aujourd’hui, «pour les premières fois». «Les clients sont très patients, car ils savent que chacun passera son tour derrière la caisse.»

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Maud, membre d’une colocation, est venue pour s’inscrire. Une seule inscription suffit pour en faire profiter tout le foyer ou la famille, une aubaine. «J’ai entendu parler du projet sur Facebook, je trouve que le côté coopératif est vraiment super et cela change de la Coop ou de la Migros.» Même son de cloche pour Laure, 32 ans. «J’ai une soirée chez des amis et je cherchais une fromagerie ouverte, du coup j’ai décidé de venir et de me lancer dans cette aventure.»

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Pour Johann Zoller, l’un des fondateurs, le but du projet est aussi de créer des débats, car ce sont aux collaborateurs de se mettre d’accord sur les produits qu’ils souhaitent retrouver dans l’épicerie. «Nous voulons aussi que des gens posent des questions comme celle de manger des tomates en hiver ou alors simplement le fait de vouloir trouver des bananes. Si notre but est de se positionner face à la Coop ou la Migros, il faut y penser. Tous les nouveaux produits devront être acceptés à la majorité par les collaborateurs lors de l’assemblée générale et nous devons aussi prendre en compte les moyens techniques qu’ils engagent. Nous (le comité, ndlr) ne pouvons a priori rien refuser si la décision est prise de manière collégiale.»

 

 

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Article 1

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«On a tout fait pour sauver nos enfants»

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Jean-Guy Python
Sixième et dernière journée de recherche, le 21 mars. Les deux chiens spécialisés dans la recherche de corps mis à disposition par la gendarmerie vaudoise ne localiseront pas la dernière des quatre victimes.
Avalanche

Les pères de deux jeunes Alsaciens décédés dans l’avalanche du vallon d’Arbi témoignent. Ils ne tiennent pas à polémiquer sur les coûts de recherche qui leur sont facturés, mais soulignent le professionnalisme des secours et la qualité du soutien moral reçu par leurs familles en Valais.

Cinq jours après l’avalanche, mercredi 21 mars, le soleil était de retour sur le vallon d’Arbi. Mais aucun skieur ne pouvait en profiter. L’itinéraire balisé restait fermé pour cause de recherches. Des recherches sur le point de s’arrêter. Trois des quatre victimes avaient été retrouvées. Le corps du dernier disparu, un skieur vaudois de 57 ans, restait encore introuvable ce lundi. Pour assurer ces dernières heures de triste quête ressemblant à un chantier où des milliers de tonnes de neige avaient déjà été déplacées, une dameuse de Téléverbier multipliait les allers-retours avec sa lame. Deux policiers valaisans du groupe montagne et deux chiens de recherche de corps de la gendarmerie vaudoise et leurs maîtres-chiens sillonnaient ces masses dont seulement 20% environ avaient été déplacés par les ratraks. Et un gendarme était posté en amont, au lac des Vaux, pour interdire tout accès au vallon.
La période d’urgence, c’est-à-dire celle de sauvetage proprement dit, était passée depuis quatre jours déjà. Ce genre d’avalanche, massive, composée d’un mélange de neige lourde, de terre, de pierres et même d’arbres, ne pardonne pas. Les deux rescapés extraits juste après l’avalanche ont eu une chance inouïe.

Tous les moyens possibles avaient été engagés dès l’alerte lancée, vendredi peu avant 15 heures. Mais en arrivant sur place, les secouristes les plus chevronnés ont compris que les disparus étaient probablement condamnés. Ils se sont pourtant acharnés jusqu’à 3 heures du matin malgré les sondes qui se brisaient dans la neige compacte et dans une épaisseur de plus de 6 mètres.

«A mesure que les heures passent, il faut faire l’analyse de la situation. L’espoir, les risques, et bien d’autres paramètres…» explique Stève Léger, porte-parole de la police valaisanne. Et dès le lendemain, les différents acteurs, police, organisation cantonale du sauvetage, ont dû se résoudre à passer, en accord avec les familles, à la deuxième phase, celle de la recherche des corps. Un moment charnière très pénible pour celles-ci, qui doivent admettre qu’il n’y a plus d’espoir et qui apprennent aussi que les frais de cette recherche, contrairement aux opérations de sauvetage, leur seront facturés. Des dizaines de milliers de francs. Comment vit-on ce qui peut apparaître comme une double peine quand on est un proche de ces disparus?

