
Miss Suisse en titre, la Fribourgeoise de bientôt 23 ans a rompu avec Nathy, son compagnon depuis sept ans. Passionnée par l’archéologie, engagée dans diverses associations, elle désire s’investir à 100% dans ses projets et reprendre ses études sitôt son règne terminé.
Vous avez rompu avec Nathy, votre compagnon depuis sept ans, à votre retour de Grèce où vous effectuiez un stage en archéologie. Que s’est-il passé?
Lauriane Sallin: Je me suis simplement retrouvée seule pour la première fois depuis très longtemps. Pendant deux semaines, je me suis confrontée à moi-même sur ce site exceptionnel et inhabité de Delos. Certains endroits sur terre poussent plus à la réflexion que d’autres. Il y a une année, j’étais exactement au même endroit. C’était en septembre 2015, quelques semaines avant l’élection de Miss Suisse. Ce dernier séjour fin juin a été comme un flash-back. Je me suis dit: «Ici rien n’a changé, et toi, où en es-tu?» Ça m’a mis une claque en pleine figure. J’ai réfléchi à ce que je voulais faire de ma vie. J’ai réalisé la chance que j’avais d’avoir autant de possibilités devant moi, de pouvoir rencontrer tous ces gens, d’avoir tous ces projets. C’est la première fois que je m’autorise à faire des plans. Jusque-là je n’en faisais pas.
Pour quelles raisons?
Quand ma sœur était malade (ndlr: atteinte d’un cancer, elle est décédée peu avant l’élection de Lauriane), je vivais au jour le jour, je profitais pleinement du moment présent, parce que son état de santé ne nous autorisait pas à nous projeter. J’ai pris conscience que la seule vraie possession qu’on a, en tant qu’être humain, c’est le temps. A Delos, j’ai ressenti ce que Platon décrit avec Socrate sur le fait de vivre en accord avec soi-même. A mon retour, je me sentais tiraillée entre ma vie amoureuse et ma passion pour l’archéologie. Aujourd’hui, je veux vivre mes rêves et ne plus faire de compromis. Je trouvais extrêmement égoïste d’imposer cela à Nathy.
N’est-ce pas aussi une manière de s’avouer qu’on n’aime plus l’autre?
Non, au contraire. Je me suis plutôt dit que je ne pouvais plus lui donner ce qu’il attendait de moi. Je ne voulais pas qu’on se mente. Si cela devait m’arriver, je préférerais qu’on me dise les choses franchement plutôt qu’on me persuade que cela fonctionnera et que la distance s’installe. C’est ça qui crée les conflits. J’étais convaincue que c’était le meilleur choix pour moi. Quand je prends des décisions, je les prends à 100%. L’archéologie a été une révélation. J’ai tout de suite été fascinée par cette manière de questionner le passé pour comprendre notre époque et ses fonctionnements. Et puis c’est une occasion unique de rencontrer des gens et des cultures différentes. Je n’aime pas le tourisme. Je déteste m’allonger sur une plage et siroter un cocktail. Ce que j’aime, c’est aller à la rencontre des autres. J’ai une apparence physique qui me permet de me fondre dans la masse au Maroc comme au Brésil. J’adore observer les gens, j’ai l’impression que les milliards d’humains répartis à travers le monde sont une variation infinie du vivre-ensemble.
La liberté est-elle impossible à vivre à deux?
Non, bien sûr. Je me suis d’ailleurs toujours sentie libre, voire plus libre, avec mon amoureux. Mais cela a changé ces derniers temps avec toutes les portes qui se sont ouvertes à moi.
Qu’allez-vous faire?
Je pars au Brésil en août pour les Jeux olympiques de Rio et pour visiter Nova Friburgo, dont je suis la marraine du bicentenaire. Il est aussi prévu que je retourne au Maroc dans le cadre de la fondation Corelina, partenaire de Miss Suisse, pour acheminer du matériel à l’hôpital de Rabat. Et, en février prochain, je recommence l’université. Je vais terminer mon bachelor en français et histoire de l’art. Je vais aussi prendre des cours de latin et de grec pour pouvoir enchaîner avec un master et un doctorat en archéologie. J’aimerais beaucoup aller étudier en Grèce, en Italie ou sur le bassin méditerranéen.
Où vous voyez-vous dans cinq ans d’un point de vue personnel?
Je n’en sais rien. Je n’ai pas envie de faire de plans. Je préfère ne pas me projeter, ne pas avoir d’attentes, pour ne pas être déçue. Et puis ce n’est pas parce que je suis séparée de Nathy que je suis un cœur à prendre. Je déteste cette expression.
Avoir décidé de rompre, c’était aussi une manière d’aller à l’encontre du chemin tout tracé qui s’offrait à vous après ces années de vie commune?
Beaucoup de gens ont prétendu qu’on était ensemble parce qu’on n’avait rien connu d’autre. C’est complètement faux. Vivre avec Nathy toutes ces années a été un vrai choix. Je lui ai promis depuis le début que je serais toujours respectueuse et honnête mais que je ne pouvais pas lui jurer de rester avec lui toute ma vie. Parce que c’est une promesse impossible à faire. Cela m’a demandé de la force et du courage de prendre de la distance avant que tout explose. Ma décision de le quitter n’était pas préméditée. C’est vraiment à Delos, pendant ces deux semaines face à moi-même, que cela a fait son chemin. Quand je suis rentrée, je lui ai parlé de ces réflexions et on est arrivés à la conclusion que se séparer était la meilleure décision à prendre. Il m’a dit: «Fais-le, vis ce que tu as à vivre parce que je sais que tu le feras bien.» Me dire ça est la plus grande preuve de respect et d’amour qu’il ait pu m’offrir. C’est un garçon incroyable. On a vécu les événements les plus merveilleux et les plus difficiles ensemble. J’ai appris grâce à Nathy qu’on pouvait être heureux avec un homme. Non pas que j’en aie douté, mais je ne l’avais jamais vécu avant lui. Personne ne nous enlèvera jamais ce qu’on a partagé tous les deux. Ces moments nous appartiendront pour toujours.
Remerciements à Julia Grunz pour le stylisme, les coiffures et le maquillage de Miss Suisse.