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Elise Shubs tend le micro aux prostituées

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Jean-Blaise Besençon
Elise Shubs signe son tout premier film.
Tête-à-tête

Chaque semaine, L'illustré rencontre une personnalité au coeur de l'actualité culturelle romande. Aujourd'hui: la journaliste Elise Shubs qui, dans son premier film, donne la parole à des filles sur le trottoir.

Elise Shubs n’est pas très grande. Discrète, plutôt timide, la jeune femme dégage pourtant une présence forte, un rayonnement bien particulier; celui qui l’a un jour poussée dans un des quartiers les plus tristes de Lausanne, à la rencontre des prostituées de la rue de Genève. «Il m’a fallu deux ans et demi pour être sûre de mon sujet. Je ne voulais pas faire quelque chose sur les gens qui parlent des prostituées. Je ne voulais pas faire un reportage, mais un film de cinéma.» Impasse n’est donc pas un documentaire sur la prostitution de rue, il témoigne d’une écoute plutôt que d’une vérité.

«Ces femmes m’ont confié des paroles dont il fallait que je fasse quelque chose. Ce qui m’a terriblement frappée, c’est leur solitude, et puis ce monde de secrets, de mensonges qu’elles vont devoir porter toute leur vie.» Pour ce premier film produit par Fabrice Aragno, le collaborateur de Jean-Luc Godard, la réalisatrice a confié les images à un photographe, Matthieu Gafsou, qui signe de très belles «cartes postales urbaines», des plans fixes, «mais dans lesquels il se passe beaucoup de petites choses».

Jamais montrées, les femmes sont pourtant bien présentes et témoignent de la qualité de ces rencontres, de celle de l’écoute aussi. «J’ai réalisé que 99% de ces femmes étaient des migrantes. Ça a été ma porte d’entrée…» Parce que ce film n’arrive pas par hasard, il est l’un des résultats d’un parcours «atypique et décousu».

Née il y a trente-six ans, ayant grandi à Renens dans une communauté de maoïstes «qui rêvaient toujours de faire la révolution», Elise Shubs a éprouvé très jeune le besoin de s’engager. «A l’école enfantine déjà je voulais changer des choses, et puis j’ai souvent été déléguée de classe.» Pendant ses années d’université en sciences politiques («J’ai adoré mes études, j’en reprendrais volontiers si je ne devais pas dormir la nuit!»), pour aller au-delà de la théorie, elle œuvre aux côtés de réfugiés et de migrants. Volontaire, bénévole, elle assure des permanences, aide les demandeurs d’asile dans leurs démarches administratives, se spécialise dans la recherche de renseignements dans les pays d’origine des requérants. C’est ainsi qu’elle rencontre Fernand Melgar, alors en train de tourner La forteresseà Vallorbe. Elle collaborera ensuite avec le réalisateur sur le tournage de Vol spécial; et, sur d’autres productions de l’association Climage, elle travaille comme assistante et preneur de son.

Engagée, passionnée, maman de deux garçons, Elise Shubs trouve même encore le temps de chanter et de jouer du violon. Et puis elle vient de se remettre à l’alto. 

Impasse, au cinéma dès le1er avril. Jeudi 6 avril à 20 h, première du film en présence de la réalisatrice et de l’équipe au CityClub à Pully.

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