Contactés par téléphone, le lendemain des obsèques communes, à Mulhouse, de leurs fils, les pères des deux plus jeunes victimes ont accepté de témoigner. Jean-George Gaide a perdu son fils Axel, 20 ans, dans l’avalanche. Son corps a été retrouvé en premier, durant la nuit du 16 au 17 mars. Ce père en deuil ne compte pas pour autant polémiquer: «Certes, en France, de telles recherches ne seraient pas facturées aux familles. Mais nous respectons le fait que chaque pays ait ses règles propres. C’est comme ça et nous devons faire face. Je tiens surtout à remercier l’organisation des secours, qui a fait absolument tout ce qui était possible pour retrouver nos enfants.» Cette famille a failli perdre deux frères dans la tragédie. Arnaud, le frère d’Axel, est en effet le seul rescapé des quatre Alsaciens. «Arnaud m’a dit qu’il était en train d’accélérer pour dépasser une snowboardeuse au sortir de la forêt. Il estime qu’il skiait à une quarantaine de kilomètres/heure quand il a ressenti comme un coup qu’on lui assénait derrière la tête. Il était en fait emporté par l’avalanche. Il s’est efforcé de surnager et s’est retrouvé à l’arrêt avec sa tête qui dépassait de la masse neigeuse.»

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De la peinture phosphorescente et des fanions indiquent les endroits où ont été retrouvés des victimes ou des éléments d’équipement (crédit Jean-Guy Python).

Le deuil d’abord

Victime d’une double fracture tibia-péroné, le jeune homme a été opéré à l’hôpital de Sion, lieu de retrouvailles d’une tristesse indicible entre le père et le fils, qui savait qu’il avait perdu son frère. «Arnaud a eu besoin de deux heures avant de pouvoir prononcer des mots, se souvient Jean-George Gaide, très ému. Je remercie le personnel soignant qui a été d’un très grand soutien. Et les médecins qui ont examiné mon fils ici, à Mulhouse, à son retour, m’ont dit que l’opération qu’il a subie à sa jambe était un modèle du genre.»

De son côté, Jean-Marie Brice a perdu son fils Jordan, 25 ans, dans l’avalanche. Les équipes de recherche ont retrouvé le corps du jeune homme le samedi matin. Ce gendarme de Mulhouse tient lui aussi à saluer le fait que tout a été tenté pour sauver les skieurs ensevelis. L’aspect financier est secondaire pour lui aussi. Il ne sait pas encore combien lui coûteront les recherches et quelle part pourrait être prise en charge par l’assurance de son fils. Mais dans l’immédiat, il s’agit pour les trois familles du Haut-Rhin de rassembler leur courage, de faire le deuil. «C’est moi qui avais organisé ce séjour, précise-t-il. Je ne peux pas m’empêcher de me sentir en partie responsable de ce qui est arrivé.» Détail cruel, cette descente fatale du vallon d’Arbi devait être la toute dernière du séjour en Valais de ces Français, amoureux fidèles des Alpes valaisannes depuis dix-huit ans. Les Alsaciens allaient repartir tous ensemble dans le Haut-Rhin. Après une dizaine de séjours annuels à Anzère, ils louaient cet hiver, pour la septième fois, le même chalet à La Tzoumaz à ses propriétaires belges. «Nous adorions cette vallée magnifique. L’ambiance au chalet était excellente, avec une moitié d’adultes et une moitié de jeunes. Il suffisait de sortir du chalet pour chausser les skis.» Mais aujourd’hui, il faut parler à l’imparfait de cette semaine rituelle, familiale, fraternelle, amicale et transgénérationnelle qui a aussi viré au drame pour une troisième famille alsacienne, celle d’Alexandre Gesegnet, 32 ans, qui avait été intégré pour la première fois à la joyeuse équipe et dont la dépouille a été retrouvée la veille de notre reportage sur place, le mardi 20 mars.

Les deux pères dans le deuil tiennent enfin à faire savoir qu’ils ne sont pour rien dans la collecte sur internet qui réunit des fonds pour financer tout ou partie des frais de recherche. Ils remercient simplement les organisateurs, des amis de Jordan, pour avoir organisé spontanément ce coup de pouce qui atteint près de 40 000 euros. «Nous ne demandons la charité à personne», précise Jean-Marie Brice.

Les deux pères se posent quand même des questions sur la sécurité du freeride dans le domaine des 4 Vallées. Leurs enfants étaient d’excellents skieurs et connaissaient comme leur poche ce vallon d’Arbi qu’ils dévalaient pour la septième année consécutive. Jean-George Gaide se demande notamment s’il ne faudrait pas «prendre des mesures plus strictes pour que ce vallon ne devienne pas un cimetière. Tout le monde skie un peu partout dans ce vallon.» Mais ce gendarme a conscience des difficultés pour canaliser les enthousiasmes sportifs: «Je sais bien aussi qu’il est impossible de mettre des barrières partout, dans un tel espace, pour empêcher les skieurs de s’éloigner d’un itinéraire balisé.»

Nous quittons le vallon d’Arbi en sachant que les recherches du dernier disparu vont se terminer, en accord avec la famille du Vaudois. «Mais nous n’abandonnons jamais», tient à préciser le porte-parole de la police valaisanne, Stève Léger. Les guides, les pilotes d’hélicoptère, tous les professionnels qui passeront au cours de l’année jetteront un coup d’œil attentif sur l’éboulement pour tenter d’apercevoir un indice permettant de rendre le corps à ses proches.
 

