
Un an déjà a passé depuis la mort brutale du cuisinier Philippe Rochat, son compagnon, emporté par une crise cardiaque le 8 juillet 2015 à l’âge de 61 ans alors qu’il circulait à vélo. Dans L’illustré, Laurence Rochat parle pour la première fois de la violence du deuil. Avec une franchise totale.
“Nous étions complémentaires, nous étions heureux”, confie Laurence Rochat (36 ans) en laissant son regard caresser le paysage verdoyant, doux et rassurant du Jura vaudois, ses bovins qui paissent sereinement et ses sapins si rassurants. Pour raconter son compagnon Philippe Rochat, mort le 8 juillet 2015 à l’âge de 61 ans, l’ancienne sportive d’élite a choisi une buvette d’alpage de la vallée de Joux, ce coin de pays où ils ont tous deux grandi, elle la fille de paysan et lui le fils de cheminot.
Direction Châtel, sur la commune de L’Isle, un lieu où ils aimaient se rendre, où le couple a construit tant de souvenirs heureux. “Regardez, dit-elle l’oeil pétillant, c’est la vue qu’il aimait, les prés, les veaux!”
Ils formaient un couple heureux depuis neuf ans quand la mort a arraché subitement Philippe Rochat à la vie, un jour où il prenait du plaisir, sur son vélo. Laurence avoue avoir fait un sacré chemin depuis le jour du drame, mais bien sûr, tout n’est pas derrière elle. “Je vais mieux, je ne vais pas encore bien. Une année, ce n’est rien. Mais, quand je pense à toutes les étapes franchies, c’est beaucoup.” Le 8 juillet dernier, jour du décès de son compagnon, elle a réuni autour d’elle une quinzaine de copains de Philippe Rochat et après l’une de ces sortie à vélo qu’ils aimaient tant, tous sont allés manger au restaurant de Crissier. “C’est émotionnel, dit-elle, je suis heureuse de l’avoir fait. Et Philippe est fier de cela, j’en suis sûre.”
Laurence Rochat raconte comment elle a repris le travail, une semaine après la mort de celui qu’elle appelle encore l’homme de sa vie, son alter ego. Elle explique le deuil, si difficile d’abord. “Je fondais en larmes, seule devant mon ordinateur. Je ne savais plus taper un mail, je ne savais plus conduire.” Pour surmonter le chagrin, elle a choisi de rester dans la maison où ils vivaient ensemble. “J’ai dormi avec ma soeur dans ma chambre pendant un mois”, raconte-t-elle. Quand L’illustré s’étonne qu’elle soit restée là, Laurence Rochat a cette réponse, superbe: “Je voulais guérir par le mal, dès le début. Je vais dans les endroits où nous allions en vacances ensemble avec Philippe, je fais pareil. Je n’évite rien, j’affronte.”
Une stratégie de battante qui correspond bien à son caractère de championne.
Dans cette rencontre exclusive avec L’illustré, Laurence Rochat revient aussi sur le drame de la disparition de Benoît Violier, le successeur de Philippe Rochat au Restaurant de l’hôtel de ville de Crissier. Elle se dit proche de sa veuve. “Je souffre avec elle, comme elle a souffert avec moi, souligne-t-elle. La mort de Benoît m’a terriblement affectée. Je perdais un frère, la continuité de Philippe.”
Un peu plus d’un an après avoir perdu son compagnon, Laurence Rochat explique aussi avoir fait le choix de la solitude, à 36 ans. “Un jour, je rencontrerai quelqu’un, pense-t-elle. Je ne me l’imagine pas encore aujourd’hui. Je n’ai jamais été seule depuis l’âge de 16 ans. Là, je crois que je dois l’être un moment.”
Retrouvez l’intégralité de cet article dans L’illustré n°30, actuellement disponible