
Chaque semaine, «L’illustré» rencontre une personnalité au coeur de l'actualité culturelle romande. Après un silence forcé, le chanteur Alenko renaît grâce à un disque intense et inspiré.
De tonus, l’auteur-compositeur-interprète n’a jamais manqué. En trois disques et quelques compilations, il a imposé, avec l’énergie d’un artiste qui a grandi dans les squats, un genre bien stylé, mélange de pop, de soul, de reggae. Et puis, le 17 novembre 2010 à 12 h 10, tout s’est arrêté; le cycliste-chanteur fracassé contre un tram du côté de Plainpalais. «Je ne me souviens de rien une semaine avant et une semaine après. Mais j’ai eu de multiples fractures du crâne, j’ai perdu de mon ouïe à gauche. Ce n’était pas mon heure mais pas loin. La vie a voulu me garder, mais il m’a fallu deux ans pour me remettre, physiquement et mentalement.»
La tête ailleurs, son nouveau disque, rompt ainsi un silence forcé depuis Les mystères de l’Ouest, qu’il achevait au moment de l’accident. Depuis sa renaissance, Alenko avoue être «moins pressé». «J’étais du genre hyperactif, aujourd’hui je me concentre sur l’essentiel et je prends le temps de bien faire les choses.»
Ainsi ces onze nouveaux titres, toujours produits par son fidèle complice Christophe Calpini, qui laisse aussi sa place de guitariste à l’excellent Mathieu Karcher. Mais le son nouveau d’Alenko doit beaucoup à Keumart Da Green Saya-Man, rappeur mais surtout human beatboxer. «Le disque est sous mon nom, mais Keumart fait vraiment partie du son d’Alenko». Parmi les autres moments forts: un duo avec Pep’s sur Les jambes des filles!
D’origine italo-russo-polono-française, Alexandre Coppaloni est né en France et a monté ses premiers groupes de rock dans la banlieue parisienne. «Mon père était guitariste classique mais jouait également du jazz. J’avais aussi un oncle, Louis Coppaloni, comédien, musicien, parolier (pour Dalida et Bertignac notamment), qui a été comme un deuxième papa; il m’a beaucoup encouragé.» Depuis toujours Alenko aime les voyages et les mots. «Le français permet plusieurs lectures, parfois c’est le public qui me dit de quoi parlent mes chansons! J’ai pu recommencer à voyager et c’est toujours une excellente source d’inspiration (avec l’amour), et puis j’ai remarqué que les morceaux qui me correspondent le plus sont ceux que j’ai écrits en mouvement. Ou alors en dormant! En rêvant, c’est tellement fort que ça me réveille. Je me lève, je note, j’enregistre et, le lendemain, il n’y a souvent pas grand-chose à changer.»
La tête ailleurs, Disques Office.