Que pensez-vous du fait que les frais de recherche de corps soient à la charge des proches? Vous pouvez en discuter sur notre groupe FacebookFamilles Romandes.

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Les rois du parkour à Lausanne

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Les rois du parkour à Lausanne

Le dernier film de l'association de parkour lausannoise PKL est une belle démonstration des capacités des jeunes traceurs, qui bondissent dans les rues de la capitale vaudoise sur des grosses basses de musique trap. Toutes les infos pratiques pour débuter ce sport se trouvent sur le site de l'association.

Spectaculaire

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«Le dossier n’a aucune chance devant le CIO»

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Sedrik Nemeth
Vendredi dernier, au carnotzet de l’hôtel de ville de Sion, le nouveau et l’ancien porteur du projet olympique valaisan se sont livré un duel épique mais fair-play.
Sion 2026

Responsable juridique du dossier olympique Sion 2006 et ancien conseiller communal, l’avocat sédunois Alain Cottagnoud, auteur du livre «Les anneaux déchus», estime que le projet 2026 est mal ficelé et mal embarqué. A mi-campagne, il endosse le costume de procureur pour soumettre Frédéric Favre, conseiller d’Etat porteur du projet, au feu nourri des questions. Verdict dans les urnes, le 10 juin prochain.

Alain Cottagnoud: Contrairement à l’idée répandue, le dossier 2026 est un mauvais dossier, qui n’a aucune chance de passer la rampe de la commission d’évaluation du CIO selon moi…
Frédéric Favre: Vos doutes sont légitimes. Mais ils ne prennent pas en compte l’agenda 2020 du CIO, lequel a déjà démontré sa volonté de revenir à des Jeux à taille humaine. Avec 90% d’infrastructures existantes, Paris et Los Angeles, désignés pour les JO d’été 2024 et 2028, en témoignent.

(A. C.) On ne trouve pas trace du village olympique de Sion dans le dossier. On sait simplement qu’il doit être financé par des fonds publics ou privés et que son implantation est prévue en zone d’intérêt général A, ce qui implique un changement d’affectation. Ce changement doit être validé, puis le projet soumis à enquête publique, avec ce que cela sous-entend de recours, la zone en question touchant une colline protégée chère aux écologistes. Jugez-vous le temps nécessaire à construire ce village suffisant?
(F. F.) Absolument. La volonté de la municipalité de Sion de construire un écoquartier selon des critères de développement durable certifiés existait avant le projet de JO. La ville a étudié la faisabilité et, au vu de la typologie du projet et de ses caractéristiques sociales, aucun changement d’affectation n’est nécessaire.

(A. C.) Qu’en est-il de son financement? Le dossier ne dit pas non plus où seront logés les 1500 autres athlètes. On peut imaginer que cela soit à Lausanne? Pouvez-vous nous éclairer?
(F. F.) Nous parlons de 300 à 350 logements pour 1640 athlètes. Nous lancerons un appel à investisseurs et mettrons sur pied un concours d’architecture pour choisir le meilleur projet. On parle d’une construction pour 2026, alors que la région de Sion accueille chaque année 500 personnes supplémentaires. Pour le reste, le dossier est accessible sur internet.

(A. C.) Rien non plus dans le dossier à propos de l’anneau de glace à Aigle, ni de son prix…
(F. F.) Un montant est prévu dans le budget du comité d’organisation pour sa construction et son démontage, qui s’opéreront sous la responsabilité du comité d’organisation Sion 2026 et non des collectivités publiques. Avec le souci permanent de réduire les coûts, plusieurs solutions sont à l’étude, comme louer une future halle à Aigle ou aller à l’étranger.

(A. C.) L’idée d’externaliser le patinage de vitesse aux Pays-Bas est contraire aux règles du CIO, qui exige que les JO se déroulent dans un seul pays à moins que la nation tierce ne soit partie prenante du dossier…
(F. F.) C’est faux. Les choses ont évolué. Il s’agit justement de la nouvelle philosophie du CIO (recommandation No 4), pour éviter de laisser des constructions à l’abandon après les JO. D’ailleurs, d’autres villes intéressées prévoient le même concept. Stockholm cite par exemple le bobsleigh en Lettonie.

(A. C.) Le conseiller aux Etats bernois Hans Stöckli dit que les épreuves de saut à skis ne se dérouleront plus à Kandersteg, comme mentionné dans le dossier, mais à Engelberg. Dans ce cas, il semble qu’un important déboisement soit nécessaire. Pensez-vous que cela soit possible? Et puis, à l’instar de l’anneau de vitesse, qui financera la construction des tremplins?
(F. F.) A ce jour, il est prévu d’utiliser le tremplin de Kandersteg et le grand tremplin d’Engelberg. Ces deux tremplins sont existants, mais nous étudions d’autres possibilités. Dans tous les cas, aucun déboisement important ne sera effectué. Je rappelle qu’il s’agit d’un dossier de faisabilité. Arrêtons de voir des problèmes partout. Nous parlons du plus grand projet que notre pays peut organiser. Voulons-nous faire une fête du sport dans un pays de connaisseurs? Sommes-nous des passionnés désireux de vivre un tel événement pour les générations futures? Voulons-nous dynamiser notre économie et faire connaître nos magnifiques régions à la planète entière? Ce sont ça, les vraies questions. Pas de savoir, huit ans avant, si un tremplin sera construit sur une commune ou sur une autre.

(A. C.) Toujours selon M. Stöckli, le projet sera soumis à votation populaire dans les cantons de Berne et d’Obwald, en février 2019. Il semble que si l’un des deux dit non, le vote des Valaisans, même positif, n’aura servi à rien. N’avez-vous finalement pas mis la charrue avant les bœufs, comme on dit?
(F. F.) Pas du tout. En cas de vote négatif ou de retrait d’un canton, des solutions existent. Si les Valaisannes et les Valaisans sont toujours aussi passionnés et courageux qu’en 1997, lorsqu’ils ont accepté à 67% d’être candidats aux JO, nous aurons d’autres cantons intéressés. Ils attendent la votation du 10 juin pour se déclarer.

(A. C.) Le directeur des JO au CIO, Christophe Dubi, a confirmé que l’avis de droit du professeur Pierre Tercier, concernant la responsabilité financière de la ville organisatrice, émis à l’occasion du dossier Sion 2006, était toujours valide. Pourquoi le Conseil d’Etat n’a-t-il pas exigé l’engagement solidaire des différentes communes et des cantons sites comme cela avait été le cas pour 2006, plutôt que de laisser la ville de Sion unique responsable d’un éventuel déficit?
(F. F.) Beaucoup de choses ont évolué depuis cette époque. Aujourd’hui, le CIO ne demande plus de garantie illimitée, ce qui est rassurant pour les régions concernées. Il se montre aussi plus souple, nous discutons avec lui du modèle qui nous conviendrait et si nous n’obtenons pas ce que nous voulons, nous ne serons tout simplement pas candidats.

(A. C.) Devant le Grand Conseil valaisan, vous avez dit que le Conseil d’Etat signerait le contrat pour autant qu’il lui convienne. Est-ce à dire que la ville de Sion n’a pas d’autre choix que de s’engager et de prendre tous les risques?
(F. F.) C’est tout l’inverse! Si le contrat n’est pas acceptable pour le canton du Valais, il ne le sera pas pour la ville de Sion non plus. Pour rappel, les JO ne font pas de déficit mais des bénéfices. Ce sont les constructions qui grèvent les budgets. Et nous n’en faisons quasiment aucune. Avec sa position, le Conseil d’Etat apporte ici la preuve que nous avons analysé le dossier en détail et que les risques sont infimes. Notre message aux Sédunois est clair et positif: nous y allons ensemble.

(A. C.) Comme au comité de candidature aujourd’hui, le Valais ne sera pas majoritaire au sein du comité d’organisation des Jeux olympiques (COJO). Du coup, le canton n’aura pas la garantie de bénéficier des emplois et des travaux. Avant de voter un crédit de 100 millions de francs, pourquoi le Conseil d’Etat et le Grand Conseil n’ont-ils pas exigé cette majorité au COJO afin de maîtriser les décisions? D’autant que, avec son statut d’association, celui-ci ne porte aucune responsabilité financière en cas de déficit...
(F. F.) Contrairement à Sion 2002 ou 2006, le projet n’est pas uniquement valaisan. Entre le canton et les communes sites, nous investissons au maximum 60 millions de francs pour les infrastructures et 40 millions pour la sécurité. Sur un budget de 2,4 milliards, les autres partenaires ont aussi le droit d’être représentés. Toutefois, avec Viola Amherd, Chantal Bournissen, Amélie Reymond, Jean-Michel Cina, Philippe Varone et moi-même, nous pouvons affirmer que les intérêts des Valaisans sont bien défendus. D’ailleurs, je rappelle que le siège de l’association est à Sion.

(A. C.) Dans le dossier de 2006, tous les contrats devaient être signés par le président de la ville de Sion et le secrétaire communal. Pourquoi n’est-ce pas le cas pour 2026?
(F. F.) Je sens une pointe de nostalgie à travers cette question (rire). Beaucoup de choses ont évolué depuis les années 90. A l’époque, toutes les responsabilités et tous les risques étaient pris par la ville de Sion et le Valais. Aujourd’hui, le projet repose sur six cantons. La Confédération ainsi que Swiss Olympic et Paralympic s’impliquent aussi. Nous ne pouvons pas répartir les responsabilités, les investissements, les lieux des compétitions et vouloir tout maîtriser seuls.

(A. C.) Sur les 990 millions promis par la Confédération et les 800 millions par le CIO, 215 millions serviront de réserves en cas de déficit et 120 millions seront affectés à la sécurité. Selon les deux institutions, le solde servira à l’organisation logistique des JO et non aux constructions. Dès lors, d’où proviendra l’argent pour ces dernières?
(F. F.) Les infrastructures provisoires seront entièrement financées par le comité d’organisation. Quant aux quelques constructions durables, elles incomberont aux communes sites, sans obligation de la part du comité d’organisation. Avant de se lancer, ces dernières devront s’assurer de leur viabilité et démontrer que ces objets seront exploités sur le long terme. Le canton et la Confédération ont prévu des subventions pour ces constructions.

(A. C.) Vous dites: «On parlera de Sion dans le monde entier.» Mais Sion, ville de 30 000 habitants, n’offre que quatre hôtels et la plupart des commerces sont fermés le dimanche. En quoi les JO vont-ils changer cette situation?
(F. F.) L’Autriche enregistre 2,7 fois plus de nuitées que la Suisse. Les JO d’hiver sont le quatrième événement sportif mondial et attirent plus de 2 milliards de téléspectateurs. C’est toute une région et tout un pays qui vont en profiter. Grâce aux JO, Lillehammer a pu exister sur la carte du monde touristique. Saint-Moritz et Barcelone en ont fait un argument de vente, Turin a doublé sa fréquentation depuis les JO. Notre canton a donc tout à gagner à dynamiser son tourisme et à booster sa notoriété. Sion est la capitale du Valais, ne l’oublions pas. Elle a un rôle de leader à tenir pour tirer le reste du canton derrière elle.

(A. C.) Excepté Crans-Montana (ski alpin), Thyon-les-Collons (ski acro), Viège (curling) et le Haut-Valais (ski de fond), le Valais ne sera d’aucune utilité pour ces JO. N’est-ce pas beaucoup d’argent investi et de risques pris pour pas grand-chose finalement?
(F. F.) C’est un investissement pour l’économie avec, à la clé, des places de travail. Sur huit ans, nous parlons d’un investissement de 12,5 millions par année alors que le montant des subsides est d’environ 1 milliard. De plus, c’est l’occasion unique d’étaler notre savoir-faire dans les domaines de la recherche et de l’innovation, nos atouts touristiques sur les quatre saisons, nos coutumes, notre histoire. Cela pourrait aussi faire office de catalyseur pour proposer une seule offre touristique sous la marque Valais.

(A. C.) Si la ville de Sion refuse le projet le 10 juin prochain, ce qui semble être le cas à deux mois et demi de la votation, que se passera-t-il?
(F. F.) Je n’ai pas le même sentiment. Les gens commencent à croire à une belle fête du sport comme lors des Championnats du monde, à Crans-Montana. Ils comprennent que ce n’est pas l’organisation des JO qui est déficitaire mais les constructions que certaines villes ou pays ont voulues, comme des aéroports, des autoroutes, des hôtels ou des stades. Les Sédunoises et Sédunois peuvent donc se rassurer. Il n’y aura pas de responsabilité financière démesurée pour la ville de Sion.

(A. C.) Avec seulement 4 millions d’investissement et aucune responsabilité en cas de déficit, le canton de Vaud se taillera la part du lion. Les délégués du CIO seront logés à Montreux, le centre de presse sera établi à Montreux et à Lausanne, le patinage artistique se déroulera à Lausanne où une moitié du village olympique sera construite, le biathlon déroulera ses fastes à Leysin alors que l’anneau de glace serait érigé à Aigle. En somme, les Valaisans payeront pour les Vaudois?
(F. F.) Une fois de plus, vous mélangez tout. Le Valais investit dans ses propres infrastructures pour ses citoyens et ses touristes. Le canton de Vaud l’ayant déjà fait, il n’a pas besoin de réinvestir pour les Jeux. JO ou non, le Valais doit de toute façon investir dans ses infrastructures sportives. Ainsi en a décidé le Grand Conseil en approuvant la loi sur le sport. Et puis, avec tout le ski alpin, le ski de fond, le skicross, le snowcross, le snowboard parallèle, les bosses, le saut acrobatique, le big air, le curling et les cérémonies d’ouverture et de clôture en Valais, je vous laisse juger qui se taillera la part du lion...

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Fanny Smith et sa super mammy

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Julie de Tribolet
La championne de skicross Fanny Smith (25 ans) et sa chère «Mammy Betty» (88 ans), qui vit depuis une quinzaine d’années à Ollon (VD). «Nous sommes toutes deux des fonceuses!» s’exclament-elles.
Portrait

Soixante-trois ans séparent la médaillée olympique Fanny Smith de sa «Mammy Betty», d’origine anglaise, à qui elle a dédié son succès en Corée. Aujourd’hui, Fanny emmène Betty une semaine en vacances. L’histoire, charmante, raconte l’affection unique qui unit une petite-fille et une grand-maman.

C’est une exquise petite dame qui descend du train à Lausanne. Sur le quai, l’attendant, Fanny Smith est là, pimpante, un soleil de printemps. La dame est sa grand-maman, qui arrive de son village d’Ollon (VD). Elles se retrouvent, s’embrassent, se glissent des petits mots.
Elles ont leurs valises, elles se préparent à partir ensemble pour une semaine de vacances en Crète, en copines. «Mammy Betty» a 88 ans, Fanny 25. Elles s’adorent. Il y a un mois, quand la championne de skicross a gagné sa médaille de bronze aux Jeux olympiques de Pyeongchang, c’est à sa Mammy qu’elle l’a dédiée: «C’est venu comme ça, sur le moment.» Dans son appartement chablaisien, au milieu de la nuit, Betty a été un peu étonnée. Pas tant que cela, tant elle sait que sa Fanny pense à elle.

Maintenant, gaies comme des rossignols, elles boivent un thé dans un restaurant du bord du lac. Fanny remet une mèche de cheveux de sa lady en place, la prend par l’épaule. «C’est autant une amie qu’une grand-maman. Elle a toujours été très présente, elle m’a donné plein de force. Et puis j’adore l’écouter. Quand quelqu’un est capable de te raconter des histoires fantastiques sur ta propre famille, c’est magnifique.»

Des histoires, Mammy Betty, mémoire d’acier et delicious accent British, en possède tant. «J’ai eu une enfance difficile et une vie mouvementée, cela forge le caractère.» Intarissable, elle dit sa jeunesse à Manchester, la Seconde Guerre passée sous les bombes, parce que leur maison se situait près d’une entreprise qui servait de cible. Elle dit ces héros que furent son père et son grand-père; ils ont traversé les deux conflits mondiaux et le grand-père, capitaine de marine, a osé moult allers-retours en bateau jusqu’en France, au péril de sa vie. Frondeuse, elle se souvient aussi que «nous, les enfants, nous prenions nos vélos, nous allions chercher les plus beaux éclats d’obus et nous faisions des expositions». Elle dit aussi son père mort à 48 ans et sa mère à 52. A 25 ans, elle s’est retrouvée à la rue et sans parents, à devoir gagner sa vie. Fanny acquiesce: «C’est une femme forte, nous sommes toutes les deux des fonceuses.» Attention, la grand-maman a ses fidélités. Si elle vit depuis plus de soixante ans en Suisse, avec une douzaine de déménagements, pas question de vouloir la nationalité helvétique: «Oh no, jamais! Ce serait trahir mes parents.»

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Le 28 mars, fin prêtes, les deux amies se retrouvent sur la voie 8 de la gare de Lausanne. A elles l’aventure!

Jeune fille au pair à Fribourg

La Suisse, elle y est arrivée dans les années 60, à Genève, pour un emploi de secrétaire dans l’agence Thomas Cook puis chez Air India. Au sol, car elle était trop petite pour devenir hôtesse de l’air. «J’avais un léger pécule. Avec cela, je n’achèterais pas un frigidaire aujourd’hui.» Elle a travaillé jusqu’à 76 ans, a même été jeune fille au pair dans la famille Joye, à Fribourg. «Je me suis ainsi occupée du futur conseiller d’Etat genevois Philippe Joye et de son frère (ndlr: un fait divers célèbre: ces  jumeaux furent d’abord séparés à la naissance à la suite d’une méprise). La famille m’avait choisie parce que je dansais à pieds nus sur une photo.» Elle a son caractère: zut, il ne fallait pas dire qu’elle était secrétaire… «Oh, j’ai détesté cela. Si mes parents avaient vécu plus longtemps et eu plus d’argent, j’aurais fait une école d’art et du tennis comme loisir.»

Fanny écoute avec attendrissement ces histoires qu’elle connaît déjà. Elle a commencé à rendre visite à sa grand-maman vers l’âge de 13 ans, quand elle allait à l’école à Ollon. «J’aime le thé, j’aime papoter. Une année, je suis restée tout un été. Avec elle, je partageais beaucoup de secrets de ma vie privée. Nous avons le même caractère. Le goût pour le risque et la compétition, j’ai pris cela d’elle. Et puis on discute de trucs de filles, on aime les belles choses, le shopping, les bijoux.» La première fois que Fanny a été invitée aux Swiss Awards, sa grand-mère a été passionnée: «Si tu y retournes, j’ai vu la robe qu’il te faut!» Betty ponctue: «Chez Fanny, tout me plaît. Elle est belle, généreuse, peut-être un peu naïve. Moi, je n’ai confiance en personne, même pas en vous, journaliste…»

Pendant les courses de Fanny, Betty est si nerveuse qu’elle éteint souvent son poste de télévision et marche en long et en large dans son appartement, puis elle envoie un message, toujours. Mais la finale des Jeux, elle l’a vue quatre fois. Avec joie, même si elle ne cache pas une belle rogne envers les skieuses canadiennes. Fanny rigole, tempère. «Ça, on ne dit pas, Mammy…»

Alors elles rient, fort et longtemps. Et se réjouissent de leurs vacances. La grand-maman: «J’ai pris un sac à dos, des baskets, quatre costumes de bain mais aucune robe. Pas question de s’allonger sur des chaises longues: on va bouger, visiter, faire du training. Si vous voyiez comme Fanny fait tout à toute vitesse! Avec elle, une tasse de thé est prête en un clin d’œil, avant que j’aie commencé à réfléchir.» Puis, sur un ton plus doux: «Vous savez, mes trois petits-enfants, Lou, Fanny et Thibault, sont ma raison de vivre.»

Presque oubliés, le sport et les médailles. L’histoire raconte le lien qu’une grand-maman peut entretenir. Le regard d’amour inconditionnel porté sur sa famille. Une façon de dire: chérissez vos grands-parents, ils sont ultra precious. Bonnes vacances, Betty et Fanny. 

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Ces vacances en Crète? «Pas question de s’allonger, on bouge. J’ai mes baskets et mon sac à dos», dit la presque nonagénaire. L’an prochain, elles prévoient un safari.

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Article 1

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Virginia Markus, la désobéissante

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Didier Martenet
Le 27 mars, à 7 heures du matin sur la route principale, Virginia Markus et son compagnon, Pierrick Destraz, restent stoïques face aux demandes de la police de libérer l’espace. Ils protestent contre la construction d’un nouvel abattoir.
Reportage

Visage du mouvement antispéciste, qui se bat pour mettre fin à l’exploitation animale, l’activiste romande est poursuivie pour rapt de cabris, violation de domicile, manifestation non autorisée, entrave à la circulation routière et trouble à l’ordre public. Retour sur une semaine intense.

Sûre d’elle, Virginia Markus sort de la gendarmerie de Gland aussi sereine qu’en y entrant. La militante de 28 ans vient de signer une déposition, revenant en détail sur la folle nuit du lundi 26 mars organisée par plusieurs antispécistes dans le canton de Vaud. Ce mouvement refuse la notion d’espèce et, de facto, la «domination de l’homme sur les autres êtres vivants». Leur mantra: ne consommer aucun produit provenant d’animaux et combattre leur exploitation, qu’ils jugent injuste.

La semaine passée, ces activistes chevronnés ont – en toute illégalité – libéré 18 cabris de l’abattoir de Rolle avant de protester aux aurores dans un froid glacial contre la relocalisation de ce lieu de «boucherie» prévue pour 2019 à Aubonne. Au nom de l’antispécisme, Virginia n’en est pas à son premier coup d’éclat. Elle compte déjà trois plaintes pénales à son actif. Poursuivie cette fois pour rapt, violation de domicile, manifestation non autorisée, entrave à la circulation routière et trouble à l’ordre public, elle reste impassible: «Je n’ai pas peur de gonfler mon casier judiciaire pour une bonne cause: celle de la justice pour les animaux», assure la jeune femme avec une conviction inébranlable.

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A 9 heures, trois fourgons de police embarquent les manifestants antispécistes – dont Virginia Markus sur l’image – au poste de la Blécherette. Un à un, ils sont fouillés avant d’être mis en garde à vue. Deux jours plus tard, à la gendarmerie de Gland, Virginia et sa camarade Elisa Keller viennent de signer leur déposition. Elles sont accusées de rapt, violation de domicile et trouble à l’ordre public. Photos: Didier Martenet

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L’automne dernier, la Genevoise a déjà été confrontée aux forces de l’ordre après la diffusion de vidéos violentes qu’elle avait filmées en caméra cachée dans les abattoirs de Rolle. Elle a également été auditionnée après une occupation à l’abattoir de Vich pour dénoncer l’exploitation animale. Alors que les contacts avec la police étaient jusque-là plutôt calmes et bienveillants, l’épisode d’Aubonne a un goût amer, selon ses dires. Embarquée à 9 heures au poste de la Blécherette, à Lausanne, avec les 34 autres personnes présentes, elle décrit une garde à vue «disproportionnée». «Sous les feux des projecteurs, les policiers n’ont pas osé être agressifs mais, en catimini, ils ont montré une facette plus dure», affirme-t-elle, scandalisée. Fouilles corporelles, intimidations, la compagne de l’artiste Pierrick Destraz – présent à la manifestation mais parti avant l’arrestation pour préparer un spectacle – dénonce. «Ils ne nous ont pas informés sur nos droits et ne m’ont pas laissé appeler un avocat. Non-violents, on a été traités comme des criminels alors qu’on a sauvé des vies.»

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Avec Luc-Etienne Rossier, le syndic d’Aubonne, la discussion porte sur l’ouverture du nouvel abattoir. Mais le dialogue est difficile. Photo: Didier Martenet

Même son de cloche pour Elisa Keller, déléguée suisse de l’association 269Libération animale, qui confirme la version de son amie. Du haut de ses 20 ans, l’ancienne étudiante en droit aux cheveux rouges raconte son «isolement». «J’ai été mise en cellule privée. On s’est moqué de mon engagement et de mon refus de consommer des produits issus de l’exploitation animale pendant ma détention», affirme-t-elle en soignant les poules qu’elle vient de sauver près de chez elle. De son côté, le porte-parole de la police vaudoise, Arnold Poot, précise que ces mesures de fouilles complètes sont nécessaires pour assurer la sécurité des lieux. «C’est la procédure. Nous devons contrôler qu’il n’y a aucun danger possible, c’est notre rôle.» Tout comme lors de l’intervention à Aubonne, qui comptait une vingtaine de policiers pour une trentaine d’activistes pacifistes qui faisaient le pied de grue. Finalement relâchée à 17 heures, Virginia Markus campe sur ses convictions et revendique la désobéissance civile pour son combat.

Une attitude impertinente qui lui vaudrait, selon elle – ainsi qu’à d’autres militants – d’être fichée par les renseignements généraux, au même titre que les hooligans. Mais deux jours plus tard, devant son café sans lait, Virginia sourit. Rien ne semble déstabiliser cette force tranquille, dotée d’un sens de la repartie aiguisé. «Je suis radicale, car on ne peut plus être dans la demi-mesure quand on parle de l’assassinat de 65 millions de vies en Suisse», lance-t-elle en parlant des animaux. Abonnés aux citations choc – sur les panneaux qu’ils brandissaient pendant le happening était inscrit «Stop à l’holocauste animal» – les antispécistes ne font pas dans la dentelle. Leurs méthodes coups de poing heurtent les sensibilités, des agriculteurs aux pouvoirs politiques. «La voie diplomatique n’a pas été concluante, se défend Virginia. Nous avons envoyé un courrier à la municipalité d’Aubonne pour protester contre la construction du nouvel abattoir et proposer des pistes de réflexion, mais pas de réponse. L’action directe est donc nécessaire, quitte à troubler le sommeil des citoyens», affirme-t-elle pour justifier la manifestation bruyante au son des cris de torture d'agneaux et de cochons.

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Elisa Keller héberge six poules dans son jardin. «Elles ne pondaient plus assez et allaient être tuées.» Photo: Didier Martenet

«On m’a crevé un pneu»

Stigmatisée, l’auteure de l’enquête «Industrie laitière: une plaie ouverte à suturer?» reçoit depuis des lettres anonymes menaçantes. «On m’a crevé un pneu la semaine passée. Les menaces et insultes sont quotidiennes mais je ne me laisse pas intimider. Le sort des animaux est bien plus urgent», rétorque-t-elle. Porte-parole d’un mouvement qui touche à l’essence du patrimoine helvétique – pays du fromage – la dissidente se heurte à une incompréhension palpable. Comme celle de Luc-Etienne Rossier, le syndic d’Aubonne, qui lui tourne le dos après une tentative de dialogue écourtée. Consciente de soulever de nombreuses réactions épidermiques avec ses revendications, Virginia Markus temporise mais ne lâche rien. «J’insiste, nous n’agissons pas contre tel ou tel éleveur mais contre un système qui exploite des êtres «sentients» (ndlr: terme tiré de l’anglais qui signifie doués de sensations) pour le profit unique de l’humain.»

Après l’effusion des derniers jours, l’éducatrice de formation – aujourd’hui activiste à temps plein puisque, à la suite de ses actions, elle s’est vu refuser un emploi auprès d’adolescents à la municipalité de Gland – retrouve son havre de paix avec Pierrick Destraz et leurs animaux. Dans leur nid aux couleurs rock de la carrière du fils d’Henri Dès, le couple cohabite avec trois chiens de rue, qu’elle a recueillis pendant son séjour au Qatar, deux chats, deux chinchillas et deux enfants, ceux de son homme, ajoute-t-elle un brin provocatrice. Pour elle, pas de différences entre les uns et les autres.

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Ensemble depuis huit mois, Virginia Markus a trouvé en Pierrick Destraz un compagnon de vie, mais aussi de combat antispéciste. Au calme après une semaine intense, les amoureux partagent leur havre de paix avec trois chiens recueillis dans la rue au Qatar, deux chats, deux chinchillas et les deux enfants du musicien. Photos: Didier Martenet

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Ce débat de société, elle y croit obstinément. Elle rêve dans un premier temps que les animaux de rente (cochons, bétail, etc.) bénéficient des mêmes droits que les animaux de compagnie. «Personne n’accepterait qu’on maltraite un chien», s’indigne-t-elle en promenant ses trois camarades de jeu. D’autres voix similaires s’élèvent. Sur Facebook, ils sont plus de 3000 à suivre l’association 269Libération animale et 8000 à liker la page de PEA – Pour l’égalité animale. «J’ai aussi été conditionnée pendant longtemps mais les animaux ne sont pas des biens de consommation.» Celle qui attend son mandat de comparution sait qu’avec son comportement elle risque une amende salée ou la prison avec sursis.

Reflet d’une génération critique face à la surconsommation – les Suisses avalent 50 kilos de viande par personne par an – Virginia Markus prend son rôle de «désobéissante» très au sérieux. «Un jour, une loi interdira à l’humain de frapper un cochon, j’en suis persuadée.» Quant aux cabris «sauvés» la semaine passée, ils coulent des jours heureux dans des lieux tenus secrets.

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